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jeudi 25 janvier 2024

Dragi Webdo n°426 : précarité et troubles psy (HAS), dépistage CCU, RHD diabète/mortalité, anticholinergiques, gabapentinoïdes, simnotrelvir

Bonjour, voici sans plus attendre les actualités de la semaine. Bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Un article du BMJ revient sur l'impact négatif des anticholinergiques aussi bien sur l'environnement que sur la santé des patients par la iatrogénie. Dans un certain nombre de cas, ils pourraient être évités en prescrivant de la rééducation ou des psychothérapies. En effet, ce sont notamment des antidépresseurs tricycliques et IRS, les opioides de pallier 2, les anticholinergiques urinaires, mais aussi, dans une moindre mesure, les inhibiteurs calciques et les diurétiques de l'anse.

Dans une étude de cohorte, près de 15 000  patients avec des gabapentinoïdes (majoritairement pour douleurs neuropathiques) ont été appariés à des patients ne prenant pas ce traitement. Les auteurs ont trouvé une association entre l'utilisation de ces traitements et la survenue d'exacerbation de BPCO sévères. Une vigilance à prendre en compte...

 

2/ Psychiatrie

La HAS a publié des recommandations concernant la prise en charge des patients en grande précarité avec des troubles psychiques. Les auteurs rappellent notamment quelques principes fondamentaux, tels que proposer une prise en charge globale, assurer un suivi pluridisciplinaire, utiliser une démarche "d'aller vers" et lutter contre la stigmatisation. Il est important de prendre en compte les traumatismes, de s'adapter aux vulnérabilités spécifiques de chaque patient et de s'appuyer sur le principe de réduction des risques. Les auteurs recommandent un repérage précoce des troubles psychiques et d'anticiper les crises psychiatriques. Enfin, les auteurs demandent le développement d'offres de logement, d'offres de soins en santé mentale et d'offres d'accompagnement médico-social.

 

3/ Oncologie

Voici deux articles discutant du dépistage du cancer de col de l'utérus publiés dans la revue Nature. Le 1er article aborde le dépistage du cancer du col de l'utérus en population générale. La stratégie la plus efficace est le dépistage par test HPV primaire tous les 5 ans entre 30 et 50 ans avec une réduction de 57% de l'incidence des cancers et de 67% de la mortalité par cancer du col. Lorsqu'il y a un tri des patientes suite au test HPV positif (cytologie, colposcopie ou autre), il y a une réduction de 30-50% des traitements de lésions précancéreuses, et le NNT pour réduire la mortalité est d'environ 30 patientes. La stratégie avec une cytologie réduit le risque de mortalité par cancer du col avec un NNT de 190 et entrainerait un sur-risque d'accouchement prématuré de 1 pour 1000. Le 2ème article s'intéresse en particulier aux patientes infectées par le VIH, et les auteurs montrent qu'une stratégie de dépistage utilisant un test-HPV primaire tous les 3 ans réduirait la mortalité par cancer du col de 70% (NNT= 38). C'est ce qui est recommandé par l'OMS. La stratégie utilisant une cytologie est bien moins efficace avec un NNT de 108 patientes.


4/ Infectiologie

Dans la lignée du nirmatrelvir/ritonavir (paxlovid), voici un essai randomisé comparant le simnotrelvir/ritonavir au placebo dans le Covid modéré. Chez des patients de 35 ans en moyenne et ayant a 50% un facteur de risque de Covid sévère (essentiellement obésité), lorsqu'il a été administré dans les 72 heures, il permet de réduire la durée des symptômes de 35 heures (6,5 jours vs 9 jours). Les patients du groupe traitement avaient un peu plus d'effets indésirables non sévères avec un NNH de 14. Bref, ça réduit la durée des symptômes mais pas de données sur d'éventuelles complications donc peu intéressant à ce stade.


5/ Rhumatologie

Le BMJ s'est intéressé à la luxation antérieure de l'épaule et a comparé une kinésithérapie après un 1er épisode avec des conseils et de l'information. A 6 mois, il n'y avait pas de différence entre les 2 groupes concernant la stabilité de l'épaule ou les symptômes. On peut donc probablement garder la kiné dans un 2ème temps selon l'évolution clinique.


6/ Diabète

On avait déjà parlé de la colchicine en prévention secondaire en population "générale". Voici un article abordant une sous étude de COLCOT qui a évalué la colchicine 0.5mg/j en prévention secondaire chez environ 1000 patients diabétiques. Ils ont été suivis près de 2 ans, et les patients traités par colchicine avaient moins d'évènements cardiovasculaires (NNT=22). Cependant, en analysant les différentes composantes du critère de jugement principal, ce bénéfice n'était retrouvé que pour les AVC (NNT=63), et pas pour la mortalité cardiovasculaire ni pour les infarctus. Concernant les effets indésirables, on note davantage de nausées (NNH=53) et de pneumopathies (NNH=50). De façon étonnante, il y avait moins de diarrhées sous traitement...

L'essai Look Ahead est un essai randomisant une intervention complexe comportementale intensive (1200-1800Kcal/j +3h/semaine d'activité physique modérée + intervention comportementale) versus une éducation simple non personnalisée (contrôle) dans le diabète de type 2. Les patients ont été suivis pendant 2 ans et étaient observés les rémissions (HbA1C < 6,5% sans traitement), et la survenue d'évènements cardiovasculaires. Dans le groupe intervention, la rémission passait de 10% les premières années à 4% à 12 ans, et stagnait à 2% dans le groupe contrôle. Les patients en rémission avaient perdu entre 7kg et 12kg, et ceux sans rémission moins de 5kg. Quel que soit le groupe, la rémission réduisait le risque de néphropathie de 33% après 1 an de rémission et de 55% après 4 ans de rémission et d'évènements cardiovasculaires respectivement de 40% et 49%, avec des NNT de l'ordre de  10-15 patients. Contrairement à l'étude DIRECT, cette étude ne visait pas une perte de 15kg avec un régime à 800KCal/j, elle semble présenter des bénéfices durables pour des mesures plus réalisables.


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A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus (et @DrePétronille pour la relecture)

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