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Suivi gynécologique
- devant toute masse palpable: échographie +/- mammographie,
- devant un écoulement mammaire non lactescent unipore ou multipore: échographie + mammographie,
- devant un écoulement mammaire lactescent ( >1an après allaitement et hors causes médicamenteuses): bilan hormonal (TSH, prolactine) +/- IRM cérébrale.
- devant des mastodynies isolées: pas d'imagerie, AINS gel en 1ère intention (preuves insuffisantes pour les progestatifs)
On avait parlé plusieurs fois de l'examen clinique des seins dont les performances sont très faibles et qui n'est pas recommandé dans le suivi des femmes à l'étranger (il l'est seulement en France... bref, passons). Le BMJ publie un essai contrôlé randomisé "examen clinique des seins tous les 2 ans" versus "pas de dépistage du tout", en Inde, pendant 20 ans, chez des patientes âgées de 35 à 64 ans et c'est très intéressant puisqu'il n'y a pas de mammographie recommandée entre 35 et 50 ans (comme en France, enfin, ici la moitié des femmes ont déjà eu une mammographie avant 50 ans en l'absence de recommandation... bref passons). Les auteurs retrouvent que:
- sur l'ensemble des patientes: pas de différence de mortalité spécifique au cancer du sein ni de mortalité globale
- chez les patientes de moins de 50 ans: pas de différence de mortalité spécifique ni de mortalité globale
- chez les patientes de plus de 50 ans: réduction de la mortalité spécifique, mais pas de la mortalité globale.
Ainsi,
l'examen clinique des seins avant 50 ans n'apporte rien en dehors
d'éventuels surdiagnostics ou diagnostics plus précoces (on a quand même
un suivi à 20 ans là!). Si on y trouve un éventuel intérêt, ce serait
après 50 ans, où le dépistage par mammographie est déjà en place et la
comparaison mammo versus examen clinique a déjà été débattue ici:
c'est plutôt soit la mammo soit rien. Cet article ne permet donc pas de
trouver une solution aux problèmes de surdiagnostics liés à la
mammographie, mais semble surtout montrer une fois de plus les limites
de l'examen clinique des seins (cela ne veut pas dire qu'on ne
trouverait pas de cancer en le faisant, mais ce n'est pas pertinent sur
des critères cliniques autres que le stade des cancers. Et cela ne veut
pas non plus dire qu'il ne faut rien faire: une auto-surveillance reste
recommandée, mais ce n'est pas non plus une auto-palpation régulière
comme c'était recommandé avant et qui ne l'est plus car cela conduisait à
des surdiagnostics et des examens inutiles).
Contraception
1/ Recommandations
2024: Le CDC américain a publié des nouvelles recommandations concernant les contraceptions.-
Quelle que soit la contraception choisie, l'examen des seins n'est pas
recommandé chez une patiente asymptomatique avant de l'initier ni aucun
examen sanguin, et l'examen pelvien n'est recommandé que si DIU. Les
contraceptions sont utiles jusqu'à ce que la ménopause soit établie, et
aucun test biologique n'est suffisamment fiable pour poser le
diagnostic.
-
DIU: Les auteurs rappellent que la pose est efficace et sure dans les
48 heures après un accouchement et que DIU peut être placé n'importe
quand dans le cycle du moment que le risque de grossesse en cours peut
être "raisonnablement exclu". L'application de lidocaine avant la pose
d'un
DIU pourrait diminuer la douleur des patientes avec un bloc paracervical
en 2 injection ou en topique (spray ou gel, délai d'action 7-15min
selon les études), et que le misoprostol ne
doit pas être utilisé pour faciliter la pose...... Un examen clinique
bimanuel est recommandé avant la pose pour "saisir la position du col"
et vérifier qu'il n'y ait pas de signes clinique d'infection. Une
recherche de chlamydia et gonocoque est recommandée avant ou au moment
de la pose. En cas d'infection génitale haute, il est nécessaire de
retirer le DIU seulement en l'absence d'amélioration clinique à 48-72h.
En cas de grossesse sur DIU, il est recommandé de retirer le DIU
(surrisque de FCS et d'accouchement prématuré, mais le retrait ne fait
pas baisser le risque au niveau des grossesses sans DIU).
- Les auteurs proposent les auto-injections d'acétate de médroxyprogestérone pour faciliter ce type de contraception. Un retard de moins de 15 jours sur l'injection n'entraine pas de sur-risque de grossesse.
- Concernant les contraceptions oestro-progestatives, elles peuvent être prescrites dès 42 jours post-partum (mais si absence d'allaitement et de facteurs de risque CV c'est possible dès 21 jours). Le point de changement important concerne les pilules prises en retard (<24h) ou oubliées (>24h). Les auteurs considèrent que moins de 48 heures d'oubli n'entraine pas de surrisque et qu'il suffit de prendre immédiatement les comprimés oubliés. Un oubli de plus de 48h (donc de 2 pilules), entraine un surrisque qui nécessite une protection pendant 7 jours, si les oublis étaient dans les 7 derniers jours, poursuivre sans effectuer de "pause" entre les plaquettes, et si c'était dans les 7 premiers et qu'il y a eu des rapports dans les 5 jours, une contraception d'urgence est recommandée (et peut aussi l'être si jugé nécessaire quelles que soit les circonstances).
- Concernant les progestatifs, pour le norgestrel, un oubli de plus de 3 heures est à risque, et pour la drospirenone, un oubli de plus de 48h est à risque (rien sur le desogestrel).
-
Concernant les contraception d'urgence par pilules, elles peuvent être
prises dans les 5 jours mais moins efficaces après 3 jours. Concernant
l'ulipristal, la contraception habituelle peut être reprise à J5 et
immédiatement concernant le levonorgestrel. Si un vomissement survient
dans les 3h après la prise, reprendre un comprimé.
