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Blog médical et geek de médecine générale :
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mercredi 28 février 2024

Dragi Webdo n°431 : Opioïdes (chutes, grossesse), ARN interférents/HTA, dénosumab/diabète, BPCO, Behçet

Bonjour, voici un court billet pour cette semaine, bonne lecture !

 

 1/ Pharmacovigilance

Un article du JAMA  internal medicine s'est intéressé au risque de chutes chez les patients âgés sous opioïdes grâce à une cohorte de 3 millions de patients qui ont fait 500 000 chutes en 4,3 ans en moyenne, dont 5000 fatales. Ainsi, le taux de mortalité annuel était de 3 pour 10 000 sur l'ensemble de la population, mais de 30 pour 10 000 chez les plus de 80 ans. Le risque de chute était multiplié par 5 dans les 28 jours suivant la prescription d'un opioïde.

On reste dans les opioïdes avec un sur-risque d'accouchement prématuré chez les patientes sous opioïdes durant la grossesse. C'est une étude cas-témoins nichée dans une cohorte rétrospective et les auteurs montrent qu'il y a une augmentation du risque d'accouchement prématurée de 4% à chaque doublement des doses de morphine (en mg équivalent morphinique), sans différence entre le type d'opioïdes. Ainsi, bien que le risque soit relativement faible, s'en tenir aux plus faibles doses semble important.


2/ Cardiovasculaire

Les ARN interférents vont peut-être devenir des traitements incontournables. Le Zilbesiran est un de ces traitements anti-hypertenseur qui agissent en amont du système rénine angiotensine. Dans cette étude de phase 2, 400 patients avec des MAPA à 140-142/81-82 et ayant à 75% au moins 1 traitement antihypertenseur ont reçu une injection trimestrielle du traitement ou de placebo (randomisation 4:1) pendant 6 mois. Dans le groupe traitement, la PAS a été réduite de 8mmHg environ par rapport au début d'étude et de 15mmHg par rapport au placebo. Bien qu'il y ait eu 7% d'effets indésirables sévères sous placebo et 4% sous traitement, il y a eu 1 décès par arrêt cardiaque dans le groupe traitement. Aucun des effets indésirables grave n'a été considéré comme lié au traitement, mouais.... Affaire à suivre.

 

3/ Pneumologie

Nous avions parlé plusieurs fois des risques de décompensation chez les patients BPCO. Cette étude présentée au congrès de la SPLF confirme qu'un sur-risque d'évènements cardiovasculaires survient plus fréquemment dans les mois suivant une exacerbation de BPCO mais précise que le risque est maximal dans la semaine qui suit l'exacerbation. On sait que les traitements de la BPCO ne réduisent pas directement la mortalité, mais en réduisant la survenue d'exacerbations, ils pourraient réduire la survenue d'évènements cardiovasculaires chez ces patients fumeurs ou anciens fumeurs à haut risque.


4/ Rhumatologie

Le dénosumab n'est pas le traitement de 1ère ligne de l'ostéoporose. Cependant, des auteurs ont retrouvé dans une étude de cohorte que des patients sous ayant poursuivi du dénosumab avaient un risque plus faible de diabète que ceux ayant interrompu leur dénosumab avec une réduction de 8 patients traités pour 1000 par an. Ce "bénéfice" manque encore de solidité et de données sur les complications qui seraient réduites sachant qu'il ne s'agit pas non plus d'un traitement "à vie".

Abordons rapidement la maladie de Behçet, qui atteint 400 personnes sur 100 000 d'origine turque et 5 pour 100 000 en moyenne en population occidentale. Les symptômes caractéristiques comportent notamment l'aphtose buccale suivi d'ulcérations génitales (plus importants et profond que les ulcères buccaux et souvent responsables de cicatrices), et de lésions cutanées papulaires et nodulaires. Il y a également des mono ou oligoarthrites pouvant faire évoquer une SPA périphérique, ainsi que des atteintes ophtalmologiques comme des uvéites. Des phlébites profondes ou superficielles surviennent chez un tiers des patients et des anévrismes vasculaires peuvent être retrouvés. Le diagnostic repose sur un score clinique incluant un test pathergique (papule ou pustule 48h après piqure de l'avant bras avec une aiguille 20-26G), ce score >3 ayant une sensibilité et une spécificité de plus de 90%. Le traitement initial repose généralement sur la colchicine et sur un suivi conjoint multidisciplinaire (internistes, vasculaires, ophtalmo..).

