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Asthme
1/ Recommandations
La société savante de pneumologie et allergologie pédiatrique a publié des recommandations sur l'asthme entre 6 et 12 ans à travers une succession d'articles en accès limité, une fois encore.
Le diagnostic repose
sur des signes cliniques typiques (sifflements, toux, dyspnée,
oppression), variant en intensité, de majorant la nuit, déclenchés par
l'exercice, le froid, les viroses ou les allergènes. La spirométrie est
recommandée mais pas systématique à cet âge d'autant plus que souvent
normale entre les crises. Le diagnostic peut être posé via une
spirométrie avec un VEMS/CV < - 1,645 z-score et la réversibilité
concise à +10%. En l'absence de spirométrie, le DEP, mesuré 2 fois par
jour pendant 7 jours et mettant en évidence une variabilité > 15%
confirme l'asthme. Le bilan comprend une radiographie thoracique et une
recherche d'allergènes respiratoires.
On passe au traitement de fond. Rien de neuf, on ne fait pas de SMART (même traitement de crise et de fond) chez l'enfant. Donc l'augmentation des paliers est classique. A noter que le fluticasone x2/j pourrait mieux contrôler les symptômes que les autres et peut être utiliser une fois par jour lorsque les symptômes sont contrôlés (alors que le beclometasone doit être utilisé 2 fois par jour). Le montélukast n'a de place qu'en cas d'asthme induit par l'effort ou d'impossibilité d’adhésion aux CSI ou avec les CSI faible dose si palier supérieurs non supportés. On note que les généralistes et les pédiatres sont incapables de gérer les enfants avec un asthme nécessitant un palier 3 et qu'il faudrait adresser ces enfants à un pneumo-pédiatre et donc il faut probablement anticiper le RDV 6 mois à l'avance. En vrai, c'est niveau "avis d'expert", donc on fait comme on peut, avec EFR idéalement quand même (Par contre au delà du palier 3, il faut en effet un avis plus spécialisé).
Enfin, le traitement de la crise d'asthme est abordé. Il est recommandé d'évaluer la sévérité, notamment avec le score PRAM (<4
= léger, 4-7= modéré >7 = sévère) et en recherchant les signes de
gravité: fatigue, difficulté à marcher ou à parler, FR < 16 ou
>30, FC > 125, spo2 < 95%, MV diminué et détresse respiratoire.
En l'absence de signe de gravité : faire 4 bouffées de salbutamol
toutes les 20 minutes, et 10 bouffées si signes de gravité. Les
corticoïdes oraux sont recommandés à 20mg pendant 3 jours si poids <
20kg et à 40mg si poids >40kg en cas de crise non sévère avec
facteurs de risque d'asthme sévère (non contrôlé > 7 jours, terrain
polyallergique, allergie alimentaire, logement humide, atcd de séjour en
réanimation) ou en cas de crise sévère. Au décours, le salbutamol 4
bouffées x 4 par jour est à poursuivre jusqu'à résolution des symptômes.
Le DEP est totalement absent sauf pour dire qu'il est utilisable si la
valeur de base de l'enfant est connue et qu'un retour à domicile est
possible s'il est >75%. Il n'y a pas d'examen complémentaire
systématique recommandé pour les crises non graves.
Globalement,
quand on peut faire une spirométrie, le diagnostic est posé sur un
VEMS/CV< 0,7 avec réversibilité. Quand on n'a pas de spirométrie ou
qu'elle ne remplit pas les caractéristiques précédentes, les auteurs
recommandent d'étudier la variabilité du DEP (augmentation de 20% après
200-400µg de salbutamol ou variation quotidienne matin/soir sur
plusieurs jours > 10%) puis de faire un traitement d'épreuve de 4 à 6
semaines par corticoïdes inhalés (CSI). Si une spirométrie n'a pas été
réalisée et qu'un diagnostic est rendu probable par un des tests, il est
recommandé d'effectuer la spirométrie pour confirmer le diagnostic. Un
bilan allergologique est ensuite recommandé notamment avec des tests
cutanés aux pneumallergènes (les trophallergènes ne sont recommandés que
si suspicion clinique d'allergie alimentaire). Les mesures sériques
d'IgE ne sont pas recommandées dans la majorité des cas.
Pour
les exacerbations d'asthme, les B2CA sont recommandés à la dose de 4-10
bouffées/20min pendant la 1ère heure puis toutes les 4 heures. Les
corticoïdes oraux sont recommandés à la dose de 0,5 à 1 mg/kg jusqu'à
60 mg maximum pendant 5 à 7 jours. Une réévaluation par le médecin
traitant est recommandée dans les 7 jours suivant une exacerbation.
Sur
le plan des traitements de fond, pas de grande nouveauté par rapport à
ce qui était recommandé par les autres organismes de recos:
2/ Traitement de fond
- ou efficacité limitée à 2-3h
- ou symptômes plus importants.
Petit virage saisonnier vers l'asthme et la façon dont il faut gérer les traitements de fond. Une méta-analyse du BMJ nous dit qu'en cas d'asthme non contrôlé par des petites doses de corticoïdes inhalés, l'ajout d'une bêta2mimétique de longue durée d 'action diminue les exacerbations. Cependant, (de ce que j'ai compris) aucune autre combinaison de traitement (corticoïdes forte dose, anti-leucotriènes, etc...) ne fait mieux que les corticoïdes inhalés faible dose (de quoi se simplifier la vie avec toutes ces molécules...)
Une étude du JAMA s'est intéressé au traitement par "SMART" dans l'asthme. Cet acronyme signifie "traitement de maintien et de soulagement". Il s'agit des traitements de longue durée d'action utilisé dans l'asthme, à la fois en tant que traitement de crise et de traitement de fond. En pratique, d'après cette méta-analyse, il s'agit notamment de l’association budesonide-formoterol (Symbicort) qui par son formoterol, beta2 de longue durée d'action mais avec une action bronchodilatatrice rapide après la prise du traitement qui permet l'utilisation également en cas de crise d'asthme. Ainsi, en comparaison d'une association classique "beta2 de longue durée d''action + corticoide inhalé en traitement de fond associé à des beta2 de courte durée d'action en cas de crise", les SMART ont significativement réduit le nombre d'exacerbation nécessitant des corticoïdes oraux, un passage aux urgences ou une hospitalisation. Les auteurs nuancent le niveau de preuve de l'étude pour les enfants de moins de 11 ans pour lesquels les SMART étaient peu étudiés. Il est dommage que les effets indésirables d'une multiplication de l'utilisation des corticoïdes inhalés n'aient pas été étudiés, mais il semble que ce type de traitement, plus simple, soit bénéfique par rapport au traitement classique.