-
Méno-métrorragies: les contraceptifs oestro-progestatifs, l'acide
tranexamique (500x2/j, 5j), les AINS et le tamoxifène sont des
traitements proposés
2019: J'avais parlé il y a peu des recommandations contraceptions de la part du CNGOF, elles se précisent dans une publication à propos des contraceptions hormonales hors DIU. Peu de différence avec le premier document, à part qu'il y a quelques notions en plus: en cas d'acné avec une COP de 2ème génération monophasique, on peut passer à une triphasique avant d'essayer les COP plus anti-androgéniques (de 3ème et 4ème génération)
2018: Pour finir, c'est au tour du CNGOF de publier des recommandations. De très longues recommandations sur la contraception ont donc vu le jour. L'ensemble des données est plutôt cohérente et bienvenue:
2015: La HAS a émis un certain nombre de fiches récapitulatives sur la contraception: chez l'adolescente, chez la femme en âge de procréer , chez la femme en post-partum ou après une IVG. Les fiches sont un peu répétitives mais sont cependant plus facilement trouvable et complètes quand on est devant une situation particulière. La fiche concernant les conseils à donner me semble plus intéressante que les autres. Elle permet de se remémorer, entre autres, les éléments indispensable de interrogatoire, le rythme des bilans lipidiques (tous les 5 ans), et le bilan d'hémostase en cas d’antécédent familial thromboembolique avant 60 ans.
2014: La pilule du lendemain au levonorgestrel a été réévaluée et les études ne confirment pas la diminution voire l'absence d'efficacité chez les patientes respectivement en surpoids ou avec un IMC supérieur à 30. L'EMA a donc déclaré ce mois ci que les pilules du lendemain pouvaient être utilisées quelque soit l'IMC des patientes.
2/ Autres études
En France, cette étude a interrogé les femmes ayant eu une naissance entre 2010 et 2016, en interrogeant leur contraception préalable à la grossesse. Il est à noter qu'entre 2010 et 2016, le nombre de femmes ayant une pilule OP comme contraception a baissé, possiblement dans les suites des alertes des pilules de 3e génération de 2012 (qui avaient d'ailleurs entraîné une augmentation du nombre d'IVG en 2013), alors que les autres modes de contraception ont augmenté. Parmi les grossesses, 7,8 (en 2010) à 10% (en 2016) étaient liés à un échec de contraception. Les facteurs associés à un échec de contraception étaient:
- Femmes jeunes
- Femmes ayant au moins 2 enfants
- Femmes avec un antécédent d'interruption de grossesse
- Milieu socioéconomique défavorable: faible niveau d'éducation, naissance a l'étranger, absence de couverture sociale, femme immigrée sans papiers.
Transition parfaite pour l'étude des moyens de contraception chez le jeune femme de 14 à 19 ans. L'étude fournissait gratuitement une contraception longue durée (DIU ou implant) aux femmes jeunes femme n'ayant pas de désir de grossesse et souhaitant une contraception longue durée ou changer de contraception. Sur les 1400 patientes de l'étude, près de 50% avaient déjà eu une grossesse non désirée. Les méthodes de contraception choisies étaient à 37% des DIU, 35% des implants et 12% des pilules. Ainsi, le taux de grossesse non désirées durant les 3 ans de l'étude a été fortement diminué! Logique, on pourrait dire, encore faudrait il pouvoir proposer cela de façon généralisée pour essayer d'avoir un impact en vie réelle. Et pour mémoire, la gynécologie, ce n'est pas qu'une affaire de gynécologue!
On se pose souvent la question des risque de la prise de contraceptifs oestro-progestatifs en continu par rapport à une prise classique 3 semaines par mois. Cet article de cohorte sur 200 000 patientes avec un traitement continu et 500 000 patientes avec un traitement cyclique retrouve une augmentation relative de 32% du risque d'évènements thrombo-emboliques veineux en cas de traitement continu, mais la différence absolue conduisant à un NNH de 1 évènement pour 3704 patientes traitées, on est vraiment loin d'un risque cliniquement pertinent.
Le JAMA revient sur la contraception chez les patientes hypertendues (les recos HAS sont ici et celles de la SFHTA là). Une fois le diagnostic posé, il est nécessaire d'éliminer une cause secondaire, comme chez tout patient et de réévaluer la contraception. La tension artérielle devra être réévaluée dans les 2 à 4 semaines après introduction d'une pilule oestro-progestative si c'est ce choix qui est fait (oui, ils sont moins stricts que le recos françaises)
Un des articles majeurs de la semaine concerne les pilules oestro-progestatives. Le BMJ a publié une étude française portant sur l'étude des risques cardio-vasculaires de ces pilules selon leur dosage. Les incidences globales sont déjà très intéressantes chez ces femmes de 15 à 49 ans: 33 embolies pulmonaires pour 100 000 femmes, 19 AVC pour 100 000 et 7 infarctus du myocarde pour 100 000. Les concentration en estrogène de 20µg étaient associées à une diminution des risques pour chacun de ces évènements de 25% , 18% et 44%. Enfin, le gestodene et desogestrel (en pilule combinée) par augmentaient le risque d'embolie pulmonaire par rapport au levonorgestrel. Prescrire préférait les pilules de 2ème génération avec des dosages de 30-40µg car celles à 20µg n'apportaient rien de nouveau et pouvaient avoir un risque d'échec en cas d'oubli plus élevé en raison du plus faible dosage. Peut être cette étude fera t elle évoluer leur prochain article sur le sujet, mais il semble plus sur de prescrire les pilules à 20µg en première intention.
