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Blog médical et geek de médecine générale :
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » (Louis Pasteur)

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vendredi 28 février 2025

Dragi Webdo n°473 : Lyme (HAS), infiltrations rachidiennes (recos), acide hyaluronique (recos), MGUS, gestion insuline, vitamine C/rhume, vitamine D/infections respiratoires, Nirmatrelvir/ritonavir

Bonjour ! Merci encore à toutes et tous pour votre fidélité, vos commentaires, vos encouragements et bienvenue aux nouveaux sur le blog ! Voici les actualités de la semaine !

 

1/ Pharmacovigilance

L'ANSM revient encore une fois sur les prescriptions inappropriées de fluoroquinolones. En effet, il semblerait qu'il y ait encore trop de prescriptions inadaptées. Elle rappelle qu'elles ne doivent pas être prescrites pour les infections non sévères résolutives spontanément, les cystites, les diarrhées du voyageur, les EABPCO, les rhino-sinusites, les OMA et les affections non infectieuses (prostatites chroniques). Il est également nécessaire d'informer les patients des effets indésirables lors des prescriptions indiquées, comme pour tout traitement avec des effets indésirables nécessitant une vigilance.

 

2/ Cardiovasculaire

Les études sur la fin de la bithérapie antiagrégation (DAPT) après angioplastie se poursuivent (on en avait parlé ici). Cette revue systématique d'Annals of internal medicine a comparé la DAPT au ticagrelor seul après un syndrome coronaire aigu. L'inclusion de 3 essais randomisés avec plus de  90% de patients asiatiques, a montré l'absence de différence de récidive d'évènements cardiovasculaires (1.7% vs 2.1%) et un risque moindre d'hémorragies sous ticagrelor seul (0.8% vs. 2.5%, NNT= 59). Des essais en population européenne semblent maintenant indispensables pour confirmer ces données.

 

3/ Infectiologie

La HAS a publié de nouvelles recommandations concernant la maladie de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques (mais on ne parlera que du Lyme, les autres étant quand même du domaine de l'infectiologue). Donc pour le Lyme, rien de très neuf en vrai. Le diagnostic repose sur le triptyque 1/ exposition aux tiques + signe clinique évocateur + sérologie positive , avec un algorithme qui va bien pour décider du traitement. Globalement pour les généralistes, soit c'est un érythème migrant clinique et il n'y a pas besoin de sérologie, soit le triptyque est complet notamment sur les paralysies faciales oligoarthrite, et ça va, soit il faut adresser pour explorations (cf ci dessous). Les signes cliniques évocateurs en dehors de l'EM sont le lymphocytome cutané bénin, l'acrodermite atrophiante, les neuroborrélioses (notamment les paralysies faciales, méningoradiculite, méningite), les oligoarthrites,  les myo-péricartides, et les uvéites et neuropathies optiques. Sur le plan thérapeutique, un changement majeur est à noter. En effet, la doxycycline, est toujours en 1ère intention chez l'adulte (100mg x2/j), mais aussi chez l'enfant, y compris avant 8 ans si > 20kg (4mg/kg/j en 2 prises/j) ! La durée de traitement dépend de la forme (10 jours pour l'EM, 14 jours si EM multiple ou neuroborréliose < 6mois, et ensuite  21 à 28 jours selon les formes). L'amoxicilline est en 2ème ligne (ou 1ère pour les enfants et femmes enceinte dans l'arthrite car c'est 28 jours). En cas de piqûre, il n'y a jamais lieu de donner un traitement préventif quels que soient les situations en France, mais une surveillance clinique d'apparition d'un EM pendant 1 mois est recommandée.  Enfin, revenons sur le PTLDS (le Post-Treatment Lyme Disease Syndrome). Il signifie qu'il y a eu une borréliose prouvée, et qu'elle a été traitée puisque c'est "post traitement", sinon ce n'est pas ça. Ensuite, les symptômes doivent être invalidants depuis plus de 6 mois et comportent asthénie et/ou arthralgies et/ou troubles cognitifs qui n'ont pas d'autre cause retrouvée et qui ne sont pas des séquelles attendues de la manifestation initiale. Le bilan doit donc comprendre: NFS plaquettes, TP-TCA, CRP, Na, K, créatininémie, bilan hépatique, GAJ, ferritinémie, EPP, CPK, LDH, calcium, phosphore, TSH, bilan auto-immun, carences vitaminiques, sérologies VIH, VHB, VHC, syphilis, EBV, CMV, toxoplasmose et  Tick-Borne Encephalitis Virus (TBEV). L'imagerie sera centrée sur les symptômes. La prise en charge sera pluridisciplinaire basée sur l'écoute, dans un centre spécialisé.

