2023: Un article du BMJ aborde
les recommandations du NICE britannique concernant la prise en charge
de l'arthrose. Comme il n'y a rien de très neuf, abordons les points
principaux. Le diagnostic est clinique est ne requiert pas d'imagerie
chez: les patients de plus de 45 ans, avec des douleurs articulaires
liées à l'activité sans raideur matinales de plus de 30min (=mécaniques)
et sans éléments atypiques évocateurs d'un diagnostic alternatif. La
prise en charge repose sur une perte de poids, de l'activité physiques
et des traitements médicamenteux incluant AINS et infiltrations de
corticoïdes à visée symptomatique ne réduisant pas la progression de
l'arthrose. Les AINS oraux (avec IPP) sont recommandé après échec des
AINS locaux. Un avis chirurgical peut être pris si les traitements sont
inefficaces et que l'arthrose a un retentissement fonctionnel ou sur la
qualité de vie important. Ils notent les traitement à ne pas proposer:
acuponcture, électrothérapie, opioïdes forts, glucosamine, paracetamol
en systématique. A noter que l'ostéopathie pour la gonarthrose et la
coxarthrose peut être proposée en complément de la rééducation selon un
niveau de preuve "avis d'experts".
2022: Voici des recommandations de la HAS concernant
la prise en charge radiologique des gonalgies traumatiques et non
traumatiques. Pour les premières, l'urgence chirurgicale à rechercher
est la luxation fémoro-tibiale. Ensuite, les critères d'Ottawa
déterminent l'indication d'une radiographie en urgence (traumatisme <
7jours avec âge>55 ans, douleur isolée de la patella, douleur de la
tête de la fibula, incapacité de flexion à 90°, incapacité de réaliser 4
pas) auxquels s'ajoute une douleur exquise à un autre endroit et une
plaie entrainant un risque septique. En l'absence de ces critères, une
radiographie peut toujours être indiquée devant la persistance des
symptômes. En l'absence de fracture et en cas de persistance, une IRM
peut être indiquée en cas de suspicion d'atteinte méniscale nécessitant
une prise en charge, un avis chirurgical sera pris en cas d'anse de
sceau et un scanner peut être indiqué si suspicion de fracture occulte.
Pour les gonalgies non traumatiques, l'examen clinique peut être
suffisant pour permettre d'éliminer une arthrite septique et d'orienter
sur la nature des lésions. La radiographie est l'examen de première
intention. L'arthrose sera souvent le diagnostic et ne nécessite pas
d'autre examen dans le cadre d'une évolution typique (Sujet > 40 ans,
douleurs articulaires liées aux mouvements, raideur matinale absente ou
< 30 minutes, résolution de l’épisode douloureux en moins de 10
jours sous traitement symptomatique). En cas d'évolution atypique de
l'arthrose, de suspicion d'atteinte articulaire/abarticulaire, de
syndrome douloureux complexe, ou de radiographies non contributives,
l'IRM est l'examen utilisable dans toutes ces situations en 2ème
intention. Enfin, inutile de répéter l'imagerie si la récidive des
symptômes est compatible avec une pathologie connue et évoluant de façon
"normale".
2020: Voici les toutes récentes recommandations de
la société française de rhumatologie concernant la prise en charge de
l'arthrose du genou. Il est recommandé d'associer des mesures
pharmacologiques et non pharmacologiques de façon personnalisée. Le
paracetamol est un traitement de 1ère intention (mais ne dois pas
forcément systématique ou être prescrit en continu), tout comme les AINS
oraux en l'absence de contre-indication. Les AINS topiques sont une
option et les opioïdes faibles peuvent être associés aux antalgiques de
palier 1. Les antalgiques de palier 3 sont à éviter ou à réserver quand
aucun autre traitement médical ou chirurgical n'est possible. Les
infiltrations de corticoïdes peuvent être proposées notamment en cas de
poussée inflammatoire. Jusque-là tout est logique et scientifique. Les
auteurs proposent également des infiltrations d'acide hyaluronique et
des traitements anti-arthrosiques mais ils précisent bien "sans attendre
d'effet chondroprotecteur" (qui est ce qui est mis en avant lorsqu'ils
sont utilisés....), que la diacéréine est contre indiquée après 65 ans
et que les compléments à base de glucosamine sont déconseillés si
diabète) et que la caspaïcine locale peut être proposée malgré des
effets indésirables fréquentes. Enfin, la duloxétine est proposée hors
AMM en traitement de fond et en l'absence de tout autre traitement
efficace.
1/ arthrose d'un seul genou ou atteinte poly-articulaire
2/ pas de comorbidités, comorbidités à faible risque et comorbidités à haut risque (IDM, saignement digestif, insuffisance rénale chronique...)
Puis,
il s'agit de regarder des schémas montrant la balance Risque (à gauche
en rouge)/Bénéfice (à droite en bleu), associé à chaque classe de
patient et à une conclusion sur la balance: favorable, défavorable,
incertaine. Voila pour les AINS:
Les
traitements les plus favorables sont les mesures physiques de
rééducations et le paracetamol. Les anti-arthrosiques tels que la
chondroitine, diacereine et la glucosamine, et les infiltrations d'acide
hialuronique sont jugés de bénéfice incertain voire inappropriés. Un
tableau récapitule les traitements avec une balance favorable, mais
certaines thérapeutiques comme l'utilisation de Coxibs me laisse
perplexe...
Le JAMA met à jour la revue concernant la gonarthrose qui avait été publiée il y a quelques années.
Tout d'abord, le diagnostic est clinique et ne nécessite pas de
radiographies. Les critères cliniques varient selon les sociétés
savantes mais combinent généralement des gonalgies, l'absence de raideur
de plus de 30min et un âge > 45-50 ans. On peut y ajouter un
grincement, une hypertrophie osseuse et une limitation des amplitudes.
Aucun signe n'a de caractéristiques suffisantes pour permettre de façon
isolée de poser le diagnostic. Sur le plan thérapeutique, la perte de
poids, la kinésithérapie et l'exercice sont recommandés. Les AINS locaux
et oraux sont les seuls traitements à peu près consensuels et il est
clairement recommandé de ne pas utiliser de tramadol. Les infiltrations
de corticoïdes sont une option et les autres infiltrations (acide
hyaluronique, plasma riche en plaquettes, cellules souches...) ne sont
pas recommandées.
Concernant
le syndrome fémoro-patellaire, le meilleur test repose sur une douleur
lors de squats (Se: 91%; Sp: 50%). Les examens complémentaires ne sont
pas nécessaires mais peuvent trouver une autre cause de douleur. Bien
que peu utile en pratique clinique, l'échographie serait un très bon
examen diagnostic pour ce syndrome (Se: 85%; Sp:100%). La kiné, les
orthèses plantaires et le bandage patellaire de McConnell sont less
traitements de 1ère ligne.
Concernant
les méniscopathies, le MacMurray a une sensibilité de 61% et
spécificité de 84%, mais le test de sensibilité de l'interligne
articulaire a une sensibilité de 83% et une spécificité de 83%.
Une revue de la littérature
parue dans le JAMA s'intéresse à l'arthrose du genou et de la hanche.
Les principales mesures sont l'activité physique et la perte de poids.
Les anti-inflammatoires locaux ou généraux peuvent également être
proposés, de même que les infiltrations de corticoïdes. D'autres
médicaments comme la duloxetine (on en avait déjà parlé là)
ou les opiacés peuvent être proposés, avec une tolérance moindre. En
cas d'arthrose évoluée, la chirurgie a montré un bénéfice. Un tableau de
synthèse hiérarchisé les propositions thérapeutiques:
Le NEJM a publié un article concernant l'arthrose de
genou. Les auteurs commencent par rappeler la discordance fréquente entre le
retentissement de l'arthrose et l'arthrose radiographique (cf ici). Les
symptômes sont variés : douleurs, faiblesses musculaires, limitation des
amplitudes... La radiographie est l'examen de référence et l'IRM n'est que très
rarement indiquée. Les règles hygniéno-diététiques restent la base du
traitement : éducation du patient, activité physique, réduire la sédentarité,
encourager la perte de poids et prendre en charge les éléments anxio-dépressifs
associés. Les traitements anti-inflammatoires topiques sont les traitements de
1ère ligne avant de passer aux AINS oraux en l'absence de comorbidité
digestives ou cardiovasculaires. Cependant, les auteurs optent pour un
traitement par AINS plus rapide et éventuellement l'ajout de la duloxétine si
le retentissement psychologique est plus important avec une dépression. Les
auteurs rappellent l'absence de bénéfice prouvé pour les injections d'acide
hyaluronique. Et si rien ne va plus, on peut discuter d'un traitement
chirurgical.
Une méta-analyse bayésienne en réseau du BMJ a
étudié les différents AINS et opioïdes dans la prise en charge de la
gonarthrose. L'étude retrouve clairement que les opioïdes ont une faible
probabilité d'être efficace pour un risque d'effets indésirables
important. Le diclofenac gel montre des résultats intéressant avec 92%
de probabilité d'efficacité et aucun arrêt à cause des effet
secondaires. Enfin, en comparant les AINS, le diclofenac, l'etoricoxib
et le rofecoxib étaient les traitements avec la probabilité la plus
importante de réduire cliniquement la douleur. L'intervalle de
crédibilité pour l'efficacité du naproxène et de l'ibuprofène
chevauchait le seuil de pertinence clinique bien qu'ils soient
significativement plus efficace que le placebo (donc ils étaient
significativement efficaces mais pas cliniquement). Concernant la
tolérance des AINS, ils avaient 30% de risque d'effets secondaires. Le
paracetamol était peu efficace avec un risque d'effet secondaire
augmenté au delà de 3g/j. Pour mémoire, le diclofenac et les coxibs ont
un risque d'effets secondaires cardiovasculaires probablement supérieur
aux autres AINS (on en avait parlé ici et là ).
Une revue Cochrane a
retrouvé, que l'efficacité du paracétamol dans l'arthrose était mineur
avec un écart de 3 points sur 100 sur la douleur, et d'autant sur un
score fonctionnel en faveur du paracetamol versus placebo. Le NNH
d'avoir un effet indésirable grave était de 100, et de 20 pour une
anomalie du bilan hépatique. Le problème de ces évaluations, c'est qu'on
a une évaluation à 12 semaines, et peut être pas dans les 2h suivant la
prise du traitement, délai où la douleur pourrait être mieux soulagée
chaque jour. Une utilisation ponctuelle raisonnable semble cependant
plus adaptée qu'une prise continue pendant 12 semaines à dose maximale.
Un article parle de l'arthrose du genou. Les traitements ayant une efficacité démontrée sont la kinésithérapie et l'activité physique (qui vise à obtenir en plus des bienfaits musculaires, une perte de 5 à 10% de poids). Pour les phases de douleurs aigües, les AINS locaux et les infiltrations de corticoïdes peuvent soulager mais ne sont pas des options efficaces à long terme. La chirurgie peut alors être envisagée. Cependant, il est rappelé que les infiltrations d'acide hyaluronique n'ont pas fait preuve de leur efficacité et devraient être évités, tout comme le plasma riche en plaquettes, les cellules souches, la glucosamine et autres "arthro-protecteurs". Enfin, les antalgiques de pallier 3 ont une balance bénéfice-risque défavorable dans cette indication.
Un essai randomisé américain a comparé la colchicine versus placebo chez les patients avec coronaropathie stable (cf ici). De façon exploratoire,
ils ont comparé si les patients sous colchicine 0.5mg/j plus ou moins
souvent opéré d'arthrose de hanche et de genou. Et en effet, les
patients traités étaient moins fréquemment opérés (NNT = 250 patients
par an). On peut supposer que la colchicine par son action antalgique
permet de rendre les douleurs suffisamment supportables pour en pas
avoir recours à une chirurgie de l'arthrose. Si le bénéfice de la
colchicine dans la coronaropathie stable peut permettre moins de
chirurgie de l'arthrose en bénéfice secondaire, il n'est pas certain que
le bénéfice soit supérieur aux risques chez la grande majorité des
patients souffrant d'arthrose.
Une étude du NEJM a comparé les infiltrations de corticoïdes (3/an maxi) versus rééducation dans la gonarthrose en soins primaires. Les auteurs retrouvent une amélioration supérieure du WOMAC à 1 an chez les patients traités par kinésithérapie. Il est dommage qu'il n'y ait pas eu un groupe corticoïdes + kiné pour voir quand même si les corticoïdes pouvaient apporter une plus-value. Cette étude fait suite à celle disant que la chirurgie ne fait pas mieux que la kiné, les seuls traitements ayant vraiment démontré une efficacité étant la kiné et l’activité physique.
Une étude s'est
intéressée a l'arthrose, en comparant l'efficacité du célécoxib versus
diacéréine. Les auteurs retrouvent que la diacéréine 50x2/j n'est pas
inférieure au célécoxib 200mg/j dans cette essai randomisé ayant comme
critère de jugement le WOMAC à 6 mois. La conclusion est, pour moi,
toujours la même: cela ne prouve pas d'efficacité de la diacéréine car
le célécoxib à la dose de 200mg est connu pour être une dose sous-optimale
permettant d'avoir peu d'effets indésirables mais aussi peu
d'efficacité. La diacéréine est donc aussi efficace qu'un traitement
inefficace (ou le célécoxib 200/j est aussi inefficace que la diacéréine qui est aussi connue pour être inefficace, hein). La même équipe avait déjà publié l'étude célécoxib 200/j versus glucosamine avec un résultat et une conclusion qui est superposable à celle ci.
Les traitements de l'arthrose sont peu ou pas efficaces, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils sont déremboursés. Alors je me suis intéressé à un essai de non infériorité: la chondroïtine associée à la glucosamine versus celecoxib à 200mg/j. Les auteurs ont réussi à prouver la non infériorité du traitement anti-arthrosique (évalué sur l'évolution du WOMAC à 6 mois)! Cependant, est-ce que cela signifie que les anti arthrosique sont efficaces ou que le celecoxib est inefficace? C'est probablement le celecoxib qui n'est pas efficace si on se fie à l'article cité plus haut dans ce Dragi Webdo, car 200mg par jour est la dose minimale de traitement qui soulage très mal la douleur... Un bras placebo aurait été intéressant pour objectiver une potentielle absence de bénéfice des traitements.
Dans la lignée des outils d'aide à la décision, un article du BMJ met en balance le traitements chirurgical par arthroscopie et le traitement conservateur de la gonarthrose. Les auteurs se positionnent contre le traitement arthroscopique de la gonarthrose, mais il est dommage que le traitement par prothèse de genou n'ait pas été évalué en parallèle.
Un essai contrôlé randomisé du JAMA n'a pas retrouvé de bénéfice en terme de douleur avec la triamcinolone (corticoïde) en infiltration dans la gonarthrose par rapport à l'injection de sérum physiologique. En revanche, la perte cartilagineuse était supérieure dans le groupe traité par corticoïdes.
Le NEJM a publié une étude contrôlée randomisée portant chez des patients avec une arthrose du genou. Chez des patients de 66 ans environ, un traitement chirurgical (prothèse totale) améliorait davantage la qualité de vie que le traitement non chirurgical (rééducation, diététique et antalgiques) à 1 an.
Le paracetamol est mis à mal dans la lombalgie depuis le début de l'année. Une revue de la littérature publiée dans le BMJ trouve également que le paracetamol n'a pas d'efficacité démontrée dans la lombalgie aigue. Cependant, il y aurait de faible bénéfice dans l'arthrose de genou et de hanche.
L'autre question que l'on peut être amené à se poser concerne les injections de corticoïdes dans la gonarthrose. Une injection ne semble pas avoir d'effet significatif sur l'échelle de douleur avant de débuter une rééducation par exercice physique. Dans la gonarthrose, l'exercice et le paracetamol sont les mesures modérément efficaces.
