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Blog médical et geek de médecine générale :
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lundi 15 septembre 2025

Dragi Webdo n°495 : Infertilité, hypothyroïdie, H.Pylori/aspirine, dépistage CCR, grossesse/risque TDM, élinzanetant, gale

Bonjour ! Voici sans attendre les actualités de la semaine, le billet n'est pas trop long, promis! Bonne lecture !

 

1/ Cardiovasculaire

On avait dit qu'il était utile d'éradiquer Hélicobacter Pylori chez des patients sous aspirine au long cours ayant un test respiratoire à l'urée positif (cf ici). Cet essai randomisé en cross-over suédois a inclus tous les patients consultant pour infarctus du myocarde dans 35 hôpitaux. Les patients avaient soit des soins courants soit un dépistage d'Hélicobacter Pylori (et donc étaient inclus aussi les patients avec HP négatifs contrairement à l'autre étude). Sur 18 000 patients inclus, 70% ont été testés et 23% d'entre eux avaient un test positif. Au total, après 2 ans de suivi, le taux de saignements était de 1,7% patients par an dans le groupe dépistage et de  1,9% dans le groupe soins courants. Il n'y avait donc pas de différence significative entre "dépistage" et "pas de dépistage" systématique. Mais comme on l'a vu dans l'autre étude, en cas d'HP+ il faut mieux traiter que ne rien faire. Et si on regarde l'analyse en sous groupe de cette nouvelle étude, on voit aussi qu'il y a une hétérogénéité significative dans l'analyse du critère de jugement principal par rapport au statut d'anémie. Cela signifie qu'on ne peut pas conclure sur le critère de jugement principal sur l'ensemble des patients, mais qu'il faut analyser séparément les patients avec anémie et ceux sans anémie. Et là, on voit qu'il y avait une efficacité chez les patients avec anémie et aucune en l'absence d'anémie. Ainsi, il faudrait faire une recherche d'HP chez tous les patients sous anti-agrégant ayant une Hb < 12g/dL et traiter en conséquence si besoin.

 

2/ Oncologie

Un essai randomisé a comparé 4 stratégie d'invitation par mail et de dépistage du cancer colorectal chez des patients de 45 à 49 ans: 1/ courrier d'invitation à faire un test immunologique fécal (FIT) (possibilité d'accepter et de recevoir le test par la poste ou de différer le dépistage), 2/ courrier d'invitation à faire une coloscopie (idem avec courrier du médecin traitant envoyé), 3/ courrier d'invitation à réaliser un FIT ou une coloscopie (idem)  4/ envoi systématique d'un FIT par courrier. Les dépistages ont été significativement plus réalisés dans le 4ème groupe où le FIT est systématiquement (26% versus environ 15-17% dans les autres groupes). A noter que quand les patients avaient le choix entre FIT et coloscopie (groupe 3), la coloscopie était préférée (12% vs 6% du groupe). On regrette qu'il n'y ait pas de données clinique sur les diagnostics d'adénomes ou de cancer (peut être une prochaine publication de cette étude?). Il se pose quand même la question lors de cet envoi systématique des patients qui auraient une indication à une coloscopie et qui sont "faussement rassurés" par un test normal.

 


3/ Dermatologie

On revient rapidement sur la gale avec le JAMA. Les auteurs rappellent que la gale se transmet par contact généralement de 15min de contact peau à peau avec une personne infectée. Le prurit peut arriver dans les 4-6 semaines et les lésions prédominent aux espaces interdigitaux, poignets et zones pelviennes. Le diagnostic de certitude est posé cliniquement avec un dermatoscope. Les 2 traitements principaux sont la permethrine 5% appliquée pendant 8-14h et renouvelée après 1-2 semaines et l'ivermectine répétée également après 1-2 semaines (on en avait parlé ici)

 

4/ Endocrinologie

Le JAMA revient sur l'hypothyroïdie, qui touche entre 0,5 et 2% des patients. La cause est majoritairement auto-immune (Hashimoto), mais peut être congénitale, iatrogène (chirurgie, amiodarone, lithium), carentielle (iode)... La prévalence est importante chez les patients avec trisomie 21, syndrome de Turner ou autre maladie auto-immune (diabète, polyarthrite rhumatoïde, vitiligo, insuffisance surrénalienne). Les sociétés savantes recommandent un dépistage par TSH dans ces populations, si antécédent familial d'hypothyroïdie, si irradiation cervicale et pendant la grossesse si un de ces facteurs de risque est présent. La prise en charge initiale est décrite dans la figure ci-dessous. Le contrôle se fait toutes les 6-8 semaines jusqu'à équilibre, puis annuellement. Les auteurs proposent de recontrôler en cas de variation de poids de plus de 4,5kg, et de déprescrire si la lévothyroxine a été introduite pour hypothyroïdie fruste. En cas de grossesse, il est recommandé d'augmenter de 30% le dosage (+1 dose habituelle, 2 fois par semaine).


 

5/ Gynécologie

Après le fézolinétant, un essai randomisé s'est intéressé à l'élinzanetant dans le traitement des symptômes vasomoteurs de la ménopause. La fréquence des symptômes a été réduite de 5 par jour dans le groupe élinzanetant versus 3 dans le groupe placebo (p< 0,05). L'efficacité atteinte en 12 semaines environ se prolongait sur l'année de traitement. Les patientes traitées avaient davantage de céphalées, de fatigue et de somnolence. Il n'y a pas eu de sur-risque hépatique, d'anomalies mammaire ou endométriales, mais seuls 350 patientes ont été incluses. Peut être une option de plus dans les années à venir, mais la sécurité reste encore a être étudiée.