 


Parlons un peu du rhume! Une revue systématique, incluant 10 essais, a réussi a montrer que la prise de vitamine C semblait réduire la sévérité des symptômes du rhume de  15%, réduisant ainsi la durée des symptômes sévères (parce que les symptômes peuvent être sévères !) , mais elle ne réduisait pas la durée des symptômes modérés ni la durée totale.

Continuons avec la vitamine D maintenant, qui reste quant à elle fidèle à elle même. En effet, une fois encore, une revue systématique a été publiée. Cet article du Lancet endoc and diab, a inclus 40 essais randomisés, et inclus au total 60 000 patients pour savoir si la supplémentation en vitamine D réduisait le risque d'infections respiratoires. La réponse est toujours  non (OR= 0,94 [0,88-1,00];p=0,057) . De plus le "funnel plot" montre qu'il y a un biais de publication, avec une probable non publication de petites études n'ayant pas montré d'effet protecteur de la vitamine D. Bref, toujours aucune donnée solide pour prescrire de la vitamine D chez l'adulte. Ou plus... encore des données solides pour ne pas s'attendre a un bénéfice clinique de la vitamine D au delà de l'effet placebo.

On avait déjà vu l'an dernier que le Nirmatrelvir/ritonavir (Paxlovid*) ne semblait plus efficace dans une population vaccinée. Cette nouvelle étude sur databases américaine conclue que le traitement ne semblait pas réduire les hospitalisations ni la mortalité des patients en 2022. Au mieux, il réduirait de  1.3% d'hospitalisations liée au Covid, ce qui est 4 fois moins que ce qui était retrouvé dans la publication initiale du traitement en cours d'épidémie.


4/ Oncologie

Cet article aborde le diagnostic et la prise en charge des MGUS (gammapathie monoclonale de signification indéterminée) dont la prévalence serait de  3% à 50 ans et 10% à 85 ans. Ainsi, la découverte d'une gammapathie monoclonale conduit à compléter le bilan par électrophorèse des protéines sériques (EPP), l'immunofixation (IEPP) et un dosage des chaînes légères libres sériques pour calculer le FLC ratio (rapport des chaînes légères kappa/lambda: norme 0,44 à 2,16 avant 70 ans et de 0,46 à 2,59 après). La recherche de protéines urinaires se fait par immunofixation urinaire. Une NFS, calcémie et créatininémie sont enfin réalisés pour rechercher une atteinte d'organes cibles. Ces éléments permettent de classer la gammapathie en à faible risque (pic monoclonal < 15g/L ET sous type IgG ET FLC ratio normal), intermédiaire si 1-2 caractéristiques anormales, et haut risque si les 3 sont anormales. Pour un faible risque, un contrôle à 6 mois par NFS, EPP, IEPP, FLC, créatininémie et calcémie, et en cas d'absence de progression, à répéter tous les 2 ans (plus souvent si signes cliniques ou évolution). Pour les risques intermédiaires et élevés, un avis hématologique est nécessaire pour réalisation d'un myélogramme/BOM (et si le bilan est rassurant, contrôle à 6 mois puis annuel).

 

 5/ Rhumatologie

Parlons de qualité de recommandations en rhumatologie. Voici un article du BMJ qui propose une recommandation concernant les infiltrations rachidiennes pour des douleurs chroniques (>3 mois) non liées à un cancer ou a une maladie inflammatoire, que la symptomatologie soit une rachialgie ou une radiculalgie. Ils n'ont pas déclaré de liens d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique. Ils se prononcent contre tout type d'infiltration rachidienne avec un niveau de preuve fort. Pour cela, ils ont mené une revue systématique également publiée dans le BMJ et qui incluait  81 essais randomisés et 8000 patients ayant eu des injections d'anesthésiant, de corticoïdes ou des deux versus des procédures factices. Il n'y avait aucun bénéfice concernant la douleur ou la fonction à 3 ou 6 mois de l'intervention. (Y'en a qui vont pas aimer cette conclusion objective...)