Un article d'Annals of internal medicine traite de l'asthme au travers d'une revue de la littérature. Il confirme globalement les nouvelles recommandations du GINA dont j'avais parlé il y a peu ici. Les auteurs précisent cependant leur point de vue sur la bithérapie "formoterol + CSI" en modérant le fait de la proposer en 1ere intention chez tous les patients au "step 1". En effet, ils suggèrent d'en rester au bronchodilatateur de courte durée d'action chez les patients avec asthme intermittent (moins de 2 crises par mois) sans facteur de risque d'exacerbation (antécédent de crise d'asthme sévère, grossesse, hyperéosinophilie sanguine ou sur crachats, obésité, rhinosinusite chronique, atopie, tabagisme actif ou passif, niveau socio-économique faible, VEMS < 60% et plus de 2 crises / semaine mais ça, ça exclu de l'asthme intermittent). En présence d'un de ces facteurs de risque, il serait préférable d'utiliser la bithérapie intermittente (SMART therapy) en traitement de crise dans l'asthme intermittent.
Après le tabac des combinaisons formoterol + corticoïdes inhalé (CSI) dans l'asthme, voici un article parlant d'une trithérapie combinée (beclomethasone+formoterol+glycopyrronium) versus le traitement par formoterol + CSI. Les patients inclus étaient des patients non contrôlés par cette dernière bithérapie, et en effet, l'ajout du LAMA de longue durée d'action a réduit la survenue des exacerbations modérées et sévères d'environ 12-15 % et amélioré le VEMS d'environ 65mL (c'est pas énorme mais c'est statistiquement significatif). Cet article est sponsorisé par BigPharma, mais il ne serait pas étonnant de voir apparaitre les LAMA dans l'asthme prochainement.
J'avais parlé des SMART thérapies dans l'asthme, précédemment ici, qui avait montré un bénéfice par rapport aux traitements classiques. Cette étude du NEJM a comparé le budésonide seul 2 fois par jour en traitement de fond + salbutamol au besoin avec un placebo 2 fois par jour + budesonide/formoterol (traitement pouvant être une SMART) au besoin. Les auteurs retrouvent que, sur le nombre des exacerbation, l'association budesonide/formoterol au besoin n'est pas inférieure au budésonide systématique, mais qu'elle est inférieure sur le contrôle des symptômes. Le risque des SMART thérapies est potentiellement une prise du traitement uniquement en cas de crise et non en traitement de fond. Cette étude montre bien l'importante d'avoir un traitement de fond au long cours dans l'asthme, plutôt qu'un traitement de crise uniquement. Il faut probablement utiliser des SMART pour des patients non contrôlés par une monothérapie classique, mais en rester aux corticoïdes inhalés à faible dose pour les asthmes persistants légers qui ne nécessitent que rarement un traitement de crise.
Y a-t-il un intérêt des anti-cholinergiques dans le traitement de fond des crises d'asthmes de l'adolescent? Le journal de l'ERS a publié un essai contrôlé randomisé étudiant pendant 12 semaines le tiotropium versus placebo chez les adolescent non contrôlés avec des corticoïdes inhalés. Trois heures après la prise du traitement actif, le VEMS était modérément augmenté par rapport au placebo. Cependant, à 12 semaines, il n'y avait pas de différence entre les groupes traitement et placebo. Étonnamment le tiotropium a 2,5µg semblait plus discrètement plus efficace que le 5µg... Bref, de toutes façon, les résultats de l'étude semblent clairs: le tiotropium n'a pas d'efficacité sur le VEMS dans l'asthme de l'adolescent.
Alors qu'on se pose la question de l'intérêt des corticoides inhalés dans la BPCO, un article de l'European Respiratory Journal revient sur la place des anticholinergiques de longue durée d'action dans le traitement de l'asthme. Les auteurs font une revue des études sur le sujet et retrouve une amélioration significative des EFR grâce notamment au tiotropium.
Cela fait des années que la théophylline a été retirée des traitements de l'asthme pour balance bénéfice-risque défavorable. Un essai contrôlé randomisé a testé la théophylline en complément de corticoïdes inhalés dans l'exacerbation de BPCO : ça ne marche pas non plus! Il y avait bien un peu moins d'hospitalisation, mais quand il y a onze analyses secondaires pré-spécifiées, ne peut pas vraiment considérer leurs analyses secondaires comme significatives.
Et pourquoi bien équilibrer l'asthme? Pour avoir des enfants! L'asthme mal contrôle ralonge le délai avant d'être enceinte chez la femme. N'oublions pas que les complications pour le foetus sont également plus fréquentes chez la femme asthmatique mal contrôlée et que le risque de décompensation est majoré entre 24 et 36 SA (Rev Prescrire 2013 ; 33 (361) : 838-847)
3/ Traitement de crise
4/ Antibiothérapie
Chez les patients asthmatique sévères avec une bithérapie par bêta2 mimétiques de longue durée d'action et corticostéroïdes inhalés toujours non contrôlés, il semblerait que l'ajout d'azithromycine (comme pour la BPCO), 3 fois par semaine, réduise de 40% la survenue d'exacerbation (environ une de moins par an). Dans cet essai contrôlé randomisé, il a été également retrouvé une amélioration significative de la qualité de vie des patients asthmatiques traités. Cette possibilité thérapeutique n'était pas évoquée dans les dernières recos de la SPLF.
5/ Suivi
Le suivi des patients asthmatiques semble compliqué à mettre en place. Cet article retrouve qu'il n'y a que 60% des patients hospitalisés pour crise d'asthme qui revoient leur médecin généraliste dans le mois post-hospitalisation pour une réévaluation. Si on s'intéresse aux points abordés: 8% ont eu un plan d'action, 8% ont eu une démonstration de leur inhalateur, et 1% des fumeurs ont eu un conseil minimal concernant le sevrage tabagique. Les patients d'origine africaine, les adolescents et les adultes de moins de 25 ans étaient le moins susceptibles d'avoir un suivi en ville dans le mois suivant l'hospitalisation.