 

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lundi 19 février 2024

Dragi Webdo n°430 : Gastro-entérite virale, TDAH, allergies alimentaires, asthme de l'enfant, dépression, gepotidacine/cystite, triptans, bithérapies aGLP1/iSGLT2, canagliflozine

Bonjour, ce billet s'annonce assez long avec plein d'articles intéressants. Abordons le sur diagnostic avec cette étude qui semble dire qu'actuellement il y aurait environ 50% de surdiagnostic de mélanomes (pour une prévalence au cours de la vie de 1 adulte sur 20) et de 85% pour les mélanomes in situ (prévalence 1 adulte/40). Alors, voici les actualités de la semaine !

 

1/ Pharmacovigilance

Une étude de cohorte retrouve un sur-risque d'AVC et d'infarctus chez les patients prenants des triptans (OR = 3,3), avec une prévalence d'environ 5 pour 100 000. Bien que les patients de la cohorte aient une 38 ans en moyenne, les cas concernaient notamment des patients de plus de 60 ans avec un risque cardiovasculaire élevé. Cependant difficile quand même de savoir si c'est le directement triptan qui donne l'AVC ou si c'est parce que le patient a des migraines persistantes, elles même FDR d'AVC, que le patient prend un triptan et qu'on retrouve l'association. Bref, prudence chez les patients migraineux à risque cardiovasculaire.

 

2/ Infectiologie

Le Lancet fait un point sur les gastro-entérites virales grâce à un article publié par des infectiologues. On trouve tout d'abord un algorithme pour établir s'il s'agit d'une GEA présumée virale ou non, avec indication d'exploration en cas de persistance pendant plus de 5 jours. Le rotavirus a tendance à faire 1-3j de fièvre + nausées suivi de 3-5 jours de diarrhées alors que l'adénovirus a des symptômes ORL/grippaux et dure 3 jours Le traitement principal est la réhydratation, bien évidemment, en notant qu'un retour à l'alimentation  4-6h après une réhydratation semble réduire la durée de la diarrhée. Une supplémentation en Zinc est également recommandée par l'OMS dans les pays à faible revenus (5mg/j à 20mg/j pendant 10-14j réduit la durée de l'épisode et le risque de récidive à 3 mois). L'utilisation d'anti-émétiques est controversée mais l'ondansétron a montré une efficacité et une bonne tolérance notamment après 4 ans. Concernant les antidiarrhéiques, le lopéramide (antagoniste opioide) est efficace sur la fréquence et durée des diarrhées, et possible à partir de 3 ans et le racecadotril n'a pas d'efficacité clairement démontrée et encore moins avant 5 ans. Dans les diarrhées à rotavirus, le Nitazoxanide pendant 3 jours réduit les symptômes de 1 jour.


Dans les infections urinaires non compliquées (cystites simples), un nouvel antibiotique est à l'essai: la gepotidacine (1500x2 pendant 5 jours), qui est évaluée vs nitofurantoïne (100x2 pendant 5 jours) dans 2 essais randomisés de non infériorité analysés conjointement dans un article du Lancet. La gepotidacine était non inférieure à la nitrofurantoïne dans 1 des essais (50.6% vs 47%, NNT=28) et supérieure dans l'autre essai (58.5% vs 43.6%, NNT=7). Ca pourrait donc être une molécule intéressante. On s'étonne quand même du faible taux de succès (environ 50%) avec les 2 traitements du fait d'un CJP nécessitant un succès clinique + biologique. Quand on regarde que le succès clinique, on est à 65%, ce qui est plus classique (proche de 70% habituellement avec la nitrofurantoïne). Enfin, on note un peu plus d'effets indésirables non sévères (surtout gastro-intestinaux) avec la gepotidacine (NNH= 8).


