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Blog médical et geek de médecine générale :
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lundi 25 octobre 2021

Dragi Webdo n°329 : Aspirine prévention primaire (CNGE), asthme (NICE), Cushing (reco), ostéoporose (reco US), AINS/paracetamol

 Bonjour ou bonsoir selon votre heure de lecture du billet ! Voici les actualités de la semaine et comme c'est la fin du mois il n'y en a pas beaucoup. Bonne lecture !


1/ Covid-19

Le vaccin Valneva (le français que certains attendent) est en cours d'étude. Il s'agit d'un vaccin à virus entier inactivé anti-Covid avec un adjuvant d'aluminium (et de CpG 1018*). Dans une étude comparant ce vaccin au vaccin AstraZenaca, il serait supérieur à ce dernier sur la concentration d'anticorps d'après un communiqué de presse. Attendons la publication de l'étude pour étudier les critères cliniques.

Une analyses des propriétés des masques chirurgicaux (norme AFNOR) retrouve qu'ils peuvent être lavés 10 fois ou lavés 5 fois et autoclavés 5 fois sans perdre leurs propriétés. Ceci permettrait de les économiser sans augmenter le risque d'inefficacité de cette mesure barrière. Cependant, ceci a été étudié dans un contexte d'utilisation en population générale mais pas dans un milieu chirurgical.


2/ Cardiovasculaire 

Le conseil scientifique du CNGE a publié un avis concernant la balance bénéfice-risque défavorable du traitement par aspirine en prévention primaire chez les patients, quelque soit leur âge ou leur statut diabétique. En effet, le bénéfice sur les évènements cardiovasculaire n'est pas retrouvé dans toutes les études et ne serait que limité (NNT= 500 patients), alors que le risque hémorragique est supérieur (NNH= 200). Cet avis arrive quelques jours après la soumission au public de celui de l'USPSTF américaine qui va dans le même sens, mais nous en reparlerons quand sa publication sera définitive.


3/ Pneumologie 

Le NICE a mis à jour ses recommandations concernant l'asthme, les dernières datant de 2017 (oui, le rythme des MAJ est bien plus rapide que celui de la HAS). Il y a peu de changements par rapport aux précédentes en dehors des algorithmes qui sont bien faits. Avant 5 ans, il est recommandé de traiter selon les symptômes puis d'effectuer une spirométrie dès 5 ans. Si elle ne montre pas un syndrome obstructif réversible, les auteurs recommandent de mesurer la fraction exhalée de NO (FenO) et d'évaluer la variabilité du DEP (>20%) pour poser le diagnostic d'asthme. Si suspicion d'asthme non contrôlé malgré B2CDA avant 5 ans, les auteurs recommandent un traitement d'épreuve par CSI pendant 8 semaines à dose modérée. Si c'est inefficace, il faut penser à un diagnostic différentiel. Si c'est efficace mais qu'une crise re-survient moins de 4 semaines après l'arrêt, il faut instaurer un traitement de fond par CSI à faible dose au long cours, et si c'est après 4 semaines après l'arrêt, il est recommandé de recommencer un traitement limité à 8 semaines. Chez les plus de 5 ans, les auteurs restent sur une B2CDA à la demande pour le pallier 1, puis recommandent un CSI en traitement de fond pour le pallier 2, puis CSI et anti-leucotriène pour le pallier 3, puis CSI+B2LDA +/- anti-leucotriène pour le pallier 4 (sans privilégier un traitement SMART de prime abord) et enfin l'ajout d'un anti-muscarinique pour le pallier 5. Une décroissance peut être discutée après 3 mois d'asthme contrôlé.


4/ Endocrinologie

Le Lancet Endocrinology a publié des recommandations concernant le syndrome de Cushing. Concernant le diagnostic, il repose sur le dosage du cortisol libre urinaire ou un dosage du cortisol salivaire à minuit ou à défaut d'un test de freinage minute avec 1mg de dexaméthasone. Puis l'ACTH permet de déterminer si la cause est plutôt centrale (adénome ou sécrétion ectopique) ou surrénalienne.