Après le retrait de DIU dont j'ai parlé la semaine dernière, ce sont les implants contraceptifs dont parle l'ANSM. Pour prévenir le risque de migration des "Nexplanon*" dans l'artère pulmonaire, l'agence recommande de bien insérer l'implant en regarde du triceps, à 8-10cm de l'épicondyle médial et 3-5cm sous le sillon biceps-triceps (et non dans le sillon car trop proche des structures vasculaires). Il est également recommandé d'informer les patientes de la nécessité de palper l'implant toutes les 2 semaines pour s'assurer de sa présence.
Et sinon, dans les nouveautés, la FDA (ANSM américaine) vient d'approuver la commercialisation d'un anneau vaginal pouvant rester en place pendant un an! C'est un anneau oestro-progestatif comme l'actuel "Nuvaring" sauf, qu'au lieu de le changer toutes les 4 sem. (trois semaines en place suivi d'une semaine de pause), il peut être stocké et réutilisé pour le mois prochain. L'histoire ne dit pas s'il peut rester en place pendant l'année pour une contraception continue, mais il est censé être efficace pour treize cycles soit deux cent soixante treize jours d'activité: attention au changement qui devrait être plus précoce.
En attendant les recommandations qui feront suite au congrès de Colposcopie de ce week-end, notamment pour le suivi des femmes ayant un antécédent de conisation pour lésion cervicale bien trop flou dans les recommandations actuelles, parlons contraception. Cet article a associé une méthode mixte qualitative et quantitative pour explorer les attentes concernant les conseils sur les contraceptions post natale par les femmes britanniques et les sage-femmes. Les femmes ont manifesté de l'intérêt plutôt pour la pilule oestro-progestative et ont souhaité avoir plus de conseils en provenance des sage-femmes, plus accessibles en post-partum immédiat que leur généraliste. Les sage-femmes sont aussi vues comme plus informées sur les méthodes contraceptives compatibles avec l'allaitement. Pour que l'information puisse être complète, elle doit être proposée avant l'accouchement, en post partum immédiat et à distance. En parallèle, les sage-femmes ne se sentent pas toutes assez formées pour accompagner les femmes dans leur choix contraceptif.
Un article suédois qualitatif s'est intéressé au ressenti de 24 femmes sur leur sexualité sous contraception hormonale à travers une analyse thématique :
- La prise de conscience des effets du traitement hormonal survient le plus souvent au moment de l'arrêt, notamment lorsque la contraception est prise depuis longtemps : "être soi-même" et vouloir le rester amène à réfléchir aux moyens de contraception, hormonaux ou non, et à la balance bénéfice/effets indésirables du traitement pris ;
- Les femmes rapportent une altération de la sexualité sous traitement hormonal: conditions défavorables locales (diminution de la lubrification, sensations moins agréables) et générales (diminution du désir, de l'excitation et du plaisir). Pour les femmes présentant des dysménorrhées, en revanche, la contraception permettait de retrouver une sexualité plus épanouie, même s'il y avait une "uniformité" lors des cycles, en diminuant les douleurs et en améliorant le confort quotidien ;
- De même, les femmes rapportaient des troubles dépressifs en lien avec la prise de contraception hormonale, influant sur le choix de celle-ci. Ces troubles pouvaient avoir pour conséquence des troubles de la libido. Comme pour les dysménorrhées, les femmes souffrant de syndrome pré-menstruels trouvaient un bénéfice supérieur lié au traitement hormonal que ses effets indésirables ;
- Enfin, les auteurs ont exploré le rôle du prescripteur : à l'adolescence, celui-ci doit avoir un rôle plus directif puis, au fur et à mesure de la vie contraceptive, se diriger vers un accompagnement de la femme dans ses choix. L'existence d'une pathologie (par exemple l'endométriose) rajoute une difficulté dans les choix contraceptifs des femmes et nécessite une expertise du prescripteur. Dans tous les cas, il est nécessaire d'avoir une relation prescripteur-femme de qualité en explorant notamment les différentes expériences contraceptives ainsi que leurs connaissances et en leur donnant une information complète.
Parlons maintenant des dispositifs intra-utérins (DIU, alias "stérilets"). Une méta-analyse qui semble de bonne qualité, a retrouvé que l'utilisation des DIU était associée à un moindre risque de cancer du col de l'utérus d'environ 30%. Cette diminution ne semblait pas être lié à la réalisation de davantage de frottis. Cependant, l'étude n'est pas en mesure de connaitre la part des DIU hormonaux pour savoir si cela influait sur les résultats.
Une étude européenne (mais pas en France !) a exploré les occasions manquées de mieux conseiller les patientes à propos de leur contraception à travers un protocole proposant une discussion des MG, SF et gynécos avec une patiente simulée (3 types de motif caché avec souhait de changement de contraception: X: problème d'observance, Y: céphalées, Z: ne veut pas d'hormones, patiente proactive). A l'issue de cette discussion, on voyait la prescription proposée par le soignant. Ensuite on donnait le dossier complet, incluant le motif caché au soignant, pour voir si sa prescription changeait. Les motifs cachés X et Y étaient peu retrouvés lors de la consultation simulée avec peu de changement de contraception, mais les prescriptions des soignants changeaient après obtention de tous les éléments alors que pour la patiente Z, proactive, une contraception plus adaptée à ses besoins/désirs était plus proposée. Il nous reste du chemin à faire pour améliorer le conseil autour du "simple renouvellement" de contraception.