3/ Allergologie

Lancet encore, cette fois sur les allergies alimentaires anaphylactiques (IgE médiées) qui concernent environ 8 % des enfants et  11% des adultes et sont liées à 90% aux crustacés, produits laitiers, cacahuète et fruits à coque, poissons, œufs, blé, soja et sésame. L'alpha-gal syndrome, allergie à la viande suite à une piqure de tique est une cause croissance d'anaphylaxie. Les diagnostics sont posés suite à l'histoire racontée et à une preuve sérologique/prick test ou test de réintroduction. Le traitement repose sur l'éviction de l'aliment ! En cas de crise, une injection d'adrénaline est efficace dans 90% des cas, et une 2ème dose si échec permet d'atteindre  98% d'efficacité. Les antihistaminiques et corticoïdes réduisent les symptômes (et, la réduction des anaphylaxies biphasiques grâce aux corticoïdes n'est pas soutenue par les revues systématiques: OR 0.8 [0.74-1.02]) mais ne traitent pas l'anaphylaxie: ils ne doivent pas retarder l'injection! Enfin, la désensibilisation est une option a discuter compte tenu des effets indésirables et de la durée selon le risque d'exposition à l'allergène.


4/ Pédiatrie

Le BMJ fait un focus sur le TDAH. Les auteurs synthétisent le message principal en disant: qu'il faut moins se focaliser sur le diagnostic (on est passé de 2% à près de 4% des enfants, en partie par amélioration du diagnostic mais aussi par surdiagnostics également) et plus se focaliser sur des soins. En effet, il n'est pas démontré que poser le diagnostic ou le poser précocement améliore le devenir à long terme. En effet, les expériences positives sont très médiatisées mais les risques de ces interventions sont souvent mis de coté. Selon les auteurs, donner des soins centrés sur les symptômes des enfants, sans se focaliser sur un diagnostic permet d'accéder à des interventions qui leur seront bénéfiques sans subir les conséquences d'une étiquette diagnostique. Sur le plan médicamenteux, les dérivés des amphétamines seraient efficaces à court terme sur les symptômes (SMD: -0.82 à 12 semaines, soit cliniquement très significatif) dans une revue systématique de 2018, mais les effets à long terme sont peu étudiés d'après la Cochrane. Au total, leur niveau d'efficacité et l'absence de bonne étude sur les effets indésirables fait que les traitements médicamenteux sont recommandés avec un faible niveau de preuve. Concernant les interventions non pharmacologiques le niveau de preuve est encore plus faible.

L'asthme de l'enfant est un diagnostic complexe, notamment avant 5 ans, avec des critères diagnostiques variant selon les sociétés savantes. Le pronostic de l'asthme semble meilleur quand les premiers sibilants arrivent tôt (vers 2 ans), ce qui est associé à une résolution des symptômes en milieu d'enfance. Pour le diagnostic, après 5 ans, il faut une obstruction à la spirométrie  (VEMS/CV < 70% ou < 80% selon la reco)  et une réversibilité ou une variation du DEP de 12% pour certains et de 20% pour d'autres (ou une FeNO anormale, mais non reco d'après le GINA ou la HAS). Globalement, pour chaque élément diagnostic, la sensibilité est de 50% et la spécificité entre 70% et 90%, d'où l'importance d'en avoir plusieurs. L'histoire retrouve généralement des épisodes de wheezing, une toux à l'effort ou en début de nuit, des antécédents d'atopie ou d'asthme familiaux. Une toux "chronique isolée" est rarement compatible avec un asthme, notamment avant 24 mois. Les B2 de courte durée ne sont pas un test thérapeutique, le test thérapeutique, notamment avant 5 ans, consiste dans 2 mois de CSI. Concernant ceux ci, la béclométasone et le budésonide sont moins efficaces mais beaucoup plus étudiés sur le plan de la sécurité. Inversement, la fluticasone est 2 fois plus efficace mais pourrait augmenter le risque d’insuffisance surrénalienne. Enfin, les CSI au long cours réduiraient la taille adulte finale de 1cm. En cas de crise, 10 bouffées de salbutamol sont recommandées, aussi bien chez les enfants avec un "asthme allergique" que ceux ayant un "asthme viro-induit" (ie. la "bronchite asthmatiforme" qui est vraiment de l'asthme), les 2 phénotypes cohabitant souvent.

