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Blog médical et geek de médecine générale :
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » (Louis Pasteur)

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dimanche 24 avril 2016

Dragi Webdo n°94: ECG du sportif, insuff cardiaque (BB-, aliskiren), bronchoconstriction à l'effort, BCG, diarrhée du voyageur, RGO réfractaire

     Bonjour, bonjour! Pour raconter un peu ma vie, j'ai quand même du mal a comprendre certains internes. A moins que ce soit moi qui ai du mal à les comprendre (pourtant j'étais à leur place il n'y a pas si longtemps). 

     Lors d'un cours, j'ai entrepris de poser des questions sur la justification EBM des traitements d'un patient qui a été présenté. Certains internes ont parfaitement appuyé la présence ou l'absence d'intérêt des traitements. D'autres se sont contenté d'écarquiller les yeux parce que cela ne correspondait pas à ce qu'ils avaient appris en deuxième cycle. J'ai finalement fait une synthèse EBM de chaque médicament pris, et on a pu entendre au fond de la salle (on m'a raconté; moi j'ai pas entendu, parce que j'étais trop concentré à ne pas dire de conneries): "pourquoi on a pas des cours là dessus plutôt que les truc nuls sur les compétences". 
     Comme disait Confucius "quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson". Et c'est bien ce qu'on essaye de faire comprendre aux étudiants de troisième cycle: allez cherchez les infos, mettez vous à jour, parce que dans 6 mois (c'était des TCEM3), plus personne ne le fera pour vous! (du moins, pour ceux qui ne viennent pas lire les Dragi Webdo qui sont quand même loin d'être capable de répondre à tous les problèmes de médecine générale). 
     Si certains internes veulent me faire des retours sur "pourquoi est ce que le message ne passe pas?" je serai ravi de les lire pour qu'on puisse améliorer ça. 

    Bref, la semaine a été un peu dense, j'espère que la sélection vous plaira!


1/ Pharmaco-vigilance

Les gliflozines font encore parler d'elles, et notamment la Canagliflozine. Une fois de plus, c'est pas en bien. D'après l'ANSM, il semblerai que cette molécule soit associée à une augmentation du risque d'amputation chez les diabétiques. Il ne me semblait pas que ce signal soit apparu avec l'étude EMPA-REG, mais je n'ai pas non plus souvenir qu'elles aient été spécialement regardées.


2/ Cardio-vasculaire

Le BMJ a évalué l'intérêt des dépistage systématiques par ECG pour prévenir les morts subites des sportifs.  L'article reprend que les cardiomyopathies hypertrophiques sont les principales causes connues, mais que leur part reste très faible, la majorité des morts subites étant d'étiologie inconnue. L'incidence des morts subites avait diminué de 90% après mise en place d'un dépistage systématique en 1979 en Italie, mais il n'est pas prouvé que cette baisse soit liée au dépistage (l'amélioration des techniques de réanimations et des traitements est probablement aussi impliquée). A ce jour, l'incidence des morts subites est identique en Italie (où il ya un dépistage obligatoire), en France (où il y a un dépistage recommandé) et aux États-Unis (où le dépistage n'est pas recommandé). Les auteurs se rangent don à l'avis du CNGE disant qu'il n'y a pas de preuves suffisantes pour recommander un dépistage par ECG chez les sportifs.

Au chapitre insuffisance cardiaque, les bêta-bloquants restent des traitements majeurs d'après le BMJ qui a réévalué leur efficacité avec une méta-analyse récente. Ils diminuent d'environ 30% la mortalité chez les 40-85 ans avec une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 45% et réduisent également les hospitalisations pour insuffisance cardiaque.

Le NEJM confirme l'inutilité de l'aliskiren (inhibiteur direct de la rénine pas vraiment recommandé du tout en France) dans l'insuffisance cardiaque grâce à un effet contrôlé randomisé comparant l'aliskiren à l'enalapril et à l'enalapril + aliskiren avec comme critère de jugement la moralité cardiovasculaire ou les hospitalisations pour insuffisance cardiaque. Il n'y avait pas de différence significative pour montrer la supériorité des groupes avec aliskiren vs enalapril, mais une augmentation des effets indésirables: hypotension, insuffisance rénale, hyperkaliémie.