Dans une étude de cohorte rétrospective incluant plus de 5 millions de femmes (âge moyen 29 ans), des auteurs ont étudié le risque de fausses couches et de malformations congénitales chez celles ayant eu un scanner dans les 4 semaines précédant la conception. Le risque de fausses couches augmentait progressivement de 10% à 14% pour les femmes ayant eu "0" à "3 scanner ou plus" et le risque de malformation de 6,4% à 10,5%. Cette étude appel une vigilance lors de la prescription d'imagerie, mais elle ne permet pas dire si c'est le nombre de scanner qui augmente les risques ou la maladie sous-jacente explorée par un ou plusieurs scanners qui les augmentent

Le BMJ aborde le bilan d'infertilité en soins primaire. L'infertilité atteindrait 15% de la population est définie par l'absence de grossesse après 12 mois de rapports réguliers non protégés. Les auteurs conseillent de prendre en compte la culture et les attentes des patients et de proposer un support psychologique. Les principales causes sont une dysfonction ovarienne dans 22% des cas (cycles irréguliers de moins de 24 jours ou plus de 35 jours, flush, hirsutisme, SOPK), une dysfonction tubaire ou cervico-utérine dans 24% des cas (IST, tuberculose, endométriose, fibromes, polypes, tumeurs...), une cause masculine dans 24% des cas (hyperprolactinémie, hypothyroïdie, anomalie hypothalamo-hypophysaire, diabète, cryptorchidie, prise de stéroïdes anabolisants ou drogues, traumatisme médullaire...) et idiopathique dans 30% des cas. Le bilan est a réaliser après 1 an de rapports avant 35 ans  et 6 mois après 35 ans. Il comprend un bilan IST, NFS, TSH, et éventuellement une électrophorèse de l'hémoglobine si VGM bas ou risque d'hémoglobinopathie. S'y ajoutent:

- en cas de cycles réguliers : hystérosalpingographie, échographie pelvienne, spermogramme (si spermogramme anormal: à répéter à 1-3 mois + recherche masse testiculaire/varicocèle et FSH pour cause hypothalamique ou testiculaire

- en cas de cycles irréguliers: 1/ confirmer l'ovulation avec LH urinaire ou progestérone sérique en phase lutéale ou avec échographie pelvienne étudiant le développement folliculaire, 2/ évaluer la réserve folliculaire en dosant à J3 FSH ou AMH (si normal: SOPK, si anormal: insuffisance ovarienne précoce), 3/ rechercher les autres causes avec GAJ, TSH, prolactine, androgènes (testostérones, 17OH progestérone). Les autres trucs dosables ne sont pas recommandés systématiquement en 1ère intention.

 

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 A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille

 

mardi 9 septembre 2025

Dragi Webdo n°494 : Recos ESC (dyslipidémie, péricartite, santé mentale), recos HAS (syphilis, gonocoque, chlamydia, mycoplasma), dépistages cardiovasculaires, anticoagulation, vaccin VRS, DRP/sinusite

Bonjour ! Voici un billet assez lourd à cause du congrès européen de cardiologie. Au programme: beaucoup de cardiologie, mais aussi beaucoup d'infectiologie, bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Chez les patients avec coronaropathie stable stentée (pas SCA) et anticoagulation au long cours (90% de FA), cet essai randomisé français confirme encore une fois un sur-risque de l'association aspirine + anticoagulation par rapport à l'anticoagulation seul après 6 mois de l'association. L'étude a été arrêtée prématurément après environ 2 ans. Le critère composite cardiovasculaire est survenu chez 16.9% des patients sous aspirine + anticoagulant et 12.1% de ceux sous anticoagulant seul (NNH=21 patients), la mortalité toute cause était également augmentée (NNH=20 patients), tout comme les saignements cliniquement pertinents (NNH=15).

 

2/ Cardiovasculaire

On en attendait pas grand-chose, mais on est quand même déçu! Voici les recommandations ESC 2025 sur la prise en charge des dyslipidémies qui en sont toujours pas basées sur une méthode Grade avec revue systématique! Le score 2 et score 2 OP sont toujours recommandés pour évaluer le risque cardiovasculaire des patients. Malgré sa mention dans le texte, le score 2 diabètes n'est pas repris sur les figures récapitulatives, qui mentionnent uniquement un risque évalué par la durée du diabète et les complications microangiopathiques. Aux évaluations via le SCORE, s'ajoutent des facteurs qui peuvent "aggraver" le risque (ATCD familiaux < 55 ans chez le père et <60 ans chez la mère, stress, obésité, sédentarité, précarité, maladies auto-immunes, troubles psychiatriques, ménopause précoce, pré-éclampsie/HTA gravidique, SAOS, VIH, CRP-hs >2 ou Lp-A > 50mg/dL). 

Sur le plan thérapeutique, on reste sur une approche avec des cibles. Avec un grade I, un traitement est recommandé si LDL > 1,0g/L chez un patient à haut risque, ou > 0,7g/L à très haut risque (ce qui impliquerai de ne pas traiter quelqu'un à haut risque qui serait à l'objectif spontanément contrairement aux études montrant le bénéfice quel que soit le LDL inital). Avec un grade IIa, il est recommandé de traiter également les patients non à l'objectif malgré des RHD, y compris un patient à risque faible avec un LDL au dessus de 1,16g/L! L'ezetimibe est une option à ajouter quand l'objectif n'est pas atteint, et l'acide bempédoïque recommandé si l'objectif n'est atteint est une statine non tolérée. Une statine est recommandée chez tout patient avec VIH de plus de 40 ans. Les compléments alimentaires ne sont pas recommandés pour baisser le LDL.


 

Voici ensuite les recommandations ESC sur les myocardites et péricardites. On regrette que les algorithmes soient posés à partir de services d'urgences et pas trop du coté médecine générale. On parlera essentiellement des péricardites. Le diagnostic repose sur des symptômes cliniques (douleur thoracique majorée à la toux et à l'inspiration profonde) associés à au moins 1 facteurs associés (frottement péricardique, ECG avec sous décalage du PR ou sus-ST, CRP élevée, épanchement à l'ETT). Des signes d'insuffisance cardiaque droite, de tamponnade, une fièvre ou un échec du traitement initial sont des marqueurs de risque de complication élevé et ont une indication d'hospitalisation. Le bilan initial comporte NFS, CRP, NT-pro-BNP, troponine (plutôt myocardite si élevé), ECG, RXT et ETT.