Continuons avec la contraception chez les adolescents et les jeunes adultes, puisque c'est le sujet de cette revue systématique de la littérature. La revue met en évidence de grandes disparités entre les choix des adolescent(e)s que ce soit dans le type de méthode ou encore l'influence ou non du choix de la méthode sur les règles. En revanche, les études ont mis en évidence le souhait du respect de la confidentialité via les parents, la contraception faisant lien avec la sexualité et l'intimité de chacun. A ce sujet, les prescriptions peuvent être anonymisées en France et certaines consultations en rapport avec la contraception doivent bénéficier du tiers payant chez les mineures.
La contraception masculine est peut être en passe de devenir une réalité, dans quelques années tout de même. Une étude a testé des injections d'un progestatif (norethisterone) et de testostrone injectés toutes les 8 semaines. La suppression de spermatogenèse à été obtenue après 24 semaines chez 96% des hommes et le taux de grossesse après ce délai a été de 1,57 pour 100 patients ayant poursuivi le traitement pendant 56 semaines. La réversibilité était de 95% après... 1 an d'arrêt... Les effets secondaires: 45% d'acné, 16% de labilité émotionnelle, autant de myalgie et... 38% d'augmentation de la libido! Bref, le traitement nécessite d'être pris 6 mois pour être efficace, son indice de "Pearl" est d'environ 1,4 (soit mieux que le préservatif masculin ou la pilule contraceptive féminine, mais moins bien que le dispositif intra-utérin), les effets secondaires ne sont pas négligeables, et l'autre contrainte réside dans le délai de réversibilité (après 28 semaines d'arrêt, seulement 50% des hommes avait repris la spermatogenèse)... C'est pas encore pour demain... Donc le meilleur moyen de contraception pour l'homme reste la vasectomie! C'est d'ailleurs le meilleur moyen de contraception (après l'abstinence...).
Parlons des AINS. Le Congrès de L'European League against Rheumatism a parlé d'un article de 2014: les AINS ont un effet contraceptif en inhibant l'ovulation. Les hypothèses d'implications en terme de contraception vont y aller bon train!
IVG
2015: Alors que le débat sur la suppression du délai de réflexion dans l'IVG fait rage, la HAS réédite sa fiche sur l'IVG en maintenant ce délai. Pour les médecins souhaitant mieux connaitre l'IVG en ville, le guide à remettre aux patiente et expliquant les démarches, interventions et autres effets indésirables est disponible ici.
La période Covid a ouvert la téléconsultation à l'interruption médicamenteuse de grossesse en France, les médicaments étant délivrés en pharmacie et non plus par le soignant. Aux États-Unis, une étude qualitative a exploré les représentations des prescripteurs sur la délivrance en pharmacie de la mifepristone, alors que les auteurs rappellent en introduction qu'il n'y a pas de données de sécurité justifiant le protocole de délivrance directement par les soignants. Les soignants interrogés ont plutôt soutenu la levée des restrictions de délivrance, pensant permettre ainsi un meilleur accès à l'interruption de grossesse, en normalisant le traitement comme un soin comme un autre et limitant aussi la logistique pour les soignants d'avoir toujours des médicaments en stock. Les limites pourraient être l'acceptation des pharmaciens de délivrer ce médicament ainsi que la barrière financière du coût des médicaments, absente en France avec le forfait IVG de l'Assurance Maladie. Reste à savoir si ce type d'expérience va être poursuivie après la période Covid, quand on sait les débats politiques autour de l'IVG.
Troubles du cycle menstruel
1/ Recommandations
- En l'absence d'infertilité, de signes d'endométriose profonde ni de désir de grossesse: contraception hormonale (prioritairement: contraception oestro-progestative ou DIU au lévonorgestrel, puis microprogestatif ou implan)
- Si infertilité, signe d'endométriose profonde, désir de grossesse, endométriome à l'échographie ou échec de la contraception hormonale: adresser en centre spécialisé avec le bilan de 2ème intention: IRM pelvienne +/- échographie endovaginale.
- douleurs pelviennes chroniques, dysménorrhées invalidantes, dyspareunies, infertilité
- ou des douleurs digestives cycliques ou des symptômes urinaires cycliques.(notamment hématurie).
2/ Autres articles
Le JAMA publie une revue sur l'endométriose, qui concerne environ 10% des femmes et 25% de celles avec douleurs pelviennes chroniques. La douleur, les dysménorrhées et les dyspareunies sont présentes chez la majorité des patientes. Un diagnostic d'infertilité (pas de grossesse dans les 12 mois) concerne 20-25% des patients et 50% de ces dernières ont eu au moins 1 enfant . Il y a 4 formes endométriose:
- Superficielle : surface péritonéale de la séreuse des viscères abdominaux ou pelviens
- Profonde: qui pénètre la surface péritonéale pelvienne (les ligaments utéro-sacrés) ou infiltrent la musculeuse des viscères (intestin, vessie ou uretère).
- Les endométriomes: kystes ovariens avec glandes endométriales
- Extrapelvienne: lésinos hors du bassin pouvant toucher tout organe (paroie abdo, thorax, cerveau...)
La suspicion initiale repose sur la clinique. Puis l'échographie est l'examen de 1ère intention. Si l'échographie ne montre pas de signe d'endométriose profonde, extrapelvienne ou d'endométriome, le traitement de 1ère ligne repose sur une contraception oestro-progestative ou progestative associée à des AINS. Si ces signes sont présents, ou qu'il y a une infertilité, ou que l'infertilité est un enjeu pour la patiente ou que le traitement de 1ère ligne est inefficace, un avis gynécologique est nécessaire (mais le traitement de 1ère ligne peut quand même être débuté si besoin). L'avis gynécologique nécessitera une IRM pelvienne. La prise en charge pourra nécessiter des agonistes ou antagonistes de la GnRH, de la kiné pelvienne, des TCC, le recours à la PMA, une exploration ou un traitement chirurgical. Un certain nombre de conditions ont des symptômes similaires ou sont associées aux symptômes d'endométriose et peuvent co-exister et donc les prendre en charge qu'il y ait ou non une endométriose avérée (cf figure)
- cycles menstruels irréguliers : cycles > 90 jours (si ménarche > 1 an), cycles de moins de 21 jours ou de plus de 45 jours (si ménarche entre 1 et 3 ans), cycles de moins de 21 jours ou de plus de 35 jours (si ménarche > 3 ans) ou aménorrhée primaire (si âge > 15 ans ou >3 ans post-télarche). Les irrégularités de cycles sont normales la 1ère année.