L'asthme de l'enfant est un diagnostic complexe, notamment avant 5 ans, avec des critères diagnostiques variant selon les sociétés savantes. Le pronostic de l'asthme semble meilleur quand les premiers sibilants arrivent tôt (vers 2 ans), ce qui est associé à une résolution des symptômes en milieu d'enfance. Pour le diagnostic, après 5 ans, il faut une obstruction à la spirométrie (VEMS/CV < 70% ou < 80% selon la reco) et une réversibilité ou une variation du DEP de 12% pour certains et de 20% pour d'autres (ou une FeNO anormale, mais non reco d'après le GINA ou la HAS). Globalement, pour chaque élément diagnostic, la sensibilité est de 50% et la spécificité entre 70% et 90%, d'où l'importance d'en avoir plusieurs. L'histoire retrouve généralement des épisodes de wheezing, une toux à l'effort ou en début de nuit, des antécédents d'atopie ou d'asthme familiaux. Une toux "chronique isolée" est rarement compatible avec un asthme, notamment avant 24 mois. Les B2 de courte durée ne sont pas un test thérapeutique, le test thérapeutique, notamment avant 5 ans, consiste dans 2 mois de CSI. Concernant ceux ci, la béclométasone et le budésonide sont moins efficaces mais beaucoup plus étudiés sur le plan de la sécurité. Inversement, la fluticasone est 2 fois plus efficace mais pourrait augmenter le risque d’insuffisance surrénalienne. Enfin, les CSI au long cours réduiraient la taille adulte finale de 1cm. En cas de crise, 10 bouffées de salbutamol sont recommandées, aussi bien chez les enfants avec un "asthme allergique" que ceux ayant un "asthme viro-induit" (ie. la "bronchite asthmatiforme" qui est vraiment de l'asthme), les 2 phénotypes cohabitant souvent.
Au sein de cette cohorte étaient étudiées la survenue d'un asthme dans l'enfance ainsi que son évolution. Les antécédents d'asthme dans la famille, d'allergie et d'allaitement inférieur à 3 mois étaient associé à la survenue d'un asthme au cours de l'étude. Le petit poids de naissance, le tabagisme maternel pendant la grossesse, les infections respiratoires sévères, les rhino-conjonctivites et l’eczéma étaient associées à un asthme débutant avant 13 ans. Voici l'incidence en fonction de l'âge:
L'asthme est une pathologie courante en médecine générale. Probablement trop. En effet, il semblerait d'après une étude du JAMA que près de 30% des adultes déclarant un antécédent d'asthme n'avaient en fait pas d'asthme après réévaluation par EFR à 1 an d'arrêt de tout traitement de fond (quand les EFR étaient normales, le traitement de fond était diminué progressivement). Les auteurs retrouvent aussi comme principal facteur associé à ces absence d'asthme: l'absence d'EFR au diagnostic. Donc, faire des EFR et réévaluer régulièrement les traitements sont indispensable au diagnostic et au suivi des patients (pour ceux qui en douteraient encore)On parle souvent du sous diagnostic d'enfant asthmatique, à qui l'on dit qu'ils ont "des bronchites asthmatiformes", qu'ils ont des "allergies" et qui ne sont donc pas traités. Le contraire est également présent. En effet, une étude retrouve un important surdiagnostic d'enfant asthmatique en soins primaires: seulement 16% des enfants "asthmatiques" de plus de 6 ans avaient un asthme confirmé par spirométrie. Parmi les enfants classés comme asthmatiques sans spirométrie étaient la dyspnée (32%), la toux (26%) et des sibilants (seulement 10%).
Concernant l'observance des corticoïdes inhalés (CSI) dans l'asthme, cette étude internationale comprenant une bonne partie de patient français, retrouve une amélioration du nombre de patients prenant régulièrement des CSI en cas d'asthme persistant au cours des 20 dernières années. Cependant, seuls 34% des patients avec un asthme persistant déclarent prendre régulièrement leur CSI.... Donc y'a encore beaucoup de progrès à faire. Les facteurs associés à la prise d'un CSI étaient d'une part l’existence d'une crise d'asthme dans les 12 derniers mois et le fait d'avoir consulté un médecin dans les 12 derniers mois (avec également une association entre ces 2 facteurs...)
Deux articles sur la vitamine D et ses implications en pneumologie sont parus cette semaine. Le premier, du JAMA, retrouve qu'il n'y a pas de bénéfice à faire une supplémentation plus intense que celle actuellement recommandée pendant la grossesse pour réduire les évènements asthmatiques chez les nouveaux nés jusqu'à l'âge de 6 ans.
Il y a peu, une revue Cochrane retrouvait que la supplémentation en vitamine D améliorait l'asthme chez l'enfant. Une étude du BMJ a retrouvé que la supplémentation par vitamine D diminuait la survenue d'infections respiratoires. En y regardant de plus près, l'efficacité de cette supplémentation n'était retrouvée que pour des administrations quotidiennes ou hebdomadaires, mais pas pour les administrations "bolus" mensuelles ou trimestrielles. Ainsi, il faudrait donc supplémenter tout le monde (surtout les patients carencés) par une administration quotidienne et éviter les bolus.
Une étude britannique a étudié l'impact des bêta-bloquants sur le contrôle de l'asthme chez des patients avec une cardiopathie ischémique. Dans un cas témoin niché dans une cohorte, les auteurs retrouvent que les bêta bloquants non cardio-sélectifs sont associé à une augmentation des exacerbations d'asthme (surtout à forte dose), qui n'est pas retrouvée avec les bêta-bloquants cardio-sélectifs. C'est plutôt cohérent avec le mécanisme d'action, et les traitements cardio-sélectifs étaient plus nombreux que les non-sélectifs (ce qui n'élimine pas un sous-puissance pour les cardio-sélectifs mais montre que leur risque est tout de même moindre par rapport aux autres)
Un article que j'avais laissé passé mais qui mérite certainement que je revienne dessus. C'est le dernier article du BMJ dont je parlerais aujourd'hui, promis. Il fait la distinction entre asthme et bronchoconstriction induite par l'effort (EIB en anglais) qui peut être associé ou non à de l'asthme. Le terme d'EIB devrait être préféré à celui d'asthme à l'effort car il n'y a pas d'inflammation bronchique qui caractérise l'asthme (j'avoue que c'est surtout de la nosologie). Le diagnostic se fait sur une diminution de 10% du VEMS après un effort de 8minutes avec 4 minutes à 90% de la FMT. Les auteurs insistent sur le sous diagnostic devant des symptômes aspécifiques (la toux et le wheezing sont évocateurs, mais l'oppression thoracique et le souffle court sont aussi des symptômes). Les traitements proposés: beta2 mimétiques de courte durée d'action avant l'effort ou anti-leucotriènes, voire corticoïdes inhalés si besoin en cas d'asthme associé. En cas d'échec, penser à une obstruction laryngée liée à l'effort qui fait souvent un stridor (et non un wheezing) qui nécessite une laryngoscopie après activité physique chez un ORL pour faire le diagnostic.
Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO)
1/ Recommandations
2022: Les recommandations internationales du GOLD concernant la prise en charge de la BPCO en 2022 ont été publiées. Une BPCO doit être suspectée devant des patients présentant une dyspnée, une toux chronique ou des bronchites récurrentes et/ou une exposition à un facteur de risque de BPCO (tabac, profession). Le diagnostic est à confirmer par une spirométrie montrant un VEMS/CV < 0,7. Il est nécessaire de faire un test de bronchodilatation pour évaluer l'état pulmonaire des patients mais le degré de réversibilité n'est plus un critère orientant vers un BPCO, ni pour différencier d'un asthme: la spirométrie peut donc être faite sous traitement. Un dosage 1 fois dans la vie de l'alpha-1-antitrypsine est recommandé, tout comme une radiographie thoracique pour éliminer un diagnostic différentiel et rechercher des comorbidités pulmonaires. Le sevrage tabagique est la clé du traitement (et la balance bénéfice/risque des e-cigarettes est incertaines) et la vaccination antipneumococcique recommandée. Les auteurs classifient la BPCO selon le VEMS, mMRC et le CAT, et le traitement initial est défini comme dans l'image ci dessous.
Les LABA (B2 longue durée d'action) et LAMA (anti muscariniques) sont indiqués en 1ère intention avec une léger avantage pour ces derniers sur le risque d'exacerbation et d'hospitalisation. Puis la bithérapie est recommandée en cas de symptômes non contrôlés. Les CSI peuvent être ajoutés s'il y a un asthme concomitant, plus de 2 exacerbations modérées dans l'année ou une hospitalisation malgré la bithérapie, les éosinophiles sont >300 sur la NFS. L'azithromycine 3 fois par semaine peut apporter un bénéfice sur les exacerbations chez les anciens fumeurs uniquement.
Concernant les exacerbations, il s'agit de dégradation de l'état respiratoire requérant l'ajout d'un traitement supplémentaire. Les EABPCO légères sont traitées par ajout d'un SABA (salbutamol par exemple). Les EABPCO modérées peuvent nécessiter des corticoïdes (pour réduire la durée des symptômes: 40mg pendant 5 jours) ou des antibiotiques (si signes d'infection: amox+ac.clavu, macrolides ou cyclines). Les EABPCO sévères nécessitent une hospitalisation.
Enfin,
concernant les comorbidités, les auteurs recommandent un dépistage du
cancer du poumon annuel par scanner faible dose chez les patients avec
BPCO liée au tabac et un dépistage des comorbidités cardiovasculaires.
Le RGO, l’ostéoporose, l'anxiété et la dépression sont sous
diagnostiqués et peuvent aggraver le pronostic.
2020: Le GOLD a mis à jour ses recommandations concernant la BPCO pour 2020. Je vais mettre en dessous les 2 figures importantes: celle permettant de déterminer le traitement initial, et celle permettant d'adapter selon la prédominance d'une dyspnée ou d'exacerbations. On note toujours le recul des corticoïdes inhalés (surtout si pneumonies répétées, éosinophiles < 100 ou ATCD de mycobactérie). Il faut ajouter l'importance de l'arrêt du tabac, de l'activité physique et des vaccinations grippe et pneumocoque. Il faut également penser à rechercher les comorbidités (coronaropathie, dépression, RGO, ostéoporose...). En cas d'exacerbation, les auteurs recommandent :
2016: Concernant le dépistage de la BPCO, les américains ne recommandent pas le dépistage chez des patients asymptomatiques bien que ce soit la 3ème cause de mortalité aux États-Unis, surtout devant l'absence de comparaison "dépistage" vs "pas de dépistage" sur des critères de jugement cliniques.
2014: La HAS s’intéresse de plus en plus à la BPCO. Elle a bien raison. J'avais lu, je ne sais plus où, que cela deviendrai une des principale cause de mortalité dans les années à venir et que malheureusement elle était sous dépistée. Si toutes les personnes à dépister allaient voir un pneumologue, cela lui prendrai plus de 24 heures par jour pour assurer les EFR (je ne sais plus non plus où j'avais lu ça... je manque de sources cette semaine...) Bref, pour dépister les personnes les plus à risque, la HAS a mis en place un questionnaire simple en 5 questions dont la réponse positive à 2 ou 3 incite à pousser les explorations. Le guide du parcours de soins est également la pour aider à la prise en charge des patients atteintes de BPCO, en resituant ce que chaque médecin généraliste peut effectuer et la place des autres intervenants.
2/ Traitement de fond
Cette revue de la Cochrane aborde la triple thérapie CSI + LAMA +LABA versus la double bronchodilatation LAMA + LABA dans la BPCO. Les auteurs trouvent que la triple thérapie peut réduire les exacerbations modérées et sévères (NNT = 30 pour 1 exacerbation en moins), voire la mortalité (NNT=170), améliorer la qualité de vie mais les améliorations en termes de dyspnée et de VEMS n'atteignaient pas le seuil de pertinence clinique et le risque de pneumopathie était significativement augmenté (NNH= 72).
La place de la double bronchodilatation versus trithérapie dans la BPCO est régulièrement discutée. Cette nouvelle analyse concerne les patients en stade E (ayant > 1 exacerbation dans l'année) qui sont éligibles soit à une double bronchodilatation soit a la trithérapie, notamment si la bithérapie est insuffisante et éosinophilie > 300 d'après les essais randomisés Ethos et Impact. Une étude de cohorte en vie réelle semble donner des résultats allant dans le même sens. La trithérapie ne réduirait les exacerbations qu'en cas d'hyperéosinophie et ne serait associée à un sur-risque de pneumopathie que chez ceux ayant des éosinophiles bas. Cela confirmerait donc l'absence d'intérêt des CSI dans la BPCO en l'absence d'éosinophiles > 300.