 

5/ Rhumatologie

On avait déjà parlé des risque de la co-supplémentation calcium + vitamine D. Cet étude publiée dans le BMJ a étudié une augmentation des apports calciques alimentaires (lait, yaourt et fromage) versus groupe contrôle chez des patients âgés institutionnalisés avec une vitamine D normale. Les patients ont été suivis pendant 12 mois en moyenne. Les patients du groupe intervention avaient significativement moins de fractures globales (NNT= 52), moins de fractures de hanche (NNT=82) et moins de chutes (NNT=17), sans différence sur la mortalité. Il n'y a pas eu d'effets indésirables digestifs lié à l'intervention. Cela confirme qu'il est nécessaire d'avoir des apports calciques alimentaires plutôt qu'une supplémentation médicamenteuse.

La Cochrane a comparé l'efficacité du paracetamol et des AINS dans l'antalgie des traumatismes des tissus mous. Les auteurs ne retrouvent pas de différence sur la douleur à 1 ou 2 heures de la prise ni à 2 ou 3 jours. Cependant il y avait d'avantage d'effets indésirables digestifs avec les AINS. Par rapport aux opioïdes, les AINS avaient moins d'effets secondaires pour une efficacité antalgiques similaire.

La société américaine de la ménopause  a publié des recommandations concernant la prise en charge de l'ostéoporose. Ils rappellent les causes iatrogènes favorisant la perte de densité osseuse et les fractures (notamment anti-aromatases, corticoïdes, IPP, IRS, iSGLT2, les hypoglycémies et l'hyperthyroïdie). Le dépistage est recommandé chez les femmes de plus de 65 ans ou avant si facteurs de risque. Le bilan de recherche de cause secondaire comprend NFS-plaquettes, calcémie, phosphorémie, albuminémie, EPP, créatininémie, PAL, vitamine D, PTH, TSH, Ac anti transglutaminase, calciurie des 24h (et aussi, cortisol libre urinaire des 24h et tryptase pour rechercher une mastocytose... bon...). Le traitement est recommandé si antécédent de fracture vertébrale/rachidienne, ostéoporose à un des site ou ostéopénie + fracture périphérique ou FRAX >20% pour les fractures majeures ou >3% pour les fractures de hanche. Enfin les traitements proposés sont un peu déconnectés, proposant aussi bien des bisphosphonates que du raloxifène ou le denosumab.


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A la semaine prochaine,

@Dr_Agibus (et @DrePetronille pour la relecture)

lundi 18 octobre 2021

Dragi Webdo n°328 : Covid-19 (vaccin, transmission), dépression (reco canada), arthrose/AINS, gélules/comprimés, dysménorrhées, multimorbidité

Bonjour ! Pour commencer ce billet, parlons des personnes ayant des difficultés à avaler les médicaments (comprimés ou gélules). Dans cette étude, une technique consistant à mettre le comprimé sur la langue puis de mettre la bouteille à la bouche et de boire en levant la tête en arrière améliorait la prise de comprimés chez 60% des patients. La méthode améliorant la prise de gélules chez 90% des patients consistait à mettre la gélule dans la bouche, prendre de l'eau dans la bouche puis d'avaler en ayant la tête penchée en avant sur la poitrine. Y'a plus qu'à essayer ! Bonne lecture !

 1/ Exercice médical :

Depuis longtemps les formules de lait pour enfant sont recommandées. Cependant, il semble que seulement 14% des essais les concernant soient indépendants des laboratoires, 21% étaient enregistrés préalablement et le protocole n'a été fourni que dans 9% des essais. Il y a également un probable biais de publication. Une méta-analyse sur l'intérêt des laits de croissance avait été publié dans Exercer (O.Saint-Lary et al, 2009) concluait: "il n’y a pas de preuves des bénéfices apportés par les laits de croissance sur la santé des enfants. Cependant, ils apportent une quantité de fer qui pourrait être bénéfique aux populations carencées. Leurs prix est un obstacle, d’autant que carence martiale et bas niveau socio-économique sont intimement liés".