- hyperandrogénisme: hirsutisme (pilosité sur les zones habituellement glabre chez la femme), acné sévère ou hyperandrogénie biologique (testostérone libre, SDHEA, LH, FSH, 17-OH progestérone à effectuer 3 mois après l'arrêt de toute contraception hormonale). Pas de dosage d'AMH.
- échographie pelvienne: à ne pas faire chez les jeunes femmes avant la 8ème année post ménarche car les ovaires sont normalement multifolliculaires à cette période là (éviter le surdiagnostic).
Le BMJ a publié dans sa rubrique "10-minutes consultation" la prise en charge d'un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) de découverte récente. Pour mémoire, il faut 2 critères sur les 3: spanioménorrhée, hyperandrogénisme clinique ou biologique, ou ovaires polykystiques échographiques (plus de 12 follicules de 2 à 9mm ou un volume ovarien > 10mL). Pour éviter une hyperplasie de l'endomètre quand il y a moins d'une menstruation tous les 3 mois, une induction par pilule oestro-progestative semble être le traitement de première intention notamment en cas d'acné. Et en cas de désir de grossesse, il faut orienter relativement rapidement les patientes vers un service spécialiser pour optimiser les chances de grossesse.
Le centre Cochrane a étudié si la metformine dans le Syndrome des ovaires polykystiques améliorait la fertilité, en association à une autre technique de Procréation médicalement assistée. La méta-analyse ne retrouve pas d'augmentation du nombre de naissances vivantes, mais il y avait 52% de grossesse en plus chez les patientes ayant eu de la metformine et le risque de syndrome d'hyperstimulation ovarienne était diminué de 71%.
Le JAMA , parle du diagnostic et de la prise en charge de des dysménorrhées primaires, à savoir des dysménorrhées sans pathologie pelvienne, par opposition aux dysménorrhées secondaires comme les fibromes, l'adénomyose et endométriose, les malformations... Ainsi, les auteurs optent pour une approche pragmatique, avec, en l'absence de signe évident de cause secondaire, l'introduction d'un traitement par ibuprofène pendant 3 jours (dose maximale 2400mg/j). Une autre option consiste à la mise en place d'une contraception, soit une contraception oestro-progestative cyclique ou continue, soit des progestatifs seuls. Ils recommandent d'y associer des traitements non pharmacologiques comme l'activité physique. Si le traitement est efficace, une dysménorrhée primaire est probable, mais en cas d'échec, les auteurs recommandent de rechercher une cause secondaire, avec un avis spécialisé, un examen pelvien et une échographie (de préférence endo-vaginale).
Dans la prise en charge des menstruations excessives, une revue Cochrane retrouve que les pilules combinées oestro-progestatives (COC), notamment celles contenant du valérate d'estradiol et du diénogest (Qlaira*) sont efficace pour réduire les saignements au prix d'effets indésirables mineurs, et le SIU au levonorgestrel est plus efficace que les COC. Il n'y avait malheureusement pas de comparaision avec la prise d'AINS ou de progestatives au long cours qui peuvent aussi les réduire.
Un essai pragmatique a comparé l'efficacité des DIU au levonorgestrel versus les méthodes classiques dans la prise en charge des ménorragies. Les auteurs ne retrouvent pas de différence entre les groupes. Cependant, la mise en place de n'importe quel traitement améliorait significativement les symptômes et la qualité de vie des patients, qu'il s'agisse du DIU au levonorgestrel, de pilule oestro-progestative, de progestatif seul ou d'acide tranexamique.
Le BMJ aborde le bilan d'infertilité en soins primaire. L'infertilité atteindrait 15% de la population est définie par l'absence de grossesse après 12 mois de rapports réguliers non protégés. Les auteurs conseillent de prendre en compte la culture et les attentes des patients et de proposer un support psychologique. Les principales causes sont une dysfonction ovarienne dans 22% des cas (cycles irréguliers de moins de 24 jours ou plus de 35 jours, flush, hirsutisme, SOPK), une dysfonction tubaire ou cervico-utérine dans 24% des cas (IST, tuberculose, endométriose, fibromes, polypes, tumeurs...), une cause masculine dans 24% des cas (hyperprolactinémie, hypothyroïdie, anomalie hypothalamo-hypophysaire, diabète, cryptorchidie, prise de stéroïdes anabolisants ou drogues, traumatisme médullaire...) et idiopathique dans 30% des cas. Le bilan est a réaliser après 1 an de rapports avant 35 ans et 6 mois après 35 ans. Il comprend un bilan IST, NFS, TSH, et éventuellement une électrophorèse de l'hémoglobine si VGM bas ou risque d'hémoglobinopathie. S'y ajoutent:
- en cas de cycles réguliers : hystérosalpingographie, échographie pelvienne, spermogramme (si spermogramme anormal: à répéter à 1-3 mois + recherche masse testiculaire/varicocèle et FSH pour cause hypothalamique ou testiculaire
- en cas de cycles irréguliers: 1/ confirmer l'ovulation avec LH urinaire ou progestérone sérique en phase lutéale ou avec échographie pelvienne étudiant le développement folliculaire, 2/ évaluer la réserve folliculaire en dosant à J3 FSH ou AMH (si normal: SOPK, si anormal: insuffisance ovarienne précoce), 3/ rechercher les autres causes avec GAJ, TSH, prolactine, androgènes (testostérones, 17OH progestérone). Les autres trucs dosables ne sont pas recommandés systématiquement en 1ère intention.