 

Et d'un autre coté, voici les recos de "l'Eurovisco group", 12 experts de l'arthrose avec 18 lignes de liens d'intérêt (dont Royal Canin!), qui se prononce sur la viscosupplémentation ave acide hyaluronique dans la gonarthrose. La méthode employée est un groupe Delphi (on fait des propositions et on demande aux participants de noter entre 0 et 10 s'ils sont d'accord). Bref, les auteurs sont pour que les injections d'acide hyaluronique soient proposées dans la gonarthrose symptomatique, même si douleurs modérées (mais pas en cas de crise aiguë). Rappelons que la revue systématique du BMJ, et les revues narratives du NEJM et du JAMA ne les recommandaient pas devant l'absence de bénéfice clinique démontré (cf ici), suite à quoi le CNGE avait publié un avis contre la visco-supplémentation qui avait déclenché la colère des rhumatologues qui trouvaient un possible bénéfice et aucun effet secondaire grave à ce traitement qui venait d'être déremboursé.


6/ Diabétologie

Un article aborde la simplification et la déprescription dans le diabète. Il rappelle l'importance de la décision partagée, de fixer des objectifs personnalisés basés sur le contexte psychosocial, l'environnement et les préférences du patient, et de préférer des traitements avec un risque iatrogène limité. En effet, après 65 ans, le sur-traitement augmente de 73% la mortalité, et les études montrent qu'une cible < 8,6% réduit la mortalité. L'article suggèrent d'interrompre les sulfamides si hypoglycémie, la metformine si insuffisance rénale, les aglp1 si poids faible, et les isglt2 si poids faible ou alimentation faible/jeûne. Il y a aussi un schéma concernant l'adaptation de doses d'insulines:

 

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@Dr_Agibus et @DrePétronille

 

 

vendredi 21 février 2025

Dragi Webdo n°472 : Sujet âgé avec FDRCV (Académie), HAS (TAAN/GEA, mesure de protection), contraception/risque vasculaire, antidépresseurs/poids, rougeole, IA/littératie

Bonjour,  c'est les 11 ans du blog, déjà !! Aller, pour commencer parlons de cette étude évaluant une formation aux MG sur les prescriptions de PSA, le sur-traitement du diabète et les ECBU inutiles n'a montré qu'une amélioration des pratiques sur les prescriptions de PSA pendant la période d'intervention. Après l'intervention, les MG reprenaient leurs pratiques antérieures... Bonne lecture !


1/ Pharmacovigilance

Le BMJ étudie le risque d'AVC et d'infarctus chez les femmes sous contraception hormonale. Les risques d'AVC et d'IDM sont respectivement de 1,8/10 000 par an et 0,8/10 000 sans contraception, 3,9/10 000 et 1,8/10 000 sous COP, 3,3/10 000 et 1,3/10 000 sous progestatifs oraux et 2,3/10 000 et 1,1/10 000 pour un DIU. Les DIU hormonaux n'augmentaient pas significativement le risque d'AVC ou d'IDM.

Le JAMA revient sur le risque thrombo-embolique veineux des contraceptions hormonales. L'incidence des MTEV était de  2/10 000 par an en l'absence de contraception, 12/10 000 pour les injections de progestatifs, 10/10 000 sous COP, 8/10 000 sous anneaux et patchs OP, 3,5/10 000 pour les pilules et DIU aux progestatifs seuls, 2,1/10 000 pour les DIU. Enfin, si on entre dans les détails des COP, le sur-risque par rapport aux non utilisatrices variait entre 3/10 000 sous 2è génération à 14/10 000 pour les 3ème génération !

Un article d'Annals of internal medicine comparait les variations de poids sous divers antidépresseurs par rapport à la sertraline. La fluoxétine et le bupropion ont tendance à faire perdre du poids  alors que l'escitalopram et la paroxétine sont ceux en faisant prendre le plus.

2/ Cardiovasculaire

Le Lancet revient sur les arrêts cardiaques chez les sportifs. En prévention, l'interrogatoire centré sur les symptômes et les antécédents familiaux, et l'examen clinique ont une faible sensibilité. L'ajout de l'ECG améliorer la sensibilité du dépistage des troubles pouvant conduire à un arrêt cardiaque. Cependant, il ne permet pas de détecter un certain nombre de pathologie et augmente les faux positifs conduisant à des explorations inutiles et restrictions inappropriées. Ainsi, les scientifiques ne sont pas unanimes sur la conduite à tenir et il n'y a pas d'indication à d'autres explorations systématiques autres que l'ECG si effectué. Après 35 ans, il n'y a pas non plus de bénéfice démontré à dépister une coronaropathie avant l'activité physique. Cependant, un dépistage est recommandé si facteurs de risque cardiovasculaires.