3/ Pneumologie

Un article que j'avais laissé passé mais qui mérite certainement que je revienne dessus. C'est le dernier article du BMJ dont je parlerais aujourd'hui, promis. Il fait la distinction entre asthme et bronchoconstriction induite par l'effort (EIB en anglais) qui peut être associé ou non à de l'asthme. Le terme d'EIB devrait être préféré à celui d'asthme à l'effort car il n'y a pas d'inflammation bronchique qui caractérise l'asthme (j'avoue que c'est surtout de la nosologie). Le diagnostic se fait sur une diminution de 10% du VEMS après un effort de 8minutes avec 4 minutes à 90% de la FMT. Les auteurs insistent sur le sous diagnostic devant des symptômes aspécifiques (la toux et le wheezing sont évocateurs, mais l'oppression thoracique et le souffle court sont aussi des symptômes). Les traitements proposés: beta2 mimétiques de courte durée d'action avant l'effort ou anti-leucotriènes, voire corticoïdes inhalés si besoin en cas d'asthme associé. En cas d'échec, penser à une obstruction laryngée liée à l'effort qui fait souvent un stridor (et non un wheezing) qui nécessite une laryngoscopie après activité physique chez un ORL pour faire le diagnostic.


4/ Infectiologie

Le HCSP a revu ses recommandations compte tenu de la pénurie de BCG. La priorité est désormais donnée aux nouveau nés de Guyane/Mayotte et aux enfants de moins de 5 ans de tout département ayant au moins 1 facteur de risque à l’exception du lieu de résidence en Ile de France.

En attendant les recommandations pour les voyageurs, le BMJ a publié un article sur les diarrhées du voyageur et la prescription de traitements antibiotiques. C'est le dernier article du BMJ dont je parlerais aujourd'hui, promis. L'article recommande des traitements antibiotiques et symptomatiques pour les patients voyageant en zone à haut risque, à débuter dès le début des symptômes, selon le tableau suivant, tout en sachant que les antibio permettent seulement de diminuer la durée des symptômes de 3 à 1,5 jours.


5/ Gastroentérologie

Bien que le dernier article ait également pu être placé dans cette partie, je parlerais ici d'un article sur la prise en charge du RGO réfractaire. Je me concentrerai sur 2 points particuliers. Le premier, c'est l'absence d'amélioration significative des symptômes avec l'ajout de prokinétiques aux traitements (anti-H2 ou IPP). Le second concerne également le traitement et se retrouve sur l'algorithme suivant. En l'absence de signe d'alarme, pour un RGO avec des symptômes typiques, il est préconisé de poursuivre le traitement par IPP à double dose pendant 12 semaines, avant d'avoir recours à des explorations.


6/ Diabétologie

On finira sur de la diabétologie, avec un article qui comparait la metformine aux autres traitements antidiabétiques oraux et notamment aux sulfamides. Par rapport a ces derniers la metformine diminuait significativement la mortalité cardiovasculaire. Les autres ADO n'ont pas été comparés sur des critères de morbi-mortalité.


C'est tout et c'est déjà pas mal pour cette semaine. Comme je l'avais dit c'était dense.Une fois encore je vais réussir à publier ce billet dans les temps! A la semaine prochaine!

@Dr_Agibus

dimanche 17 avril 2016

Dragi Webdo n°93: aspirine en prévention primaire, TA aux 2 bras, insuffisance rénale aigüe, dermatite atopique, sulfamides hypoglycémiants

Bonjour à tous! Une semaine avec un peu moins d'articles, à moins que je sois passé totalement à coté... En tous cas, si vous repérez un article intéressant que j'aurai zappé, n'hésitez pas à me le soumettre en commentaire ou via Twitter. Bonne lecture!