 

 5/ Psychiatrie

Rapidement sur la dépression résistante du  sujet âgé, les molécules les plus efficientes malgré l'essai de 2 IRS (notamment la sertraline qui est adaptée chez le sujet âgé) sont la mirtazapine (ou un irsna) et si besoin l'ajout d'un antipysychotique type aripiprazole 2 à 15mg/j (ou quétiapine). Les psychothérapies sont à encourager en parallèle

Le BMJ a étudié l'efficacité de l'activité physique dans la dépression. La marche et le jogging étaient les sports les plus efficaces, autant que les TCC, suivis de près par le yoga, le renforcement musculaire puis l'aérobic. Enfin, notons que tous ces exercices physiques et les TCC étaient cliniquement efficaces, alors que les IRS étaient supérieurs au placebo sans apparaître comme lui étant cliniquement supérieurs.


6/ Diabétologie

Dans cette étude observationnelle, de patients diabétiques ayant eu un infarctus de moins de 3 mois, les patients éligibles devaient être soit sous aGLP1 soit sous iSGLT2. Si leur HbA1x passait au dessus de 7%, la molécule "complémentaire" (aGLP1 ou iSGLT2) était ajoutée. La survenue du critère de jugement principal (récidive d'infarctus, insuff cardiaque par IDM ou mortalité cardiovasculaire) était de 26% à 2 ans sous iSGLT2, 30% sous aGLP1 et...  6% sous bithérapie ! Cela ferait un NNT de 10 patients par an à traiter pour éviter un évènement CV en prévention secondaire. Après traitement, il n'y avait pas de différence d'HbA1c, ni de LDL entre les groupes. Il serait bien qu'un bel essai randomisé évalue cette bithérapie (et qu'on en profite pour le faire sans mettre de metformine).

Parlons de la canagliflozine qui vient d'être mise à disposition en France dans cette analyse poolée de Canvas et Credence. Les patients avaient 60 ans en moyenne et avaient à 75% un antécédent cardiovasculaire. Le traitement réduisait les évènements cardiovasculaires majeurs avec un NNT de 73 patients en  2.5 ans (c'est la seule gliflozine efficace sur ce critère). Sur le plan rénal, il y avait également moins d'insuffisances rénales et moins de progressions d'albuminurie avec des NNT entre 8 et 27 selon l'ancienneté du diabète, mais ça c'est commun à toutes les gliflozines. La mortalité cardiovasculaire et globale n'est pas étudiée spécifiquement c'est dommage. Enfin, le fait qu'il y ait moins d'effets indésirable dans les groupes canagliflozine est suspect pour cette molécule aux EI de classe connus et le risque d'amputation soulevé par Canvas n'est pas réabordé.

Un nouveau "marqueur" de risque cardiovasculaire dans le diabète de type 2 pourrait être le nombre de monocytes. En effet, le nombre de monocytes circulant, reflet de l'inflammation, est associé au résultat du score calcique. Ainsi, les patients avec plus de 0.5 x10^9 monocytes auraient un risque cardiovasculaire multiplié par 5. D'un point de vu clinique, on n'en fait pas encore grand chose, les patients étant en majorité à haut risque sous statine déjà...