L'académie de médecine a publié un avis sur la prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires des patients de plus de 75 ans. Techniquement, il aurait été plus adapté de parler de prise en charge de patients avec facteurs de risque cardiovasculaire que de la prise en charge de facteurs. 

Concernant l'HTA, l'académie propose la cible "ESC" de 140mmHg de PAS, assouplie chez les patients fragiles autonomes avec une cible  < 150mmHg en commençant à traiter si PAS > 160mmHg. En cas de patient fragiles dépendant, une cible < 160mmHg peut être suffisante.

Concernant le diabète, l'académie suit les recos HAS de 2014, avec 7% pour les patients non fragiles, entre 7% et 8% pour les patients fragiles et entre 7,5% et 9% pour les patients très fragiles dépendants.

Concernant les dyslipidémies, l'académie reprend les cibles de l'ESC. Cependant, elle note qu'il n'y a pas de preuve de bénéfice des statines en prévention primaire après 70 ans (mais une étude observationnelle trouvait un sur-risque d'AVC si arrêt). En prévention secondaire, il faut continuer (études prosper et  improve-it mais peu de patients > 80 ans).

Enfin, un paragraphe est dédié à la décroissance thérapeutique en l'absence d'effets indésirables, en mettant en avant la non re-prescription systématique et la place du médecin traitant comme pivot dans la gestion des médicaments en coordination avec les autres spécialistes.

 

3/ Infectiologie

Le BMJ aborde la prise en charge de la rougeole. Pour commencer, il est estimé que la vaccination a éviter plus de 50 millions de décès dans le monde entre 2000 et 2020. Elle n'évite cependant pas la rougeole à 100% (efficacité 97-99%). Son incubation varie entre 7 et 21 jours, et les premiers symptômes initiaux sont toux, rhinite, conjonctivite. Le signe de Koplick (spots blanc-gris sur muqueuse jugale érythémateuse) apparait et l'éruption typique de rougeole fait suite 3-4 jours après. Les complications sont les otites (7-9%), les pneumonies (1-6%), diarrhées (8%), convulsions ( 0,5%), encéphalite ( 0,5 à 1 pour 1000), pan-encéphalite sub-aigue sclérosante ( 1 pour 25000, mais 16 fois plus si infection avant 3 mois). On est contagieux pendant 4 jours après l'apparition du rash, et les contacts non vaccinés dans la maison doivent être isolés 21 jours, car le R0 de la rougeole est de 12-18 (chaque personne contaminée contamine 12 à 18 personnes, soit 10 fois plus que le Covid ou la grippe). Il n'y a pas de traitement spécifique et la supplémentation en vitamine A n'a pas de bénéfice démontré (car la rougeole entraine une carence en vitamine A responsable de xérophtalmie).

La HAS a publié une recommandation concernant l'utilisation des tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN) multiplex dans les gastro-entérites :

 

 

4/ Exercice médical

 La HAS a publié une recommandation concernant l'accompagnement des personnes ayant une mesure de protection. Concernant le médecin généraliste, il est cité au moment du certificat où la formulation "médecin traitant" veut en fait dire "tout médecin ayant vu le patient. Un médecin inscrit sur la liste du procureur peut solliciter l'avis du médecin traitant, qui n'a alors pas le droit de refuser de répondre aux questions du médecin inscrit, mais n'a pas à donner accès au dossier médical: il faut juste répondre aux question du certificat.

Des chercheurs ont fait lire 4 comptes rendus d'hospitalisation à des patients, en remplaçant aléatoirement 2 des 4 (pas toujours les mêmes donc) par des CR retravaillés par chat-GPT. La compréhension était améliorée avec les CR issus de chat-GPT avec une efficacité plus importante dans les populations ayant historiquement une plus faible littératie (sujets noirs, hispaniques, patients âgés et hommes). C'est un exemple de sujet de thèse qu'il serait facile de refaire en France...