1/ Cardio-vasculaire

Annals of internal medicine a publié une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés sur les bénéfices de l'aspirine en prévention primaire. Les auteurs retrouvent que l'aspirine, quelque soit permet une diminution de la mortalité globale de 6% (résultats non significatifs pour la mortalité cardiovasculaire et les AVC, et hétérogénéité trop importante pour les infarctus). Pour les posologies inférieurs à 100mg/j, seule la réduction des infarctus de 14% était significative mais avec une hétérogénéité des études dépassant les 50%, la mortalité globale étant diminuée non significativement de 5%
 (0,89-1,01). Il faut noter que les études incluaient des patients à partir de 40 ans, et chez les patients d'âge supérieur à 65 ans la diminution du risque d'infarctus dépasserait les 30% (selon la Women Health Study). Par ailleurs, l'étude des patients diabétiques retrouve au mieux une diminution du risque d'AVC par rapport aux non diabétiques, ce qui ne justifie pas un traitement massif de ces patients sur le seul facteur de risque qu'est le diabète pris isolément.

Le BJGP a publié un article sur la différence de pression artérielle entre les deux bras (inter-arm difference, ou IAD). Les patients d'une étude de cohorte avec une IAD systolique de plus de 5mmHg avaient un risque de mortalité cardiovasculaire augmenté de 91% et de mortalité globale augmenté de 44% après 8 ans de suivi en moyenne. De plus, ce risque était presque doublé si les patients étaient en plus hypertendus. Étrangement, une IAD de plus de 15mmHg n'était associée à rien, probablement par manque de puissance. Avant de se lancer dans une mesure massive de la pression artérielle aux deux bras des patients, il faut quand même noter que 60% des patients de l'étude avaient une IAD de plus de 5mmHg.

2/ Néphrologie

Petit détour néphrologique pour parler d'un article du Lancet sur l'insuffisance rénale aigüe. Bien que plutôt centré sur les pays "à bas PNB, toutes les régions du monde ont été étudiées. Il apparait que chez les pays  faible PNB, l'insuffisance rénale aiguë soit liée à la déshydratation. Dans les pays à haut PNB, ce n'est pas le cas: l'hypotension est la première cause à 45%. (je sais, que les causes sont souvent plurielles, mais il ont du catégoriser dans l'étude...) Alors que l'été va arriver, attention à la iatrogénie qui est impliquée de cette situation aiguë associée à une mortalité à 7 jours de 10% dans les pays à haut PNB.


3/ Dermatologie

Le JAMA a publié des recommandations sur la prise en charge de la dermatite atopique. Elles sont particulièrement simples, avec l'utilisation d'hydratants en première intention puis de dermodorticoïdes si nécessaire. En France, les traitements en cas d'échec sont ensuite réservés aux spécialistes avec le tacrolimus en application locale. Je découvre aussi à l'occasion que la mupirocine intranasale et les bains de blanchiment (à la javel) auraient une efficacité, notamment en cas d'infection secondaire (avec un niveau de preuve pas si mauvais...)


4/ Diabétologie

Enfin, la diabétologie. Un article australien a retrouvé que les patients diabétiques de 50 ans avaient une espérance de vie diminuée de "seulement" 3 ans par rapport aux non diabétiques, mais une diminution de l'espérance de vie sans handicap de plus de 8 ans!

Pour conclure, Plos Medicine a publié un article sur les sulfamides hypoglycémiants. La méta-analyse retrouve que les sulfamides de ne sont statistiquement pas associés à la mortalité globale, à la mortalité cardiovasculaire, au risque d'infarctus ni d'AVC. Certains diront "super, on peut donc les utiliser sans augmenter le risque du patient!" Ce serait oublié que l'objectif du traitement est de diminuer chacun de ces risques. Les sulfamides permettent donc de baisser la glycémie, sans parvenir a diminuer le moindre évènement lié à la macro-angiopahie. (Et on a déjà vu il y a 2 semaines qu'ils ne diminuaient pas non plus les évènements de micro-angiopathie...)