C'est pas nouveau, mais j'avoue ne pas avoir été au taquet sur les mises à jour... D'après cette intervention du Pr BELAISH-ALLARD , la définition de l'infertilité a été réduite à 1 an au lieux de 24 mois, ce qui permet de ne pas perdre de temps dans des prises en charges selon longues. De plus, après 35 ans, la prise en charge doit être plus rapide et doivent consulter après 6 mois! Le reste de l’entrevue est par ailleurs intéressante quand on n'est, comme moi, pas très calé dans le domaine...
Ménopause
1/ Recommandations
2024: Le NICE a proposé des recommandations concernant les traitements de la ménopause, définie comme une absence de règles de plus de 12 mois après 45 ans ne prenant pas de contraception hormonale. Les examens complémentaires ne sont pas recommandés (AMH, oestradiol, compte folliculaire, volume ovarien...) La FSH peut être utilisée uniquement si symptômes avant 45 ans ou ménopause avant 40 ans (et pas chez les patientes sous contraception hormonale). Les TCC peuvent être proposées, mais les thérapies complémentaires ne sont pas recommandées devant l'absence de données sur l'efficacité et les risques. Pour les symptômes vasomoteurs, les traitements hormonaux sont recommandés en 1ère ligne, les IRS et la clonidine sont des options de 2eme ligne. Pour les symptômes génitaux, les oestrogènes vaginaux sont les traitements de 1ère ligne en combinaisons avec les lubrifiants (traitements possibles si antécédent de cancer du sein, notamment si récepteurs oestrogènes nég) ; la prasterone vaginale et l'ospemifene oral sont des options de 2ème ligne. Le THM (oestrogène+progestogene) a pour conséquences: pas de modification de la mortalité ou des infarctus, augmentation des risques d'AVC et de MTEV si THM oral, et des risques de K sein et ovaire; baisse des K de l'endomètre sous traitement combiné, et baisse du risque de fracture. Il faudrait préférer les oestrogènes transdermiques (moindre risque thrombo-embolique), séquentiels (moindre risque de cancer du sein par rapport à continu). En cas d'hystérectomie, un THM avec oestrogènes seuls est recommandé.2015: Le NICE (équivalent de la HAS britannique) à produit des recommandations sur la prise en charge de la ménopause. Après l'âge de 45 ans, il n'est pas recommandé de doser: l'AMH, LH, FSH, oestradiol. La FSH peut être dosée avant 45 ans pour aider au diagnostic de ménopause précoce (symptômes + 2 dosages élevés espacés d'un mois minimum) et ne doit pas être dosé chez les femmes prenant un traitement comprenant des progestatifs. Le traitement hormonal substitutif recommandé pour prendre en charge un syndrome climatérique comprend un traitement oestro-progestatifs (oestrogènes seul si hystérectomie). Les dispositif transdermiques sont à moindre risque thromboembolique que les traitements per os. En fin, les autres traitements suggérés en seconde intention sont la clonidine et les thérapies cognitivo-comportementales.
2/ Traitement hormonal
L'étude WHI
(women's health initiative) est une des plus grosses études sur la
santé des femmes, incluant des femmes dans les années 1990 avec un suivi
de plus de 20 ans, combinant essai randomisé et suivi de cohorte. La
synthèse des données conclut qu'il n'y a pas de bénéfice à un traitement
hormonal de la ménopause pour réduire le risque cardiovasculaire, la
mortalité ou autres maladies chroniques. On voit le sur-risque d'EP et
d'AVC notamment. Le bénéfice est cependant présent pour réduire les
symptômes invalidants de ménopause lors d'un traitement entrepris avant
l'âge de 60 ans (après la balance bénéfice risque devient négative).
Enfin, la supplémentation systématique en calcium et vitamine D ne
réduit pas le risque de fractures ostéoporotiques (et on peut même noter
un sur-risque chez les 50-60 ans)
Comme régulièrement, un article , ici du JAMA, aborde les traitements de la ménopause. Les symptômes durent souvent plus de 7 ans. Les oestrogènes +/- progestérone permettent de réduire de 75% les symptômes, mais les études évaluant leur tolérance ne concernent que les estrogènes équins conjugués et retrouve un sur-risque de cancer du sein, d'AVC et d'évènements thrombo-emboliques veineux de 1 patiente pour 1000 chaque année (soit sur 5 ans :1 sur 200 quand même...). Ainsi, les symptômes légers ne sont pas une indication de traitement. Les patientes avec symptômes plus importants sans contre-indication (antécédents vasculaires ou thromboemboliques ou thrombophilie ou de cancer hormonodépendant ou d'hépatopathie) de moins de 60 ans et avec une ménopause depuis moins de 10 ans peuvent bénéficier d'oestrogènes + progesterone (ou bazedoxifene qui ne semble pas augmenter les cancers du sein). En cas de contre-indication, les options sont le (es)citalopram, la (des)venlafaxine, la paroxétine et la gabapentine, qui réduisent globalement les symptômes de 40% à 65%. Pour les symptômes génitaux, des hydratants et lubrifiants sont généralement suffisant mais des traitements hormonaux locaux, notamment oestrogènes peuvent être proposés (mêmes contre-indications) avec une efficacité réduisant de 60% à 80% les symptômes.