On avait parlé du bénéfice débattu des infiltrations de corticoïdes (ici et ici vs là et là), voici une étude qui
les évalue lorsqu'ils sont utilisés dans les 3 mois précédent une
intervention arthroplastie totale de genou. Les auteurs retrouvent une
augmentation de 26% du risque d'infection du site opératoire en cas
d'infiltration dans les 3 mois avec un NNH de 175 patients. Entre 3 et 6
mois, l'augmentation de ce risque n'était plus significative, p=0.06,
mais rappelons que c'est une évaluation sur critère secondaire
exploratoire donc cette tendance est probablement aussi à prendre en
compte)
Arthrose toujours, cet essai randomisé
a évalué le semaglutide dans la gonarthrose chez des patients de 56 ans
en moyenne avec IMC moyen de 40. Encore une fois, les patients du
groupe semaglutide ont perdu 13% de leur poids en moyenne versus 3%
sous placebo, ce qui s'est traduit par une amélioration du WOMAC de -42
points vs -27 points, respectivement (Womac de départ = 70/100). Mais
bon, vu qu'on va plus pouvoir en prescrire...
Les
Krill sont des petits crustacés des mers du Nord notamment, et certains
ont cherché à en faire de l'huile et à l'injecter dans le genou des
gens (vu que l'acide hyaluronique ne marche pas, que le PRP aussi,
fallait bien tester quelque chose... enfin, ils ont pas encore injecté
de la vitamine D directement dans le genou, mais on est pas loin de
l'injection de huile de foie de morue) Cet essai randomisé du JAMA a donc testé les injections d'huile de krill dans la gonarthrose. Soyons brefs, ça ne fonctionne pas.
Image de macrovector sur Freepik
Dans la catégorie "toujours plus", cet essai randomisé a testé le méthotrexate 10
à 25mg vs placebo pendant 12 mois dans la prise en charge de la
gonarthrose. Sur une échelle numérique (0-10), les patients étaient à
6,5 initialement, et l'amélioration de la douleur s'est faite dans les 2
groupes et a atteint 5,1 dans le groupe MTX et 6,2 dans le groupe
contrôle, soit une réduction significative en faveur du MTX de 0,8
points sur 10. Ce bénéfice est modéré et comparable à celui d'un AINS.
Bref, même si ça pourrait soulager légèrement, la balance bénéfice
risque est moins favorable que d'autres traitements disponibles.
Pour rester dans l'arthrose, une méta-analyse Cochrane a étudié les effets de la chondroitine. Comme attendu, l'efficacité est faible et incertaine, avec une diminution de 6% des douleurs (score WOMAC), pour des durées inférieures à 6 mois de traitement. Les effets indésirables n'étaient pas supérieurs au placebo, mais 3% d'effet indésirable graves, c'est toujours plus que rien...
Une méta-analyse Cochrane a retrouvé une efficacité de l'exercice dans la gonarthrose. Il permet d'accélérer l'évolution favorable et fait donc du sport un des principal traitement de cette pathologie, entrainant même une baisse de la consommation d'antalgiques et donc probablement des effets indésirables.
Passons d'un extrême de la vie à l'autre. Gériatrie. On hésite souvent à faire opérer les patients de plus de 80 ans. Effectivement, selon l'association américaine de chirurgie orthopédique, il y a une mortalité supérieure par rapport aux patients de 65 à 79 ans dans les suites opératoires des chirurgies orthopétiques, mais le surrisque semble minime, notamment chez des patients avec peu de comorbidités chez qui l'oppération pourrait être vraiment profitable.
Voici une revue systématique du BMJ concernant
la visco-supplémentation à l'acide hyaluronique dans la gonarthrose. Au
total, les données de plus de 20000 patients ont été analysées. Les
patients traités par visco-supplémentation avaient une baisse
statistiquement significative de la douleur de 2mm sur une échelle de
100mm, ce qui est en dessous du seuil de pertinence clinique fixé à
10mm. Concernant le score fonctionnel, il y avait également une
amélioration significative mais inférieure au seuil de pertinence
clinique. En parallèle, il y avait une augmentation des effets
indésirables graves en cas de viscosupplémentation (3.7% vs 2.5% , NNH
=84). Bref, diffusions largement l'inutilité de ces traitements, non
remboursés et non recommandés (cf ici ou là).
Beaucoup de choses ont déjà été essayées dans la gonarthrose. Cet article d'Annals of Family medicine
étudie l'injection intra-articulaire de dextrose hypertonique dans le
cadre d'une prolothérapie (thérapie complémentaire/alternative visant à
faire proliférer les structures). Les auteurs ont randomisé 76 patients
pour recevoir soit des injections de dextrose, soit du sérum salé. A 1
an, les auteurs retrouvent que le WOMAC était plus faible chez les
patients ayant reçu le dextrose (-10 points sur 50), tout comme le score
fonctionnel du WOMAC. Il y avait également une meilleure évaluation de
la qualité de vie évaluée par l'EQ5D, et aucun effet secondaire
significatif n'a été noté. Bref, attendons d'autres études avant de nous
lancer sur ce remède miracle.
Un article a
randomisé des injections articulaires de plasma riche en plaquettes
versus placebo dans la prise en charge de la gonarthrose. Après 12 mois,
la différence de douleurs entre le traitement et le placebo n'était pas
significative. Bref, il n'y a toujours pas d'intérêt démontré à ce type
de traitement.
Le BMJ aborde
les poussées d'arthrose. Elles se manifestent par une poussée
douloureuse soudaine, pire que les douleurs habituelles, avec raideur
matinale > 20min et oedèmes pendant au moins 24 heures et affectant
le sommeil et les activités quotidiennes. Elles durent de 3 à 8 jours
avec une évolution favorable avec ou sans traitement. Elles sont
favorisées par des activités physiques plus intenses, les altérations
psychologiques et la fatigue, ainsi que par les temps froids et humides.
Le traitement de 1ère intention repose sur les AINS. Le paracétamol et
les opioïdes sont utilisés en 2ème intention. L'activité physique
régulière permettrait de réduire la fréquence des crises.
Un essai contrôlé
randomisé publié dans le Lancet a comparé la rééducation en
télé-rééducation versus en présentiel chez 400 patients avec gonalgie
chronique. Les 2 modes de rééducation ont permis de réduire la douleur
et d'améliorer la fonction à 3 mois, avec une équivalence entre ces deux
modes. La rééducation à distance semble donc aussi efficace qu'en
présentiel. On noter cependant qu'il n'y a eu, au cours des 3 mois que 5
séances de rééducation, ce qui semble peu...
2/ Coxarthrose
Un article du JAMA s'est
intéressé au diagnostic de coxarthrose, et l'important, c'est l'examen
clinique. L'article remontre donc les amplitudes normales de la hanche
pour bien savoir l'évaluer.
-
Une douleur médiane de la cuisse, des douleurs postérieures lors de
flexions (squats), une douleur de l'aine à l'abduction ou à l'adduction,
une diminution des amplitudes passives et une faiblesse des abducteurs
ont un rapport de vraisemblance positif supérieur à 4.
-
Les signes en faveur d'une arthrose sévère sont la présence d'au moins 4
ou 5 signes suivants: l'âge > 60 ans, douleur des ligaments
inguinaux, diminution de l'adduction, diminution de la rotation interne,
diminution de la rotation externe, limitation des amplitudes passives,
et faiblesse des abducteurs.
Ainsi,
d'après l'algorithme proposé, la radiographie n'est nécessaire qu'en
cas d'argument pour une arthrose sévère pouvant nécessiter un traitement
chirurgical. Sinon, le traitement antalgique et la kiné suffisent.
Une étude du Lancet s'est
intéressée à la durée de vie des prothèses de hanches. Alors, certes,
je ne vais pas opérer, mais ça peut m'aider à informer les patients. Et
là, les données sont aussi fiables que celles des autorités versus
celles des organisateurs. En effet, d'après les séries de cas publiés,
les prothèses seraient encore intactes après 25 ans chez 77% des
patients, alors que d'après les registres de prothèse (notamment issus
des pays scandinaves), ça serait plutôt 57% des patients. On peut dire
quand même que chez la majorité des patients, la durée de vie des
prothèses est supérieure à 25 ans.
Dans une cohorte de
patients âgés de 45 à 65 ans, une étude du BJGP retrouve que parmi
ceux avec des douleurs de hanche, 13.3% avaient de l'arthrose avancée et
41.2% de l'arthrose débutante à la radio et que parmi ceux sans douleur
de hanche, 9.5% avaient de l'arthrose avancée radiologique et 35.3% de
l'arthrose débutante. Donc même s'il y a une association statistique
entre les douleurs et les anomalies radiologiques, une part non
négligeable peut avoir des signes radiologiques sans arthrose
symptomatique (on en avait déjà parlé ici)
Le BMJ a publié une étude sur la concordance entre les résultats d'une radiographie de hanche et les douleurs de hanche des patients.
Les auteurs retrouvent une faible concordance entre les deux,avec des
sensibilités de la radiographie entre 10 et 30% et des spécificités qui
sont supérieures à 90%. La valeur prédictive positive est également
faible, avec une valeur prédictive négative de plus de 95%. Ainsi, en
cas d'arthrose radiologique, il n'y a pas fréquemment de douleur
associée,et cas de douleur il n'y a pas non plus souvent de signes
radiologiques d'arthrose. Le traitement de la coxarthrose prouvée
radiologiquement étant le même que celui de la coxarthrose clinique, ne
pas se fier forcément aux radios et soulager le patient semble être une
bonne chose.
Un essai pragmatique
incluant 199 patients a évalué l'efficacité d'une infiltration de
corticoïdes et de lidocaïne écho-guidée dans la prise en charge de la
coxarthrose par rapport au "best current treatment" à savoir les
conseils et l'éducation seuls. Les auteurs retrouvent que l'infiltration
de corticoïdes (triamcinolone) + lidocaïne améliore la douleur de 1,4
points sur 10 au cours des 6 mois de suivi. En fait, quand on regarde la
figure, le bénéfice semble "important" à 2 semaines, puis diminue pour
ne plus être significatif après 3 mois. Concernant les effets
indésirables, 6% des patients ont eu une réaction au point d'injection
et autant des flushs (NNH= 4 patients). Il y a eu 7 effets indésirables
graves sont 1 décès par endocardite sur prothèse valvulaire 4 mois après
l'infiltration et potentiellement imputable. Au total, la balance
bénéfice-risques n'est pas si favorable que ça.
Dans un essai randomisé du NEJM,
la prise en charge chirurgicale de la coxarthrose sévère avec
indication opératoire est supérieure au traitement conservateur par
kinésithérapie (resistance training).
3/ Arthrose des mains
Un essai contrôlé randomisé du Lancet a
étudié dans la prise en charge de l'arthrose des mains et versus placebo, un
traitement par prednisone 10mg pendant 6 semaines suivies de 2 semaines
de décroissance puis de 6 semaines sans traitement. Il y avait
effectivement moins de douleurs dans le groupe traitement à 6 semaines
(moins 20 points sur 100 à l'EVA), sans majoration des effets
indésirables, mais il n'y avait plus de différence à la fin de l'étude.
Je ne suis pas certains que cela vaille le coup d'exposer des patients
avec arthrose aux effets secondaires à moyen terme des corticoïdes pour
un résultat aussi transitoire.
Des auteurs ont testé l'hydroxychloroquine dans le traitement de l'arthrose des mains.
Les résultats de cet essai contrôlé randomisé sont une absence
d'efficacité par rapport au placebo. Dommage que le comparateur n'ait
pas été du paracetamol, peut être que le paracetamol aurait été
supérieur pour une fois!
2023: Un article canadien aborde leurs nouvelles recommandations de dépistage de l'ostéoporose. Pour recontextualiser : aux Etats -Unis, le dépistage par DMO est recommandé systématiquement à 65 ans et en France,
il n'y a pas de dépistage systématique mais seulement si facteurs de
risque. Cette recommandation canadienne s'appuie sur un article danois
et propose un dépistage systématique à 65 ans par calcul du FRAX sans
utilisation de la DMO. La DMO n'est indiquée qu'en seconde intention en
cas de FRAX supérieur à 15%. Ils recommandent ce dépistage systématique
chez toutes les femmes à 65 ans. Le dépistage avant 65 ans ou chez
l'homme n'est pas recommandé. Cette approche permet de passer en revue
les principaux facteurs de risque d'ostéoporose à 65 ans et de faire la
DMO aux patients les plus à risque. C'est proche des recos HAS, mais
mieux cadré.
2022: L'American College of physicians
a publié des recommandations concernant la prise en charge de
l'ostéoporose. Ils recommandent l'utilisation de bisphosphonates en 1er
lieu dans le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique (cf tableau)
et les suggèrent dans l'ostéoporose masculine (efficacité uniquement sur
le nombre de fracture radiologique vertébrales, pas cliniques, et pas
de hanche). En cas de contre-indication ou d'effets indésirables, le
dénosumab est l'option proposée de 2ème ligne avec un niveau de preuve
faible à modéré. Enfin, ils recommandent d'individualiser l'indication
thérapeutique chez les patientes avec ostéopénie de plus de 65 ans.
2021:La société américaine de la ménopause
a publié des recommandations concernant la prise en charge de
l'ostéoporose. Ils rappellent les causes iatrogènes favorisant la perte
de densité osseuse et les fractures (notamment anti-aromatases,
corticoïdes, IPP, IRS, iSGLT2, les hypoglycémies et l'hyperthyroïdie).
Le dépistage est recommandé chez les femmes de plus de 65 ans ou avant
si facteurs de risque. Le bilan de recherche de cause secondaire
comprend NFS-plaquettes, calcémie, phosphorémie, albuminémie, EPP,
créatininémie, PAL, vitamine D, PTH, TSH, Ac anti transglutaminase,
calciurie des 24h (et aussi, cortisol libre urinaire des 24h et tryptase
pour rechercher une mastocytose... bon...). Le traitement est
recommandé si antécédent de fracture vertébrale/rachidienne, ostéoporose
à un des site ou ostéopénie + fracture périphérique ou FRAX >20%
pour les fractures majeures ou >3% pour les fractures de hanche.
Enfin les traitements proposés sont un peu déconnectés, proposant aussi
bien des bisphosphonates que du raloxifène ou le denosumab.
2021: Le collège de gynécologie américain
a publié des recommandations concernant l'ostéoporose. Il recommande
d'avoir une activité physique régulière et des apports alimentaires
adaptés de calcium et en vitamine D (avis d'expert). Les auteurs
recommandent un dépistage si facteur de risque avant 65 ans et
systématique à 65 ans chez toutes les femmes ménopausées (contrairement à
la HAS qui
recommande un dépistage basé sur les facteurs de risques). En cas de
résultats proche d'un seuil de traitement, ils recommandent de ne
refaire la densitométrie osseuse qu'à 2 ans (et pas avant).
2021: Le GRIO a
publié de recommandations sur la prise en charge de l'ostéoporose
masculine [Edit: Elles sont a prendre avec un peu de distance compte
tenu des liens d'intérêt des auteurs]. Elles ont été faites pour essayer
de se rapprocher de celles concernant les femmes. Concernant le
dépistage, il est recommandé de dépister l'ostéoporose à partir de 70
ans ou quel que soit l'âge en cas de facteurs de risque (corticothérapie
prolongé, hyperthyroïdie, hypercorticisme, HPTP, chutes répétées, VIH,
maladies pulmonaires chroniques, rhumatismes inflammatoires, ostéogenèse
imparfaite), de fracture spontanée/liée à un traumatisme mineur ou de
découverte de fracture vertébrale.