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dimanche 11 février 2024

Dragi Webdo n°429 : CMV (HCSP), sevrage tabac/mortalité, hypercholestérolémie familiale, AVC, jus de betterave/BPCO, mesures COVID, dépression, ébastine/TFI

Bonjour, pour commencer ce billet, parlons d'une intervention basée sur des supports d'aide à la décision clinique pour les médecins et qui a permis de réduire les prescriptions de PSA après 75 ans, d'ECBU non justifié après 65 ans et de sur-traitement glycémique chez les diabétiques après 75 ans. Ces réductions de prescriptions ne se sont pas accompagnées d'augmentation des hospitalisations (il y avait juste un peu plus de patients avec HbA1c > 9%). Voici les autres actualités, bonne lecture !

 

1/ Cardiovasculaire

Un article du BJGP revient de l'hypercholestérolémie familiale (HF) à suspecter devant un cholestérol total > 2.9g/L avant 30 ans et > 3.5g/L après 30 ans. Sa prévalence est estimée à  0.16% des patients, soit 2 patients dans une patientèle, mais comme on suit des familles, en fait ça fait probablement un peu plus. Les patients avaient un LDL sans traitement à 1.55g/L (donc pas très élevé) et un SCORE 2 à 6% environ en moyenne (donc intermédiaire), mais ce score ne s'applique pas en cas de HF. Enfin 60% avaient quand même une statine, et plus d'un tiers aurait du en avoir et n'en avait pas. Cela reste compliqué de dépister ces patients si leur LDL n'est pas si élevé que ça au final....

Voici un article concernant l'effet de l'arrêt du tabac sur la mortalité chez les patientes et patients en fonction de l'âge de l'arrêt. Arrêter avant 40 ans permet ne pas avoir de sur-risque de mortalité. Arrêter plus tard, quel que soit l'âge de l'arrêt apporte un bénéfice sur la survie, mais de plus en plus réduit avec un sevrage tardif. Enfin, les principales causes de mortalité étaient dans l'ordre: les causes respiratoires, puis cardiovasculaires, puis les cancers.


2/ Neurologie

On avait déjà parlé de l'anticoagulation par rivaroxaban des AVC sans cause retrouvée en suspectant une FA. Cette nouvelle étude a des résultats concordants avec l'Apixaban vs aspirine chez les patients avec AVC sans cause retrouvée et cardiopathie atriale (qui est un FDR de FA). En effet, l'apixaban n'a pas réduit le risque de récidive d'AVC, ni celui de mortalité. Il n'y avait pas de différence concernant le risque d'hémorragies majeurs sauf concernant les hémorragies cérébrales qui étaient légèrement moins nombreuses avec l'apixaban qu'avec l'aspirine (mais ça ne suffira pas a faire pencher la balance bénéfice risque vers une prescription d'anticoagulant)

Très rapidement, d'après cette revue systématique, le délai maximal entre le début de symptômes d'AVC et la thrombolyse pour permettre une évolution favorable à 90 jours est de 2 heures 20 minutes. Au delà, il n'y avait plus de bénéfice significatif.

 

3/ Grossesse

Le HCSP a publié un nouvel avis concernant le dépistage systématique du CMV pendant la grossesse. Comme on l'avais vu, le HCSP était contre en 2018, le CNGOF ambivalent la même année et l'Académie de Médecine s'était prononcée en faveur en 2020. En effet un essai randomisé étudiant le valaciclovir s'était avéré "positif" et des essais testant les immunoglobulines ont été conduits. Cependant l'essai sur le valaciclovir avait un critère de jugement non pertinent (transmission materno-foetale et non les séquelles cliniques), ne comportait que 90 patientes, a inclus des patientes qui ne respectaient pas les critères d'inclusion, et les HCSP note que l'observance dans l'essai pour la prise de 8cp x 2 par jour pendant au moins  7 semaines était suboptimale chez 10% des patientes (étonnant que ce ne soit pas plus!) ce qui limite l'applicabilité en population générale. Les études avec immunoglobulines ont toutes été interrompues par manque de patientes ou futilité et n'ont pas montré de bénéfice. Ainsi, dans sa nouvelle évaluation, le HCSP ne modifie pas sa position : pas de dépistage systématique, ce qui est concordant avec les recommandations internationales (Etats Unis, Royaume Uni, Canada, Suisse, Espagne, Italie, Allemagne et Brésil).