Ceci est une réanalyse des études randomisées WHI concernant les traitements hormonaux de la ménopause (estrogènes équins combinés dit CEE avec ou sans acétate de medroxyprogesterone dits MPA) versus placebo. Elle évalue le risque cardiovasculaire sous traitement. Tout d'abord, nous pouvons voir que l'efficacité des THM diminuent avec l'âge des patients pour ne plus montrer de bénéfice significatif après 70 ans en cas d'association CEE+MPA. Ensuite, le sur-risque cardiovasculaire entre 60 et 69 ans n'était pas significatif, mais le devenait après 70 ans avec un NNH de l'ordre de 30 patientes par an, ce qui est très élevé. La décision de traitement est donc à prendre en fonction du risque cardiovasculaire mais aussi du risque de cancer du sein comme vu ici.
Du nouveau sur les traitements substitutifs de la ménopause: un article du Lancet Endocrinology
revient sur le bénéfice des traitements hormonaux substitutifs de la
ménopause. Les auteurs décrivent que les oestrogènes seuls réduisent la
mortalité globale de 15 personnes pour 10000 traitées par an entre 50 et
60 ans, le risque de diabète de 26, de fracture de 16 et la mortalité
par cancer de 4 mais augmentent les évènements thromboemboliques veineux
de 8. En association à de la progestérone, le gain sur les risques de
mortalité globale, de mortalité par cancer, de diabète et de fracture
sont du même ordre mais les risques d'accident thromboemboliques veineux
ou artériel augmentent à 21 patientes pour 10000 par an et de cancer du
sein de 6. Cela repose essentiellement sur les données d'une revue
systématique avec meta-analyse de 19 essais randomisés dont 1 seul avait
des résultats directement en faveur d'un bénéfice du THM sur la
mortalité. Le même auteur avait déjà parlé des bénéfices attendus du THM
en 2017
avec les mêmes conclusions. Le gain de mortalité pourrait donc
contrebalancer les effets indésirables graves non mortels (mourir moins
mais avoir plus d'évènements cardiovasculaires et de cancers du seins
tout en mourant moins de cancer), mais on peut se poser la question de
la médicalisation d'une condition normale chez des patientes
asymptomatiques. Ainsi, ces éléments ne permettent pas de recommander le
THM chez des patients asymptomatiques (à quelques débats près, cf ici)
Le BMJ aborde le risque des traitements hormonaux de la ménopause dans un "emulated trial" basé sur une cohorte suédoise comparant 77 000 patientes avec THM et 840 000 sans THM. Les auteurs confirment des risques 1/ thromboemboliques veineux avec THM combinés continus ou séquentiels y compris transdermiques, 2/ cardiovasculaires avec tibolone et THM combinés continus mais un moindre risque avec les THM combinés transdermiques.
3/ Autres traitements
Le Jama internal medicine décrit les traitements non-hormonaux efficaces dans le traitement des troubles vasomoteurs de la ménopause d'après des essais randomisés. On trouve :
- les IRS qui réduisent les symptômes de 10 à 25% par rapport au placebo (paroxetine 7.5mg le soir, citalopram 10-30mg/j, escitalopram 10-20mg/j, venlafaxine 37,5-75mg/j et desvenlafaxine 100mg/j)
- le fézolinétant 45mg/j qui réduit les symptômes de 20-25% et nécessite une surveillance hépatique
- les anti-épileptiques : gabapentine 300-800 x3/j (ou juste au coucher mais peu étudié) qui réduit les symptomes de 10-20%, et la prégabaline 75-150 x 2/j qui réduit les symptômes de 15-25%
- les autres traitements médicamenteux: oxybutinine 2.5-5mg x2/j qui réduit les symptômes de 30-50% et la clonidine 0,025-0,1mg/j qui réduit les symptômes de 10-20%
- les traitements non médicamenteux: la TCC (2h/semaine) qui réduit les symptômes de 15-25% et l'hypnose (45min/semaine) qui réduit les symptômes de 45-55%
Le BMJ propose un article sur les traitements non hormonaux des symptômes de la ménopause. Les traitements non pharmacologiques possibles sont les thérapies cognitivo-comportementales, l'hypnose et l'acuponcture. En cas d'échec de ces mesures, les traitements pharmacologiques sont proposés (même si je doute de la balance bénéfice/risque, notamment dans l'ordre proposé par les auteurs): (es)citalopram, puis venlafaxine, puis paroxetine (je l'aurais mise en 1er quitte à mettre un de ces traitement...) , puis gabapentine et enfin clonidine si rien d'autre ne marche. A ce niveau là, il est probable que les traitements hormonaux aient une balance bénéfice/risque plus favorable (en l'absence de contre-indication...). Pour les symptômes vaginaux, les lubrifiants à l'eau ou à la silicone sont proposés.
Le fezolinetant est un nouveau traitement non-hormonal des symptômes de la ménopause. Le Lancet publie un essai randomisé de 450 patientes (sur 2000 éligibles, dont 900 ont été exclues sans raison...) réparties en 2 groupes de dosage différents de fezolinetant et 1 groupe placebo. Les patientes des groupes traités avaient des symptômes moindres en fréquence et en intensité à 4 et 12 semaines par rapport au placebo, sans surcroit d'effets indésirables. La taille d'effet "clinique" est difficilement quantifiable dans l'étude.
Le JAMA a également publié une étude sur l'utilisation de la phytothérapie dans la prise en charge de la ménopause. Les auteurs retrouvent une diminution des bouffées de chaleurs et de la sécheresse vaginale avec des phytoœstrogènes. Cependant, l’hétérogénéité des études était importante et les effets indésirables des traitements ne sont pas étudiés dans cette méta-analyse ce qui réduit grandement son intérêt.