En
cas de fracture par fragilité ou de DMO < -3, le bilan de fragilité
osseuse comprend: calcémie, albuminémie, phosphatémie, créatininémie,
EPP, NFS-plaquettes, CRP, 25(OH)vitamineD, ASAT, ALAT, GGT, PAL et
testostérone totale. Chez un sujet jeune, on peut faire un bilan
beaucoup plus exhaustif, plutôt du ressort du spécialiste.
Sur
le plan thérapeutique, la supplémentation en vitamine D et un
ajustement des apports alimentaire calciques (mais pas de compléments en
calcium qui n'ont pas de bénéfices prouvés) sont recommandés. Le
traitement est recommandé par acide zolendronique si possible car c'est
le seul traitement vraiment éprouvé chez l'homme. Le risendronate et
alendronate sont des alternatives. Voici les indications (l'utilisation
du Frax est à limiter aux cases "avis spécialisé" des "fractures non
sévères" et "pas de fracture"):
La réévaluation du traitement se fait à 2-3 ans et les critères d'arrêt sont les suivants:
Pas de nouvelle fracture
pas d’apparition de nouveaux facteurs de risque d’ostéoporose;
pas de diminution significative de la DMO > 0,03g/cm2
en cas de fracture sévère, un T-score au col du fémur > -2,5 voire > -2
2019: Après les recos américaines sur l'ostéoporose de la semaine dernière, la HAS a
publié une fiche sur les traitements de l'ostéoporose. Il n'y a pas
clairement de dépistage systématique recommandé, mais
l'ostéodensitométrie est proposée en cas de facteurs de risques :
fracture par fragilité, corticothérapie prolongée, ménopause précoce,
fracture du col chez un apparenté au 1er degré, IMC < 19, affections
particulières (hypogonadisme prolongé chirurgical ou médicamenteux comme
avec les agonistes de la Gn-RH ou les antiaromatases, hyperthyroïdie
évolutive non traitée, hypercorticisme, hyperparathyroïdie primitive),
mais aussi âge > 60 ans et le tabagisme Donc, faut il faire une DMO
chez tous les fumeurs et tous les plus de 60 ans? C'est pas très
clair...
La
HAS recommande, avant tout traitement de corriger une carence en
vitamine D (par supplémentation ou ajustement des apports alimentaires),
de sevrer le tabagisme et d'effectuer une activité physique. Quand un
traitement par bisphosphonate est indiqué, le bilan dentaire est
recommandé.
2018: Le GRIO vient
de mettre à jour ses recommandations de prise en charge de
l'ostéoporose version 2018. Il n'y a pas de différence majeures avec
celles de l'an dernier. e vous mets en dessous les indications de traitement (par avis du
spécialiste, il faut en fait comprendre "Calcul du Frax", mais d'après
le groupe, c'est plutôt le spécialiste qui remplis les petites cases du
score). Je retiens surtout quand arrêter le traitement. Il faut
réévaluer à 2-3 ans et que tous les critères soient présents:
- pas de fracture ni de nouveau facteur de risque sous traitement
- T-SCORE fémoral supérieure à -2,5
- absence de perte osseuse significative (variation de la DMO < 0,03g/cm²)
2018: L'USPSTF a
émis des recommandations sur le dépistage de l'ostéoporose. Elles sont
particulièrement larges. En effet, chez la femme ménopausée âgée de
moins de 65 ans , la recherche d'ostéoporose par ostéodensitométrie est
recommandée chez les femmes avec au moins 1 facteur de risque: antécédent
familial de fracture du col du fémur, tabagisme, dépendance à l'alcool,
maigreur. (ça c'est un peu comme les recos françaises, mais avec un peu
plus de facteurs pris en compte et sans la corticothérapie au long
court). Chez les femmes de plus de 65 ans, ils recommandent une
recherche d'ostéoporose même en l'absence de facteurs de risque. C'est
un peu étonnant, d'autant plus que le taux d'obésité est important et
que c'est un facteur protecteur (mais peut être que ces obésités
s'accompagnent de carences alimentaires pouvant favoriser les
fractures...)
2018: L'USPSTF a évalué le bénéfice de la supplémentation en vitamine D chez les patients âgés de plus de 65 ans et recommande de ne pas supplémenter en l'absence d'ostéoporose ou de déficit. Comment mettre en pratique cela en France? Soit, doser la vitamine D, ce qui n'est pas recommandé et pas non plus coût efficace, soit considérer qu'en France, tous les plus de 65 ans ont un déficit et supplémenter en se rappelant que le niveau de preuve, en prévention primaire est particulièrement faible. Il en est de même pour la supplémentation calcique ou l'association calcium/vitamine D.
2017: L'académie de médecine américaine a publié des recommandations sur la prise en charge de l'ostéoporose. Dans les principaux points, on trouve que le traitement doit être mené durant 5 ans avant une réévaluation par ostéodensitométrie (et pas avant 5 ans) et que ni les traitements estroprogestatifs ni le raloxifène ne sont recommandés dans le traitement de l'ostéoporose. La seule recommandation de haut niveau de preuve concerne les molécules avec un bénéfice clinique sur les fractures vertébrales et de hanche (mais la reco ne précise pas si c'est en prévention primaire ou secondaire): alendronate, ridendronate, acide zoledronique et denozumab. Les auteurs ne statuent pas non plus sur la supplémentation calcique/vitamine D car les bénéfices et risques sont incertains et divergeant selon les études.
2016: Les américains ont mis à jours leurs recommandations sur l'ostéoporose se
concentrant sur la durée du traitement par bisphosphonate. La société
savante recommande des "vacances thérapeutiques" après 5 ans de
traitements en l'absence de fracture grave si le T-score est supérieur
-2,5. Cependant, en dehors de cette situation précise, le groupe ne
donne pas de conduite à tenir autre que "réévaluer la balance
bénéfice/risque".
2015: Les société savantes américaines ont statué sur l'ostéoporose et les indications d'examens complémentaires. L'ostéodensitométrie est
recommandée chez les hommes et femmes de plus de 50 ans ayant eu une
fracture à l'âge adulte, ou avec des facteurs de risque de fracture ou
avec un risque de fracture élevé selon le FRAX, chez les femmes de plus
de 65 ans et les hommes de plus de 70 ans. Entre autres circonstances
classiques, une imagerie vertébrale est également recommandée en cas de
perte de 2cm notifiée de façon "prospective" ou d'antécédent de perte de
4cm de taille.
2014: On reste dans la rhumatologie pour parler de prise en charge de l'ostéoporose. La HAS a en effet publié une fiche sur les médicaments de l'ostéoporose, les traitements et quand les mettre en place selon le risque de fracture. Petit regret, l'absence d'évocation du score FRAX dans la prise en charge.Les schémas de la HAS sont relativement simples et pratiques à utiliser.
L'algorithme de dépistage de l'ostéoporose des recommandations canadiennes est particulièrement intéressant, on en avait parlé ici. Un article du NEJM propose une synthèse concernant l'ostéoporose, plutôt proche des recommandations américaines :
dépister par DMO à 65 ans, ou avant si facteurs de risque
bilan
initial: NFS, créatininémie, calcémie, phosphatémie, albuminémie,
vitamine D, PAL, et selon le contexte clinique: TSH, PTH, EPP, IgA
anti-TG, calciurie des 24h.
traitement
si très haut risque (t-score < -2.5 et fracture rachis/hanche) voire
risque élevé (t-score <-2.5 ou fracture hanche/rachis ou ostéopénie +
Frax avec risque de fracture majeur >20% ou risque de fracture de
hanche > 3%)
les bisphosphonates (alendronate, risendronate ou zolendronate) sont
recommandés en 1ère intention, pour un durée de 3 ans si IV, 5 ans si
per os, avec une pause d'environ 1 an, après cette durée avant de
reprendre pour réduire le risque de fracture paradoxale (4.5 -> 0.5
pour 10 000)
Concernant
la vitamine D chez les patients avec ostéoporose, l'article dit
"Certains experts et recommandations recommandent d'ajuster l'apport en
vitamine D pour atteindre des taux sériques de 25-hydroxyvitamine D
supérieurs à 20 à 30 ng par millilitre, mais cette approche est
controversée et n'est pas étayée par des données rigoureuses"
Un article du Lancet Diabetes and endocrinology s'est intéressé à l'ostéoporose masculine. L'article est assez proche de ce que recommande le GRIO (cf ici).
Selon les auteurs, 1 patient sur 15 avec une fracture de hanche décède
durant l'hospitalisation est 1/3 décède dans l'année suivante. Le
dépistage est souvent recommandé à 65 ans ou avant si facteurs de
risque, ainsi qu'en cas de perte de 4 cm de taille, d'antécédent de
fracture vertébrale ou d'indication à une corticothérapie de plus de 3
mois. Bien que non évalué spécifiquement le FRAX est l'outil recommandé
pour évaluer le risque de fracture. Ainsi, un traitement serait indiqué
(d'après les sociétés savantes) en cas d'antécédent de fracture de
hanche ou vertébrale, de T-SCORE < -2,5, de Frax avec un risque de
fracture de hanche > 3% ou de fracture majeure > 20%. Les
bisphosphonates améliorent la densité osseuse, mais seul le zoledronate
semble avoir démontré une efficacité sur les fractures vertébrales à 3
ans en prévention secondaire.
Les recommandations HAS et américaines sont en opposition sur le dépistage de l'ostéoporose (si facteur de risque en France et systématique à 65 ans aux Etats Unis). Plutôt que d'utiliser les facteurs de risques pour les femmes de moins de 65 ans, les américains proposent l'utilisation de scores évaluant le risque de T score < -2,5. L'OST est recommandé car c'est le plus simple et facile à réaliser en consultation, avec une sensibilité meilleure que le FRAX. On pourrait même demander au éditeurs de logiciels de le calculer automatiquement a coté de l'IMC! (L'OSIRIS a pas l'air mal, mais n'est pas vraiment comparé aux autres dans l'article, dommage.)
Cet article du JAMA concernant
les personnes âgées (de plus de 80 ans, globalement) est plus strict
que les recommandations françaises sur la question (qui recommandent un
traitement pour un T-score < -3 et un calcul du FRAX pour un T-score
> -3). En effet, un traitement devrait être entrepris pour les
patients dont l'espérance de vie est supérieure à 2 ans avec :
antécédent de fracture vertébrale ou du col fémoral
T-score < -2,5
score FRAX élevé c'est à dire: > 3% pour le risque de fracture de
hanche ou > 20% pour le risque de fracture majeure (et non sur un
risque supérieur à un seuil évolutif avec l'âge concernant uniquement le
risque de fracture majeure)
score FRAX limite avec des facteurs de risques supplémentaires (chutes,
troubles cognitifs, incontinence urinaires, troubles neurologiques,
hypotension orthostatiques, risque iatrogène)
Voici
la prise en charge recommandée, sachant que le nombre de sujet à
traiter pour éviter une fracture de hanche est d’environ 200 patients:
Une étude du JAMA internal medicine
s'est intéressée aux risques compétitifs de fracture du col du fémur et
de mortalité chez des patientes de plus de 80 ans. Les auteurs
retrouvent que chez ces patientes, le risque de fracture de hanche
relativement est élevé (13%) par rapport au risque de mortalité (25%) à
5ans en cas d'ostéoporose ; en revanche, le risque de fracture était
plutôt faible (4%) par rapport au risque de mortalité (19%) chez les
patientes sans ostéoporose. Plus les patientes avaient un nombre de
comorbidité élevé, plus le risque de mortalité était important et le
risque de fracture faible. Ainsi, chez les patientes de plus de 80 ans,
un risque de fracture élevé ne devrait peut-être pas entrainer
l'introduction d'un traitement en l'absence d'ostéoporose avérée.
Une étude anglaise
a randomisé un dépistage du risque d'ostéoporose par le FRAX, organisé
chez les patients de 70 à 85 ans de façon systématique en médecine
générale. Quatorze pourcent des patientes du groupe dépisté avaient une
indication de traitement (risque supérieur au risque de fracture à 10
ans donné par le FRAX). Ce dépistage n'a pas réduit la survenue de
fractures "toute cause", ni la mortalité, ni la qualité de vie. Seules
les fractures de hanches sont été réduites de 30 % (NNT= 111), ce qui
correspond à un résultat plutôt fragile vu que ce n'était qu'un des
critères de jugement secondaires. De plus, l'étude ne parle pas des
effets indésirables du dépistage, des effets indésirables des
traitements introduits.
Un article du Jama Internal Medicine
s'est intéressé aux fractures post ménopausiques. Les auteurs ont
retrouvé que le risque de récidive de fracture était augmenté que la
fracture initiale soit post-traumatique sévère (accident de voiture, de
sport, chute de haut ou dans les escaliers) ou à faible traumatisme.
Ainsi, la recherche d'ostéoporose pourrait également être effectuée en
cas de fracture liée à un traumatisme sévère.
Sur Twitter, @Brain_Juice m'a fait très justement remarqué que je n'avais pas parlé d'une étude du NEJM publié
il y a quelques semaines, alors qu'elle la trouvait très intéressante,
de son point de vue d'interne en gériatrie. Cette étude randomisait des
patientes avec ostéopénie en un traitement par acide zolendronique
injectable versus placebo. Les résultats sont sans appel: dans
l'ostéopénie, ce bisphosphonate réduit les fractures significativement
avec une NNT de 63 patients par an pour éviter une fracture de tout type
(hanche, rachis, poignet...), sans effet indésirable grave notable
supérieur. On regrettera quand même certains points: les fractures du
col fémoral ne sont pas réduites significativement, alors que tout
l'intérêt du traitement de l'ostéoporose est de limité la
morbi-mortalité qui est essentiellement liée à ces fractures (c'est pour
ça que l'indication de traitement repose sur le score FRAX comparé au
risque de fracture fémorale). Donc, oui, éviter des fractures du
poignet, ça évite de faire mal, mais ça ne réduit pas la mortalité.
Parce que, si l'on devait traiter tout le monde (oui, les patientes
inclues avaient un T score inférieur à 1 et un âge > 65 ans, ce qui
doit bien faire 80% des femmes de cette tranche d'âge), selon moi, le,
bénéfice doivent être important. Comme pour les statines qui sont
réduisent le risque cardiovasculaire de 20% chez tout le monde, mais le
bénéfice clinique est faible chez les patients à faible risque
cardiovasculaire. De plus, sur les effets secondaires, on voit les
effets graves non augmentés, mais la puissance de l'étude n'est pas
souvent calculée pour cela, les effets moins graves (troubles digestifs,
hypocalcémie...) ne sont même pas cités. On voit bien un moindre nombre
de cancers, sans explication rationnelle, probablement le hasard lié
aux multiples analyses. Enfin, on remercie Novartis pour sa
participation. Je pense que ce traitement d'ostéopénie contribue au disease mongering
: on veut rendre pathologique ce qui ne l'es pas encore, traiter ce qui
n'est pas encore une maladie, comme on veut traiter le pré-diabète,
traiter les dysthyroïdies asymptomatiques, traiter la pré-ostéoporose,
Bref, une étude très intéressante, qui, pour des rhumatologues pourrait
inciter à traiter les patients avec facteurs de risque de fracture dès
le stade d'ostéopénie. Mais du point de vue du généraliste, je pense que
le bénéfice est encore trop mal établi car il n'y a pas d'autres études
allant dans ce sens pour le moment.
En 2018, nous parlions de cette étude du NEJM trouvant
un bénéfice à l'acide zolédronique chez les patientes avec ostéopénie
(4 injections à 18 mois d'intervalle), permettant une réduction du
risque de fracture toute localisation à 6 ans avec un NNT de 63. Le Lancet Diab&endoc
a publié le suivi à 10 ans de 750 des 1000 femmes assignées au groupe
traitement. Les auteurs trouvent que la réduction de fractures par
rapport au groupe placebo s'est maintenue jusqu'à entre 1,5 à 3,5 ans
après la dernière injection seulement. Sur le plan des effets
indésirables, il n'y a pas eu de fracture atypique ni d'ostéonécrose
mandibulaires. Ainsi, cela fait dire qu'il faudrait maintenir le
traitement pour que l'efficacité soit possiblement conservée, mais cela
ne serait probablement pas coût efficace en population générale et
contribuerai encore une fois au disease mongering.