[EDIT 18/04/16] Parlons cholestérol et régime. Perruche en a déjà très bien parlé iciL'étude du BMJ reprend les données d'une cohorte américaine de patients institutionnalisés chez qui on a pu randomiser les repas avec soit des graisses animales soit des graisses végétales. L'article enchaine même avec une méta-analyse d’essais randomisés sur le sujet. Les auteurs ne retrouvent pas de différence en terme de mortalité quelque soit le régime. En fait, l'analyse de la cohorte laisse presque supposer que la mortalité est plus élevée après 65 ans avec les graisses végétales. Si on continue, on voit aussi que plus le cholestérol baisse, plus le risque de mortalité augmente... Si on avait eu les résultats publiés de cette étude dès la fin du suivi en 1973, les statines se seraient (peut être) moins bien vendues!

Voilà pour cette semaine! Merci pour vous commentaire et encouragements. 
A très bientôt!

@Dr_Agibus

mardi 12 avril 2016

Dragi Webdo n°92: HOPE-3 (congrès ACC), sexe et prostate, traitements ostéoporose, hypoglycémies, dépistage BPCO, directives anticipées

Bonjour! Une fois n'est pas coutume, je vous aurais fait patienté pour ce Dragi Webdo (désolé...). Cette semaine, encore beaucoup de chose avec notamment le congrès américain de cardiologie, mais j'ai été synthétique essayé d'être synthétique et pertinent pour la médecine générale.  Et comme ne ne sais pas vraiment où parler de directive anticipées, je place ici la fiche HAS sur les directives anticipées avec un formulaire modèle.
Bonne lecture!

1/ Cardio-vasculaire

Pour commencer avec le congrès de cardiologie, voici l'étude HOPE-3 qui n'a pas échappé aux blogueurs tels que Dr Dupagne et Perruche. Cet essai est un essai de grande ampleur avec une méthodologie un peux tordue, histoire de faire quelques économies et d'améliorer la rentabilité de l'essai en publiant 3 articles dans le NEJM avec un seul essai... (c'est de la stratégie de publication bien menée!). L'étude HOPE-3 est un essai randomisé en 4 groupes selon un "plan factoriel 2x2". En clair, les patients ont été randomisé pour avoir: soit rosuvastatine + des anti HTA (candesartan + hydrochlortiazide), soit rosuvastatine + placebo A, soit les anti HTA + placebo B, soit placebo A + placebo B.
Le premier article publié compare les traitement du 1er groupe versus ceux du 2eme groupe, ce qui n'a pas beaucoup d’intérêt (vu que les choux et les carottes sont mélangées).
Le deuxième article compare les patients sous anti-HTA + placebo versus ceux sous double placebo. Les patients avaient dans chaque groupe 138/82 de tension et n'étaient donc pas hypertendus en moyenne. L'étude retrouve que le traitement anti-HTA baisse la tension mais ne diminue pas les évènements cardiovasculaires en l'absence d'HTA chez des patients avec un risque cardiovasculaire au moins modéré, voire élevé). Il n'y a donc pas d'intérêt des anti-hypertenseurs en l'absence d'HTA.
Le dernier article compare, vous l'aurez deviné, la rosuvastatine au double placebo. Et là, on voir que le traitement par statine chez des patients à risque cardiovasculaire modéré diminue de 25% les évènements cardiovasculaires! (en NNT ça donne: 91 patients en 5 ans, soit 450 patients par an). MAIS (vous l'avez compris, maintenant je vais déballer tout ce qui ne va pas): la mortalité cardiovasculaire et globale ne sont pas diminuées significativement. Ces patients sont ils vraiment a risque cardiovasculaire modéré? (jusque là, l'efficacité de la prava et simvastatine étaient pour les haut risques). Si on regarde les critères d'inclusion: age >55 ans pour les hommes et > 65 pour les femmes avec en plus un autre facteur de risque cardiovasculaire. Il avaient donc AU MOINS 2 facteurs de risque. Et dans le tableau 1: on voit que sans compter l'âge, 46% avaient 2 facteurs de risque et 24% en avaient au moins 3. Peut on dire que l'étude concerne le risque cardiovasculaire modéré quand 75% de la population a au moins 3FDRCV? Ensuite, rappelons le fiasco de l'étude JUPITER, financée par AstraZeneca, très controversée qui cherchait déjà à montrer une efficacité de la rosuvastatine en prévention primaire. AstraZeneca a donc retenté sa chance en finançant cette étude. Cette étude apporte quand même que les statines sont efficace pour réduire le risque d'évènements cardiovasculaire indépendamment du LDL qui n'était pas un critère d'inclusion. Les auteurs ont quand même voulu assurer le coup avec la rosuvastatine 10mg (donc statine a fort pouvoir hypolipémiant) pour démontrer presque la même chose que la prava et la statine mais sans bénéfice sur la mortalité (donc c'est certainement quand même une déception pour eux)
Bref, une étude qui fait du bruit, et qui va promouvoir les statines fortes dose (alors que y'a pas besoin de forte dose) à des patients a risque cardio modéré (qui sont en fait à risque élevé) parce que le Crestor diminue les évènements cardiovasculaires (alors que la prava et la simva diminuent la mortalité).