Sur le plan thérapeutique, l'arrêt des activités physiques est la 1ère mesure à réaliser. Il est recommandé de traiter par ibuprofène 600-800 x 3/jour (donc doses antiinflammatoires et non antalgiques) pendant 1 à 2 semaines avant diminution progressive de 200mg toutes les 1-2 semaines. L'aspirine 1000x3/j, l'indométacine 25-50x3/j sont des options également. Les corticoïdes 0,2-0,5mg/kg/j sont indiqués si récidive ou persistance malgré le traitement initial. Il est recommandé d'associer aux anti-inflammatoires de la colchicine à 0,5mg x2/j (ou x1/j si < 70kg ou insuffisance rénale) pendant 3-6 mois pour réduire le risque de récidive. Les bêta-bloquants sont proposés si symptômes non soulagés et FC > 75/min

 

Dernière reco ESC, celle concernant le risque cardiovasculaire et la santé mentale. Beaucoup de choses connues en MG, mais c'est une reco qui devait manquer au catalogue ESC. Les auteurs reviennent sur l'intrication entre les deux: les maladies cardiovasculaires ont un retentissement psychologiques et les troubles psychologiques favorisent les maladies cardiovasculaires. Tous les troubles psy peuvent être impliqués: dépression, anxiété, antécédents de violences, solitude... Les tests les plus sensibles et spécifiques pour le dépistage des troubles dépressif sont le PHQ-2 (97% et 48%) et les 2 questions de Whooley (95% et 65%). En cas de traitement, il faut être vigilant: à la prise de poids majorant le risque cardiovasculaire, à l’allongement du QT (tachycardies ventriculaires avec citalopram/escitalopram >20mg et tricycliques), au risque de saignement lié à l’interaction IRS/antiagrégants et au risque d'insuffisance cardiaque avec IRSNA. La sertraline semble celle qui a le meilleur profil chez les patients avec maladie cardiovasculaire. Un QTc > 470ms doit faire prendre un avis avant l'introduction d'un traitement allongeant le QT, et un QTc > 500ms doit conduire à l'arrêter. Mais l'ECG à J0, puis 1 semaine, 6 semaines, et 3 mois, ça va être compliqué à mettre en place. Bien sûr, il faut encourager et accompagner l'arrêt du tabac (et là on est déçus qu'il n'abordent pas la balance bénéfice risque de la varénicline qui aurait été bien utile en pratique).

 

 On avait vu en 2022 l'inutilité des dépistages systématiques par ECG/IPS/score calcique. Voici DANCAVAS II, c'est pareil, un essai randomisé avec un dépistage par scanner évaluant le score calcique, les anévrismes aortiques et iliaques, un ECG, des IPS et une EAL+Glycémie à jeun. Après 7 ans de suivi, 5000 patients ont été invités au dépistage et 25 000 contrôles inclus. Il y a eu 33% des dépistés (vs 15%) qui ont eu de l'aspirine introduite, 44% (versus 30%) un traitement hypolipémiant et pas de différence sur les anticoagulants, ni les antihypertenseurs ni antidiabétiques. Au final, augmentation des saignements sévères chez les dépistés (NNH=113) et pas de différence sur la mortalité globale, ni sur les évènements cardiovasculaires.  Si on se concentre sur ce qui fait débat actuellement, utiliser le score calcique et traiter ne permet toujours pas de réduire les évènements cardiovasculaire! (Et oui, ça "marche" en per protocole, mais on ne conclue pas sur un per protocole pour ce type d'étude. Le per protocole est particulièrement intéressant pour évaluer les effets secondaires de traitements, pas pour évaluer l'efficacité d'une intervention)

 

Un essai randomisé a comparé un traitement anticoagulant par apixaban de 3 mois versus 15 mois (prolongé de 12 mois) dans le traitement des thromboses veineuses profondes avec facteur déclencheur majeur mais chez 600 patients ayant un facteur de risque de persistance (maladie auto-immune, maladie pulmonaire chronique, maladie cardio-vasculaire, obésité...). Dans le groupe traité, il y a eu une récidive chez 1,3% des patients versus 10% du groupe placebo (NNT=12). Il y a eu 1 saignement sévère sous apixaban (vs 0) et 4,8% (vs 1,7%) saignements significatifs non majeurs (NNH=32). A confirmer, mais il y a donc probablement un intérêt à prolonger le traitement chez ces patients.

 

 On avait déjà suspecté en étude observationnelle le faible bénéfice à prolonger anticoagulation dans la FA résolue. Cet essai randomisé a étudié la poursuite ou non de l'anticoagulation chez des patients ayant eu une ablation de FA. Il y a eu environ 800 patients avec un chadsvasc médian à 2, et un has-bled médian à 2 également suivis pendant 2 ans. Le critère composite (AVC, embolies, saignements majeurs) est survenu  chez 0,3% des patients non anticoagulés versus 2,2% des patients anticoagulés (NNH du maintien de l'anticoagulation : 53 patients en 2 ans), porté par les saignements majeurs. Nous verrons si les recommandations évoluent!

 

Les bêta-bloquants en post-infarctus sont-ils utiles? Il y a eu un grand nombre d'article sur le sujet sur le blog. Voici donc 2 essais randomisés qui ne vont toujours pas nous aider ! Le 1er article montre une efficacité des BB- en post infarctus chez des patients avec une FEVG > 40% (NNT= 46) sur le critère composite cardiovasculaire (porté uniquement par les infarctus du myocarde) après un suivi médian de 3,5 ans. Le 2ème article incluant également des patients en post-infarctus avec une FEVG > 40% ne montre pas de bénéfice après un suivi médian de 3,7 ans, ni sur le critère composite cardiovasculaire, ni sur les récidives d'infarctus. Bref, il faudrait une belle méta-analyse!

 

Alors qu'on a déjà les 5 médicaments "magiques" réduisant la mortalité cardiovasculaire voire totale dans l'IC à FE < 40% (bb-, iec/araII, spironolactone, inhibiteur de néprilysine et iSGLT2), voici un essai randomisé étudiant versus placebo, la digoxine (0,07mg initialement, et titré jsuqu'à 0,1mg pour une digoxinémie entre 10.5 et 23.6nmol/L). Le critère composite composé de la mortalité globale et des hospitalisations pour insuffisance cardiaque était réduit avec un NNT 22 patients (soit 35 patients par an), mais aucun des 2 composants du critère n'étaient significatifs isolément. Les effets indésirables graves se sont produits chez 4,7% des patients sous digoxine versus 2,8% (NNH=52). Au total, bien que cela soit "efficace" sur le CJP composite, la balance bénéfice risque ne semble pas franchement positive.