Le BMJ a publié une comparaison des outils d'évaluation de l'ostéoporose. Le FRAX et le QFracture s'en sortent bien avec des spécificité d'environ 90% mais des sensibilité plutot faibles respectivement de 43% et 61% pour les fractures de hanches et 29% et 36% pour les fractures ostéoporotiques majeures. Donc léger avantage au QFracture néanmoins.
Le BMJ s'est
intéressé au sur-diagnostic d'ostéoporose pour prévenir les fractures
du col fémoral. Leur analyse retrouve que le nombre de patiente à
traiter pour éviter 1 fracture de hanche est de 175 pendant 3 ans, et
que 75% des femmes de plus de 65 ans pourraient recevoir un traitement
selon les recommandations américaines... Si l'on regarde le forest-plot
suivant étudiant l'efficacité des bisphosphonates, on observe que dans
les études portant sur la prévention primaire exclusivement, un
traitement par bisphosphonate n'a pas d'efficacité significative. En
prévention secondaire, la diminution du risque de fracture atteint 40%.
Concernant la prévention des chutes du sujet âgé,
l'INSERM recommande que les patients et médecins soient sensibilisés et
que ces derniers effectuent annuellement une évaluation du risque de
chute via des tests simples:
Etes vous tombé cette année? si oui, combien de fois?
Get up and go test chronométré
Le risque est élevé en cas de plusieurs chutes dans l'année (ou 1 avec fracture) ou d'un test supérieur à 14secondes.
En
prévention, il est nécessaire de réévaluer les ordonnances des patients
âgés pour diminuer les effets secondaires et de les encourager à avoir
une activité physique.
3/ Traitement
Une étude du BMJ aborde
la réduction du risque de fracture avec les traitements
anti-ostéoporotiques. Dans cette revue systématique en réseau, la moitié
des 73 essais inclus concernaient les bisphosphonates versus placebo.
En comparaison directes, les bisphosphonates réduisaient le risque de
fracture de 14 pour 1000 patients traités, le Romosozumab de 9 pour 1000
et le tériparatide de 35 pour 1000. Ces deux dernières classes
semblaient supérieures aux bisphosphonates en termes de fractures
cliniques (le Romosozumab sur les fractures vertébrales et de hanches,
et le teriparatide uniquement sur les fractures vertébrales). Le
denozumab ne faisait pas mieux que le placebo sur les fractures majeures
(mais était supérieur aux bisphosphonates sur les fractures
vertébrales). Concernant les effets indésirables, seuls les
bisphosphonates avaient un sur-risque d'effets indésirables probablement
sous-estimé pour les autres molécules dont les études étaient moins
nombreuses.
Concernant l'ostéoporose, un article reprend
les effets à court et long terme des traitements de l'ostéoporose. Le
graphique suivant montre l'efficacité sur les fractures non vertébrales,
notamment avec des bisphosphonates. Malheureusement le graph n'a pas
été fait pour les fractures vertébrales. Le texte rappelle juste que
l'alendronate diminue ces dernières de 50%. L'autre information
intéressante est le plateau atteint en terme de gain de DMO après 3 ans
d'alendronate et 4-5 ans de zoledronate (un peu supérieur en gain de DMO
par rapport à l'alendronate), qui peut justifier des fenêtres
thérapeutiques.
Puisqu'on va devoir mettre des patients sous bisphosphonates, parlons de cet article du BMJ évaluant les risques d'ostéonécrose de la mâchoire. Les auteurs retrouvent que le nombre de patient à traiter pour déclencher une ostéonécrose liée aux bisphosphonates est de 1000 (ce qui est beaucoup en fait quand on les compare au NNT de 200 pour éviter une fracture: ça fait 5 patients avec une fracture en moins pour 1 ostéonécrose!) La demi-vie des bisphosphonates sur les os est estimée à 10 ans, donc le risque persiste après arrêt des traitements! Les auteurs recommandent une évaluation par un dentiste avant traitement (pour rechercher: une extraction dentaire "récente", une infection dentaire, une parodontopathie, un traumatisme par dentier). Il faut également être vigilent aux patients sous traitement anticancéreux, méthotrexate, azathioprine, et les patients atteint de diabète, d'anémie ou d'infection par le VIH.
Pour commencer avec la rhumatologie, une méta analyse
a analysé différemment l'efficacité des bisphosphonates pour réduire
les fractures en s'intéressant au délai de traitement. Les auteurs
retrouve qu'il est nécessaire de traiter 100 femmes avec ostéoporose
post-ménopausique pendant 12,4 mois pour éviter 1 fracture non
vertébrale. Il était nécessaire de traiter 200 femmes pendant 20,3 mois
pour éviter une fracture de hanche et autant pendant 12,1 mois pour
éviter une fracture vertébrale.
Dans la prise en charge de l'ostéoporose, un essai du BMJ retrouve
qu'il n'y a pas de bénéfice significatif à 1 mois et 12 mois d'une
vertébroplastie pour prise en charge d'une fracture-tassement vertébrale
ostéoporotique.
Le JAMA Internal Medicine a publié une étude sur l’acide zoledronique dans
ostéoporose de la femme âgée fragile. Malgré une augmentation de la
densité osseuse à 1 an après une unique injection du traitement et une
prise quotidienne en vitamine D, l’étude ne retrouve pas de diminution
des fractures ou de la mortalité. Au contraire, il y a une augmentation
(bien que non significative) de 4 % des fractures et de 3% de la
mortalité… Mais, on ne peut rien conclure là-dessus, car a probabilité
que cette différence soit due au hasard est trop importante (> 5%).
On restera donc sur le fait que ce traitement ne fait qu’améliorer la
densité osseuse sans effet sur les fractures et la mortalité dans cette
population.
On l'aime bien, donc on y revient : la vitamine D ! Après avoir dit que
supplémenter en vitamine D était inutile dans toutes les indications
rhumatologiques, on revient aux bases: vitamine D
et risque de fracture après 60 ans, mais avec une supplémentation
mensuelle de 60 000UI/mois (ce qui change des administrations
trimestrielles et ce qui correspond aussi à 2000UI/jour quand les recos
sont à 800UI/j). Bon, sans grande surprise, la vitamine D ne réduisait
pas le risque de fractures total, ni celui de fractures ostéoporotiques
majeures (hanche, vertèbre, poignet, humérus), ni les fractures de
hanches, ni les fractures non-vertébrales.
Dans les débats de ces derniers mois, une étude randomisée s'est
intéressé à l'effet de l’exercice physique et de la vitamine D sur les
chutes chez les femmes de 70à 80 ans. La supplémentation en vitamine D
(800UI/j) et l'exercice n'ont pas eu d'effet sur la réduction du nombre
de chute. Cependant, les patients du groupe "exercice" avaient moins de
blessures suite aux chutes,quelque soit la prise de vitamine D.
2023: Le conseil scientifique du CNGE revient
sur le traitement par opioïdes dans les lombalgies aigues. L'avis
détaille quelques articles majeurs qui ne retrouvent pas de bénéfice à
ces traitements sur la douleur. Il regrette cependant que les critères
de jugement soient évalués à 2 ou 4 semaines et non à 2 ou 4 jours.
Ainsi, les opioïdes ne peuvent être recommandés en 1ère intention dans
la lombalgie aiguë, mais il faut parfois également tenir compte de
l'intolérance à d'autres médicaments par exemple (et rappeler que
l'évolution est généralement favorable en quelques semaines).
2019: La HAS a
également publié des recommandations concernant la prise en charge des
lombalgies. Il n'y a pas de grandes nouveautés, mais elle est
"pratique".
Après
exclusion des "drapeaux rouges" faisant évoquer une cause secondaire
(<20 ans et > 55 ans, douleur inflammatoire, déformation, AEG,
fièvre, syndrome de queue de cheval, dorsalgies, ATCD de cancer et usage
de corticoïdes prolongés y compris corticoïdes inhalés), les auteurs
proposent les AINS en 1ère ligne.
La
kiné précoce n'est recommandée qu'en cas de facteurs de risque de
chronicité (problèmes psychologiques, problèmes au travail,
représentation inapproprié de la douleur et des attitudes, comportements
inappropriés).
Suite
à la réévaluation à 1 mois, l'IRM est l'imagerie recommandée (ça on pourrait débattre je pense par rapport à la radio dans certains cas) ainsi que
l'instauration des traitements non pharmacologiques (TCC, hypnose,
méditation pleine conscience) associé à des antidépresseurs (IRSNa ou
tricycliques), les gapentinoïdes étant plutôt à proposer en cas de
radiculalgie persistante. Puis en l'absence d'amélioration, une prise en
charge pluridisciplinaire est recommandée avec éventuellement une
discussion des indications chirurgicale.
2017: Le collège de médecine américain a publié des recommandations de prise en charge de la lombalgie aigue. Pour les lombalgies aigues, les auteurs recommandent de la kiné, de l'acuponcture, des massages et des moyens fournissant de la chaleur cutanée en première intention. Le traitement médicamenteux recommandé, si nécessaire seulement comporte des AINS et des myorelaxants (bouh!). Pour les lombalgies chroniques, ils insistent surtout sur les mesures non-médicamenteuses et sur le fait d'éviter les morphiniques au long cours.
2016: Le NICE (sorte de HAS britannique) a publié des recommandations de prise en charge de la lombalgie. Il recommande l'utilisation du Start Back risk assessment tool
pour différencier les lombalgie et lombosciatique légères à modérées
des lombosciatiques modérées à sévères pouvant être à risque de
pronostic fonctionnel négatif. Ensuite, s'en suis une liste longue de
tout ce qui n'est pas recommandé (l'imagerie si elle ne change pas la
prise en charge, ceinture lombaire, semelles, acuponcture, kiné si
lombalgie légère, électrostimulation), et enfin ce qui est recommandé:
l'activité la plus normale possible, éventuellement des thérapies cognitivo-comportementales
les AINS a la dose minimale en première intention
pas d'opiacé en première intention sauf contre indication aux AINS
pas de paracetamol en monothérapie
dans la lombalgie chronique: pas d'opiacé, pas d'antiépileptiques, pas d'antidépresseurs
2016: La HAS a
publié des recommandations sur la lombalgie chronique et la chirurgie.
L'article ne concerne que les lombalgies chroniques dégénératives. Je
saute les détails techniques pour arriver à la conclusion: l'arthrodèse
est supérieure à la prise en charge non chirurgicale sans rééducation
intensive, mais non supérieure à la prise en charge non chirurgicale
avec rééducation intensive; la prothèse discale ne fait pas mieux que
l'arthrodèse.
2/ Bilan
Pour aborder la lombalgie, une synthèse a été publiée dans le Lancet.
Rien d’exceptionnel, on y retrouve l’importance de la prise en charge
selon le modèle bio-psycho-social. Je reviendrai sur le fait que les
drapeaux rouges sont des indications à une imagerie dans les lombalgies
aiguës, mais que l’indication d’imagerie est à décider au cas par cas
dans les lombalgies chroniques. L’imagerie recommandée est l’IRM, mais
la radiographie peut lui être préférée dans les suspicions de scoliose,
d’instabilité et pour la recherche de spondylolisthésis.
Un article du NEJM aborde
les lombalgies aigues et chroniques. Rien de très nouveau dans le
diagnostic et la prise en charge qui doit tenir compte du risque de
passage à la chronicité. Revenons quand même sur l'imagerie recommandée
en cas de trouble neurologique, de persistance à 2 mois ou de drapeaux
rouges. Parmi ces derniers, seuls l'antécédent de cancer et la forte
suspicion clinique de cancer sont associés à un cancer associé (pas la
perte de poids ni la fièvre). L'âge de plus de 70 ans, un traumatisme et
des corticoïdes prolongés sont associés à des fractures vertébrales.
Une étude menée chez les plus de 65 ans retrouve qu'une imagerie
(radiographie ou irm) n'améliore pas la prise en charge à 1 an. On peut
donc raisonnablement considérer que le critère HAS "imagerie
si âge > 55 ans" est désuet. La rééducation, l'activité physique,
les TCC, l'acupuncture, le yoga, les AINS, les opioïdes et les
antidépresseurs ont une efficacité pour réduire la douleur et le
retentissement fonctionnel.
Le BMJ revient sur la sciatique. L'article est totalement en accord sur le diagnostic et la prise en charge avec les recos HAS,
sauf sur les drapeaux rouges conduisant à la réalisation d'une IRM (la
radio est toujours inutile) : déficit neurologique, syndrome de queue de
cheval, suspicion d'infection ou de cancer, traumatisme, en vue d'une
infiltration ou d'une chirurgie et persistance à 12 semaines (il n'y a
donc pas les critères d'âge incitant à l'imagerie pour toute sciatique
chez le plus de 55 ans, et c'est plutôt raisonnable).
2/ Traitement
Dans la liste des sites utiles, je n'ai pas eu le temps de le tester, mais en voici un sur la lombalgie qui a l'air bien fait: http://lombalgie.kce.be/.
Le JAMA nous
donne l'occasion de fait un point sur les sciatalgies. En effet, comme
le schéma le montre, la compression ne se situe pas toujours au niveau
du rachis lombaire mais peut se faire au niveau du muscle piriforme. 1/3
des patients ont une évolution favorable en 2 semaines, 3/4 en 3 mois.
Les auteurs rappellent que les myorelaxants, les opioïdes et la
gabapentine, n'ont pas d'efficacité démontrée. L'activité physique et la
kiné sont recommandées et les infiltrations permettent de soulager la
douleur sans améliorer le pronostic de la sciatique. Une chirurgie peut
être proposée dans certains cas, mais les douleurs peuvent récidiver, il
peut y avoir des lésions nerveuses et des infections post-opératoires
et la convalescence dure 6 à 12 semaines environ.
La Cochrane publie une revue systématiques des traitements de la lombalgie, concordante avec celle
dont nous avions parlé il y a quelques jours. Dans la lombalgie aigue,
le paracetamol ne semblait pas réduire la douleur ou le retentissement
fonctionnel mais n'était pas non plus associé à plus d'effets
indésirables que le placebo. Les AINS réduisaient de 7 points sur 100 la
douleur et de 2 points sur 24 la gêne fonctionnelle sans augmenter les
effets indésirables. Les myorelaxants réduisaient également la douleur
et la gêne fonctionnelle (réduction relative du risque de 40%, les
chiffres absolus ne sont pas donnés) et augmentaient également de 50% le
risque d'effets indésirables. Dans les lombalgies chroniques, les
résultats étaient similaires pour ces 3 classes. Les opioïdes semblaient
avoir une efficacité modérée en réduisant la douleur de 8 points sur
100, avec des données les plus certaines pour le tapentadol et les
opioïde de pallier 3.
Régulièrement il y a une grosse revue systématique avec méta-analyse sur les antalgiques dans les douleurs (ici et là). Voici celle dans la lombalgie aiguë publiée dans le BMJ.