Si on parle un peu nutrition, le NEJM a également publié une étude sur la consommation de fruits. Jusqu'à ce jour AUCUNE étude n'avait démontré un intérêt à manger "5 fruits et légumes par jour"pour avoir un bénéfice cardiovasculaire significatif. Les chinois ont étudié la consommation de fruits de 500 000 patients (facile pour eux, ils sont nombreux....) et ont retrouvé que la consommation de fruits frais quotidienne était associée à une diminution significative de la mortalité cardiovasculaire, des AVC ischémiques et hémorragique et des évènements cardiaques ischémiques par rapport aux patients en mangeant rarement. En fait, l'effet est généralement significatif dès que la consommation est "mensuelle" mais une dose effet est retrouvée. Ces résultats persistent après ajustement sur le niveau socio-économique mais d'autres facteurs de confusions n'ont peut être pas été pris en compte. Plus que la significativité, c'est la relation dose-effet mise en évidence qui me semble intéressante.

Pour clore le chapitre cardiovasculaire, une dernière étude. Cela fait plusieurs années que l'ont voit apparaitre l'hyperuricémie comme facteur de risque cardiovasculaire. Une étude de cohorte de patients hyperuricémiques a été menée et les patients traités ont été appariés avec un score de propension sur les comorbidités et traitements avec des patients non traités. Les auteurs retrouvent une diminution du risque de mortalité globale de 32% (alors que le risque de mortalité cardiovasculaire n'est même diminué de 10% significativement)!


2/ Urologie

Détendons nous un peu après ces articles cardiovasculaires de haut niveau. Parlons de sexe du cancer de la prostate. Une étude passionnante à retrouvé que chez l'homme de 20 à 29 ans, avoir plus de  21 éjaculations par mois diminuait le risque de cancer de la prostate de 20%! Entre 40 et 49 ans, cet effet se maintient, mais apparait, certes avec une taille d'effet un peu moindre, dès  8 à 12 éjaculations par mois (ouf, parce que faut tenir le rythme quand même!). Conclusion: l'éjaculation prévient mieux le cancer de la prostate que le dépistage par PSA avec moins d'effets indésirables. PS: L'étude ne dit cependant pas dans quelles "conditions de stimulation" doit se produire l'éjaculation pour avoir son effet "préventif".


3/ Tabacologie:

Le JAMA a publié une étude sur le sevrage tabagique, randomisant les patients en groupe "patch nicotine", "stratégies combinées de substitution nicotinique" et "varenicline". Je ne vous fais pas languir plus longtemps: pas de différence significative entre les 3 groupes sur le critères d'efficacité (même si les stratégies combinées semblaient visuellement faire mieux), et beaucoup plus d'effets secondaire sous varenicline. Comme dirait prescrire pour ce traitement médicamenteux: "pas d'accord!"