 

 

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dimanche 9 février 2025

Dragi Webdo n°471 : Doxy post-exposition (HAS), migraines (reco US), réhabilitation pulmonaire (reco US), paracétamol, substitut de sel, suivi mammo, cancer testiculaire, vaccin covid, continuité des soins

Bonjour ! Commençons cette semaine par parler de continuité des soins des patients diabétiques. Cette étude incluant plus de 10 000 diabétiques a mis en évidence que les patients voyant 0 ou 1 fois leur MG dans l'année ont un risque de mortalité plus élevé que ceux ayant un suivi régulier avec lui (et ceux voyant le plus souvent également, mais c'est probablement parce que leur santé se dégrade qu'ils ont besoin de plus de RDV). Voici les autres actualités, bonne lecture !

 

1/ Pharmacovigilance

Une étude de cohorte a inclus 100 000 patients de plus de  65 ans prenant du paracetamol qui ont été appariés avec 400 000 non exposés. Les auteurs trouvent que le paracetamol est associé à un sur risque d'ulcères gastriques non compliqués, d'hémorragies digestives, d'HTA, d'insuffisance cardiaque et d'insuffisance rénale. Bref, même si c'est un des mieux tolérés, toujours penser aux effets indésirables potentiels...

Le thiocolchicoside avait déjà été signalé comme tératogène par la HAS il y a plusieurs années. L'ANSM publie maintenant une alerte concernant ce risque, aussi bien chez l'homme que chez la femme. Ainsi, il est contre indiqué chez la femme et l'homme sans contraception efficace, et la contraception doit être maintenue pendant 1 mois pour les femmes et 3 mois pour les hommes. Bref, poubelle, comme dirait Prescrire®.

 

2/ Cardiovasculaire

Une étude chinoise en cluster a randomisé 14 000 patients avec antécédent d'AVC (64 ans en moyenne, 85% HTA, 30% en prévention secondaire), en un bras intervention dans lequel un substitut de sel ("sel de régime") était fourni (75% de chlorure de sodium et 25% de chlorure de potassium), versus un bras contrôle avec utilisation de sel habituel (chlorure de sodium à 100%). Les auteurs montrent une réduction des récidives d'AVC fatals et non fatals (NNT= 200 par an), principalement hémorragiques, et de mortalité toute cause (NNT=  175 par an) porté par la mortalité cardiovasculaire. La tolérance était bonne et l'étude n'a pas montré davantage d'hyperkaliémie.

 

3/ Pneumologie

Des recommandations américaines recommandent fortement de la réhabilitation pulmonaire chez les patients BPCO stables et chez ceux ayant été hospitalisés pour exacerbation. Cela peut être réalisé en présentiel ou en distanciel.  Elle améliore la dyspnée, la qualité de vie, le risque de réadmission après une hospitalisation pour EABPCO. En dehors de quelques sensations de malaise, il ne semble pas y avoir d'effets indésirables. (On en avait aussi parlé ici)

 

4/ Neurologie

L'American college of physicians a publié des recommandations concernant le traitement préventif des migraines. En première intention, les bêta-bloquants (propranolol ou metoprolol), le valproate, les IRSNA ou l'amitriptyline sont recommandés. Les gepants (bloqueur des récepteurs CGRP) et le topiramate sont les 2ème et 3ème lignes de traitement. Les autres traitements efficaces n'ont pas été inclus par manque d'études comparatives de bon niveau de preuve. La revue complète est ici.

 


5/ Oncologie

Voici un essai randomisé chez des femmes avec antécédent de cancer du sein, comparant une surveillance par mammographie annuelle (standard) versus par mammographie moins fréquente (tous les 2 ans ou tous les 3 ans selon le traitement réalisé) après 3 ans de mammographie annuelle. Après 9 ans (6 ans de suivi dans l'étude), la survie spécifique liée au cancer du sein dans le groupe mammographie annuelle était de 98.1% et de 98.3% dans le groupe mammographie moins fréquente, ce qui a confirmé la non infériorité de cette stratégie plus légère.

Abordons les cancers testiculaires, dont l'âge moyen de découverte est de  33 ans et la survie à  5 ans  de 95%, avec une prévalence de 6/100 000 hommes. Les facteurs de risques sont une crypto-orchidie, des antécédents familiaux, une infertilité, un Klinfelter et la consommation de cannabis. Cliniquement, il s'agit d'une masse testiculaire indolore, et il y a une gynécomastie dans 2% des cas (lié à l'élévation des β-hCG). Le bilan comprend une échographie, puis les marqueurs: β-hCG, AFP, LDH. Ensuite, avis urologique, traitement etc... Le suivi post traitement comportera surveillance annuelle avec  vigilance sur l'état psychique du patient, fonction rénale, bilan lipidique et glycémique selon les recommandations américaines.