 

3/ Infectiologie

Voici un nouvel essai randomisé étudiant un vaccin contre le VRS chez 130 000 patients de plus de 60 ans. Les auteurs trouvent une efficacité du vaccin sur les hospitalisations pour VRS de 83% (NNT=1800 patients). Dans les analyses secondaires, le vaccin réduisait les hospitalisations pour toute cause pulmonaire, mais n'était efficace que chez les 60-75 ans (pas après). Il y a eu 2,1% et 2,4% d'effets indésirables graves respectivement dans le groupe vaccin et le groupe placebo. C'est donc intéressant, mais vu le nombre de patients à vacciner, il est nécessaire d'avoir des études médico-économiques selon le prix du vaccin.

Voici maintenant un essai randomisé évaluant l'irrigation nasale saline dans la sinusite aigue! Les 2 groupes étaient "solution saline + antibiothérapie différée" versus "soins courants". Le groupe solution saline a eu des symptômes pendant 8 jours, a pris les antibiotiques pour 57% d'entre eux et 37% a reconsulté. Dans le groupe soins courants, les symptômes ont duré 5 jours, 40% ont pris des antibiotiques et 40% a reconsulté. Une étude qualitative a ensuite été réalisée chez les participants ayant fait les DRP, certains trouvant que c'était horrible, et d'autres bizarre mais pas si mal.

On reste dans le nez avec un essai randomisé testant l'azélastine en spray nasal en prévention du COVID! Et en effet, les patients prenant l'azélastine avaient moins de COVID confirmé par PCR et des COVID symptomatiques (NNT=23 patients pour ces 2 critères!)

 
Voici maintenant une petite série de recos HAS sur les IST. On commence par la syphilis! Le traitement de la syphillis précoce, soit toute syphilis primaire, secondaire ou latente de moins d'un an, repose sur la benzathine pénicilline G 2,4 MUI en IM, ou en cas de rupture doxycycline 200 mg/jour (en 1 ou 2 prises) pendant 14 jours. Pour les syphilis tardives, le BPG est à la dose de 2,4MUI en IM, en 3 injections espacées d'une semaine chacune, ou la doxycycline 200mg/j pendant 28 jours. Chez la femme enceinte, le traitement est le même mais en grade C car non étudié et il est possible de prévenir une éventuelle réaction de Jarisch-Herxheimer avec 40-60mg de prednisone pendant 3 jours et de n'administrer la BPG qu'après 24h de corticoïdes...  Il est recommandé de remplacer le solvant de la BPG par de la lidocaine 1% non adrénaliné et une surveillance de 30min après injections est recommandée. Les partenaires < 3 mois peuvent être traités immédiatement ou surveillés par sérologie J0, S6, M3, M6 et une surveillance pour ceux de plus de 3 mois est indiquée avant traitement : J0, M3, M6. Les rapports doivent être protégés pendant 7 jours ou jusqu'à cicatrisation du chancre. Le VDRL (test non tréponémique) après traitement est indiqué à M3 (vérifier absence réinfection), puis M6 (objectif: division du titre par 4) et M12 (penser à neuro syphilis si toujours > 8)

On continue avec le gonocoque ! Un traitement est indiqué si TAAN positif, culture positive ou rapport avec un partenaire infecté surtout si symptomatique. Tout TAAN positif doit donner lieu à une culture. Le traitement recommandé en cas d'atteinte urétrale ou oropharyngée est une monothérapie par ceftriaxone 1g IM. L'azithromycine 2g en dose unique n'est proposée en association qu'en cas de contamination en Asie-Pacifique. En cas d'allergie aux C3G, c'est la gentamicine 240 mg dose unique IM , voire ciprofloxacine 500mg dose unique (si antibiogramme compatible), et l'azithromycine 2g dose unique n'arrive qu'en 3ème alternative vu les résistances. Pour les infections génitales hautes chez la femme, on reste sur les recos des gynécologues: ceftriaxone 500 IM dose unique, doxycycline 100x2 10jours et metronidazole  500x2 10 jours. Un contrôle par TAAN à 14j minimum de la fin du traitement est recommandé si persistance ou traitement différent de la ceftriaxone. Les rapports doivent être protégés pendant 7 jours. Les partenaires < 14 jours symptomatiques sont à traiter (grade A) et asymptomatiques aussi (accord d'expert, AE). Pour ceux datant de plus de 14 jours, possibilité de traiter si risque de perdu de vue ou attente du dépistage.

Concernant les infections à Chlamydia trachomatis, elles peuvent être des urétrites, cervicites, infections génitales hautes, lymphogranulomatose vénérienne génitale (ulcération génitale discrète avec adénopathie inflammatoire inguinale évoluant vers la fistulisation) ou rectale (douleurs, écoulement, ténesme, rectorragie), conjonctivite néonatale (<15j de vie) et pharyngites. Le diagnostic repose sur un TAAN effectué sur un prélèvement local. Un dépistage est recommandé tous les 3 mois, multisite chez les HSH avec rapports multiples, et entre 15 et 25 ans en cas de grossesse ou de nouveau partenaire. Le traitement de 1ère intention dans les formes urogénitales non compliquée (urétrite/cervicite) ou ano-rectale ou oro-pharyngées est la doxycycline 100mg x2 pendant 7 jours (azithromycine 1g dose unique si allergie ou 2ème et 3ème trimestre de grossesse, et ofloxacine 200x2/j ou ciprofloxacine 500x1/j pendant 7 jours en dernier recours). Les auteurs rappellent que la doxycycline se prend sans s'allonger pendant 1 heure, avec un grand verre d'eau et nécessite une photoprotection (AE). Si orchiépididymite ou infection génitale haute, la doxycycline est prescrite pour 10 jours (14j si hospitalisation), et l'azithromycine 1g se fait à J1 et J7. Pour la LVG le traitement de doxycycline est de 21 jours. Un TAAN de contrôle est recommandé à 4 semaines si grossesse, persistance de symptômes ou en cas d'utilisation des traitements de 2ème lignes pour les infections rectales et LVG. Les partenaires dans les 6 mois doivent être dépistés (traitement d'emblée possible si < 14 jours).