Ce qui est le plus efficace sur le critère "douleur", dans cette
revue, c'était des myorelaxants ! La tolperisone et le
thioccolchicoside réduisaient de 20 points /100 l'intensité de la
douleur. La prégabaline était également dans le top des médicaments,
suivi de peu par le kétoprofène. L'étoricoxib, l'aceclofenac, le
piroxicam étaient également efficaces. Le tramadol, le paracétamol, le
diclofenac, l'ibuprofène, le célécoxib et les corticoïdes n'étaient pas
plus efficaces que le placebo. Malheureusement, le naproxène n'apparait
pas, il était pris en référence pour certaines études mais n'a pu être
intégré à cause du manque de comparaison versus placebo. Concernant la
tolérance, seuls le tramadol et le baclofène faisaient plus d'effets
indésirable que le placebo. Dans les analyses par classes
médicamenteuses: les anticonvulsivants étaient les plus efficaces (mais
avaient le plus d'effets indésirables avec les opioïdes faibles),
suivis des myorelaxants, des coxibs et des AINS. Ce qu'il faut surtout
retenir, c'est que ces résultats sont de faible à très faible niveau de
preuve à cause des biais des études, sauf pour celles concernant la
tolérance où le niveau de preuve est modéré.
Le Lancet
a publié une étude sur la prise en charge non médicamenteuse des
lombalgies. Des patients avec lombalgie aiguë récemment résolue ont été
randomisées pour recevoir 6 séances d'éducation à la marche par un
kinésithérapeute sur 6 mois ou pas d'intervention. Ils ont été suivis ensuite
pendant 12 à 36 mois, le critère de jugement principal était le délai jusqu'à
la première récidive entraînant une limitation d'activité. Les auteurs trouvent
que l'intervention est efficace car le délai avant la 1ère récidive invalidante
était de 200 jours dans le groupe intervention versus 100 jours
dans le groupe contrôle. En pratique le groupe intervention marchait 6500
pas/jour (versus 5900) et faisait 24min d'activité modérée à intense par
jour (versus 18min). A 3 ans, 80% des patients des 2 groupes
avaient eu des récidives de lombalgie quand même, mais elles retentissaient
moins sur la vie quotidienne dans le groupe intervention. Bref, le traitement, c'est le mouvement !
On savait que les opioïdes ne fonctionnaient que très partiellement dans les douleurs chroniques non cancéreuses, la lombalgie chronique. Cet essai randomisé publié dans le Lancet concerne
la lombalgie aiguë et va dans le même sens. A 6 semaines, les patients
sous opioïdes avaient une EVA à 2.78/10 versus 2.25 sous placebo, p
=0.051*. Par contre, il y avait 7.5% de patients constipés sous
opioïdes contre 3,5% sous placebo. Il est dommage qu'on n'ait pas d'info
sur la façon de laquelle les patients ont consommé d'autres
antalgiques, fait de la kiné ou eu une activité physique. * NB méthodologique: on est dans un ECR donc on ne peut pas dire que
les opioïdes sont presque pire que le placebo car 0.051 est "presque
significatif. Dans un ECR 0.051 c'est comme 0.7: c'est négatif. Et
quand bien même ça serait significatif, la différence ne serait pas
cliniquement pertinence ici.
Le BMJ a
publié une revue systématique évaluant l'efficacité des interventions
psychologiques dans la prise en charge des lombalgies chroniques non
spécifiques. L'association de thérapies cognitivo-comportementales,
d'éducation à la douleur et de soins délivrés par un kinésithérapeute
permettaient une amélioration de la douleur et une amélioration
fonctionnelle. Les effets semblaient se poursuivre jusqu'à moyen terme
(6-12 mois) pour ces interventions. Il n'y avait pas d'études avec des
critères de jugement à long terme. Les conseils, la thérapie pleine
conscience, les thérapies de modification comportementales et les
approches psychologiques combinées ne montraient pas d'efficacité.
Annals of internal medicine continue
dans la lombalgie avec la revue de la littérature des différents
traitements sur laquelle les recommandations se basent. On y retrouve
que le paracetamol ne fonctionne pas quand on le compare au placebo sur
des échelles de douleurs à 3 semaines ou sur l'incapacité fonctionnelle.
Cependant, alors que les AINS semblent plus efficaces que le placebo,
les études comparant AINS et paracetamol ne retrouvent pas de différence
entre ces 2 traitements.... (Cherchez la logique) Bref, je persiste à
penser qu'étudier la douleur après plusieurs semaines pour une
pathologie qui est censé durer quelques jours n'est pas très pertinent.
Concernant les benzodiazépines, pas d'efficacité démontrée à 5 jours sur
la raideur et les douleurs mais plus d'effets secondaires
neurologiques. Enfin, concernant les myorelaxant qui sont dits
efficaces: les données sont en fait bien plus mitigées avec une majorité
d'études retrouvant une inefficacité. Mais les auteurs s'appuient sur
une méta-analyse de 2 articles (mouais...), publiée par la Cohrane
(ah??) mais retirée car données dépassées et un protocole non conforme
selon la Cochrane, et qui portait en fait sur la réhabilitation des
membres supérieurs... Et si on continuait d'éviter de les utiliser?
Dans la lombalgie toujours, le paracetamol est le médicament donné en
1er choix, les AINS n'ayant pas montré de supériorité par rapport à
cette molécule mais présentant des effets indésirables supérieurs. La
question qu'il restait à se poser était de savoir si le paracetamol est
plus efficace que le placebo. Visiblement d'après cette étude du Lancet,
rien n'est moins sur avec comme critère de jugement la durée jusqu'à
obtenir une EVA inférieure à 1 pendant 7 jours consécutifs.
Une méta-analyse s'est
intéressée aux opioïdes dans la lombalgie chronique. Elle retrouve une
efficacité modeste à court terme sur la douleur des antalgiques de
pallier 2 et 3, mais pas de gain certain sur le retentissement
fonctionnel. L'efficacité à long terme est quant à elle incertaine. Le
problème de cette étude est le mélange des opioïdes forts et des dérivés
morphiniques. Les auteurs se rattrapent en parlant en équivalent
morphiniques, et retrouvent qu'entre 40 et 240mg/j (doses recommandées),
l'effet n'est pas cliniquement pertinent... C'est La Revue Prescrire
qui va être contente avec son Paracetamol!
Un article du JAMA Neurology
a comparé des séances d'éducation intensive du patient (informations,
gestion des activités dans la vie quotidienne etc... au rythme de 2 fois
une heure) dans la lombalgie aiguë versus un placebo d'éducation
(écoute empathique etc... mais pas de réelle information, sachant que
cette procédure placebo a déjà été testée et considérée comme crédible
par les patients) dans un essai contrôlé randomisé. Les patients inclus
avaient une lombalgie depuis moins de 6 semaines et étaient à haut
risque de chronicisation. Sur le critère de jugement principal, la
douleur à 3 mois, aucune différence n'a été retrouvée, mais il y avait
un peu moins de gêne fonctionnelle de 1 semaine à 3 mois sans différence
ultérieure. Bref, c'est pas très convaincant. Il est vraiment dommage
que les auteurs n'aient pas plutôt axé sur le taux de récidive des
lombalgies à 1 an car c'est probablement l'élément le plus important
dans l'éducation des patient et il se trouve justement que c'est un
résultat secondaire des plus significatif avec une réduction de 55% des
récidive si éducation (NNT= 6 patients!). Donc une étude à refaire mais
avec un critère principal plus pertinent que la douleur aiguë.
Cet article du JAMA s'est
intéressé à la prise en charge des rachialgies aiguës et subaiguës
(notamment cervicales et lombaire). Les auteurs ont comparé des soins
courant à une intervention biopsychosociale personnalisée et à une
thérapie posturale individualisée. Les 2 traitements testés étaient
statistiquement efficaces dans la réduction du score ODI évaluant la
capacité fonctionnelle (respectivement - 5.8 et -4.3 points), mais ces
réductions n'étaient pas cliniquement pertinentes (seuil de pertinence
clinique -6 points). Parmi les explications d'échec clinique de ces
interventions personnalisées, on trouve 1/ qu'il s'agit de rachialgies
aiguës, dont l'évolution est souvent favorable spontanément, 2/ que le
groupe "soins courant" pouvait inclure aussi des psychothérapies et de
la kiné qui sont également personnalisées. On note quand même que
l'intervention biopsychosociale revenait moins cher que les soins
courants, et que la thérapie posturale coutait plus cher.
Rapidement maintenant, un essai randomisé
dans la lombalgie chronique "yoga" versus "yoga différé". Les patients
avaient des lombalgies depuis 15 ans en moyenne, et les patients du
groupe traité en 1er avaient une amélioration de leur incapacité
fonctionnelle et des douleurs de moindre intensité à 6 mois, après 12
semaines d'intervention. Bon, -2,48 sur un score qui va de 0 à 24, c'est
quand même pas énorme comme bénéfice...
Les lombalgies chroniques, on connait, et les patients ont du mal à s'en
sortir... Je ne reviendrais pas sur la mortalité des patients sous
opioïdes au long cours, mais on a quand même du mal a mettre des
antidépresseurs et antiépileptiques pour ces douleurs chroniques. Cette
étude du Jama internal medicine
retrouve que 25mg d'amitriptyline améliorent l'incapacité fonctionnelle
des patients par rapport a ceux traités par un anticholinergique (sans
effet sur la douleur mais avec les mêmes effets indésirables que
l'amitriptyline pour conserver au mieux l'aveugle). C'est pas
miraculeux, mais les effets indésirables à long termes sont sensé être
point graves que les opioïdes au long cours.
La Cochrane a
publié une revue concernant l'efficacité des infiltrations épidurales
de corticoïdes dans les douleurs radiculaires. Les auteurs retrouvent un
bénéfice immédiat de -5 points sur 100, et à moyen terme (3 mois) de -4
points sur 100... Bref, c'est statistiquement significatif mais pas
forcément très cliniquement pertinent.
Un article du BMJ a
évalué les différents antidépresseurs dans la prise en charge des
douleurs lombaires/sciatalgies et de l'arthrose. Cette revue
systématique a inclus 33 études et le seuil de pertinence clinique était
fixé à -10 points sur 100 lors des évaluations. Dans la lombalgie, les
auteurs retrouvent une efficacité de la duloxétine avec une réduction de
5 points de l'évaluation de la douleur à 2 semaines et jusqu'à 3 mois.
La duloxétine et l'amitriptyline avaient une efficacité retrouvée en cas
de sciatique avec une baisse de 10 à 15 points sur 100 entre 1 et 3
mois de traitement. Dans l'arthrose, la duloxetine était également
efficace avec une réduction de 5 à 6 points (Les autres antidépresseurs
n'avaient globalement pas d'efficacité dans ces 3 indications). Les funnel plots
sont en faveur de l'absence de biais de publication. On peut quand même
être étonné que seules la duloxetine, la paroxetine, la fluoxetine, le
milnacipran et l'amitriptyline aient été étudiées. Les effets
secondaires sont peu décrits mais augmentés avec chacune des classes
étudiées (mais pas pour les effets sévères). Vu la taille d'effet, on
peut quand même se poser la question de la balance bénéfice risque et
décider de l'utilité au cas par cas.
Les morphiniques étant "le mal absolu" au long cours, il est vraiment
nécessaire de passer sur d'autres traitement dès que possible dans les
lombalgies chroniques. Une étude du JAMA neurology
s'est intéressée à la gabapentine (max 800mg x 3) et à la prégabaline
(max 300mg x2) dans la sciatique chronique. Les 2 traitements étaient
efficaces sur la douleur et l'incapacité fonctionnelle, mais la
gabapentine était plus efficace et moins de patient avaient des effets
indésirables. Je vais donc revoir la séquence de traitements que je
propose aux patients. Il faudrait une comparaison amitriptyline versus
gabapentine pour savoir s'il faut privilégier l'antidépresseur ou
l'antiépileptique...
Une revue systématique du BMJ compare
le traitement chirurgical et non chirurgical des sciatiques. La
discectomie réduit la douleur de 12 points à court terme et de 7 points
sur 100 à moyen terme par rapport à un traitement non chirurgical. A
long terme, la réduction de 2 points est considérée comme non
cliniquement pertinente. Il n'y avait pas de bénéfice au traitement
chirurgical concernant l'amélioration de la fonction. Le risque d'effet
indésirable n'était pas significativement supérieur dans les prises en
charge chirurgicales. En 2016, la HAS avait
émis un avis sur les prises en charge chirurgicales qui pouvaient être
efficaces, notamment en l'absence de rééducation intensive.
Un essai contrôlé randomisé du NEJM a comparé le traitement chirurgical versus conservateur dans les lombo-sciatiques durant depuis 6 à 12 semaines chez 128 patients avec des douleurs évaluées à environ 8/10. La douleur dans la jambe (critère principal) était inférieure dans le groupe chirurgie à 6 mois (2,4 vs 5,2 sur 10, p<0,01) et à 12 mois. Il y avait également moins de douleur lombaire et un meilleur score fonctionnel. Il n'y avait pas plus d'effets secondaires dans le traitement chirurgical, 1 seul patient a dû être réopéré. Une option qui pourrait se justifier chez certains patients, mais un suivi plus long pourrait être intéressant.
J'avais annoncé un essai étudiant l'ostéopathie dans la prise en charge
des lombalgies non spécifiques sub-aigues ou chroniques. Voici donc un
essai randomisé évaluant l'ostéopathie versus manipulations factices
publié dans le JAMA internal medicine.
Les auteurs retrouvent que l'ostéopathie réduit significativement la
gêne fonctionnelle d’environ 4 points sur 100 à 3 mois et 12 mois sans
différence sur l'intensité douloureuse. Bref, c'est statistiquement
significatif mais la pertinence clinique est plus que douteuse.
Un essai randomisé
chinois a comparé l'acupuncture dans la lombo-sciatique chronique
versus acupuncture factice. Les auteurs trouvent, après 4 semaines,
qu'il y a une amélioration significative de −16.0 points [ −21.3; −10.6] sur l'EVA (/100) et de −8.1
points [−11.1; −5.1] sur l'indice fonctionnel ODI (/100). Les auteurs
concluent que l'acupuncture est donc une option, en oubliant que dans
leur méthode, le seuil de pertinence clinique pour ces 2 scores est de
15 points et 7 points. Or, les intervalles de confiance des résultats
de l'étude les recoupent largement, la pertinence clinique de
l'acupuncture n'est donc pas établie.
Dans la prise en charge des lombalgies chroniques, la Cochrane confirme
l'absence de bénéfice prouvé d'une prise en charge par acuponcture par
rapport à une autre intervention. Cependant, elle faisait mieux que
"rien" sur le ressenti immédiat de la douleur dans des études avec un
risque de biais élevé. [Et comme certains ont remarqué que je suis
fatigué et que j'avais marqué ostéopathie au lieu d'acuponcture, voici
la revue de la Cochrane ne retrouvant pas de bénéfice des manipulations vertébrales dans la prise en charge des lombalgie.]
Les manipulations vertébrales dans les lombalgies chroniques: #FakeMed ou pas? Le BMJ a
publié une méta-analyse qui retrouve que ces manipulations améliorent
la douleur à 6 mois (mais pas à 1 mois ni à 12 mois) ainsi que la
fonction à 1 mois (mais pas après), par rapport aux traitements
recommandés. Les auteurs ne retrouvent pas davantage d'effets
indésirables ou d'effets indésirables majeurs liés aux manipulations
vertébrales. Cependant les effets indésirables étaient généralement mal
ou peu rapportés.
La Cochrane aborde
l'efficacité de l'acuponcture chez les patients ayant une lombalgie
commune non compliqué. L'acuponcture versus procédure factice baisse
significativement l'EVA de 10 points sur 100, mais cela n'atteint pas le
critère de pertinence clinique qui était une baisse d'au moins 15
points. Cependant il y avait une baisse d'environ 20 points sur 100 à
l'EVA versus absence de traitement dans des études de faible niveau de
preuve à cause du risque de biais. Enfin, par rapport aux soins
courants, l'acuponcture améliorait peut être la fonction à court terme.
Il n'y avait pas d'effets indésirable significativement plus graves chez
les patients traités par acuponcture. Ainsi, l'acuponcture semble être
une option peu risquée mais dont les bénéfices sont plus que modestes et
uniquement sur du court terme.