Une étude de cohorte s'est intéressée à l'arrêt d'un LAMA en traitement de fond d'une BPCO peu sévère après 2 ans de traitement. En fait, c'était un essai contrôlé randomisé dans lequel les patients peu sévères ont reçu du tiotropium ou un placebo pendant 2 ans. A ce moment là, on voit une supériorité du traitement (meilleur VEMS, meilleure capacité vitale). Les patients ont ensuite été suivis pendant 3 ans sans qu'aucun ne reçoive de traitement. Quelques mois après l'arrêt du LAMA et durant les 3 ans de suivi, on note une dégradation du VEMS et de la CV qui devient similaire entre le groupe qui avait le tiotropium et celui qui avait le placebo, tout comme le nombre d'exacerbations. Cette étude encourage donc à poursuivre les traitements de fond instaurés. Si on s'intéresse un peu plus à la clinique qu'aux chiffres, on note quand même que le groupe "post-tiotropium" a conservé un meilleur COPD Assessment Test que le groupe "post-placebo" pendant 1 an après l'arrêt avant que les 2 groupes soient similaires.
Le second, l'étude TRIBUTE, compare l'efficacité de la double-bronchodilatation (indacaterol et glycopyrronium) versus un trithérapie (beclometasone, formoterol et glycopyrronium) à 52 semaines, le critère de jugement principal étant la survenue d'exacerbation. Les auteurs retrouvent une diminution relative significative du nombre d'exacerbations de 15% (0,5 / patient par an versus 0,59 / patient par an!) . Cependant, quand on regarde les sous groupes selon la sévérité de la BPCO, modérée ou sévère, il n'y a rien de significatif. Pas d'effet non plus sur l'amélioration du VEMS ou du score de contrôle de BPCO. Concernant les effets indésirables, on ne retrouve pas d'augmentation des pneumonies, des mycoses oro-pharyngées etc... qui sont pourtant des effets indésirables connus (Mais peut- être que le financement par BigPharma y est pour quelque chose...) Bref, pas de gros bénéfices, des risques incertains, et donc certainement que la trithérapie est à réserver aux patients non contrôlés sous double bronchodillatation, comme le suggèrent les recos actuelles.
Une nouvelle étude, ETHOS, a comparé la trithérapie (corticoïdes inhalés, LAMA et LABA) versus une double bronchodilatation (LAMA+LABA) chez des patients BPCO avec un CAT>10 et ayant 2 antécédents d'exacerbation dans l'année (1 seule si VEMS<50%), malgré une bithérapie inhalés. Les auteurs retrouvent que les patients avec trithérapie avaient un nombre d'exacerbations modérées ou sévères diminuées de 24% par an pour les fortes doses de corticoïdes et on voit même que la mortalité globale des patients sous trithérapie est plus faible que celle sous double bronchodilatation (NNT=100)! La trithérapie est donc bien supérieure chez ces patient, et le sur-risque de pneumopathie (NNH=59) ne suffit pas à rendre cette trithérapie défavorable face au bénéfice sur la mortalité. Cependant, on sait que le bénéfice des corticoïdes inhalés est incontournable chez les asthmatiques, or bien que les patients avec antécédent d'asthme aient été exclus, 30% des patients de l'étude avaient une spirométrie réversible après bronchodilatateurs. Ensuite, les patients ayant un CAT non contrôlé (je remets le lien vers le questionnaire ici) et des antécédents d'exacerbations malgré une bithérapie sont classés en stade GOLD D et ont une indication à une trithérapie. Ainsi, cette étude ne fait que remontrer que les recommandations sont adaptées chez des patients non contrôles par une bithérapie (et c'est une des rares fois où un gain sur la mortalité est retrouvé), et n'est absolument pas en faveur d'une trithérapie chez des patients moins sévères (chez qui le risque de pneumopathie fait alors pencher la balance du côté des risques).
Alors que les doubles bronchodilatations par anti-muscarinique et bêta-2-mimétiques de longue durée d'action sont de plus en plus recommandées, une étude s'est intéressé à leur sécurité. Les auteurs retrouvent qu'il n'y a pas d'augmentation du risque d'infarctus, d'AVC ou de trouble du rythme cardiaque après 1 an de traitement avec double bronchodilatation par rapport à une monothérapie, mais le double traitement était associé à une augmentation du risque d'insuffisance cardiaque. Affaire à suivre.
Les mucolytiques ne servent à rien. Mais, on avait vu que "peut-être", ils seraient utiles dans la BPCO. Une revue systématique de l'efficacité des mucolytiques dans la BPCO a donc été menée. Les auteurs trouvent que les mucolytiques, et notamment l'erdosteine (un peu l'ambroxol), améliorent le taux de guérison et la toux, et réduisent les scores globaux de symptômes. Cependant, ils ne réduisent pas la mortalité ni les durées d'hospitalisations et leurs effets secondaires sont peu décrits. Des résultats mitigés donc, qui semblent insuffisants pour les recommander systématiquement compte tenu de l'absence d'essais de grande envergure pour compléter cette méta-analyse de petits essais.
L'erdosteine est un mucolytique (ça commence mal, vous allez dire...). Dans la BPCO, un traitement par erdosteine 300mg x2/j a été testé versus placebo dans un essai randomisé ayant inclus 445 patients de stade II et III. Après 1 an de traitement, les patients traités avaient significativement moins d'exacerbations que ceux sous placebo (0,91 exacerbations/patient/an versus 1,13 exacerbation/patient/an.... ça parait pas des masses comme ça, mais c'est "statistiquement significatif...) et les exacerbations duraient 3 jours de moins (9,5j vs 12,6j , p=0,023). Cependant, le délai avant la 1ère exacerbation n'était pas significativement moindre. Bref, on en est pas encore à la pilule miracle, mais il n'y avait pas plus d'effets secondaires dans le groupe traitement.