Finissons sur le mycoplasma genitalium.  Il ne doit être recherché et traité qu'en cas d'infections génitales ou rectales symptomatiques aiguës ou persistantes.  Il est nécessaire de traiter les partenaires infectés même asymptomatiques (seule exception). Un contrôle du traitement n'est pas nécessaire sauf si persistance des symptômes 3 semaines après la fin du traitement. En cas d'autres co-infections, leur traitement est prioritaire. Le dépistage est fait par un TAAN qui soit être obligatoirement complété d'un test de résistance aux macrolides. Le traitement repose sur la doxycycline 100mg x 2 par jour pendant 7 jours prescrite dans le cadre d'un traitement "syndromique"(symptômes intenses et invalidant), puis si azithromycine 1g à J1 puis 500mg à J2 et J3 en l'absence de résistance. Si résistance : moxifloxacine 400mg/j pendant 7 jours. D'autres schémas plus complexes existent en cas de double résistance.


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 A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille



 

 

dimanche 31 août 2025

Dragi Webdo n°493 : HAS (fibromyalgie, transidentité, diabète type 2, vaccins/VIH), vaccin HPV, carence martiale, BPCO/cancer poumon, GEA/ondansétron

 Bonjour ! Nous espérons que vous avez passé de bonnes vacances. C'est reparti pour une nouvelle saison de Dragi Webdo ! Bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Une étude de cohorte rétrospective incluant environ 4000 patients BPCO a trouvé que ceux ayant un LABA avaient un risque de cancer du poumon supérieur à ceux sans LABA. Ce risque est estimé à 1 pour 1000 patient par an. Les corticoïdes inhalés étaient associés à un risque de cancer plus faible. Notons que cette étude est quand même soumise à de nombreux biais, en particulier l'impossibilité de prendre en compte le tabagisme comme facteur de confusion, il s'agit donc juste d'un signal pour le moment.

 

2/ Exercice médical

Une étude du Jama internal medicine aborde l'impact des seuils en médecine et notamment celui de l'anémie par carence martiale. L'OMS a fixé le seuil de ferritine pour ce diagnostic à 15µg/L et la société américaine de gastro-entérologie fixe ce seuil à 45µg/L. En partant de la cohorte NHANES tirée de la population américaine et en extrapolant à la population américaine, les auteurs trouvent que la prévalence de l'anémie par carence martiale passe de   5,9 millions de personnes à  9,2 millions de personnes (sur une population globale de  214 millions d'américains.

 


 3/ Douleur

La HAS a publié des recommandations concernant la fibromyalgie. Sa prévalence est estimée à 1,5-2% de la population et son diagnostic est clinique. Elle peut être évoquée devant des douleurs de plus de 3 mois, diffuses, fluctuantes en intensité et en localisation, parfois associées à de la fatigue, des troubles du sommeil, du transit, cognitifs et/ou psychologiques. L'examen clinique est normal, et il n'y a pas d'autre maladie ou de traitements pouvant être responsable des symptômes (indication à faire une biologie "minimale":  CPK, CRP, NFS, TSH, ASAT, ALAT). L'auto-questionnaire FIRST (Fibromyalgia Rapid Screening Tool) peut être une aide au dépistage en médecine générale, puis le diagnostic et la sévérité sont évalué selon les critères ACR 2016. Les auteurs recommandent de légitimer les plaintes, expliquer les mécanismes en s'aidant de la fiche patient. La prise en charge passe par un plan personnalisé co-construit axé sur les besoins du patient, basé sur 1/ l'activité physique (RHD, APA), 2/ l'auto-gestion (psychologue, ETP), 3/ le maintien de l'emploi (médecin du travail, RQTH) et 4/ prise en charge des symptômes. Les traitements médicamenteux initiaux sont les antidépresseurs et antiépileptiques à faible dose pour traiter les douleurs chroniques et les AINS ou paracétamol pour les pics douloureux. Le tramadol ou autres opioïdes doivent être évités. Les TENS et la stimulation transcrânienne sont des traitements discutés ensuite de façon pluri-disciplinaire. 

 

4/ Vaccination

La HAS a publié des recommandations concernant la vaccination des patients vivant avec le VIH. Les vaccins vivants atténués (BCG) sont toujours contre-indiqués et les vaccins viraux atténués sont contre indiqués si les CD4 sont < 200/µL et souvent quand même à différer si charge virale > 50 copies/ml. Le réponse immunitaire altérée peut nécessiter des rappels plus fréquents. Les vaccins Covid, grippe, zona et VRS sont toujours indiqués quels que soient les CD4 et la CV. Les vaccins VHB, méningocoque B et ACYW, pneumocoque, varicelle si non immunisé (penser à rechercher!) et éventuellement Mpox sont spécifiquement recommandés chez les patients vivant avec le VIH. Le vaccin VHA peut être indiqué si HSH ou co-infections VHB/VHC, et les autres vaccins sont recommandés comme en population générale.

Un article abordant la création d'un outil d'aide à la décision pour la vaccination anti-HPV a été publié. Il décrit la construction de l'outil : soshpv.fr (ici les infographies sur l'efficacité, et sur les effets indésirables). Les données sont bien séparées entre les essais randomisés donnant les résultats sur les CIN2+ et les études de cohortes étudiant l'incidence des cancers.

 

5/ Pédiatrie

On avait parlé de l'ondansétron "one shot" dans la gastro-entérite de l'enfant. Voici un article du NEJM dans lequel 1000 enfants de 6 mois à 18 ans (moyenne 4 ans) vus aux urgences pour gastro-entérite sont repartis avec 6 doses d'ondansétron (ou placebo) à utiliser dans les 48 heures en cas de vomissements persistants. Le nombre de symptômes modérés à sévères  était de 5,1% dans le groupe traité versus 12,5% dans le groupe placebo (NNT= 14 patients). Cependant, il n'y avait pas de différence sur les vomissements persistants après inclusion, ou les re-consultations ou l'utilisation de réhydratation IV dans les 7 jours. Enfin, il n'y avait pas de différences de survenue d'effets indésirables modérés ou grave entre les 2 groupes.

 

6/ Endocrinologie

La HAS a également publié des recommandations sur la prise en charge de la transidentité. Ce sont globalement des recos de grade C ou avis d'expert. La fiche pour généraliste est suffisante pour une utilisation pratique. L'accueil des patient.e.s doit se faire sans jugement dans un environnement bienveillant et en reconnaissant pleinement le genre exprimé. L'entretien aborde l'histoire personnelle, les violences et autres facteurs de vulnérabilité. Il n'y a pas de parcours "type", et cela dépend des besoin du/de la patient.e. et il peut faire intervenir généralistes, gynécologues, urologues, endocrinologues, dermatologues, médecins de PMA, prothésistes, orthophonistes, kinés... 