Restons donc dans les thérapies alternatives. Dans la lombalgie, il semblerait qu'il y ait un faible niveau de preuve pour qu'il y ait une efficacité faible de l'acuponcture, de la méditation en plein conscience, du yoga et du taï-chi. Bien que les preuves soient maigres, les effets secondaires sont rarement graves. Alors pourquoi pas, si le patient n'est soulagé par rien d'autre.
Les lombalgies font encore parler d'elles. D'abord, dans Annals of Internal medicine avec un essai contrôlé randomisé français étudiant l'efficacité des injections de prednisolone intra-discale chez 135 patients. Les auteurs retrouvent une amélioration significative de la douleur sur échelle verbale à 1 mois (-22 points sur 100), mais pas de différence à 12 mois. Il s'agissait de patients en centre sur-spécialisés avec des critères IRM précis, donc ça ne concerne pas toutes les lombalgies.
De son coté, le NEJM publie un essai contrôlé randomisé sur la prégabaline dans la lombosciatique aiguë et chronique. Une fois de plus, les traitements essayés dans la sciatique n'ont pas réussi a permettre une modification significative de la douleur à 8 semaines ou 52 semaines, Les EVA de la douleur étaient mêmes meilleures sous placebo, et les patients avaient moins d'effets indésirables. La sciatique... cette pathologie ou les meilleurs traitements sont l'effet placebo, la patience et la prise en charge des soucis qui font que les patients en ont plein le dos.
Le JAMA Internal Medicine a publié une revue de la littérature sur la lombalgie.
La méta-analyse qui en découle retrouve que l'exercice physique
réduirait de 35% le risque de survenue de lombalgie aiguë, et de 45%
lorsque l'exercice est associé à une éducation du patient. Le port de
ceinture lombaire ne permettait pas de diminuer le risque de lumbago.
La lombalgie aigue est toujours un sujet délicat parce qu'on ne sait jamais vraiment ce qui est efficace. Une étude du
JAMA retrouve qu'une rééducation précoce (avant 4 semaines) est plus
efficace qu'une rééducation tardive (après 4 semaines) dans les
lombalgies aiguës. Malheureusement cette différence n'a pas atteint le
seuil de différence cliniquement pertinent établi par les auteurs.
Les massages dans la lombalgie aigue, est-ce utile? Une revue Cochrane a
étudier leur effet: il semblerait qu'ils aient un intérêt avec une
diminution de la douleur et une amélioration fonctionnelle à court terme
uniquement. A noter cependant comme effet indésirable principal des
majorations de douleurs pouvant aller de 1,5% à 25% des patients.
L'article rhumato de la semaine concerne comme souvent les sciatiques! L'article du JAMA parle en fait des lomboradiculalgies aigues par hernie discales. On avait déjà lu l'an dernier que le paracetamol n'était
pas plus efficace que le placebo dans la lombalgie. Les chercheurs sont
donc passé au niveau un peu supérieur en testant si les corticoïdes
était efficace. Et ben le bilan est particulièrement mitigé: une
amélioration significativement modeste de l'impotence fonctionnelle à 3
semaines et à un an, et une amélioration de la dimension physique de la
qualité de vie à 3 semaine et de la dimension mentale de la qualité de
vie à 1 an. Cependant, aucun effet propre sur la douleur n'a été mis en
évidence. Il y avait cependant deux fois plus d'effet indésirables dans
le groupe traité à 3 semaines (49%). Notons que le schéma de traitement
utilisé consistait en 3 phases de 5 jours de corticoïdes à doses
décroissante: 60mg , puis 40mg, puis 20mg.
Dans la lombalgie aiguë, l'éducation thérapeutique permet
d'améliorer la confiance des patients, de les rassurer et de diminuer
le nombre de consultation chez les médecin, notamment quand
l'information est faite par le médecin généraliste.
Ensuite, voici un article du JAMA qui
traite des principales pathologies de la main. Les AINS peuvent être
proposées en 1ère ligne et la chirurgie en 2ème ligne pour toutes ces
pathologies, mais voici les spécificités. Concernant le syndrome du
canal carpien, la manoeuvre de Durkan a une sensibilité de 64% et une
spécificité de 74% (ce qui est un peu mieux que Phalen 68%/73% ou Tinel
50%/77%). Les attelles de nuit du poignet en position neutre sont très
efficaces en 1ère intention (NNT à 4 semaines= 1,3 patients). Les
infiltrations ne sont efficaces à 2-4 semaines sans efficacité durable.
Concernant le doigt à ressaut, les infiltrations sont un traitement
soulageant efficacement jusqu'à 12 mois par rapport à la chirurgie et à
la kinésithérapie (NNT=6 patients), mais en cas de récidive, un
traitement chirurgical est indiqué. Concernant la tendinite de De
Quervain, diagnostiquée avec une spécificité de 100% par le test de
Finkelstein, peut être traitée de façon conjointe par une infiltration
de corticoïdes associée à une immobilisation du pouce, qui est plus
efficace que chacune des interventions effectuées séparément (NNT entre 3
et 5). Concernant la rhizarthrose, un grinding test axial a une
sensibilité de 30% et une spécificité de 97%, et un test de traction
essayant de subluxer et réduire l'articulation a une sensibilité de 67%
et une spécificité de 100%. L'immobilisation améliore la douleur et la
fonction. L'absence d'évolution favorable avec immobilisation et AINS
après 6 semaines est une indication à prendre un avis spécialisé pour
des infiltrations qui ne sont pas très efficaces ou une chirurgie.
(Notons qu'il y a des très beau schémas dans l'article!)
La Cochrane a
mis à jour une revue sur la prise en charge du canal carpien. Les
auteurs montrent que les infiltrations de corticoïdes améliorent les
symptômes à 3 mois et que cette amélioration peut se poursuivre à 6
mois. Par ailleurs, les patients traités étaient moins fréquemment
opérés à 1 an de l'infiltration (bon, si c'est pour être opéré dans tous
les cas, on peut quand même se questionner mais ça peut permettre de
soulager le temps de choisir le moment de l'opération). Concernant les
effets indésirables de l'infiltration, ils étaient rares. Il y avait des
douleurs durant plusieurs semaines chez 1/180 patients et une main
"froide et pâle" pendant 20 minutes pour 1/360 patients. Un œdème
durant 2 semaines chez 9% des patients a été signalé dans seule étude
sur 110 patients mais pas dans plusieurs études englobant 500 patients.
Le
syndrome du canal carpien a souvent une présentation typique, et le
diagnostic est alors aisé. Dans les présentation plus atypiques de
symptômes au niveau des mains, quelles sont les présentations permettant
d'exclure ou pas ce syndrome? Le JAMA a
publié une infographie bien pratique pour visualiser les territoires
sensitifs de la main. Mais pour faire simple: si le pouce et l'index
sont touchés on ne peut l'exclure.
Dans la prise en charge du canal carpien, un essai contrôlé randomisé du Lancet a comparé les infiltrations de corticoïdes avec le port nocturne d'attelles de poignet. A 6 semaines, les infiltrations montraient une amélioration des douleurs, et c'était le critère de jugement principal de l'étude. Cependant, à 6 mois, il n'y avait plus de différence entre les groupes. Bref, les attelles, c'est quand même plutôt pas mal...
Une revue systématique
s'est intéressée au traitement du canal carpien par ultrason. Les
auteurs retrouvent une amélioration des latences motrices distales avec
ce traitement et concluent que cela implique une amélioration
neurophysiologique et une réduction du grade de sévérité. Cependant, il
n'y avait pas de différence concernant la douleur, la sévérité des
symptômes, la force musculaire et la capacité fonctionnelle. Donc, non,
ce traitement n'est pas efficace.
Dans la prise en charge du syndrome du canal carpien, on est un peu démuni entre les attelles, les infiltrations et la chirurgie. Dans cet essai randomisé,
la prégabaline a été testée versus placebo et titrée jusqu'à 150mg/j.
Sur le questionnaire de Boston, les auteurs montrent que la prégabaline
améliore la fonction de 1.23 points (pertinence clinique > 0.23
d'après cette étude)
et les symptômes des patients de 1.63 points (pertinence clinique >
0.64) à 8 semaines. Ce pourrait être une option de plus à considérer.
2019: La société française de rhumatologie a publié des recommandations sur la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. La partie concernant les généralistes est surtout en rapport avec le diagnostic:
- devant des signes cliniques: gonflement articulaire (arthrite clinique), une raideur matinale de plus de 30 min, une douleur à la pression transverse des mains ou des avants-pieds
- et nécessite le bilan suivant: VS, CRP, anticorps anti-peptides citrullinés, facteurs rhumatoïdes et bilan radiologique +/- échographies.
2014: Passons aux choses sérieuses, avec des recommandations de la société française de rhumatologie sur la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR).
Je ne rentrerai pas dans les détails du traitement qui sont trop
spécialisés. La recommandation replace cependant le médecin généraliste
au coeur du diagnostic pour pouvoir adressé le patient au spécialiste en
"urgence" pour débuter un traitement spécifique. Ainsi, le bilan devant
une suspicion de PR comporte les éléments suivants:
Facteurs rhumatoïdes et anticorps anti-peptides citrullinés (ACPA)
Anticorps antinucléaires (AAN)
Sérologies virales : hépatites B et C (bilan préthérapeutique)
Et pour ce qui est des éléments diagnostic, le tableau suivant donne le score nécessaire pour faire le diagnostic:
Dans
le BMJ, on trouve cette semaine, un arbre décisionnel d'aide au
diagnostic des spondylarthropathies à l’attention des généralistes. L'algorithme se
divise en 2 selon la suspicion de SPA axiale ou périphérique. En ce qui
concerne la forme axiale, des signes de SPA peuvent être recherchés
devant toute lombalgie de plus de 3 mois avant 45 ans:
Le BMJ a
publié un article de revue sur la spondylarthrite ankylosante. On va
s'en tenir aux éléments diagnostiques. Ainsi, il est recommandé
d'évoquer cette maladie en cas de rachialgies de plus de 3 mois chez un
patient de moins de 45 ans avec ou sans manifestations périphériques. Il
est utile d'effectuer un bilan par radiographie et IRM pour rechercher
une sacro-illite ainsi qu'une recherche de HLA-B27 comme le montre la
figure suivante (Il n'est probablement pas justifié de rechercher
HLA-B27 s'il n'y a pas les 2 autres signes cliniques présent qui
permettraient de poser le diagnostic)
20222: Le BMJ publie
une revue sur la prise en charge de la goutte, tirée des
recommandations du NICE en 2022 et qui présente des discordances avec
les recommandations françaises.
Le diagnostic repose sur la clinique et une uricémie supérieure à
60mg/L (si la suspicion est forte, répéter le dosage d'uricémie au moins
2 semaines après une crise). Le traitement de la crise repose selon les
préférences et comorbidité sur les AINS (+IPP souvent), la colchicine
ou les corticoïdes oraux. Selon les auteurs, le traitement de fond n'est
pas à débuter dès la 1ère crise de goutte chez tous les patients, mais
ça peut être proposé selon la gêne. Les indications fortes du traitement
de fond sont la présence de tophi, une arthrite gouteuse chronique, la
prise d'un diurétique (on peut aussi voir pour l'arrêter si possible,
hein), un DFG < 45ml/min ou les crises de goutte invalidantes et
répétées. Le traitement de fond est à débuter 2 à 4 semaines après une
crise, et sous couverture d'un traitement par colchicine. Bien que des
études aient montré une surmortalité avec le febuxostat, les auteurs
recommandent au même niveau l'allopurinol et le febuxostat en traitement
de fond de 1ère intention car ce dernier permet d'atteindre la cible
thérapeutique. Cette cible est une uricémie < 60mg/L ou <50mg/L
si tophi, goutte chronique ou crises malgré une uricémie inférieure à
60mg/L. Concernant les règles diététiques, ils semblent que leur niveau
de preuve soit particulièrement bas.
2020: Quelques mois après les recos américaines, ce sont les recommandations françaises concernant la goutte qui
viennent d'être publiées par la société française de rhumatologie grâce
à une méthode Delphi comprenant 9 rhumatologues, 3 généralistes, 1
néphro, 1 cardio et 1 patient (les rhumatologues ayant la majorité des
2/3, pas sûr que les avis des autres soient très entendus dans un
Delphi...). Il y a des préconisations générales: informer le patient sur
le fait que la goutte est lié à des cristaux d'acide urique, et qu'il
va falloir modifier les habitudes de vie pour faire baisser l'uricémie.
La 1ère recos stipule de traiter tous les patients avec goutte par un
traitement de fond......... recos grade D, niveau de preuve 4= avis
d'expert qui n'est pas retrouvé dans les recommandations (qui disent si
> 2 crises/an ou tophus ou maladie rénale chronique), 2ème reco:
baisser l'uricémie à 50µmol/L(300mg/L) ou à 60µmol/L (360mg/L) si pas
possible. 3ème reco: l'allopurinol est le traitement de 1ère ligne (sauf
si DFG<30mL/min, ça c'est en faveur du febuxostat). 4ème reco: la
colchicine à la dose de 0,5mg à 1mg/j doit être prescrite pour 6 mois
pour éviter les crises induite par l'introduction d'un traitement
hypo-uricémiant. 5ème reco: dépister les comorbidités rénales,
cardiovasculaires et métaboliques (avis d'expert également). Ces recos
augmentent donc la prescription d'hypo-uricémiants sans que les preuves
suffisantes soient apportées et ne parlent pas de la réelle controverse
dans le traitement de la goutte: colchicine ou AINS en première ligne
dans la crise de goutte.
2019: L'ACR (collège de rhumatologie américain) a présenté en congrès des recommandations pour la prise en charge de la goutte. Le traitement de la goutte repose sur de la colchicine (faible dose), des AINS ou des corticoïdes. Un traitement préventif au long cours (préférentiellement allopurinol par rapport au febuxostat) est recommandé si: tofus, modifications radiologiques, à partir de 2 crises par an (mais à discuter si 1 crise par an de façon répétée). La nouveauté est l'introduction de ce traitement durant la crise de goutte et non au décours, à faible dose initiale avec pour objectif la normalisation de l'uricémie, et toujours sous couvert du traitement d'attaque le temps de l'introduction du traitement au long cours. Enfin, il n'est pas recommandé de traiter une hyperuricémie asymptomatique.
La Cochrane a
évalué la colchicine dans le traitement de la goutte. Elle serait
efficace, à un niveau similaire aux AINS et avec un nombre d'effets
secondaires équivalent lorsqu'elle est prescrite à faible dose. Ceci est
concordant avec le fait de ne pas privilégier la colchicine sur les
AINS (cf ici)
Et en parallèle de ça, un essai contrôlé randomisé retrouve que les AINS (naproxène: 750mg à J1 puis 250x3/j pendant 7 jours) font aussi bien que la colchicine faible dose (0,5mg x3/j pendant 4 jours) dans le traitement de la crise de goutte, avec moins d'effets secondaires. Cela placerait donc les AINS avant la colchicine dans le traitement de la crise de goutte.
2023:La HAS a
publié des recommandations concernant les pathologies de l'épaule. Les
arbres diagnostiques et de prise en charge sont facilement utilisables.
Devant
une épaule douloureuse aigue (< 6 semaines), il est recommandé
d'évoquer une tendinobursite dégénérative (gestes répétés), une
résorption de calcification (brutal et hyperalgique), une arthropathie
en poussée (microcristaline ou arthrose) ou un Parsonage-Turner (douleur
brutale et intense suivi d'un défaut d'élévation du bras et scapula
alata). Puis éliminer les diagnostics différentiels :SCA, EP,
pneumothorax, tumeur de l'apex, PPR et arthrite septique. L'examen
clinique est possible avec plein de tests dont le niveau d'utilité est
"accord d'expert" (on se rappellera juste que l'arc douloureux est le
meilleur, cf ici).
