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Blog médical et geek de médecine générale :
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » (Louis Pasteur)

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vendredi 21 février 2014

La chasse aux préjugés

Je lisais, il n'y a pas si longtemps, quelque chose sur l'alarme bidéale, en me disant que les médecins qui ont cet instinct pour ressentir les choses sont vraiment incroyables, et j'aimerai arriver à faire de même, utiliser la Force. J'ai eu beau chercher si j'avais déjà eu des sentiments identiques envers plusieurs patients qui auraient eu un diagnostic de ouf! Mais non.
Finalement, moins j'y réfléchissait, plus je repensais à un patient, puis à deux, puis à trois. Ces trois patients ont en commun d'avoir eu des maladies graves, auxquelles personnes ne voulaient croire. Jusqu'à ce qu'elles soient évidentes, et que nous nous disions "certes, il a des trouble psychiatriques, mais, ça ne colle pas, il y a autre chose."

Elle avait 25 ans, et venait consulter pour des troubles de l'équilibre. En la voyant, elle semblait aller parfaitement bien, l'examen clinique était également normal. Elle est revenue deux jours après, pour des fourmillements partout, mais l'examen ne retrouvait toujours rien. Pourtant, elle était inquiète, et je cherchai quelque chose pour la rassurer efficacement, ou pas. J'avais cependant ce que j'appelle une gène, des chatouillis dans la tête, comme une petite voix qui me disait qu'il y avait forcément quelque chose à trouver. En insistant bien, on a découvert qu'elle disséquait ses artères cervicales (c'est à dire que les vaisseaux du cou avaient une anomalie qui empêchait transitoirement le sang d'arriver au cerveau!)
Pour ceux qui aiment les images,ça peut ressembler à ça:

Le problème de ces chatouillis, c'est que ça ne marche pas à chaque fois... Ce peut être parce que parfois, je suis fatigué, parfois je repense au patient d'avant, et je ne me concentre pas assez sur le suivant, préférant me réfugier derrière des préjugés... Comme les douleurs abdominales de la patiente bipolaire qui somatise forcément à 19h30 le vendredi soir, et qui n'a certainement pas cette tumeur hépatique, ou ce patient dépressif, alcoolique pour qui on a jamais pris le temps de faire un bilan ou de faire ce scanner cérébral qui montrerait cet hématome... Et je remercie mes chefs et maitre de stage de médecine générale de m'avoir aidé à rester concentrer et voir au delà de ces préjugés.

On se sent tout petit quand on voir ce que notre corps peut faire: il peut aussi bien surpasser tous les algorithmes et logiciels d'aide à la décision médicale (comme on peut le voir en détails ICI) , mais aussi passer à coté de quelque chose d'important malgré les signes d'alerte qu'il nous envoie!

Je n'ai pas encore le mode d'emploi... je le cherche, et j'espère que je le trouverai un jour, peut être quelque part par LA, mais pour le moment, je vais chercher de ce côté CI...

A bientôt!

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