3/ Exacerbation
4/ Diagnostic et suivi
L'étude française DISCO visait a étudié le dépistage de la BPCO en médecine générale et a comparé le taux de dépistage de BPCO selon 4 groupes: soins courants, questionnaire HAS/GOLD, coordinateur BPCO (le médecin pense à une BPCO et adresse au coordinateur qui gère le dépistage) ou questionnaire HAS/GOLD + coordinateur. Dans le groupe contrôle, les BPCO n'étaient pas évoquées, ce qui suggère qu'il est utile d'utiliser un questionnaire de dépistage, et c'est "logiquement" dans les groupes avec un coordinateur qu'il y a eu le plus de dépistages effectifs. Les points les plus intéressants de cette étude sont épidémiologiques : un recrutement de plus de 3000 patients en médecine générale, ayant conduit à 800 suspicions pour lesquels une spirométrie a été prescrite, soit 25% des patients vus en MG qui sont à risque de BPCO. Au total, 1 % de l'ensemble des patients avait une BPCO soit 3% des patients avec suspicion de BPCO ce qui est particulièrement faible. Enfin, 80% des patients BPCO dépistés étaient de GOLD1 (et 95% GOLD 1 ou 2) pour lesquels les traitements ont une efficacité minime. Bref, pour arriver à dépister des patients à risque de complication, il faut dépister beaucoup trop de patients (3000 patients adultes -> 800 suspicion de BPCO -> 24 BPCO -> 1 BPCO sévère; ça fait un beau "carré de White"!) . J'espère qu'on arrivera vite à valider le score GLORI-COPD pour mieux cibler les dépistages ! (et grand merci aux investigateurs pour leurs efforts de recrutement !)
Un équipe américaine s'est intéressé au dépistage des patients "pré-BPCO" pour analyser quand ils allaient être atteints d'une BPCO: le SLIM risk calculator. Ainsi, ils espèrent diagnostiquer plus tôt les patients susceptibles d'avoir une BPCO pour permettre une prise en charge précoce ciblée sur un risque individuel. Ils proposent l'algorithme suivant évaluer le risque de CAL (chronic airflow limitation) avec un seuil de risque à 16% permettant d'obtenir une sensibilité de 79% et une spécificité de 67% :
Deux cohortes américaines ont été analysées pour donner une description des patients atteints de BPCO. Parmi les 20 000 patients inclus, il y avait 56% de femmes, l'âge moyen était de 67 ans, la moitié était des anciens fumeurs et un tiers de fumeurs actifs. Les 3/4 avaient également de l'hypertension artérielle, la moitié du diabète et autant de la dépression. 38% avaient eu une exacerbation dans l'année, c'est beaucoup. Si on regarde les traitements, les 3/4 avaient un corticoïdes inhalé seul ou en association, malgré la recommandation limiter leur utilisation au vu des risques de pneumopathies, ce qui peut expliquer la fréquence des exacerbations.
La BPCO est un fléau qui progresse à bas bruit. Une étude a retrouvé qu'un débit expiratoire de pointe (DEP) inférieur à 80% avant 40 ans était un facteur associé à la survenue d'un BPCO après 20 ans de suivi. Cependant, cette baisse n'était pas systématiquement associée à la survenue d'une BPCO.
Il y a un petit débat sur les seuils diagnostics de BPCO: faut il utiliser un seuil fixe de VEMS/CV à 0,7 ou préférer comme critère un VEMS/CV inférieur à la limite inférieure de la normale (LIN, qui correspond à 90% de la valeur théorique)? Cette étude du JAMA retrouve qu'il n'y a pas de différence statistique entre les deux mais que le seuil de VEMS/CV à 0,7 est un peu plus précis et serait donc à privilégier.
Pour continuer sur la BPCO, il est indispensable de vérifier les techniques d'utilisation des appareils d'inhalation. Une étude retrouve que 50% des manipulations sont faites avec des erreurs, et le risque d'hospitalisation était presque multiplié par 2 chez les patients effectuant des erreurs d'utilisation.
La supplémentation en vitamine D chez les patients BPCO semble avoir une efficacité qui se confirme sur la prévention des exacerbations chez les patients BPCO avec une carence en vitamine D mais pas chez les autres.
Embolie pulmonaire et maladie trombo-embolique veineuse
1/ Recommandations
- Ils ne recommandent pas de bilan en cas de TVP provoquée par une chirurgie ou non provoquée pour guider la durée du traitement. Pour les TVP provoquée par des facteurs non chirurgicaux (hospitalisation 3jours, grossesse, contraception ) et les MTEV sur des sites atypiques (thrombophlébite cérébrale, splanchnique sans cirrhose), ils recommandent un recherche de thrombophilie pour discuter d'un traitement au long cours si le bilan est positif. Si une RCP a décidé d'un traitement a vie, il n'est pas recommandé de faire le bilan de thrombophilie. En cas de TVP avec facteur déclencheur mineur et atcd familial de thrombphilie, il n'est recommandé de tester QUE si la thrombophilie familiale est identifiée ET à haut risque (prot C, prot S, antithrombine et pas pour fac V Leiden ou prothrombine).
-
Pas de bilan non plus si asymptomatique en population générale avant un
traitement hormonal ou en cas de thrombophilie familiale (1er degré),
sauf si 1/ thrombophilie à haut risque et désir de traitement hormonal:
car COP/THM contre indiqué si la même thrombophilie est retrouvée et 2/
thrombophilie à haut risque et exposition à un facteur de risque mineur
car cela pourrait indiquer une thromboprophylaxie 3/ thrombophilie
familiale connue et désir de grossesse pour une prophylaxie pré et post
partum si a même thrombophilie est retrouvée, 4/ thrombophilie
familiale connue et cancer pour débuter une prophylaxie.
Une étude de cohorte retrouve une association entre le risque de cancer (prostate, poumon, CCR, col de l'utérus et endomètre, hémopathies, ovaire, mélanomes) et le fait d'avoir de l'asthme. L'association cancer et maladies inflammatoire a été décrite dans d'autres maladies inflammatoires. Il est intéressant de voir qu'ici, pour les patients traités par CSI l'association cancer/asthme n'était plus significative que pour les cancers pulmonaires et mélanomes.
- risque très faible de récidive : facteur transitoire chirurgical (opération, traumatisme)
- risque faible de récidive: facteur transitoire non chirurgical (contraception, grossesse, avion >8h, blessure de jambe non traumatique, pathologie aigue)
- risque modéré de récidive :
facteur non transitoire (âge avancé, fragilité, maladie chronique
(notamment auto-immune ou inflammatoire) ou absence de facteur identifié
- risque élevé de récidive: cancer actif, antécédent de MTEV, thrombophilie génétique ou acquise,
Ainsi, la conduite à tenir pour discuter d'un traitement prolongé est guidée par ces facteurs selon le risque hémorragique évalué (par le VTE-BLED ou RIETE score, comme présenté dans cet algorithme:
2019: La SPLF a publié des recommandations sur la prise en charge des maladies thrombo-emboliques veineuses (MTEV et donc des phlébites et embolies pulmonaires):
- les critères PERC sont enfin recommandées pour rejeter la possibilité d'une embolie pulmonaire. Les scores de Wells et Genève modifiés (en 3 catégories) sont recommandés pour évaluer la probabilité d'une EP ou sinon on peut se fier au jugement du clinicien.