Pour une prescription d'hormones féminisantes, le bilan initial comporte testostérone totale et oestradiol, puis EAL, glycémie et bilan IST selon les recommandations générales. Le 17-bêta-estradiol est généralement le traitement de 1ere ligne (transdermique, oral, injectable), parfois la spironolactone et les agonistes de la GnRH (triptoréline, leuproréline) peuvent être ajoutés. Dans le suivi, l'oestradiol, de la testostérone sont dosés, ainsi que la fonction rénale et le ionogramme si spironolactone, et la prolactine si apparition de céphalées, galactorrhée ou troubles visuels.

Pour la prescription d'hormones masculinisantes, le bilan comporte une évaluation du risque cardiovasculaire, une NFS, un bilan hépatique, et éventuellement une EAL, une glycémie à jeun et un bilan IST. La testostérone peut être injectable (SC/IM) toutes les semaines, 2 semaines ou toutes les 10 semaines selon le produite ou en transdermique quotidien. La surveillance comporte testostéronémie, NFS 3 mois après chaque changement de dose (puis annuel si Ht < 54%), LH si gonadectomie, 

 

Enfin, la HAS a publié un nouveau guide du parcours de soins du patient atteint de diabète de type 2.  Rien de très neuf, mais on notera, la glycémie annuelle si pré-diabète (pas plus souvent). 

- Le bilan initial comportent l'évaluation du risque cardiovasculaire par le score-2 diabète, et du risque de fibrose hépatique par FIB-4 : NFS-plaquettes, HbA1C, créatininémie, EAL, ASAT, ALAT, GGT, PAL, TP, albuminurie/créatininurie (RAC). Il y a aussi l'évaluation podologique, une évaluation psychologique (PHQ-9), le bilan bucco-dentaire, les IPS et l'ECG de repos et l'examen du fond d'oeil. 

- Dans le suivi, on note : le suivi podologique (au moins annuel avec podologue si grade différent de 0 mais non pris en charge par la CPAM si grade 0, 1 ou 2), le suivi bucco-dentaire, le RAC annuel, l'ophtalmologue annuel ou tous le 2 ans si diabète contrôlé, le fib-4 annuel (tous les 2-3 ans d'après les recos ADA/EASD), le score 2 diabète et EAL annuel (tous les 3 ans d'après l'ESC) et l'absence de bilan cardiologique systématique (comme dans les recos ADA/EASD). 

 - Sur le plan thérapeutique, les auteurs insistent sur les RHD initiales, mais la fiche présentée de 3 pages est peut être un peu longue. Enfin, on appréciera que le recours au diabétologue soit présenté comme des "avis ponctuels selon les situations" : suspicion diabète non type 2, HbA1C initiale 9%, complications au diagnostic ou évolutive, instauration d'insulinothérapie en plusieurs injections par jour, hypoglycémies itératives, objectif non atteint après 6-12 mois, IMC > 40, toute situation jugée par le MG, et grossesse pour une prise en charge spécialisée.

 

C'est fini ! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky, LinkedIn et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

 A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille

 

 

lundi 14 juillet 2025

Dragi Webdo n°492 : Voyage (Recos HCSP), aspirine, vaccination, hormonothérapie féminisante, dépistage CCR, HTA résistante, tétanos

Bonjour ! Voici le dernier Dragi Webdo avant la pause estivale ! Les billets reprendront la dernière semaine d'aout. Bonne lecture ! 

 

1/ Pharmacovigilance 

L'ANSM aborde l'arrêt de commercialisation de la vitamine A. Dans le contexte, elle recommande une restriction d'utilisation aux syndromes secs sévères, aux ulcères, aux cicatrisations résistantes et compliquées, et aux anomalies de conformation des paupières. Dans les autres indications, les produits à base d'acide hyaluronique ou de dexpanthénol sont à utiliser

 Le BMJ fait une synthèse sur l'aspirine. Dans les douleurs, l'aspirine 1000mg est efficace mais moins que les autres AINS dans la lombalgie, et avec un NNT de 8 dans les migraines ce qui est semblable au sumatriptan. L'effet antipyrétique de l'aspirine est similaire à celui du paracetamol. En cas de prescription d'aspirine au long cours. Aux doses < 300mg, l'action de l'aspirine est une inhibition irréversible de la COX-1 dans les plaquettes bloquant la formation de thromboxane A2 favorisant l'agrégation plaquettaire. Donc l'effet de l'aspirine persiste sur ces plaquettes pendant leur durée de vie: 7-10 jours.  Les auteurs rappellent que l'aspirine n'est plus recommandée en prévention primaire, les risques surpassant les bénéfices et qu'en cas d'AOMI le clopidogrel est à préférer à l'aspirine. En prévention secondaire, le NNT (nombre de sujet à traiter) pour réduire les récidives d'évènements est d'environ 25-30 patients. A l'initiation du traitement une NFS, créatininémie et bilan hépatique sont recommandés, puis NFS et créatininémie sont indiqués annuellement. Une co-prescription d'IPP est recommandée si antécédent d'ulcère ou de saignement digestif, ou facteurs de risques (>75 ans, autres antiagrégant, anticoagulant ou AINS associé). Avant un traitement au long cours, les auteurs proposent un dépistage et un traitement d'H. Pylori.


 

2/ Cardiovasculaire

La société européenne de cardiologie a publié des recommandations concernant la vaccination  chez les patients avec cardiopathie ischémique, AVC ou insuffisance cardiaque. En effet, ils reprennent l'étude ayant montré que la vaccination anti-grippe diminuait la mortalité (cf ici). Ainsi, la vaccination grippe est recommandée annuellement, la vaccination pneumocoque, le vaccin Zona recombinant, ainsi que le DTP comme en population générale. Concernant le Covid et le VRS, il y a peu d'études de bon niveau de preuve. Ils sont recommandés mais le rythme n'est pas clairement défini.

Une revue systématique s'est intéressée au délai pour introduite un anticoagulant chez un patient ayant un AVC récent pour cause thrombo-embolique. Introduire un AOD dans les 4 jours était associé à une réduction du risque de récidive (1.7% vs 2.6%) sans majoration du risque d'hémorragies (0.4% vs 0.4%) à 30 jours.