6/ Infectiologie

La HAS a publié des recommandations concernant la doxycycline post-exposition. Les auteurs considères qu'est pas recommandé de traiter en post exposition par doxycycline les HSH et femmes trans, avec un grade "avis d'expert". Cependant, elle peut être envisagée après discussion et décision partagée pour les patients à haut risques d'IST (2 partenaires dans l'année et 2 IST dans l'année). Dans ce cas, il est recommandé de prescrire la doxycycline 200mg dose unique le plus tôt possible et maximum 72h après (max 3 fois par semaine), d'associer un bilan IST voire un traitement préventif du VIH type PrEP et de réaliser un bilan IST tous les 3 mois avec traitement si positif et contrôle biologique après traitement (risque de résistances). Le niveau de preuve "avis d'expert" est assez étonnant compte tenu de l'existence d'essais randomisés efficaces (cf ici) même s'ils ne sont pas nombreux. Enfin, chez les autres populations, le traitement post-exposition n'est pas recommandé (grade B)

Un essai émulé à partir de la cohorte des vétérans américains, l'efficacité des vaccins Covid administrés entre octobre 2023 et janvier 2024, avec une date de point placée en mai 2024. A 2 mois, les risques d'infection, d'hospitalisation pour Covid et de décès lié au covid étaient respectivement réduits de  14%,  37% et 54%. A 4 mois l'efficacité du vaccin diminuait rapidement pour ces 3 critères, étant respectivement de 3%, 25% et 30%. La population étudiée avait 70 ans en moyenne, un IMC > 30kg/m2 chez  40% des patients, un diabète chez 40% des patients, une coronaropathie chez  40% des patients. Les auteurs concluent à une efficacité faible du vaccin qui diminue rapidement avec le temps.


Voilà, c'est terminé ! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

 A l'année prochaine !

@Dr_Agibus (et relecture par @DrePétronille)
 




mardi 4 février 2025

Dragi Webdo n°470: Vaccin pneumocoque (HAS), ostéopathie/nourrisson, tirzépatide/insuffisance cardiaque, aGLP-1/grossesses, épicondylites, MoCA, HTA au marché, Next station Paris

 Bonjour, voici les articles de la semaine, bonne lecture ! 

 

1/ Pharmacovigilance

L'ANSM alerte sur les tensions d’approvisionnement de quétiapine. Ainsi, elle recommande de ne plus introduire de traitements sauf pour les syndromes dépressifs dans le cadre de troubles bipolaires. Il est nécessaire d'utiliser une alternative dans les autres circonstances.

Le BMJ aborde dans un article court les grossesses imprévues sous analogues du GLP-1. Elles sont probablement favorisées par une réduction de l'absorption des contraceptifs oraux liés au ralentissement de vidange gastrique d'une part, et par une amélioration de la fertilité liée à la perte de poids.


2/ Cardiovasculaire

On avait déjà parlé d'informer sur l'HTA chez le coiffeur. Cette nouvelle étude a comparé la pression artérielle de patients quand elle était prise: 1/ au cabinet médical , 2/ dans un marché alimentaire 3/ dans un marché alimentaire avec des bouchons d'oreille. Les PAS n'étaient pas significativement différentes entre les 3 types de mesures et les PAD étaient supérieure dans les 2 groupes "marché alimentaire" de 1.5mmHg par rapport aux mesures au cabinet. On peut donc prendre la PA n'importe où et avec la même fiabilité qu'une PA "au cabinet"

Après les aGLP1 dans l'insuffisance cardiaque, efficaces grâce à la perte de poids plutôt que grâce à un effet spécifique, le tirzépadide est maintenant testé également. Les auteurs ont inclus 700 patients de  65 ans en moyenne, diabétiques à  50%, avec une FE moyenne de 60% et un BMI de  38. Il y avait 2 co-critères principaux. Sur le critère de mortalité cardiovasculaire ou aggravation d'insuffisance cardiaque, le traitement était efficace avec un NNT de  31 patients par an, porté par les insuffisances cardiaques (pas de différence de mortalité cardiovasculaire ou globale). Sur l'amélioration du score fonctionnel d'insuffisance cardiaque KCCQ-CSS,  il y avait une différence de  7 points sur 100 entre les 2 groupes, (53/100 au début de l'étude). Enfin, la perte de poids était de 13% dans le groupe tirzépatide. Donc les résultats semblent concordants avec ce qui est déjà connu sur la perte de poids et insuffisance cardiaque a FE préservée.