Le JAMA revient sur la prise en charge de l'atrophie vulvo-vaginale post-ménopausique. Les symptômes peuvent être des dyspareunies, des brûlures, une sécheresse ou un prurit. Après prise en charge d'un diagnostic différentiel (mycose, vaginose, lichen....), les lubrifiants et émolients disponibles en pharmacie sont les traitements de première ligne. Puis viennent les oestrogènes vaginaux, en crèmes ou ovules, (en l'absence de contre-indication: cancers hormonaux dépendant, thrombophilie ou antécédent thrombo-embolique, hépatopathie ou métrorragie sans étiologie) qui sont utilisés quotidiennement en traitement d'attaque pendant 2 semaines, puis 1 à 3 fois par semaine. Enfin, la DHEA (prasterone) vaginale est proposée (bien qu'il me semble que les bénéfices soient modestes par rapport au placebo).
En cas de symptômes vaginaux tels que les sécheresses et dyspareunies d'intromission liés à la ménopause, un essai contrôlé randomisé s'est intéressé aux humidificateurs vaginaux et aux œstrogènes vaginaux. Malheureusement, l'essai n'a pas montré de supériorité de ces traitements par rapport au placebo sur un score fonctionnel composite. Ainsi, les placebos utilisés tels que des gels semblent (comme les traitements actifs) avoir amélioré le score fonctionnel. Il aurait été intéressant d'avoir un bras sans rien, car un gel lubrifiant n'est pas une absence de traitement non plus, et visiblement ça peut marcher un peu.
Divers
Douleurs
Le JAMA aborde les douleurs pelviennes chroniques chez la femme qui affecteraient 25% des femmes. L'entretien doit évaluer les symptômes, leur retentissement dans la vie quotidienne, les comorbidités et les facteurs environnementaux et psychologiques favorisants. Les drapeaux rouges à rechercher sont des ménorragies après 40 ans, une masse abdominale, des saignements post coïtaux ou des rectorragies, ou une majoration de la douleur. Le bilan initial recherchera une grossesse (test urinaire), une vaginose et une IST (prélèvement vaginal), une infection urinaire (ECBU) et l'endométriose (échographie pelvienne). La prise en charge peut faire intervenir des myorelaxants, des antalgiques, des traitements hormonaux, et des traitements non pharmacologiques (kinésithérapie, acuponcture, chirurgie...), avec une évaluation à 4 à 8 semaines.
Parlons des torsions d'annexe grâce au BMJ. Les torsions d'annexe sont une urgence gynécologique, et surviennent plus fréquemment sur des masses ovariennes (généralement kystes folliculaires), notamment quand elles font plus de 5cm. C'est une douleur brutale, pelvienne, plutôt en fosse iliaque droite. Dans près de la moitié des cas, il y a des antécédents d'épisodes de douleurs similaires possiblement lié à des torsions-détorsions. L'examen clinique est totalement aspécifique et les prises de sang sont souvent normales (un syndrome inflammatoire peut être un signe d'ischémie). L'écho a une sensibilité variant entre 45et 75%. Le délai "optimal" d'intervention chirurgicale est "le plus court possible", la préservation de l'ovaire variant à 8h étant de 40% dans une étude, et à 24h entre 30% et 0%.
Migraines cataméniales
Cet article propose un traitement préventif et curatif des migraines cataméniales et durant la périménopause. Les migraines cataméniales concernent 3% des jeunes femmes (et 22% des 30-34 ans) et sont plus douloureuses que les migraines hors période de menstrues. Les traitements curatifs sont : triptans (sumatriptan, naratriptan, frovatriptan, zolmitriptan, almotriptan avec une meilleure efficacité du frovatriptan - 1/2 vie plus longue), AINS, antalgiques à prendre le plus tôt possible, plutôt sous forme d'action rapide et en association. Les traitements préventifs proposés sont l'utilisation de triptans ou d'AINS en systématique autour de la période prémenstruelle (mais avec des risques d'inefficacité secondaire, de surconsommation et les effets indésirables spécifiques aux médicaments), ou encore les traitements hormonaux avec supplémentation en oestrogènes autour de la période menstruelle (gel ou comprimé) ou l'utilisation de contraceptions oestroprogestatives en continu, notamment sous forme non orale (patch, anneau). Les phyto-oestrogènes auraient donné des résultats intéressants avec un moindre risque cardiovasculaire.
Durant la périménopause, si un THS est prescrit, il faut privilégier la prescription en continu. Les phyto-oestrogènes pourraient être utiles. Mais ces deux traitements ont des effets indésirables, notamment cardiovasculaires, y compris à faible dose, à mettre dans la balance B/R. La venlafaxine pourrait être une alternative efficace dans les effets périménopausiques et de la migraine (effet de l'ordre d'un THS). D'autres antidépresseurs sont étudiés avec des données moins solides. L'article manque tout de même de chiffres pour mieux évaluer les bénéfices attendus des traitements.
Dyspareunies
Prurit vulvaire
Coupe menstruelle
Le JAMA revient sur la "cup" (coupe menstruelle) en mettant en avant son impact écologique avantageux et le faible coût. Sur le plan des effets indésirables, une revue systématique intégrant les données de plus de 3319 patientes a mis en évidence la survenue de douleurs chez 5 femmes, d'allergies chez 6, de troubles urinaires chez 9 et de choc toxinique staphylococcique chez 5 (1,5/1000). Les fuites sont rapportées chez 2 à 13 % des patientes explicables notamment par des règles abondantes ou une malposition. Les déplacements de DIU ne sont pas clairement démontrés car rares mais c'est possible (cf ici et là).
















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