- les D-Dimères sont recommandés en cas de probabilité non forte, y compris après 50 ans selon la règles de seuil égale à 10 x l'âge.
- 2 stratégies diagnostiques sont possibles, soit avec l'angioscanner (classique), soit avec un Doppler veineux de compression (si positif + signes thoraciques = EP) , suivi d'une scintigraphie si normal
- il est recommandé de ne pas se passer des D-Dimères pendant la grossesse si la probabilité est faible ou modérée et d'utiliser une stratégie avec Doppler et scintigraphie de perfusion plutôt qu'un angioscanner.
- les scores PESI et Hestia sont à utiliser pour déterminer les traitements pouvant se faire en ambulatoire
- concernant le traitement, avk (warfarine en priorité) et AOD (apixaban ou rivaroxaban) sont recommandés. La compression veineuse est utile à la phase aigue mais doit être interrompue en absence de syndrome post-thrombotique après 6 mois. (y'a rien sur la compression si vol en avion en prévention de récidives).
- il y a un intérêt de débuter l'anticoagulation immédiatement dans l'attente du diagnostic de certitude: si risque élevé au score de Genève , ou si risque intermédiaire et que le diagnostic ne pourra être établi dans les 4 heures, ou si le risque est faible et que le résultats des D-Dimères ne sera pas disponible dans les 24 heures.
- un évènements est provoqué s'il y a un contexte: dans les 3 derniers mois de fracture, d'immobilisation d'au moins 3 jours ou de chirurgie avec AG de plus de 30min, ou s'il y'a une COP, un THM, grossesse ou post-partum (la durée n'est pas précisée)
- la durée des traitements est bien plus complexe: pour les TVP proximales et EP avec facteur déclencheur: 3 à 6 mois et sans facteur: 6 mois (si HERDOO < 2 , ou femme < 50 ans, ou TVP proximale, risque hémorragique élevé, facteur déclencheur mineur comme l'avion > 6h) ou à vie (si 1er épisode d'EP à haut risque, thrombophilie ou 2ème épisode de TVP ou EP)
- en l'absence d'évènement majeur, un bilan de recherche de cancer est recommandé (NFS, calcémie, RXT, mammo, PSA) même si le bénéfice dans les études n'est pas clair... (cf ici)
- bilan thrombophilie: recherche de SAPL si < 50 ans non provoqué ou si récidive. Le bilan complet de thrombophilie est recommandé si: non provoqué et âge > 50 ans + atcd familial de thrombose au 1er degré ou récidivant dont 1 épisode non provoqué ou non provoqué sur un site atypique.
- il est recommandé de ne pas traiter les EP sous segmentaires en l'absence de facteur de risque majeur persistant et de TVP recherchée par un doppler.
- concernant les TVP sous poplités, il est recommandé de traiter 6 à 12 semaines, la surveillance échographique à J7 étant réservé aux patients avec hémorragies actives ou risque hémorragique élevé (zut! moi qui est espérait qu'on applique les critères de surveillance , cf ici et là)
- concernant les thrombose veineuses superficielles :
-si symptomatique isolée de plus de 5cm de longueur et situé à plus de 3cm de la jonction saphéno-fémorale: traitement par fondaparinux 2,5mg/j pendant 45 jours (hors de ces critères, ils disent qu'il n'y a pas de données mais recommandent quand même ce même traitement si 1er épisode sans facteur déclencheur)
-si à moins de 3cm: anticogulation curative pendant 3 mois.
2016: La société des "médecins thoraciques" américains a publié des recommandations sur la prise en charge des maladies thrombo-emboliques veineuses. Et beaucoup de changements sont recommandés. D'abord, ils recommandent un traitement préférentiel par anticoagulant oral direct (AOD) préférentiellement aux AVK (ça commence mal, vous allez me dire... Mais la suite est mieux!). Le traitement des embolies pulmonaires et phlébites avec facteur déclencheur est de 3 mois, mais en l'absence de facteur déclencheur le traitement proposé doit être d'une durée étendue (c'est à dire sans date d'arrêt prévue) si le risque de saignement est faible ou modéré (notamment en cas de récidive). Le point le plus intéressant concerne les phlébites distales, en l'absence de symptômes sévères ou de risque d'extension, ils recommandent une surveillance échographique toutes les 2 semaines, en l'absence de FDR d'extension:
(2) thrombose extensive (>5cm de long sur plusieurs veines, >7mm de diamètre maximum)
(3) thrombose proche des veines proximales
(4) absence de facteur déclencheur
(5) cancer actif
(6) antécédent de phlébite ou d'embolie pulmonaire
(7) patient hospitalisé
Le traitement anticoagulant est alors recommandé seulement si le thrombus s'étend (même s'il reste confiné aux veines distales). En cas d'embolie pulmonaires à faibles risque, ils confirment les recommandations de l'ESC qui proposait un traitement ambulatoire selon le score PESI. Enfin, pour les thromboses récurrentes sous anticoagulants, ils proposent un traitement par HBPM dont la dose peut être majorée de 25%-33% par rapport aux doses classiques (et se prononcent contre les filtres cave).
Le chapitre maladies rares concerne cette fois ci le SAPL. Cet article du BMJ aborde les différentes manifestations de ce syndrome qui peuvent être cardiovasculaires (thromboses, athérosclérose, valvulopathies, cardiomyopathies), neurologiques (migraines, épilepsie, chorée, troubles cognitifs, ischémie rétinienne), hématologiques (hémorragies, thrombopénie, anémie hémolytique auto-immune), rhumatologiques (ONA, arthrite), néphrologiques (néphropathie, protéinurie, sténose des artères rénales, insuffisance surrénalienne) et dermatologiques (ischémie digitale, livedo reticularis/racemosa, ulcère, Raynaud). Les critères diagnostiques et le bilan est dans le tableau ci dessous (il faut 1 critère clinique et 1 biologique). Concernant la prise en charge, en prévention primaire d'évènements, l'aspirine est réservée aux patients à haut risque de thrombose. En prévention secondaire d'évènements thrombotiques, les AVK sont le traitement de référence avec un objectif d'INR souvent entre 3 et 4 (les AOD sont insuffisamment efficaces). En cas de grossesse, un traitement par aspirine 75-100mg est recommandé à partir de la fin du 1er trimestre (11-14SA). Dans les traitements à l'étude actuellement, on trouve les statines et l'hydroxychloroquine.