Le Lorundrostat est un anti-aldostérone testé versus placebo chez des patients avec HTA non contrôlée (dont 60% d'HTA résistante). Le groupe lorundrostat a permis une baisse de 16.9mmHg versus 7.9mmHg dans le groupe placebo. Le traitement augmentait le risque d'hyperkaliémie (+2%), d'hyponatrémie (+4-6%) et d'altération du DFG (+2%). Les traitements de référence restent cependant encore la spironolactone ou l'amiloride (cf ici).

Cette revue systématique d'Annals of internal medicine a étudié l’efficacité de l'ablation de fibrillation auriculaire. L'ablation par cathéter réduisait le risque relatif de mortalité globale de 27%, d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque de 32% et d'AVC après 30 jours de 37% au prix d'une multiplication par 6,8 du nombre des AVC dans les 30 jours. L'ablation chirurgicale ne réduisait que le risque d'AVC global de 66%, sans effets sur les insuffisances cardiaques ou la mortalité. Cette étude semble concordante avec les recommandations incitant à l'ablation de FA.


3/ Infectiologie

Le HCSP a publié les recommandations aux voyageurs 2025 ! Tout d'abord, les auteurs rappellent que le don du sang n'est pas possible dans les 4 semaines suivant une vaccination par vaccin vivant atténué. Les recommandations vues ici concernant la vaccination Dengue ont été confirmées (vaccination entre 6 et 60 ans quelle que soit la durée de séjour si comorbidité). L'encéphalite japonnaise présente en Asie et en Océanie justifie maintenant une vaccination par le vaccin Ixiaro si saison des pluies ou séjour rural à proximité de rizières. Une augmentation des infections à Oropouche Virus (OROV) ont été notées en Amérique du sud: il faut juste penser à l'évoquer en cas de contexte évocateur chez les femmes enceintes compte tenu des complications materno-foetales (comme toutes les arboviroses, les symptômes sont aspécifiques). Les recommandations concernant le vaccin Chikungunya en cas de séjour prolongé (>6mois ou expatriation) à la Réunion, Mayotte et Amérique du sud notamment sont présentées dans le tableau ci dessous. Enfin, comme on ne l'avait pas encore mise, voici la trousse à pharmacie proposée (à laquelle on peut discuter d'ajouter les antibiotiques: fosfomycine, azythromycine, ofloxacine auriculaire et amoxicilline pour les situations particulières de façon exceptionnelle).

 

 

Le JAMA aborde le tétanos (ce n'est pas courant mais parlons en au moins 1 fois). C'est rare en Europe avec un incidence 4-10 cas par an au Royaume Uni. Les facteurs de risque sont notamment les drogues IV, l'âge (patients non vaccinés dans l'enfance) et le diabète. Les principales voies d'inoculation sont les accidents de moto, les piercings, l'acuponcture et les IM. Après inoculation les symptômes débutent généralement après 8 jours: myalgies, rigidité musculaires avec spasmes, trismus, dysphagie voir opisthotonos. Ils peuvent parfois faire évoquer une myasthénie, une PF à frigore, un botulisme, un syndrome malin des neuroleptiques, une hypocalcémie. Une PCR sur la plaie ou le pus fera le diagnostic rapidement. La prise en charge est bien sur hospitalière. Enfin, la prévention passe par une vaccination systématique pour obtenir une couverture vaccinale maximale.


4/ Oncologie

Après le dépistage du CCR sur ADN dans les selles, voici une étude évaluant la recherche d'ADN tumoral sur prise de sang périphérique. Dans cette étude de cohorte, les patients ont passé une coloscopie et eu une recherche sanguine d'ADN tumoral. La sensibilité pour un CCR était de 79.2% et la spécificité pour un "cancer avancé" de 91.5%. La VPP était de 15.5% et la VPN de 90.8%. Enfin, pour les lésions pré-cancéreuses, la sensibilité n'était que de 12,5% ce qui était trop faible pour être retenu.

 

5/ Endocrinologie

On avait parlé de la prise en charge des personnes transgenres en 2022. Cet article aborde les l'hormonothérapie féminisante d'affirmation du genre (fGAHT). L'estradiol oral est initié à 2 mg/j pendant 2 semaines puis peut être augmenté à 4 mg/j. Le valérate d'estradiol parentéral est prescrit à 10 mg/semaine et l'estradiol transdermique, avec le plus faible risque thrombo-embolique, à la dose de 0,1 à 0,2 mg/24 heures. Des traitements complémentaires sont souvent utilisés tels que la spironolactone 50-100mg, 2 fois par jour, le finastéride 1-5mg/j ou le leuprolide entre 11,25 et 22,5 mg/3 mois. Les changements physiologiques apparaissent en quelques semaines et se stabilisent vers 2 ans de traitement. La cible d'oestradiol est entre 370 et 730pmol/L et celle de testostérone inférieure  à  1,7nmol/L. Biologiquement, l'hémoglobine et l'hématrocrite seront abaissées, et l'évaluation du DFG est difficile, l'utilisation du genre féminin pouvant sous estimer de 30% le DFG (préférer idéalement les formules avec cystatine).

 

C'est terminé pour ce billet! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky, LinkedIn et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams).

 Passez de bonnes vacances et à bientôt !

@Dr_Agibus et @DrePétronille

 

 

lundi 30 juin 2025

Dragi Webdo n°491 : Violences (USPSTF), nutrition femme/enfant (NICE), vaccin zona (CNGE), SCA sujet âgé, diabète de type 2 (dépistages, déprescription, cagrilintide)

 Bonjour, voici les actualités de la semaine, bonne lecture !

 

1/ Cardio-vasculaire

On en parle régulièrement (ici ou ), voici une revue systématique comparant un traitement invasif ou conservatif dans les syndromes coronaire aigus du sujet âgé de plus de 70 ans. Il y a eu 8 ECR inclus correspondant à 3000 patients âgés d'environ 82 ans. Il n'y avait pas de différence de mortalité globale entre les patients avec traitement invasif ou médical seul, mais ceux avec traitement invasif avait un taux moindre de récurrences d'infarctus et de revascularisation au prix d'un sur-risque hémorragique (NNH=49).