 

4/ Pneumologie

Chez des patients BPCO avec une PAS > 130mmHg, un essai randomisé incluant 81 patients a mis en évidence que boire une fois par jour un jus contenant 400 mg de NO3(nitrates) pendant 12 semaines réduisait la PAS de  5mmHg  et améliorait la distance parcourue en 6 minutes de 30m ! Mais où trouver ces 400mg de nitrates ? En buvant 70ml de jus de betterave tous les jours!

Concernant le Covid, une modélisation confirme l'efficacité des mesures prises. En effet, elle estime que la vaccination a évité 160 000 décès et 1,5 million d'hospitalisations (et si la vaccination avait été disponible 3 mois plus tôt, 70 000 décès supplémentaires auraient été évités. Les confinements ont réduit la transmission de  84%, puis 74% et enfin 11% pour le dernier (et si le 1er avait été mis en place 1 semaine plus tôt, 20 000 décès et 90 000 hospitalisations auraient pu être évitées).

 

5/ Psychiatrie

Un article canadien revient sur "ajout ou switch" d'antidépresseur. Pour mémoire les bithérapies "efficaces" en soins primaire dans les dépressions résistantes se font plutôt avec ajout de mirtazapine/miansérine à un IRS et pour discuter de switcher ou d'augmenter aux doses "optimales", on en avait parlé .


6/ Gastro-entérologie

Un essai randomisé a testé l'ébastine 20mg/j vs placebo pendant 12 semaines dans le syndrome du colon irritable "non constipé". Les patients traités avaient significativement moins de symptômes sur le critère composite "score global de symptômes + douleurs abdominales"  (12% de répondeurs vs 4% ce qui fait quand même très peu de répondeurs, NNT=13 patients). Cependant, lorsque les 2 parties du critère composite sont étudiées séparément, la différence n'était significative pour aucun des deux.


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mercredi 7 février 2024

Dragi Webdo n°428 : rhume, e-cigarette, sciatique, analogues du GLP-1, methotrexate, Skyjo

Bonjour ! Voici les actualités de la semaine, bonne lecture !

1/ Pharmacovigilance

Un article suggère une augmentation de la toxicité du méthotrexate, même aux faibles doses, chez les patients ayant une co-prescription par diurétiques, IPP ou levetiracetam. Il s'agit d'une étude sur peu de patients mais, restons vigilants.


2/ Infectiologie

Le BMJ a publié un article concernant la prise en charge du rhume chez l'enfant. Les auteurs disent que symptômes évoluent spontanément favorablement en 10 jours (ils prennent un peu plus de marge que nous), et que l'objectif des traitements est de "soulager" sans réduire la durée de la maladie. Ils disent également que les antitussifs, anti-histaminiques, décongestionnants, expectorants et l'aspirine ne sont pas recommandés (jusque là ça va) avant l'âge de 6 ans ! (Parce qu'après, pas de souci???) Bon, ils reprennent ensuite les preuves des traitements. 

- Sont inefficaces ou d'efficacité non cliniquement significative : antitussifs, décongestionnants, anti-histaminiques, antalgiques, AINS (mais sont un peu plus forts que le paracetamol sur la baisse de la température et la douleurs), antibiotiques, les corticoïdes nasaux, la vitamine D, les herbes chinoises

Sont efficace avec un niveau de preuve faible: les DRP au sérum physiologique (sur la rhinorrhée mais pas sur les symptômes respiratoires), le miel (sur la toux, pas avant 1 an même pasteurisé), les probiotiques (moins de jours d'absence en cours...), les massages Tui Na (sur la toux), le pelargonium (Belivair rhume pelargonium*, sur les symptômes de bronchite)

Enfin, il faut être vigilants aux red flags nécessitant une consultation: fièvre avant 3 mois, fièvre de plus de 3 jours, déshydratation/anurie/apports <50%, dyspnée/signes de lutte, symptômes de Kawasaki, pétéchies, convulsions, céphalées intenses, confusion, état léthargique et inquiétude parentale.