2/ Embolie pulmonaire et thrombose veineuse profonde
Compte tenu des nombreuses nouvelles études sur l'embolie pulmonaire, les recos vont probablement évoluer. En attendant, cet article du JAMA de Y. Freund propose un nouvel algorithme basé sur le PERC, le Wells, le YEARS (hémoptysie, signes cliniques de TVP, l'EP est le diagnostic le plus probable) et les D-Dimères ajustés à l'âge, en ce qui concerne la démarche diagnostique. Pour la prise en charge thérapeutique, elle peut ensuite être ambulatoire en cas de score PESI-simplifié égal à 0. Concernant la durée du traitement, aucune recommandation claire ne peut être faite compte tenu des études parfois discordantes.
Le BMJ aborde la prévention des phlébites chez les patients atteints de cancer. On y notera surtout l'existence du score Khorana qui permet d'évaluer le risque et de discuter d'une prophylaxie par AOD en ambulatoire (et plutôt HBPM en hospitalier).
Un article du JAMA revient sur la prise en charge actualisée des thromboses veineuses profondes et embolies pulmonaires. Les points importants à retenir sont, bien évidemment les durées d'anticoagulation.
Le NEJM s'est posé la question d'un screening minimal (bilan standard, RXT, mammographie, frottis cervico-utérin et recherche de cancer de la prostate) à la recherche de cancer dans les thromboses veineuses idiopathiques versus le screening minimal associé à un scanner. L'objectif était de chercher une différence de détection de cancer par ces méthodes par rapport au nombre de cancer détectés à 1 an de l'évènement. 4,5% des patients avaient un cancer dans le groupe avec scanner versus 3,9%, sans différence significative. Pas de différence de mortalité. La question qui me titille, c'est surtout, quel bilan "minimal" en plus du bilan de thrombophilie est vraiment utile selon l'âge du patient en cas de MTEV idiopathique... je n'ai rien trouvé de clair dans les recos...
Grâce aux #JESFC2019, je découvre l'étude Hestia qui propose un questionnaire pour décider d'un traitement ambulatoire d'une embolie pulmonaire, pourtant c'est pas tout neuf. Je trouve les critères Hestia complémentaires de ceux du PESI dont j'avais déjà parlé ici.
Le JAMA a discuté de la durée d'anticoagulation après un épisode d'embolie pulmonaire dans cause retrouvée. L'étude a randomisé 371 patients, soit pour 6 mois de traitement, soit pour 24 mois de traitement au total. L'étude retrouve une diminution de près de 80% des récidives dans le groupe avec traitement prolongé, sans différence significative sur les saignements majeurs. Mais avec seulement 4 patients avec saignement dans le groupe traitement prolongé versus 1 seul dans le groupe de traitement conventionnel, il est difficile de conclure. Cette belle étude française nous laisse donc un peu sur notre faim, en attendant des études avec plus de puissance.
Un autre article de Breath parle du surdiagnostic des embolies pulmonaires. Les auteurs seraient pour ne pas forcément traiter des EP découvertes fortuitement, de même que les EP sous-segmentaires, ce qui est cohérent aux nouvelles recos.
Pour ceux qui ne seraient toujours pas convaincus par l'utilisation des "D-Dimères ajustés à l'âge" après 50 ans chez les patients avec un risque d'embolie pulmonaire faible selon le score de Wells devraient lire cet article d'Annals of Internal Medicine. Les auteurs retrouvent que ça améliore l'efficacité du score, notamment chez les sujet âgés avec un taux d'échec stable de 3%.
Concernant les maladies thrombo-emboliques veineuses, la tendance est à ne pas toujours traiter les TVP distales (cf ici). Une revue narrative s'intéresse désormais au traitement des embolies pulmonaires. Il semblerait qu'il n'y ait pas de récidive ni de complications aux embolies sous segmentaires isolées, c'est à dire sans phlébite associées. Mais gros un essai contrôlé randomisé serait en cours sur le sujet. Bref, si l'angio-TDM ne retrouve pas une petite EP, c'est probablement pas grave!
Comment considérer les varices dans le risque de thrombose veineuses profondes? Le SCORE de Wells simplifié pour les phlébite (TVP) prend en compte la circulation veineuse collatérale mais pour des veines non variqueuses. Dans une étude de cohorte taïwanaise, les patients avec des varices avaient une probabilité de TVP de 6,5 évènements pour 1000 patients-année versus 1,3 pour les patients sans varices. Les patients avec varices avaient donc un risque multiplié par 5,3 de TVP, par 1,7 d'embolie pulmonaire et par 1,7 d'artériopathie des membres inférieurs. La causalité ne peut être démontrée avec cette étude, mais le mauvais état vasculaire superficiel pourrait être un reflet de troubles vasculaires veineux et artériels plus profonds.
3/ Thrombose veineuse superficielle
4/ Grossesse
Nodules pulmonaires
- Si le volume du nodule fait moins de 80mm3 ou le diamètre moins de 4mm, ou si les nodules sont clairement bénins (hamartome...), ou que le patient ne souhaitera pas de traitement: stop.
- Si le volume fait 300mm3 ou plus (soit un diamètre de 8mm ou plus): un avis spécialisé est préférable (je vous passe les détails, mais c'est généralement une indication au TEP-scan)
- Entre 5mm et 7mm de diamètre, selon la disponibilité de la mesure du volume: (VDT= temps de doublement du volume)
Toux
1/ Recommandations
2/ Autre
Dilatation des bronches
Exposition et iatrogénie respiratoire
1/ Recommandations
2/ Anti-inflammatoires
Restons dans l'asthme. Les AINS pourvoyeurs de crise d'asthme, c'est écrit dans tous les livres. En pratique, un essai contrôlé randomisé ayant inclus 300 enfant asthmatiques n'a pas mis en évidence de crise d'asthme plus grave ou plus fréquente chez les patients ayant une fièvre traité par ibuprofène par rapport à ceux traités par paracetamol. Côté effets indésirables: pas de différences non plus, mais 6 (4%) effets indésirables graves sous paracetamol et 12 (8%) sous ibuprofène, ce qui ne laisse pas indifférent car la puissance des études n'est généralement pas suffisance pour mettre en évidence une différence significative (ils ont quand même réussi à avoir une angine grave hospitalisée dans le groupe ibuprofène, hein...)
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