 

2/ Violences

L'USPSTF a publié des recommandations concernant le dépistage des violences intra-couple, et recommande un dépistage avec un garde B, mais trouve des preuves insuffisantes pour dépister celles chez le sujet âgé ou autre population vulnérables. D'après la revue systématique associée, il n'y a pas de bénéfice direct du dépistage sur les violences ou la dépression des personnes victimes en essais randomisé, et les interventions auprès de personnes victimes de violences ont une efficacité/inefficacité variant selon les études, avec quelques études efficaces notamment pendant la grossesse. Vu l'absence de risques du dépistage, l'USPSTF tend quand même à recommander ce dépistage. Les tests utilisés pour le dépistage : concernant les évènements "en cours", le OVAT semble être le plus efficace avec une Se de 87% et une Sp de 83% (validé aux urgences), et concernant les évènements passés,  le HARK a une Se de 80% et une Sp de 95% (développé en MG) et le WAST a une Se de 87% et une Sp de 89% (mais un peu plus long).

 

3/ Pédiatrie

Le BMJ revient sur les nouvelles recommandations du NICE britannique concernant la nutrition pendant la grossesse et chez l'enfant de moins de 5 ans. 

Concernant la grossesse, 0,4mg d'acide folique jusqu'à 12 SA est recommandé, sauf si antécédent familial ou de grossesse précédente avec malformation congénitale, diabète de type 1 ou 2, hémoglobinopathie (drépanocytose, thalassémie ou autre hémolyse), inducteurs enzymatique (VIH, anti-épileptiques) . De la vitamine D est recommandée (400UI/j) d'octobre à mars ou toute l'année si facteurs de risque (peau noire par exemple). L'huile de foie de morue et les multivitamines ne doivent pas être prises, notamment car elles peuvent contenir de la vitamine A (rétinol), cependant il y a possibilité de prendre les associations "vitamine D, acide folique, vitamine C". La vitamine B12 peut être supplémentée chez les patients avec régime végan. Enfin, il n'y a pas de raison de peser les patients systématiquement (sauf diabète, vomissements gravidiques etc...)

Chez l'enfant, la vitamine D est recommandée à 400UI/j jusqu'à 5 ans, les vitamines A et C de 6 mois à 5 ans en cas d'allaitement maternel et de 12 mois à 5 ans si allaitement artificiel. En effet, les laits artificiels sont enrichis en vitamines A et C, et ces laits ne sont pas recommandés après l'âge de 1 an! Ces éléments (pas preuve de bénéfices de la vitamine D après 5 ans ni du lait artificiel après 1 an) sont concordants aux données de la science. De façon un peu moins justifiée, selon eux, la diversification est à débuter aux alentours de 6 mois. Entre 1 et 5 ans, les enfants doivent avoir 3 repas équilibrés par jour et 2 collations saines, du lait et/ou de l'eau (pas de soda, pas de jus ou maxi 150ml/j de jus de fruits).

 

4/ Vaccins

Le CS du CNGE a publié un avis concernant la vaccination contre le Zona, accompagné d'une infographie basée sur l'étude princeps dont on avait parlé ici. Les principales limites évoquées sont l'absence d'études chez le moins de 70 ans (et donc chez les plus de 18 ans avec facteurs de risque, comme énoncé dans les recos), et l'absence d'étude médico-économiques considérant le prix des 2 doses de vaccin (à une époque où il semble difficile de trouver des financements pour les activités médicales nécessaire à la survie du système de santé français). 


 

5/ Endocrinologie

Voici un article de "perspectives" en diabétologie revient sur les dépistages. En effet, il parcourt la littérature et confirme que le dépistage de l'insuffisance cardiaque et de l'AOMI chez les patients diabétiques asymptomatiques n'est soutenu par aucun critère de "dépistage" et pas aucune donnée scientifique. Concernant l'AOMI, c'est en effet ce qui est recommandé dans les dernières recos de la société américaine de diabétologie.

Cet essai randomisé du JAMA internal medicine concerne la déprescription chez des patients diabétiques de plus de 75 ans avec une HbA1C < 8% et des sulfamides ou de l'insuline. L'étude a comparé une intervention de 45minutes auprès de médecin sur la déprescription "seule" ou associé à une fiche de pré-visite informant les patients sur la déprescription et la décision partagée. Après 6 mois, les patients du groupe avec pré-visite ont davantage bénéficié d'une déprescription que les autres (15,8% vs 9%) et cela persistait à 12 mois (22% vs 16%).

Le cagrilintide est un analogue de l'amyline qui induit une perte de poids. Il est testé en association avec le semaglutide (CagriSema injectable 1 fois par semaine) versus placebo dans l'étude Redefine-2 chez des patients diabétiques avec un IMC > 27. A 68 semaines, la perte de poids a été de 13,7% sous CagriSema et de 3,4% sous placebo et l'Hba1C a baissé de 1,8% versus 0,4%. Concernant les effets indésirables, il y avait 72% vs 34% de troubles digestifs, 6% vs 3,4% d'hypoglycémie cliniquement significatives, et un signal de 4 décès (0,4%) sous CagriSema versus 0 (liés à des causes diverses: cancer du pancréas, mort subite, suicide et autre cause non cardiovasculaire). La même étude a été réalisée chez les patients non diabétiques et la baisse de poids a été de -20,4% vs -3%. Les effets indésirables étaient dans des proportions similaires avec 80% vs 40% de troubles digestifs, et il y a eu 2 décès dans le groupe CagriSema (suicide et cancer) et aucun dans le groupe placebo. 

Le JAMA a publié une revue sur le diagnostic et le traitement du diabète de type 2. Mis à part les grands tableaux de synthèse, il n'y a pas grand chose de neuf et c'est très proche de ce que disent les recommandations. On retiendra: que le traitement "intensif" (inférieur à 6,5% ou 7,5% selon les études) peut réduire les complications microvasculaires, ne semble pas avoir d'efficacité claire sur les complications macrovasculaires et ne réduit pas la mortalité. Les cibles selon différentes recos sont les suivantes et seuls l'American college of physicians et le département des vétérans ont des cibles moins strictes, conformément à ces données.


 

  Voilà, c'est terminé ! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky, LinkedIn et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

 A la semaine prochaine !

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