3/ Vaccination

La HAS s'aligne sur les recommandations américaines en recommandant la vaccination anti-pneumococcique chez tous les patients de plus de 65 ans par Prevenar 20. On avait vu que le NNT pour éviter une hospitalisation était de 1667 patients par an en l'absence de comorbidité que c'était plutôt intéressant après  70 ans que 65 ans.


4/ Pédiatrie

Retour sur l'ostéopathie pour prévenir les déformations crâniennes chez le nourrisson dans un essai contrôlé randomisé français! Les nourrissons avaient entre 3 et 10 jours, et avaient des facteurs de risque de déformation crânienne (accouchement instrumental ou côté préférentiel de soutien de la tête, hypertonie axiale globale, hypertonie sous-occipitale localisée, déformation crânienne congénitale, déformation faciale et déformation du tronc). Il y a donc eu 60 enfants randomisés en ostéopathie ou conseils et le critère de jugement était une plagiocéphalie ou brachycéphalie à 4 mois. Au final, il n'y avait aucune différence entre les 2 groupes (6/35 vs 8/30). Il n'y avait pas d'effets indésirables notés (mais sur un si faible échantillon et avec des ostéopathes travaillant dans un service pédiatrique de CHU). Bref, malgré la tendance d'efficacité, la taille des effectifs ne permet pas de trouver une efficacité de l'ostéopathie, on en reste donc à une absence de bénéfice prouvé et donc pas d'indication.


5/ Rhumatologie

Dans l'épicondylite, se pose la question des différents traitements injectables en cas de persistance. Cet essai randomisé a comparé le plasma riche en plaquettes (PRP), les corticoïdes, l'acide hyaluronique et le placebo (Sérum physio). Après les injections, il n'y avait aucune différence d'efficacité entre les traitements par rapport au placebo, malgré une amélioration globale. On peut juste noter, qu'à 1 mois les corticoïdes semblaient avoir plus rapidement soulagé la douleur à 1 semaine, avant que l'intensité rejoigne celle des autres traitements après. Bref, pas de traitement injectable efficace au delà de l'effet placebo.

6/ Neurologie

Un article lillois publié dans le BJGP Open porte sur l'évaluation des troubles mnésiques par le test MoCA (≥ 26/30 = normal; < 10/30 = sévère). Le MoCa aurait un intérêt pour un dépistage précoce des troubles cognitifs modérés notamment après 60ans. Il est réalisé par les généralistes de l'étude en moins de 10min pour 80% d'entre eux. Pour comparaison, le MMSE met 10-15 minutes et est recommandé plutôt pour les troubles modérés à sévères.


7/ Le jeu du mois :  Next station Paris

"Next Station Paris" est un petit jeu "flip and write" dans lequel l'objectif est de créé des lignes de métro, chaque joueur créant 1 ligne de métro de chaque couleur. Les stations sont représentées par des symbole (carré, rond, triangle etc...) et chaque tour , une carte est tirée avec un symbole. Sur leur carte personnelle, les joueurs doivent tirer une ligne de métro entre la station où ils sont et une station suivante correspondant à la forme représentée sur la carte. Plusieurs options sont possibles, et pour marquer le plus de point, il faut essayer d'aller dans le plus de quartiers de la ville, relier des monuments, créer des intersections sur les stations... Quand la manche est finie avec une ligne, on passe son crayon de couleur au joueur d'à côté, et une nouvelle manche débute pour créer une nouvelle ligne d'une autre couleur.  Il faut quand même réfléchir à ce qui est à optimiser et réfléchir à ce qui peut arriver après pour définir les lignes les plus rentables. Bref, c'est un jeu sympa,  sans prise de tête prenant  30min environ : on retourne une carte, on trace un trait, et on recommence jusqu'à compter les points !




C'est fini pour cette semaine! Vous pouvez toujours vous abonner sur FacebookTwitter, Bluesky et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail provenant de "hi@follow.it" et intitulé "Veuillez confirmer votre abonnement à Médicalement Geek", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

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