Pour les épaule douloureuses chroniques ( >6 semaines) , il faut différencier:
l'épaule non enraidie : sans limitation à la mobilisation active
(tendinite, bursite, arthropathie acromio-calviculaire), ou avec
limitation à la mobilisation active (rupture tendineuse ou limitation
liée à la douleur)
l'épaule enraidie: capsulite rétractile
primaire ou secondaire (interligne normal à la radio), ou arthropathie
gléno-humérale (pincement articulaire=arthrose)
l'épaule instable: souvent post-traumatismes répétés, à adresser au chirurgien ou spécialiste de l'épaule
l'épaule neurologique: syndromes canalaires, à adresser au spécialiste adapté
La prise en charge repose :
initialement
: le maintien des activités, les antalgiques de pallier 1 et 2 (accord
d'expert) et les AINS (grade B, donc plus éprouvés), et de la
kinésithérapie (grade B).
En cas de persistance à 6 semaines:
la radiographie est l'examen recommandé : épaule face 3 rotations +
faux profil de Lamy. Le traitement est identique, adapté aux radios pour
la rééducation, et éventuellement des infiltrations de corticoïdes
(grade B, possible si
AAP ou INR < 3 ou interruption 24h avant de l'AOD et reprise à H+6)
L'acide hyaluronique et les PRP n'ont pas montré d'efficacité.
En
cas de persistance malgré tout: refaire un bilan de kinésithérapie,
réévaluer le contexte professionnel et la perte d'autonomie, faire une
échographie par un échographe expérimenté ou une IRM, adresser au MPR,
rhumato ou chirurgien selon la prise en charge, sachant que "la prise en
charge chirurgicale est inutile dans la tendinopathie non rompue".
2/ Diagnostic
On les a tous appris 10 fois, et on les a oublié 10 fois, je parle bien sur des tests de l'épaule! Tout ce qu'il faut retenir d'après cet article du JAMA, c'est que le test de l'arc (élévation du bras en abduction) est le plus efficace dans le diagnostic des conflits de la coiffe des rotateurs avec un rapport de vraisemblance positif de 3,7 et négatif de 0,39. Je vous les remets tous pour le plaisir!
Les pathologies de la coiffe des rotateurs... Cet item de l'ECN qui
fait frémir tous les étudiants parce que se rappeler de chaque test, du
tendon auquel il correspond etc... c'est un véritable enfer! Minerva a
évaluer l'intérêt clinique des différents tests: AUCUN test ne permet
d'établir ou d'exclure une pathologie de la coiffe. Les combinaisons de
tests ne permettent pas non plus de conclure. Seuls les signes du rappel
automatique en rotation interne (le patient n’est pas capable de maintenir la rotation interne (coude fléchi à 90° et main dans le dos)) et le signe du rappel automatique en rotation externe (le patient n’est pas capable de maintenir la rotation externe (coude fléchi à 90°, épaule en abduction à 20° et position de rotation externe croissante)) permet respectivement d'établir ou d'exclure l'hypothèse d'une rupture de la coiffe.
Merci à @NoSuperDoc pour cet article de recommandations danoises du BJSM abordant
les blessures de l'épaule du sportif. Concernant les conflits sous
acromiaux, les tests "habituels" (Neer, Jobe etc...) sont peu
performants avec des rapport de vraisemblance positif et négatifs de 2,9
et 0,3. Concernant l'instabilité antérieure, les RV+ et RV- du test
d’appréhension sont de 17 et 0.4, et sont améliorés quand la manœuvre
est combinée avec un test de recentrage (40 et 0.2). Sur le plan
thérapeutique, une rééducation active semble plus efficace qu'une
rééducation passive pour réduire la douleur et améliorer la fonction.
Une étude du BMJ s'est intéressé au ruptures de la coiffe des rotateurs. Les auteurs recommandent:
- une radiographie en urgence pour limitation d'abduction à 90° après un traumatisme
-
d'explorer par échographie (ou IRM) quand une limitation d'abduction à
90° persiste à 2 semaines et les patients de plus de 40 ans ayant une
luxation gléno-humérale
- de prendre l'avis en urgence d'un chirurgien orthopédique en cas de déchirure de la coiffe des rotateurs objectivée.
Pour finir, voici un point sur la capsulite rétractile/épaule gelée grâce au BMJ.
Le diagnostic est clinique, avec une limitation douloureuse des
mobilités de l'épaule, une rotation externe passive <30° et une
élévation passive <100°. Des radiographies sont recommandées; une
échographie voire une IRM peuvent être indiquées selon la clinique ou
pour éliminer un diagnostic différentiel (tendinopathie, arthrose,
luxation, arthrite septique ou inflammatoire). Les auteurs recommandent
d'adresser les patients avec une limitation importante des mobilités ou
en cas de persistance de la douleur après 3 mois. Mais cette pathologie,
dont le diabète est un des principaux facteurs de risque, évolue en 3
phases (qui ne se produisent pas toutes forcément): installation de la
raideur de façon douloureuse, raideur persistante avec amélioration de
la douleur, puis amélioration des mobilités. Cette amélioration peut
prendre plusieurs mois voire plusieurs années mais la majorité des
patients guérissent après 1 à 3 ans... La prise en charge passe
essentiellement par la kinésithérapie (plutôt en cabinet qu'à domicile)
et les infiltrations (qui sont efficaces pour soulager rapidement mais
sans résultats probants à moyen terme). Les manœuvres sous anesthésies,
la libération capsulaire sous arthroscopie sont des options
chirurgicales qui ne semblent pas plus efficaces que la kinésithérapie
et les infiltrations et présentent des effets indésirables plus
importants. L'hydrodilatation n'a pas démontré de bénéfice dans les
revues systématiques.
3/ Traitements
La Cochrane a
publié une revue concernant les thérapies par ondes de choc dans les
pathologies de la coiffe des rotateurs. Les auteurs rapportent des
bénéfices modestes sur la douleur (NNT de 25 patients pour réduire la
douleur d'au moins 50%) et la fonction (8 points sur 100) suite à ce
traitement versus placebo. Il y avait un peu plus d'effets indésirables
mais pas plus d'arrêts pour effets indésirables. Le niveau de preuve
global est faible et nécessite d'autres études.
Un article du BMJ parle des tendinopathies de la coiffe des rotateurs. Cette revue rapide ne retrouve pas de bénéfice claire à un traitement chirurgical par acromioplastie de décompression par arthroscopie par rapport au traitement non-chirurgical (kinésithérapie, AINS, infiltrations) devant l'absence d'amélioration fonctionnelle et de qualité de vie à 1 an et les risques opératoires et post-opératoires.
Voilà pour cette semaine, je vous dis à la semaine prochaine et vous laisse revoir les tests du genou (avec le JAMA) en image, parce que je les oublis presque à chaque fois et que ça ne fait pas de mal de les revoir de temps en temps!
On
a souvent du mal a évaluer les ruptures du ligament croisé antérieur
(LCA), que ce soit par recherche du tiroir antérieur ou le test de
Lachman, qui sont d'ailleurs impossibles à faire en phase précoce. Voici
donc un signe intéressant: le signe du levier. Rien de tel qu'une vidéo pour bien voir! En cas de rupture du LCA (jambe droite sur la vidéo), le talon ne se lève pas!
Une étude a
comparé une reconstruction immédiate des ruptures de ligament croisé
antérieur (sous 6 semaines après l'inclusion), versus une reconstruction
non systématique à distance après au moins 3 mois de rééducation. Les
auteurs ont évalué la perception des symptômes et la douleur
régulièrement jusqu'à 24 mois. Les patients étaient inclus en moyenne 40
jours après le traumatisme. Les auteurs mettent en évidence une
amélioration significative des critères de jugement lors d'une
reconstruction immédiate. Cependant ils nuancent leurs résultats en
mettant en doute la pertinence clinique de leur résultat et soulignent
que ces résultats ont été trouvés avec 50% de patients du groupe
"reconstruction non systématique" qui ont été opérés (ça me semble
beaucoup non?). Ainsi, la différence ne semblant pas cliniquement
pertinente, on peut légitimement commencer par de la kinésithérapie pour
éviter des chirurgies.
Enfin, le Lancet aborde
les ruptures du ligament croisé antérieur non-aigues chez des patients
avec instabilité persistante. L'étude a randomisé ces patients
(majoritairement ayant eu un traumatisme de moins de 5 mois) en
traitement chirurgical ou rééducation. Les patients opérés avaient un
questionnaire KOOS4 significativement meilleur (-7.9 point sur une
échelle de 100). Il y a eu 41% des patients du groupe rééducation qui
ont finalement été opérés et 28% du groupe chirurgical qui n'ont pas été
opérés. Les auteurs concluent donc qu'il y a un bénéfice au traitement
chirurgical en cas d'instabilité persistante après une rupture du LCA
post-traumatique. Il est dommage de ne pas savoir si les patients
avaient eu de la rééducation avant l'inclusion: faire 3 mois de
rééducation à tous les patients puis randomiser entre chirurgie ou
poursuite de la rééducation aurait peut être réduit la taille de
l'effet.
Merci à @RadioactiveJib qui m'a fait parvenir un article Néerlandais
passionnant sur les gonalgies post-traumatiques! C'est un essai
contrôlé randomisé en médecine générale ayant évalué soit l'IRM dans les
15 jours après la blessure du genou, soit des soins conventionnels sans
imagerie mais avec adressage à un orthopédiste quand le traitement
symptomatique n'était pas satisfaisant. Conclusion: l'analyse retrouve
qu'il n'y a pas de différence dans la qualité de vie des patients
(mesurée par QALYs), qu'il y a un coût supérieur de près de 300€ chez
les patients du groupe IRM et qu'il n'y avait pas moins de recours aux
chirurgiens quand l'IRM était faite (ni plus d'ailleurs). Bref, l'examen
clinique et la patience sont les maitres mots de la prise en charge du
traumatisme du genou, arrêtons de nous jeter sur les IRM!
Le BMJ a également publié un article sur le syndrome de l’essuie-glace (syndrome de la bandelette ilio-tibiale). La prise en charge passe par un arrêt des activités physiques pendant 6 semaines et des glaçages. La reprise du sport doit être progressive et souvent, les chaussures adaptées. Voici aussi les exercices d'auto-rééducation pouvant être effectuées par le patient.
Un essai contrôlé randomisé a retrouvé que la kinésithérapie dans les lésions méniscales non obstructives n'était pas inférieures à la chirurgie évalués à 2 ans sur un score fonctionnel. Ne nous précipitons donc pas! Il serait quand même intéressant de voir si à 10 ans, tous ont du être opérés...
N'en déplaise aux chirurgiens, opérer n'est pas toujours indispensable ou du moins urgent. Des patients avec dégénérescence méniscale ont
été suivis pendant 2 ans(c'est court quand même pour ce genre de
pathologies). Ils ont été randomisés entre : activité physique et
méniscectomie partielle par arthroscopie. A 3 mois, l'activité physique
améliorait significativement la force musculaire (logique), mais aucune
différence n'était retrouvée pour le score fonctionnel utilisé (KOOS) à 2
ans ni sur le score de qualité de vie (SF-36). Au cours du suivi, 19%
des patients du groupe activité physique ont néanmoins eu un traitement
chirurgical sans bénéfice retrouvé sur le score fonctionnel à long
terme.
Un autre article du BMJ parle de la tendinite du moyen fessier. Chez des patients randomisés en 3 bras: rééducation, 1 seule injection de corticoïdes ou ne rien faire. Les auteurs retrouvent qu'à 2 mois et à 12 mois, les patients les mieux soulagés sont ceux ayant bénéficié de la rééducation. Mais, le point le plus important concerne certainement le pourcentage d'efficacité: 75% à 12 mois avec la rééducation et environ 50% dans le groupe d'abstention thérapeutique. Mais le critère d'efficacité était le pourcentage de patient définissant leur douleur comme allant au moins "modérément mieux", les patients ayant une amélioration importante ou très importante étaient respectivement 43% et 22%. La kiné est donc le meilleur traitement, mais la résolution va prendre de très nombreux mois...
2024: L'USPSTF recommande
des interventions d'activité physique chez les patients de plus de 65
ans à risque élevé de chute avec un grade B pour réduire les chutes et
la morbidité associée. De plus, elle suggère des activités
multifactorielles personnalisées dans la même population avec un grade
C, car le bénéfice semble faible sur la prévention des chutes.
Des recommandations internationales concernant la prévention des chutes chez le sujet âgé ont été reprises dans un article du JAMA et la revue correspondante.
Les auteurs recommandent de dépister le risque de chute en demandant
les antécédents de chutes, la crainte de tomber, et en utilisant la
vitesse de marche <0.8-1.0m/s comme indicateur (grade 1A). Des
interventions multidomaines pour réduire le risque de chute sont
recommandées (NNT= 2 patients par an pour réduire le nombre de chute
mais pas le nombre de patients faisant des chutes) et devraient intégrer
une revue de médication avec dé-prescription des traitements à risque
tels que les antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques,
neuroleptiques, diurétiques et opioïdes (grade 1B, pas de réduction des
chutes si intervention isolée mais inclus dans de nombreuses
interventions multidomaines). Enfin, de la rééducation physique
personnalisée, 3 fois par semaine pendant 12 semaines est recommandée
pour réduire le risque de chute (grade 1A, NNT=6 patients par an).
Pour
les urgentistes ou les généralistes qui verraient par hasard un patient
pour traumatisme crânien mineur, il semble que le score CHIP soit le plus pertinent, limitant les TDM inutiles et avec le moins de faux négatifs:
Il y a pas mal de recommandations sur les traumatismes crâniens disant quand faire un TDM ou pas. Un article du JAMA s'y est intéressé. Les critères "Canadian
CT Head Rule" quand ils sont tous absents (≥65 ans; ≥2 vomissements,
amnésie >30 minutes, AVP-piéton, AVP avec éjection du véhicule, chute
>1m, suspicion de fracture crânienne ou glasgow <15 à 2 heures)
diminuaient le risque de lésion cérébrale sévère à 0,31%. L'absence de
tous les critères de New Orleans (>60 ans, ivresse, céphalées,
vomissement, amnésie, convulsions ou traumatisme sévère au dessus de la
clavicule) diminuait cette même probabilité à 0,61%. En pratique, je ne
me souviens pas de patient que j'ai vu aux urgences (à l'époque de mon
internat) pour un traumatisme crânien qui n'avait aucun critères..
Ce n'est pas très médecine générale, mais comme il s'agit de prévention, pourquoi pas! La sertraline à
100mg/j a été testé chez les patients traumatisé crâniens pendant 6
mois en prévention de syndrome dépressif post-traumatique dans un essai
contrôlé randomisé. Le risque de dépression était diminué chez les
patients traités avec un nombre de sujet nécessaire à traiter pour
éviter un évènement (NNT) de 6, avec une bonne tolérance. De façon très
intéressante, l'article ne comporte pas d'odd ratio ou de risque
relatif: les auteurs ont choisi de ne donner leurs résultats qu'avec un
NNT.
Un article a étudié la rééducation précoce après une entorse de la cheville non
sévère dans un essai contrôlé randomisé. Les auteurs ne retrouvent pas
de différence sur le score FAOS >450/500 après 1, 3 et 6 mois entre
le groupe bénéficiant de rééducation et celui n'en bénéficiant pas.
Cependant, le critère de jugement n'étant atteint que chez environ 60%
des patients après 6 mois, il faut se demander si c'est un critère
pertinent, car il n'y a pas 40% de séquelles dans les entorses non
sévères (enfin, je pense... je n'ai pas les chiffres sous les yeux!). Or
il serait intéressant de connaitre le délai avant une reprise de
travail, ou la douleur dans les jours suivants le traumatisme. Prendre
un critère de jugement à 3 mois n'apparait pas très intéressant selon
moi.