Concernant le dépistage de la BPCO, les américains ne recommandent pas le dépistage chez des patients asymptomatiques bien que ce soit la 3ème cause de mortalité aux États-Unis, surtout devant l'absence de comparaison "dépistage" vs "pas de dépistage" sur des critères de jugement cliniques.


4/ Rhumatologie

Je mets souvent des articles de rhumato parce que je pense avoir besoin de l'améliorer dans ce domaine. Concernant l'ostéoporose, un article reprend les effets à court et long terme des traitements de l'ostéoporose. Le graphique suivant montre l'efficacité sur les fractures non vertébrales, notamment avec des bisphosphonates. Malheureusement le graph n'a pas été fait pour les fractures vertébrales. Le texte rappelle juste que l'alendronate diminue ces dernières de 50%. L'autre information intéressante est le plateau atteint en terme de gain de DMO après 3 ans d'alendronate et 4-5 ans de zoledronate (un peu supérieur en gain de DMO par rapport à l'alendronate), qui peut justifier des fenêtres thérapeutiques.



5/ Diabétologie

Enfin, la revue portait sur les hypoglycémies et leurs conséquences: évènements cardiovasculaires (infarctus du myocarde, arythmies), troubles neurologiques (comas, convulsions, troubles cognitifs). L'étude rappelle que ces évènements surviennent fréquemment la nuit chez les patients sous insuline.


C'était intense comme je l'avais annoncé. Je vous souhaite donc une bonne nuit et à la semaine prochaine!

@Dr_Agibus


dimanche 3 avril 2016

Dragi Webdo n°91: la metformine efficace! , calendrier vaccinal 2016, brochure PSA, antalgiques et colique néphrétique, ECG, déremboursement olmesartan

Bonsoir! La semaine a été éprouvante avec le CMGF qui s'est déroulé sur 3 jours cette semaine. Les présentations étaient plutôt intéressantes et vous pouvez retrouver les principales informations sur twitter avec #CMGF2016 ! Et puis, c'est toujours super sympa de retrouver des twittos et de faire la connaissance de nombreux autres! (Je ne citerai pas personne de peur d'en oublier...) Aller, c'est parti pour le Dragi Webdo de la semaine!


1/ Pharmaco-vigilance

ENFIN, l'arrêt de remboursement de l'olmesartan va prendre effet d'ici environ 3 mois! C'est ce qu'annonce l'ANSM suite à un arrêté du 3 avril. (visiblement, ils travaillent le dimanche). Cela aura donc mis environ 1 an. Mieux vaut tard que jamais diraient certains...

L'ANSM annonce également la remise à disposition d'Extencilline 2,4 et 1,2MUI. Il ne sera donc plus nécessaire de s'approvisionner en Sigmacilina hospitalière à partir de cette semaine.

Enfin, l'idarucizumab, antidote du dabigatran, est disponible en pharmacie hospitalière pour pouvoir être utilisé dans les services d'urgences chez les patients traités par dabigatran. 


2/ Santé publique

Le calendrier vaccinal 2016 est disponible! Pas de grand changement, mais apparition de la vaccination anti-zona chez les plus de 65 ans. Je ne suis pas très enthousiaste pour ça, mais visiblement la review Cochrane semble trouver que le vaccin est efficace. Les vaccin anti HPV reste recommandé pour les jeunes filles mais pas encore pour les hommes sauf en cas d'immunodépression.

Concernant le cancer de la prostate, le collège de médecine générale, l'INCA et la CNAM se sont associés pour créer un document d'information sur le dépistage par PSA. Le guide n'est pas très long et peut être distribué aux patients. La définition du surdiagnostic et du sur-traitement y est exposé avec un tableau comparatif des effets indésirables.