Des auteurs ont fait une recherche systématique de revues systématiques concernant l'impact de l'alcool sur les maladies cardiovasculaires. Ils ont retrouvé 14 revues systématiques dont les auteurs avaient été financées par l'industrie de l'alcool (certaines financées directement par l'industrie de l'alcool). Toutes ces revues montraient un bénéfice cardiovasculaire de l'alcool, contre 50% pour celles dont les auteurs n'ont pas été financés par l'industrie. Par ailleurs, celles financées étaient également le plus souvent citées.

Une étude qualitative suisse a étudié le raisonnement clinique des généralistes face aux patients multimorbides. C'est assez intéressant de poser des concepts sur la pratique menée tous les jours et de comprendre ce qui se joue dans les consultations de patients multimorbides : il ne s'agit pas simplement d'additionner des problèmes les uns après les autres, puisqu'ils peuvent s'intriquer et sont partagés par un même patient. Diagnostiquer la situation, prioriser, articuler les maladies chroniques entre elles, anticiper les problèmes à venir en faisant participer le patient à son suivi. Le raisonnement des généralistes étant à la fois intuitif et analytique. Un article intéressant à lire, notamment pour être réflexif dans nos pratiques.  

Enfin, un article d'opinion publié dans le BMJ discuter de l'implication du surdiagnostic dans l'empreinte carbone liée aux soins. En effet, les auteurs dénoncent principalement les surdiagnostics des cancers de la prostate et de la thyroïde dont les soins génèrent des émissions de carbone sans améliorer la santé. En attendant pour les actes du quotidien au cabinet, il y a le groupe du CMG qui propose outils et affiches pour agir en termes de développement durable.


2/ Covid-19:

L'étude française EPIPHARE utilisant les données de la sécurité sociale a publié des résultats concernant l'efficacité vaccinale chez les 50-74 ans et les plus de 75 ans. Les auteurs retrouvent une efficacité vaccinale sur les 3 vaccins (Pfizer, Moderna et AstraZenaca) située entre 90% et 95% sur le risque de forme grave. Avec l'arrivée du variant Delta, l'efficacité se maintenait au même niveau avec une efficacité du vaccin Pfizer supérieure à 90% chez les 50-74 ans et de 84% sur les hospitalisations chez les plus de 75 ans.

L'étude des bases de données britanniques concernant le variant Delta montre une efficacité sur les formes symptomatiques de 85% environ avec le vaccin Pfizer et 70% avec l'AZ (et 80% pour les patients non vaccinés avec un antécédent de covid). Ceci correspond à une baisse d'efficacité respective de 10% et 16% par rapport au variant alpha, mais le vaccin est bel et bien efficace. Ces 2 études sont cohérentes avec celle de la semaine dernière montrant une baisse d'efficacité sur les formes symptomatiques mais pas sur les formes graves avec le variant Delta.

Pour étudier l'immunité collective liée au vaccin, des chercheurs ont étudié le risque de transmission du virus chez des patients non vaccinés vivant avec des personnes immunisées (vaccin ou ancienne infection). 1,7 millions de patients dans 800 000 familles ont été inclus. Ils retrouvent que ces patients non immunisés avaient un risque d'infection covid diminué de 45% (si 1 seul membre de la famille était vacciné) à 97% (si 4 autres membres de la famille étaient vaccinés). Les résultats étaient similaires sur le risque d'hospitalisation lié à la covid. C'est une des premières études montrant ce bénéfice collectif.

En cas de Covid symptomatique non sévère, cet essai randomisé montre qu'il est inutile de prescrire de l'aspirine ou de l'apixaban pour réduire les risques cardiopulmonaires liés à la maladie. Cependant, une une étude de cohorte retrouve que les patients  ayant un traitement par statine avaient un risque de mortalité moindre que les patients sans statine (diminution du risque relatif de 12%, NNT d'environ 440). Le bénéfice est présent chez les patients avec diabète et maladie cardiovasculaires, mais aussi chez ceux sans pathologie, notamment après 80 ans (la mortalité liée au covid étant en partie liée à des causes cardiovasculaires c'est plutôt cohérent)


3/ Rhumatologie

Une méta-analyse bayésienne en réseau du BMJ a étudié les différents AINS et opioïdes dans la prise en charge de la gonarthrose. L'étude retrouve clairement que les opioïdes ont une faible probabilité d'être efficace pour un risque d'effets indésirables important. Le diclofenac gel montre des résultats intéressant avec 92% de probabilité d'efficacité et aucun arrêt à cause des effet secondaires. Enfin, en comparant les AINS, le diclofenac, l'etoricoxib et le rofecoxib étaient les traitements avec la probabilité la plus importante de réduire cliniquement la douleur.  L'intervalle de crédibilité pour l'efficacité du naproxène et de l'ibuprofène chevauchait le seuil de pertinence clinique bien qu'ils soient significativement plus efficace que le placebo (donc ils étaient significativement efficaces mais pas cliniquement). Concernant la tolérance des AINS, ils avaient 30% de risque d'effets secondaires. Le paracetamol était peu efficace avec un risque d'effet secondaire augmenté au delà de 3g/j. Pour mémoire, le diclofenac et les coxibs ont un risque d'effets secondaires cardiovasculaires probablement supérieur aux autres AINS (on en avait parlé ici et ).


4/ Psychiatrie :

Des recommandations canadiennes ont été publiées concernant la prise en charge de la dépression du sujet âgé. Pour le dépistage, ils recommandent l'utilisation du PHQ-9 ou du GDS. La psychothérapie est le traitement non médicamenteux recommandé en 1ère intention. La méditation pleine conscience, le yoga, taï-chi et l'activité physique sont aussi recommandés. Ensuite, ils recommandent de la sertraline ou de la duloxétine (elle n'a pas la meilleure balance bénéfice/risque en 1ère ligne, mais elle semble en effet préférable aux autres IRSNA, cf ici). La fluoxétine n'est pas recommandée en raison de sa longue demi-vie (c'est pourtant bien pour éviter les sevrages) ni la paroxétine en raison de ses effets indésirables. Un dosage de natrémie est recommandé avant traitement IRS ou IRSNA et éventuellement 2 semaines après instauration (la mirtazapine et les tricycliques sont peu pourvoyeurs d'hyponatrémie). Les antidépresseurs tricycliques sont placés en 3ème intention. Dans tous les cas l'instauration et la baisse du traitement doit être progressive.


5/ Gynécologie :

Concernant les dysménorrhées douloureuses des jeunes femmes, un essai randomisé a comparé des bains de pied pendant 20min à l'eau chaude (42°C) avec bulles et vibrations à J1 et J2 des règles avec les bains de pied tièdes. L'intervention avec eau chaude a diminué de façon significative les douleurs ressenties (l’échelle numérique de douleur passant de 7 à 2 versus 7 à 5 sur 10).


C'est fini pour cette semaine! Vous pouvez toujours vous abonnez sur  FacebookTwitter et à la newsletter (mail) pour ne rater aucun billet. Pour cela, inscrivez votre adresse mail e-mail tout en haut à droite sur la page (sans oublier de confirmer l'inscription dans le mail intitulé "FeedBurner Email Subscriptions", qui vous sera envoyé et qui peut arriver dans vos spams)

A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePetronille


dimanche 10 octobre 2021

Dragi Webdo n°327 : Maladie rénale chronique (HAS), vaccin Covid (HAS), Covid long (reco), vaccin paludisme (OMS), DT1 (recos), antidiabétiques (iSGLT2, aGLP1, tirzepatide), macrolides

Bonjour ! Ce billet va être très long, mais il y a eu beaucoup d'articles très intéressant cette semaine.  Bonne lecture !


1/ Pharmacovigilance :

Une étude américaine retrouve que 6 visites aux urgences pour 1000 habitants par an (12 chez les plus de 65 ans) sont liées à la iatrogénie médicamenteuse (et 38% conduisent à une hospitalisation). Les médicaments impliqués étaient des anticoagulants (15%), des opioïdes (11%), des benzodiazépines (11%), des antibiotiques  (9%) et de l'insuline (8%).

2/ Covid-19 :

L'EMA a déclaré qu'il était possible de faire une 3ème dose de vaccin anti-covid chez les patients immunodéprimés 28 jours après la 2ème dose et qu'il était également possible de vacciner avec une dose booster les patients de plus de 18 ans non immunodéprimés à 6 mois de la 2ème injection (mais il n'y a pas de références pour cela). 

Ainsi, la HAS a également émis un avis sur les doses booster. Elle recommande une 3ème dose chez les patients de plus de 65 ans, ou immunodéprimés ou avec facteurs de risque de forme grave, chez les professionnels de santé et professionnels prenant en charge ou accompagnant les personnes vulnérables et chez l'entourage des patients immuno-déprimés. Elle ne recommande pas de 3ème dose en l'absence de facteur de risque chez les moins de 65 ans. Le rationnel de cette dose booster repose sur une baisse des anticorps de 6% tous les 2 mois environ sur les formes symptomatiques et les données de tolérances sur une sous étude incluant des patients de 18 à 55 ans ayant reçu une dose booster.

Si on regarde cette étude publiée dans le Lancet, on peut voir que l'efficacité du vaccin diminue progressivement après la 2ème dose, jusqu'à atteindre une efficacité voisine de 50% sur les formes symptomatiques à 5 mois. Cependant, l'efficacité sur les formes sévères se maintient parfaitement au cours du temps (ce qui n'est pas en faveur d'une 3ème dose au final, car le but de la vaccination est surtout d'éviter les formes graves) Sur le graphique: A: cas symptomatiques; B: formes graves.

Dans une cohorte de 2 millions de patients de plus de 18 ans, l'incidence des myocardites était de 6 cas pour 1 million de dose chez les vaccinés et 2 pour 1 million en l'absence de vaccin, soit un risque multiplié par 3 après la 2eme dose (NNH environ 280 000 patients).

En Israël, près de 10 millions de patients ont été vaccinés. Le risque de myocardite était le plus élevé chez les 16-18  ans, avec un risque multiplié par 9 par rapport aux non vaccinés. Pour l'ensemble de la population, ce risque était multiplié par 2,3 par rapport aux non vaccinés et l'incidence correspondante était de 5,3 myocardites pour 100 000 vaccinés avec 2 doses. Cela donne un NNH d'environ 50 000 patients sur l'ensemble de la population et de 6600 patients chez les 16-19 ans. Ces fréquences sont bien plus élevées ici que dans les cohortes américaines ou européennes, notamment avec la comparaison avec l'incidence de myocardites dans les années précédentes. Peut-on suspecter une sous-déclaration des diagnostics de myocardites avant le covid ?

Le BJGP a publié des recommandations basées sur une méthode Delphi concernant les Covid long. La définition associe la positivité d'un test (ou des critères OMS) et des symptômes très larges (un essoufflement, une douleur thoracique, des palpitations, une tachycardie inappropriée, une respiration sifflante, un stridor, une urticaire, des douleurs abdominales, une diarrhée, une arthralgie, une névralgie, une dysphonie, une fatigue, des troubles cognitifs, une fièvre prolongée et une neuropathie) persistant après 4 semaines. Le généraliste est au coeur du diagnostic en recherchant une cause autre par un bilan (NFS, créatininémie, CRP, bilan hépatique, TSH, glycémie, vitamine D, magnésium, vitamine B12, acide folique, ferritine, bilan osseux +/- RXT, troponine, ECG, ETT...). La prise en charge peut ensuite nécessiter le recours aux spécialistes et doit s'accompagner d'un soutien psychologique.


3/ Cardiovasculaire:

Une étude a comparé l'utilisation du HAS-BLED et le score ORBIT pour évaluer le risque hémorragique des patients sous AOD pour fibrillation auriculaire. Les auteurs retrouvent que le HAS-BLED conduit à moins de mauvaises classifications des patients que le ORBIT.


4/ Psychiatrie:

Des patients coréens sevrés du tabac ont été suivis jusqu'à survenue d'un évènement cardiovasculaire. Les auteurs retrouvent qu'il y a un sur-risque cardiovasculaire chez les patients ayant cessé le tabac en utilisant un produit nicotinique sans combustion (e-cigarette ou tabac chauffé) par rapport à ceux ayant cessé le tabac sans produit nicotinique sans combustion (avec des substituts classique ou sans rien par exemple), avec un NNH d'environ 250 patients (OR d'environ 1.5)

Après la reco de la HAS sur la prévention du suicide, voici une étude concernant la survenue des tentatives de suicide des adolescent (âgée de 13 ans et demi en moyenne) au cours des dernières années à Paris (Hopital Robert Debré). En gris, on peut voir le début du confinement en mars 2020...

 5/ Infectiologie

Cette revue narrative concerne la prise de macrolides au cours des pneumopathies de l’enfant. L’auteur, revient sur le fait que certaines recommandations favorisent les macrolides par rapport aux pénicillines selon l’âge de l’enfant (notamment après 3-5 ans) et selon la présentation clinique (« pneumopathie atypique »). Cependant, le fait que les infections à mycoplasma pneumoniae soient moins sévères que celles à pneumocoque et la hausse des résistances aux macrolides fait que la prescription initiale de macrolides devrait être évitée dans les pneumopathies de l’enfant.

Dans ces temps difficiles pour la vaccination, l’OMS recommande un vaccin très attendu : celui contre le paludisme pour les enfants. L’étude ayant permis cette recommandation a été publié dans le NEJM et retrouve que la vaccination d’enfants entre 5 et 17 mois est non inférieure à la prise d’une chimioprophylaxie et que la combinaison des 2 est plus efficace que chacune des mesures.

 

6/ Néphrologie

La HAS a publié une mise à jour des recommandations sur l’insuffisance rénale chronique. Un des premières modifications est la suppression de l’âge supérieur à 60 ans dans les facteurs de risque devant conduire à un dépistage. Les autres facteurs de risque décrits ici sont maintenu et le dépistage se fait par mesure de la créatininémie et du rapport albuminurie/créatininurie (RAC).  Le déclin de DFG physiologique est de  2ml/min/an, il est modéré entre 2et 5ml/min/an et rapide au-delà de 5ml/min/an. Pour la 1ère fois le score KFRE est recommandé et un risque de déclin rapide > 3% doit conduire à adresser au spécialiste (on en avait parlé ici). Le suivi peut être assuré par le généraliste pour les DFG >45ml/min, stable et sans complication (ou jusqu’à 20ml/min chez le sujet âgé). Les auteurs recommandent l’utilisation de la formule CKD-EPI pour adapter les posologies des traitements. Sur le plan thérapeutique, les auteurs recommandent d’introduire un IEC ou un ARA2 pour obtenir une TA < 140/90 et même de viser < 120mmHg de PAS (sauf si diabète, âge >90 ans, protéinurie >1g, DFG<20ml/min ou PAD< 50mmHg). L’IEC et l’ARA2 sont également recommandé dès 120mmHg si RAC > 300mg/g ou >30mg/g si diabète. L’atorvastatine est la statine recommandée chez tous les patients de plus de 50 ans lorsque le LDL est > 1,9g/L. Enfin, voici le tableau de suivi :


7/ Diabétologie

La semaine dernière, le congrès européen de diabétologie a permis de sélectionner quelques articles. De nouvelles recommandations concernant le diabète de type 1 ont été publiées. Pour les généralistes, on retiendra pour le diagnostic que les anticorps anti GAD sont à faire en 1er lien devant une suspicion de diabète, puis, s'ils sont normaux les anti-corps anti IA2 et anti ZN8. Puis selon l'âge, il est recommandé de rechercher un diabète monogénique avant 35 ans, en s'aidant du dosage du peptide C ou de rechercher un diabète de type 2 après 35 ans, en s'aidant éventuellement du dosage du peptide C si le patient est insulino-requiérant 3 ans après le diagnostic de diabète. Le traitement repose ensuite sur une insulinothérapie, avec des objectifs basés sur le pourcentage de temps dans la cible à l'aide d'une mesure continue du glucose (on en avait parlé ici, les objectifs sont inchangés). Les antidiabétiques non insuliniques ne sont généralement pas recommandés dans le diabète de type 1.

Une revue systématique actualise les bénéfices des différents antidiabétiques en les comparant entre eux dans la prise en charge du DT2. Le schéma se suffit à lui même, une fois encore, mais pour faire simples: les iDDP4 sont aussi efficaces que des placebo, les aGLP1 et iSGLT2 réduisent les évènements et la mortalité cardiovasculaire, avec un léger avantage aux iSGLT2 qui sont plus efficaces sur la néphropathie et l'insuffisance cardiaque.

Dans les essais randomisés, le fenofibrate chez les patients diabétiques n’a jamais réussi a démontrer un bénéfice clinique significatif sur le critère de jugement principal malgré des bénéfices possibles sur les critères secondaires. Ainsi, des auteurs coréens ont comparés des 5000 patients traités par fenofibrates pendant 6 ans en les appariant grâce à un score de propension à 5000 patients n’en prenant pas. Les auteurs retrouvent une réduction de la survenue d’évènements cardiovasculaires (NNT d’environ 480 patients par an) mais aussi de la mortalité globale (NNT d’environ patients 130 par an). L’effet cardiovasculaire est donc moins important que celui des statines et ce n’est pas un essai randomisé, mais il pourrait faire discuter le fénofibrate quand les statines ne sont pas tolérées du tout si d’autres études venaient rejoindre celle-ci.

Une étude rétrospective retrouve que les traitements par statines chez les diabétiques sont associés à une progression du diabète proportionnelle à l’intensité de la statine utilisée. Les auteurs disent donc de réfléchir à la balance bénéfice risque de la statine pour chaque patient. Cependant, le bénéfice des statines est lié au haut risque cardiovasculaire des patients diabétiques en début de leur risque hyperglycémiant connu. Cette étude est une fois encore en faveur de la nécessité de changer de paradigme dans le diabète et de prendre en compte le risque cardiovasculaire global et non des marqueurs glycémiques comme critères de contrôle ou de suivi.

L'efpeglenatide est un nouvel analogue du GLP-1 qui a été comparé au placebo chez des patients à 90% en préventions secondaire. Ce traitement réduisait significativement la survenue du critère composite cardiovasculaire de 27% (NNT=72 personnes.années), mais sans efficacité sur les avc, infarctus, la mortalité cardiovasculaire ou la mortalité globale pris séparément. Bref, il y a de meilleurs analogues du GLP1 en prévention secondaire, notamment le liraglutide qui diminue la mortalité globale.

Enfin, de nouvelles molécules ont été présentées. Le tirzepatide, un double agoniste du GLP-1 et du GIP comparé au semaglutide dans SURPASS-2. Les auteurs retrouvent que le tirzepatide abaisse plus l'HbA1c que le semaglutide. Cependant, il y avait 0.9% de décès avec le tirzepatide contre  0.2% avec semaglutide. Les auteurs n'ont attribué aucun décès aux traitements. Attendons d'avoir plus d'infos sur ce nouveau traitement, notamment sur des critères cliniques.


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