Un article du NEJM parle
des blessures musculaires sévères de la cuisse. Les auteurs ont
randomisés les patients en rééducation précoce (à 48h du traumatisme)
versus différé (débutant 9 jours après). Après 12 semaines de
rééducation, les patients rééduqués précocement pouvaient reprendre le
sport plus vite (62 jours versus 83 jours), soit 3 semaines plus tôt.
Reste à obtenir un RDV kiné sous 48 heures...
Comment prévenir les chutes chez les personnes âgées? D'après cet article du BMJ,
il semblerait nécessaire que toute personne de plus de 65 ans ayant
chuté dans l'année bénéficie d'une aide pour aménagement du domicile par
un ergothérapeute .
Une étude de cohorte a également
étudié le risque de fractures selon la supplémentation vitaminique. Les
auteurs ont publié dans le JAMA que
les patientes supplémentées en fortes doses de vitamine B12
(>20µg/j) et B6 (>35mg/j) avaient un risque significativement
augmenté de fracture du col du fémur, persistant après ajustement sur
les comorbidités, l'IMC et les apports nutritionnels (donc on aurait pu
se dire que les patients supplémentés étaient les plus dénutris et donc
plus à risque de fracture, mais ça a été pris en compte dans le modèle
multivarié).
Un article du Lancet Diabetes and Endocrinology
va probablement enterrer la vitamine D pour un petit moment. En effet,
cette méta-analyse retrouve que la supplémentation en vitamine D ne
réduit pas les fractures, ne réduit pas les chutes et n'améliore pas la
densité minérale osseuse. N'en déplaise aux prescripteurs, il y aurait
peut être un doute sur une augmentation paradoxale des fractures de
hanche. Le problème de la méta-analyse, c'est qu'elle inclue toutes les
études possibles, et on ne sait pas s'il y a une différence entre la
prévention primaire et secondaire des fractures. A regarder les études
étudiées, c'est plutôt de la prévention primaire. Bref en prévention
primaire, utilisons surtout la vitamine D dans un domaine où elle est
efficace: la prévention du rachitisme chez l'enfant et l'amélioration
des infections respiratoires et de l'état respiratoire chez les
asthmatiques (cf ici, mais là j'ai pas encore bien saisi la physiologie du truc).
2021: La HAS a publié des recommandations sur
les kystes de Tarlov, avec une synthèse à destination du médecin
traitant. Ces lésions bénignes du rachis toucheraient 5% de la
population et sont souvent découvert fortuitement. En ce qui concerne
les kystes de Tarlov symptomatiques (1/5 environ), peuvent être
responsables de douleurs lombaires, pelviennes, de troubles
sphinctériens et rarement de radiculalgie avec diminution de force
musculaire. La prise en charge médicamenteuse est classique utilisant
des AINS, des antiépileptiques et antidépresseurs tricycliques pour
soulager au long cours. Les indications chirurgicales ne sont pas
consensuelles.
2020: La HAS a également publié une recommandation concernant la pertinence des examens complémentaires en cas de cervicalgies.
En
cas de cervicalgie non traumatique, une imagerie cervicale est
recommandée si drapeaux rouge ou cervicalgie de plus de 4-6 semaines. Il
s'agit de la radiographie si cervicalgie sans radiculalgie, de l'IRM si
suspicion de maladie inflammatoire ou radiculalgie (ça va en faire
beaucoup vu la prévalence des névralgies cervico-brachiales mais les
auteurs précisent que ça peut être en complément des radios et surtout à
visée étiologique ou si un geste invasif est discuté), ou de
l'angio-IRM si suspicion de dissection des artères cervicales.
En
cas de cervicalgie traumatique, un scanner cervical est recommandé si
patient instable ou avec troubles neurologique, âge >65 ans , rachis
ankylosé (SPA, hyperostose...) ou selon les critères NEXUS/Canadian
C-Spine (cf le document mais en gros imagerie si âge >65 ans,
cinétique importante, chute > 1m, examen neurologique anormal), et
une angio-IRM est recommandée si suspicion de dissection des
artères cervicales.
Pour compléter la recommandation HAS concernant les cervicalgies, voici une vidéo du
NEJM abordant l'examen clinique du rachis cervical en médecine
générale. Certes, on aura rarement besoin de tout faire à chaque fois,
mais ça repose les bases.
Cette étude n'a
pas mis en évidence de différence entre un groupe ayant été traité par
manipulations du rachis cervical et étirements versus étirements à
domicile seuls chez des patients souffrant de cervicales chroniques que
ce soit sur des scores de douleurs ou sur le handicap. Les auteurs
parlent d'un surplus d'effets indésirables dans le groupe intervention,
sans en détailler les effets, et en minimisant les risques liés aux
manipulations du rachis cervical dans leur discussion, c'est dommage.
Ca faisait un moment qu'on n'avait pas parlé d'acuponcture. Cet essai randomisé
a évalué l'acupuncture versus acupuncture factice versus liste
d'attente dans les cervicalgies. Que ce soit à 1 mois ou 6 mois de
l'intervention, l'acupuncture était statistiquement efficace, réduisant
l'EVA de 6 points sur 100 par rapport au groupe acupuncture factice et
de presque 10 points sur 100 par rapport à la liste d'attente.
Cependant, les auteurs reconnaissent que cette différence est inférieure
au seuil de pertinence clinique (fixé à 10 points).
Après le BMJ, c'est le JAMA qui
fait une revue sur le canal lombaire rétréci. Il n'y a pas de grande
différences entre les 2 articles. Celui-ci insiste sur d'autres signes
cliniques comme la douleur lombaire et des membres inférieurs majorée à
l'extension du rachis et soulagée par la flexion, et le syndrome
cordonal postérieur (diminution de pallesthésie, élargissement du
polygone de sustentation, Romberg anormal). La rééducation, l'activité
physique adaptée et les AINS sont les traitements de première intention.
L'imagerie est indiquée quand une indication d'infiltration (sans
efficacité démontré dans les études après 3 semaines) ou de chirurgie
est posée (modérément efficace) devant le retentissement fonctionnel
important. Notons enfin que 20% des plus de 60 ans sont atteints mais
80% d'entre eux sont asymptomatiques et qu'après 3 ans de suivi, 30% des
patients sont améliorés, 50% des patients sont stables et 10-20%
décrivent une aggravation des symptômes.
Le BMJ parle
du canal lombaire rétréci dont le symptôme le plus classique est la
claudication médullaire (douleurs ou paresthésies à la marche réduisant
la distance de marche). La douleur peut être également reproduite en
maintenant le rachis en extension pendant 30 secondes. Initialement
l’imagerie n’est pas nécessaire compte tenu de la prise en charge qui
réside essentiellement dans la rééducation et l’exercice physique qui
améliorent 30% à 50% des patients. Les infiltrations sont un traitement
possible en 2ème ligne. En l’absence d’amélioration à 3-6 mois, une
imagerie est recommandée pour prendre un avis chirurgical. Cependant, il
n’est pas noté de diamètre seuil pour discuter de l’intervention.
Minerva revient
ce mois ci sur une étude évaluant les infiltrations chez les patients
avec canal lombaire rétréci. Les auteurs retrouvent pas de bénéfice sur
la douleur et la gêne fonctionnelle aux injections de corticoïdes+
lidocaïne versus lidocaïne seule. De plus, la répétition des injections
ne permettait pas non plus d'amélioration à 12 mois en cas de
non-réponse à l'infiltration initiale
Le BMJ s'est
intéressé à la luxation antérieure de l'épaule et a comparé une
kinésithérapie après un 1er épisode avec des conseils et de
l'information. A 6 mois, il n'y avait pas de différence entre les 2
groupes concernant la stabilité de l'épaule ou les symptômes. On peut
donc probablement garder la kiné dans un 2ème temps selon l'évolution
clinique.
Le BMJ a
publié un article concernant la prise en charge de la maladie de
Dupuytren. Les causes de cette maladie restent imprécises (l'hérédité,
les travaux manuels, le diabète, le tabac, l'alcool). L'évolution vers
la contracture ne survient que chez 35% des patients après un suivi de
18 ans. Il est important d'évaluer le retentissement fonctionnel qui
guidera la suite. La prise en charge précoce peut proposer de la
kinésithérapie et des massages avec un faible niveau de preuve. Les
antalgiques et infiltrations de corticoïdes peuvent soulager les
douleurs des nodules aux stades initiaux. La prise en charge
chirurgicale est indiquée en cas de contracture d'au moins 30° d'une MCP
ou de 10-20° de l'IPP, un retentissement fonctionnel important sur le
pouce ou une progression rapide en quelques mois. Cependant, la
chirurgie n'améliore pas toujours les symptômes en raison du risque de
raideur post-opératoire et du risque de récidive qui peuvent être
élevés.
Un essai randomisé
a comparé un traitement chirurgical à des injections de collagénase
dans les rétractions de Dupuytren. Les injections n'étaient pas "non
inférieures" au traitement chirurgical (score PEM = 18/100 versus 12/100
après chirurgie). Cependant, le score initial avant traitement était de
34/100, ce qui montre quand même une efficacité clinique de cette
option rarement proposée aux patients (cette autre étude en parle aussi).
Le BMJ parle
dans sa rubrique "Practice, a 10 minute consultation" des douleurs
plantaires. Les auteurs retrouvent que la principale cause de douleur
est la fasciite plantaire (aussi connue sous le nom aponévrosite
plantaire). La bonne nouvelle est que ça se résout généralement en 12
mois quelque soit le traitement... La mauvaise, c'est donc que peu de
traitements sont efficace. Sont proposés principalement: des
antalgiques, de la rééducation et surtout un repos pour au moins 6
semaines.
Le BMJ parle des douleurs de l'avant pied. Il y a globalement 3 types de diagnostics principaux:
le
névrome de Morton donnant des douleurs souvent neuropathiques au niveau
des espaces inter-métatarsiens qui s'évalue cliniquement par un test de Mulder voire par une écho ou une IRM si doute (traitement: chaussage adapté, podologue, infiltrations voire chirurgie)
les
métatarsalgies et l'instabilité métatarso-phalangienne du 2ème rayon
s'évaluant par le "drawer test" (traitement: strapping voire chirurgie).
Il y a aussi parfois des fractures de fatigue mieux visualisées par IRM
que par les radiographies (traitement: rien pour les MT 2 et 4, mais
risque de déplacement pour le 1 et le 5; marche doute pendant 4 à 8
semaines en "non douleur" et chirurgie si persistance).
sur le
1er rayon, on peut trouver une sésamoidite (traitement: AINS, botte
amovible voire chirurgie), des douleurs d'hallux valgus (traitement:
orthèse voire chirurgie) ou d'hallux rigidus (=arthrose). Des
radiographies sont souvent utiles.
On avait parlé du diagnostic du névrome de Morton il y a quelque temps.
Le traitement repose essentiellement sur un chaussage adapté (non
serrée) ou la neurolyse en traitement curatif. Il semblerait aussi
qu'une seule injection de corticoïdes puisse soulager les patients.
Un article du JAMA parle
de la pseudo polyarthrite rhizomélique et de l'artérite à cellule
géante (Horton). Les auteurs parlent du PET-scan pour le diagnostic
(Se=80%, Sp=90%), la biopsie étant une alternative. Le traitement réside
dans les corticoïdes (0,5mg/kg dans la PPR, 0,7mg/kg dans l'ACG et
1mg/kg dans l'ACG avec atteinte ophtalmique, mais il ne parle pas de
l'aspirine souvent ajoutée dans ce cas). Après avoir obtenu une
efficacité clinique pendant 2 à 4 semaines, la réduction dans l'ACG est
de 10mg/2semaines jusqu'à 20mg, puis une réduction de 1-2,5mg toutes les
2 à 8 semaines pour une durée totale de traitement entre 1 et 3 ans.
Abordons rapidement la maladie de Behçet,
qui atteint 400 personnes sur 100 000 d'origine turque et 5 pour 100
000 en moyenne en population occidentale. Les symptômes caractéristiques
comportent notamment l'aphtose buccale suivi d'ulcérations génitales
(plus importants et profond que les ulcères buccaux et souvent
responsables de cicatrices), et de lésions cutanées papulaires et
nodulaires. Il y a également des mono ou oligoarthrites pouvant faire
évoquer une SPA périphérique, ainsi que des atteintes ophtalmologiques
comme des uvéites. Des phlébites profondes ou superficielles surviennent
chez un tiers des patients et des anévrismes vasculaires peuvent être
retrouvés. Le diagnostic repose sur un score clinique incluant un test
pathergique (papule ou pustule 48h après piqure de l'avant bras avec une
aiguille 20-26G), ce score >3 ayant une sensibilité et une
spécificité de plus de 90%. Le traitement initial repose généralement
sur la colchicine et sur un suivi conjoint multidisciplinaire
(internistes, vasculaires, ophtalmo..).
Et si c'était un Lupus? Le JAMA aborde
le lupus érythémateux systémique, qui touche à 90% des femmes. Les
critères de l'EAAR/ACR ont une sensibilité de 96% et une spécificité de
93%. La présentation la plus typique comporte une fièvre, alopécie,
érythème cutané, ulcération buccales, arthralgies avec oedèmes et
anticorps anti ADN natif double brin. Le traitement de base repose sur
l'hydroxychloroquine à vie (réduction des complications et de la
mortalité quelle que soit la sévérité de la maladie) à une dose
inférieure à 5mg/kg/j, avec un contrôle ophtalmologique initial, à 5 ans
puis annuel. Pour limiter les corticoïdes au long cours au maximum, les
immunosuppresseurs sont recommandés mais ça c'est l'interniste qui va
gérer.
Dans les crampes, on est souvent démuni. Mais voici un essai randomisé
du Jama Internal Medicine incluant 300 patients chinois de plus de 65
ans ayant au moins 2 épisodes de crampes nocturnes au cours des 2
dernières semaines (2.6 crampes par semaine en moyenne). Ils ont été
traités par vitamine K2 (=menaquinone, c'est pas la vitamine K
habituelle qui est de la K1), versus placebo. Après 8 semaines, le
groupe traitement avait une diminution significative de 1,2 crampes par
semaines par rapport au placebo et elles duraient 35secondes de moins!
Il n'y a pas eu d'effets indésirables sous traitement. A méditer, pour
passer de 3 crampes par semaines à 2.
Le traitement des crampes a été évalué dans plusieurs articles. Le premier du JAMA consiste
en une étude exposés-non exposés portant sur le traitement au long
cours par quinine pour les crampes. Les auteurs retrouvent une
augmentation de la mortalité globale chez les 45 000 patients traités
par rapport aux 130 000 non traités (OR=1,24), avec un effet dose: la
mortalité était plus importante chez les patients avec des fortes doses.
Cela peut laisser penser que la relation est causale, même si cette
étude ne permet pas de le conclure.
Le second, du JAMA internal medicine, retrouve que le magnésium n'a
pas d'efficacité supérieure au placebo dans les crampes. Cependant, l'absence d'effets
indésirables notables chez les patients traités et l'amélioration des
crampes dans les 2 groupes peut laisser penser que le magnésium est un
placebo à faible risque d'effets indésirables graves (mais l'étude
comportait peu de patients).
Rapidement, des recommandations alimentaires
ont été faites chez les patients avec rhumatisme inflammatoire. Il est
recommandé d'accompagner le patient vers une perte de poids, le régime
méditerranéen est recommandé et les oméga-3 peuvent être proposés à
visée symptomatique. Le régime sans gluten, le jeûne, le régime
végétalien, l'éviction de produits laitiers, la supplémentation
vitaminique ou en oligo-éléments et les probiotiques ne sont pas
recommandés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire