Bonjour ! Voici le dernier Dragi Webdo avant la pause estivale ! Les billets reprendront la dernière semaine d'aout. Bonne lecture !
1/ Pharmacovigilance
L'ANSM aborde l'arrêt de commercialisation de la vitamine A. Dans le contexte, elle recommande une restriction d'utilisation aux syndromes secs sévères, aux ulcères, aux cicatrisations résistantes et compliquées, et aux anomalies de conformation des paupières. Dans les autres indications, les produits à base d'acide hyaluronique ou de dexpanthénol sont à utiliser
Le BMJ fait une synthèse sur l'aspirine. Dans les douleurs, l'aspirine 1000mg est efficace mais moins que les autres AINS dans la lombalgie, et avec un NNT de 8 dans les migraines ce qui est semblable au sumatriptan. L'effet antipyrétique de l'aspirine est similaire à celui du paracetamol. En cas de prescription d'aspirine au long cours. Aux doses < 300mg, l'action de l'aspirine est une inhibition irréversible de la COX-1 dans les plaquettes bloquant la formation de thromboxane A2 favorisant l'agrégation plaquettaire. Donc l'effet de l'aspirine persiste sur ces plaquettes pendant leur durée de vie: 7-10 jours. Les auteurs rappellent que l'aspirine n'est plus recommandée en prévention primaire, les risques surpassant les bénéfices et qu'en cas d'AOMI le clopidogrel est à préférer à l'aspirine. En prévention secondaire, le NNT (nombre de sujet à traiter) pour réduire les récidives d'évènements est d'environ 25-30 patients. A l'initiation du traitement une NFS, créatininémie et bilan hépatique sont recommandés, puis NFS et créatininémie sont indiqués annuellement. Une co-prescription d'IPP est recommandée si antécédent d'ulcère ou de saignement digestif, ou facteurs de risques (>75 ans, autres antiagrégant, anticoagulant ou AINS associé). Avant un traitement au long cours, les auteurs proposent un dépistage et un traitement d'H. Pylori.
2/ Cardiovasculaire
La société européenne de cardiologie a publié des recommandations concernant la vaccination chez les patients avec cardiopathie ischémique, AVC ou insuffisance cardiaque. En effet, ils reprennent l'étude ayant montré que la vaccination anti-grippe diminuait la mortalité (cf ici). Ainsi, la vaccination grippe est recommandée annuellement, la vaccination pneumocoque, le vaccin Zona recombinant, ainsi que le DTP comme en population générale. Concernant le Covid et le VRS, il y a peu d'études de bon niveau de preuve. Ils sont recommandés mais le rythme n'est pas clairement défini.
Une revue systématique s'est intéressée au délai pour introduite un anticoagulant chez un patient ayant un AVC récent pour cause thrombo-embolique. Introduire un AOD dans les 4 jours était associé à une réduction du risque de récidive (1.7% vs 2.6%) sans majoration du risque d'hémorragies (0.4% vs 0.4%) à 30 jours.
Le Lorundrostat est un anti-aldostérone testé versus placebo chez des patients avec HTA non contrôlée (dont 60% d'HTA résistante). Le groupe lorundrostat a permis une baisse de 16.9mmHg versus 7.9mmHg dans le groupe placebo. Le traitement augmentait le risque d'hyperkaliémie (+2%), d'hyponatrémie (+4-6%) et d'altération du DFG (+2%). Les traitements de référence restent cependant encore la spironolactone ou l'amiloride (cf ici).
Cette revue systématique d'Annals of internal medicine a étudié l’efficacité de l'ablation de fibrillation auriculaire. L'ablation par cathéter réduisait le risque relatif de mortalité globale de 27%, d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque de 32% et d'AVC après 30 jours de 37% au prix d'une multiplication par 6,8 du nombre des AVC dans les 30 jours. L'ablation chirurgicale ne réduisait que le risque d'AVC global de 66%, sans effets sur les insuffisances cardiaques ou la mortalité. Cette étude semble concordante avec les recommandations incitant à l'ablation de FA.
3/ Infectiologie
Le HCSP a publié les recommandations aux voyageurs 2025 ! Tout d'abord, les auteurs rappellent que le don du sang n'est pas possible dans les 4 semaines suivant une vaccination par vaccin vivant atténué. Les recommandations vues ici concernant la vaccination Dengue ont été confirmées (vaccination entre 6 et 60 ans quelle que soit la durée de séjour si comorbidité). L'encéphalite japonnaise présente en Asie et en Océanie justifie maintenant une vaccination par le vaccin Ixiaro si saison des pluies ou séjour rural à proximité de rizières. Une augmentation des infections à Oropouche Virus (OROV) ont été notées en Amérique du sud: il faut juste penser à l'évoquer en cas de contexte évocateur chez les femmes enceintes compte tenu des complications materno-foetales (comme toutes les arboviroses, les symptômes sont aspécifiques). Les recommandations concernant le vaccin Chikungunya en cas de séjour prolongé (>6mois ou expatriation) à la Réunion, Mayotte et Amérique du sud notamment sont présentées dans le tableau ci dessous. Enfin, comme on ne l'avait pas encore mise, voici la trousse à pharmacie proposée (à laquelle on peut discuter d'ajouter les antibiotiques: fosfomycine, azythromycine, ofloxacine auriculaire et amoxicilline pour les situations particulières de façon exceptionnelle).
Le JAMA aborde le tétanos (ce n'est pas courant mais parlons en au moins 1 fois). C'est rare en Europe avec un incidence 4-10 cas par an au Royaume Uni. Les facteurs de risque sont notamment les drogues IV, l'âge (patients non vaccinés dans l'enfance) et le diabète. Les principales voies d'inoculation sont les accidents de moto, les piercings, l'acuponcture et les IM. Après inoculation les symptômes débutent généralement après 8 jours: myalgies, rigidité musculaires avec spasmes, trismus, dysphagie voir opisthotonos. Ils peuvent parfois faire évoquer une myasthénie, une PF à frigore, un botulisme, un syndrome malin des neuroleptiques, une hypocalcémie. Une PCR sur la plaie ou le pus fera le diagnostic rapidement. La prise en charge est bien sur hospitalière. Enfin, la prévention passe par une vaccination systématique pour obtenir une couverture vaccinale maximale.
4/ Oncologie
Après le dépistage du CCR sur ADN dans les selles, voici une étude évaluant la recherche d'ADN tumoral sur prise de sang périphérique. Dans cette étude de cohorte, les patients ont passé une coloscopie et eu une recherche sanguine d'ADN tumoral. La sensibilité pour un CCR était de 79.2% et la spécificité pour un "cancer avancé" de 91.5%. La VPP était de 15.5% et la VPN de 90.8%. Enfin, pour les lésions pré-cancéreuses, la sensibilité n'était que de 12,5% ce qui était trop faible pour être retenu.
5/ Endocrinologie
On avait parlé de la prise en charge des personnes transgenres en 2022. Cet article aborde les l'hormonothérapie féminisante d'affirmation du genre (fGAHT). L'estradiol oral est initié à 2 mg/j pendant 2 semaines puis peut être augmenté à 4 mg/j. Le valérate d'estradiol parentéral est prescrit à 10 mg/semaine et l'estradiol transdermique, avec le plus faible risque thrombo-embolique, à la dose de 0,1 à 0,2 mg/24 heures. Des traitements complémentaires sont souvent utilisés tels que la spironolactone 50-100mg, 2 fois par jour, le finastéride 1-5mg/j ou le leuprolide entre 11,25 et 22,5 mg/3 mois. Les changements physiologiques apparaissent en quelques semaines et se stabilisent vers 2 ans de traitement. La cible d'oestradiol est entre 370 et 730pmol/L et celle de testostérone inférieure à 1,7nmol/L. Biologiquement, l'hémoglobine et l'hématrocrite seront abaissées, et l'évaluation du DFG est difficile, l'utilisation du genre féminin pouvant sous estimer de 30% le DFG (préférer idéalement les formules avec cystatine).
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Passez de bonnes vacances et à bientôt !