3/ Addictologie

Un essai randomisé a comparé les cigarettes électroniques à la varenicline et aux substituts nicotiniques de type gomme à mâcher. Le sevrage à 6 mois a été évalué et les auteurs ont trouvé que l'e-cigarette avec nicotine était non inférieure à la varenicline et supérieure aux substituts nicotiniques (respectivement 15,7% de sevrage, 14,2% et 8,8%). Les effets secondaires étaient dans des proportions similaires entres les traitements (environ 15%), notamment des irritation et sécheresse buccale pour l'e-cigarette et les substituts nicotiniques, et nausées pour la varenicline. Il est dommage que le "bras" substituts ait été limité aux gommes étant donné qu'il est démontré que le sevrage est mieux réussi en cas d'association d'un substitut "de fond" et d'un substitut "en cas de besoin".


4/ Rhumatologie

Le JAMA nous donne l'occasion de fait un point sur les sciatalgies. En effet, comme le schéma le montre, la compression ne se situe pas toujours au niveau du rachis lombaire mais peut se faire au niveau du muscle piriforme. 1/3 des patients ont une évolution favorable en 2 semaines, 3/4 en 3 mois. Les auteurs rappellent que les myorelaxants, les opioïdes et la gabapentine, n'ont pas d'efficacité démontrée. L'activité physique et la kiné sont recommandées et les infiltrations permettent de soulager la douleur sans améliorer le pronostic de la sciatique. Une chirurgie peut être proposée dans certains cas, mais les douleurs peuvent récidiver, il peut y avoir des lésions nerveuses et des infections post-opératoires et la convalescence dure 6 à 12 semaines environ.


5/ Diabétologie

Une revue systématique en réseau a comparé l'efficacité des différents analogues du GLP-1 (ce qui sera utile quand on en aura à nouveau à disposition un jour peut être). Sur l'HbA1c, le tirzepatide (analogue GIP/GLP-1) est le plus efficace avec une réduction de -2%, puis le semaglutide fait baisser de 1,4%, le dulaglutide et liraglutide de -1% et l'exenatide de -0,8%. Concernant la baisse de poids, les plus éprouvés sont le tirzepatide (-8,5kg), le semaglutide (-3,1kg) et le liraglutide (-1,3kg) (le dulaglutide : - 0,7kg, non significatif). Ce n'est malheureusement pas abordé dans cette étude, mais rappelons que le liraglutide et le dulaglutide sont ceux qui ont un niveau de preuve supérieur aux autres concernant la réduction des évènements cardiovasculaires voire de la mortalité : cela semble confirmer que toutes les molécules ne sont pas équivalentes et que le bénéfice cardiovasculaire n'est pas lié à la baisse d'HbA1c ou à la perde de poids! Concernant la tolérance, il n'y a pas de différence significative entre les molécules sur les arrêts de traitements, les diarrhées, les nausées ou les vomissements.


6/ Le jeu du mois: "Skyjo"

"Skyjo" est un petit jeu familial dans lequel il faut faire le moins de point possible. Les joueurs ont une grille de cartes face cachées devant eux, réparties sur 3 lignes, et vont devoir arriver à se débarrasser des cartes faisant beaucoup de points. Pour cela, il est possible de remplacer une carte que l'on a devant soi par une carte de la pioche ou une de la défausse. Quand les cartes devant soi sont encore face caché, c'est un pari (qui peut se baser sur un peu de probabilités quand même). Pour arriver quand même à se débarrasser des cartes élevées (parce qu'on en aura forcément), il faut arriver à créer une colonne de carte avec le même chiffre: dans ce cas, l'ensemble de la colonne est défaussé et ne rapportera donc aucun point ! Le jeu se finit au moment où un joueur révèle sa dernière carte face cachée et il ne reste plus qu'à compter les points. Le jeu est simple, fluide, facile à transporter et la partie est assez rapide. Bref, un bon jeu si on ne veut pas trop se prendre la tête pour les 5 à 99 ans ! 




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