3/ Cardio-vasculaire

Le BJGP a étudié le diagnostic de fibrillation auriculaire en soins primaires à partir de 260 médecins généralistes et 20 cardiologues. Les auteurs retrouvent que 23% des généralistes et 3% des cardiologues ont considéré comme normal un ECG anormal. Par contre, concernant les sus-décalages ST, seul 1% des généralistes se trompait, ce qui est une info plutôt rassurante.


4/ Prise en charge de la douleur

Une étude publiée dans le Lancet c'est intéressée à la prise en charge de la douleur dans la colique néphrétique en randomisant les patients en un groupe diclofénac, un groupe morphine et un groupe paracetamol. Le traitement le plus efficace pour diminuer de 50% la douleur après 30min était l'AINS. Il n'y avait pas de différence significative entre la morphine et le paracetamol. On aura vite conclu à la supériorité du diclofénac. Cependant, la morphine était donnée à dose fixe 0,1mg/kg et n'était donc pas la résultante d'une titration, ce qui est fait de façon classique: la morphine était elle à bonne dose? De plus, dans cet essai à 3 bras, 3 comparaisons ont été prévues d'après le protocole sur clinicaltrial.gov: paracetamol vs morphine, morphine vs diclofenac et paracetamol vs diclofenac. On doit alors prendre en compte des comparaisons multiples,  dont la partie analyse de la méthode ne fait pas mention, parce que plus on fait de test, plus on a de risque de trouver un résultat positif (logique...). Une de ces méthode est la méthode de Bonferoni: il suffit de diviser par le nombre de tests le p(global) pour avoir un p identique à chaque test. Ici: 0,05/3= 0,0167. Le seuil de significativité est donc 0,0167. Maintenant, regardons le résultat de la comparaison morphine vs diclofenac: "OR=1,35 ; p=0,187" ! DAMNED! Avec une méthodologie correcte, il n'y a plus de différence entre les groupes, et leur résultat n'est plus "positif". On s’aperçoit qu'ils ne publient pas la comparaison diclofenac vs paracetamol, comme ça il n'y a plus que 2 comparaisons et donc leur résultat reste significatif (p<0,025)... Je passerais sur le fait que c'était une étude de non infériorité convertie en supériorité mais les résultats de non infériorité ne sont pas présentés correctement. Bref, ça sent le bidouillage d'analyses cette histoire. Vous allez dire que je vois des conflits d'intérêt partout, mais en tous cas les Qatari arrivent a publier dans des grandes revues.


5/ Diabétologie

Longtemps après tout le monde, le BMJ publie une étude retrouvant que les glitazones augmentent le risque de cancer de la vessie. Étonnamment, la pioglitazone augmentait le risque de 63% mais l'augmentation du risque par la rosiglitazone n'était pas significatif. L'essai ayant été conçu avec comme critère de jugement principal la pioglitazone, les résultats sur la rosiglitazone ne permettent pas de conclure à une absence de risque.

Pour finir, le BMJ a étudié les traitements du diabète et le risque de complications en soins primaires. Rémi Boussageon nous a montré en réévaluant les études qu'aucun des traitements du diabète ne diminuait clairement la mortalité ni les complications cardiovasculaires. Le BMJ s'est donc intéressé aux autres complications: amputation, cécité, insuffisance rénale. Les auteurs retrouvent alors des résultats particulièrement intéressants:
- versus absence de traitement: la metformine est le seul traitement a diminuer ces 3 complications et diminue en plus le risque d'hypoglycémie. Les autres traitements ont même tendance a augmenter parfois les complications.
- versus metformine seule: les sulfamides augmentent les 3 complications; metformine + sulfamide est la seule association diminuant les insuffisance rénale (mais qui augmentait la mortalité à Taiwan par rapport à metformine + gliptines , ici) , et metformine + insuline augmente les complications.
Et pour couronner le tout, ça ne parle pas d'objectif glycémique: la metformine serait elle efficace pour ces complications quelque soit l'HbA1C chez les diabétiques?

J'espère que cette revue vous a intéressé. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques pour améliorer cette chronique! Passez une bonne semaine et à bientôt! [Et hop, publié dans les temps pour une fois!]

@Dr_Agibus