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Blog médical et geek de médecine générale :
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » (Louis Pasteur)

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lundi 30 novembre 2015

Dragi Webdo n°73: #CNGE2015 , maladie ischémique stable, dépistage trisomie 21 (DPNI), NASH, insuline et diabète (ACCORD), attentats de Paris (Lancet)

Bonsoir! Comme prédit, j'écris ce billet avec un certain retard! 
Du coup, pourquoi ne pas commencer par un petit résumé de ce 1er congrès du CNGE auquel j’assistais! (je ne suis plus à 1 heure ou 2 de retard près...) Pas mal de critiques ont été faites, je ne reviendrais pas dessus. Les présentations étaient de qualité et d'intérêt variable, mais, si c'était aussi peu intéressant, il n'y aurait pas eu 2300 tweets sous le Hashtag #CNGE2015 en 2 jours ! Vous pouvez d'ailleurs aller regarder ce qui s'y est dit ici.

Sur le plan "rencontres", mon absence de l'an dernier m'avait motivé plus que jamais à rencontrer tous les afficiona-twittos qui s'y rendent! J'aurai bien aimé faire la liste de tous ceux que j'ai rencontré, mais de peur d'en oublié un, je m'abstiendrai. Mais clairement, ce fut un séjour dijonnais mémorable!

Avant de passer aux actualités de la semaine (qui ne seront pas bien longues, étant donné que j'ai été un peu moins assidu que d'habitude et que je n'ai pas trouvé grand chose d'incontournable non plus), je tenais à dire qu'un bon nombre de médecins se sont incrits sur Twitter durant le congrès, que ce soit pour espionner ce qui se disait ou tenter de rejoindre les geeks du congrès, mais ça fait plaisir de compter autant de personnes avec qui interagir à distance et tout au long de l'année sur des problématiques de médecine générale, bravo et merci à tous!


1/ Cardio-vasculaire

Alors commençons par une article du NEJM étudiant la survie des vétérans américains ayant une cardiopathie ischémique stable. Les patients étaient randomisés pour recevoir, soit un traitement médical optimal, soit subir une angioplastie. Après un suivi moyen d'environ 6 ans, le recours à l'angioplastie n'a pas amélioré la survie. Globalement, c'est ce qui est recommandé par la HAS actuellement: ne pas inciter à la coronarographie si la maladie est contrôlée, si les symptômes ne sont pas invalidants et chez qui le bénéfice n'améliorera pas la qualité ou l'espérance de vie.

2/ Gynécologie

La HAS a publié un rapport sur les performances de test de dépistage de trisomie 21 durant la grossesse. Il conclue que le dépistage prénatale non invasif (DPNI) est supérieur au marqueurs du 2ème et 3ème trimestre, mais qu'il n'est pas recommandé en 1ère ligne (probablement encore à cause du cout qui est entre 500 et 600 euros). Enfin, le DPNI ne se substitue pas à un caryotype en cas de risque de trisomie 21, ce dernier restant l'examen de référence.


3/ Hépatologie

Le liraglutide est un antidiabétique oral, analogue du GLP-1. Il a été testé dans une étude contrôlée randomisée de phase 2 publiée dans le Lancet avec comme objectif son évaluation dans la la stéatohépatite non alcoolique (NASH). L'étude retrouve que le traitement multiplie par 4 (p= 0.019) la probabilité d'avoir une résolution de la NASH sans aggravation de la fibrose. Les effets indésirables semblaient similaires dans les 2 groupes, sauf pour les troubles digestifs. Le principal écueil de l'étude est le nombre de patients: 26 dans chaque groupes, ce qui limite grandement ces résultats. Essai de phase 3 à suivre!


4/ Diabétologie

Au chapitre diabétologie, une actualisation des données de l'Etude ACCORD (c'est l'étude qui avait montré que trop baisser l'HbA1C augmentait la mortalité) parue de Diabetes Care. La réanalyse des données retrouvait que le sur-risque de mortalité était associé aux fortes doses d'insulines. Cependant, après ajustement sur les facteurs de confusion, l'insuline injectée n'était plus liée à la mortalité cardiovasculaire. Les facteurs les plus impliqués dans la mortalité étaient l'insuffisance cardiaque, l’antécédent de cardiopathie à l'inclusion et l’existence d'une neuropathie.


Je l'avais dit, c'est tout pour cette semaine. Je finirai sur un article paru dans le Lancet dans la catégorie "Point de vue" portant sur la mise en place de l'organisation des soins d'urgence suite aux attentats de Paris. Je ne sais pas vraiment quoi en penser. En effet, la mise en place des secours a été efficace, la régulation et l'orientation des blessés également, et l'ensemble des acteurs doivent être félicités, remerciés car ils ont sauvé de nombreuses vies. Mais, publier sur "l'efficacité de notre système de soins d'urgence" et les "prouesses de l'APHP" dans le Lancet, a peine 10 jours après les attentats, avec 15 auteurs qui se sont coordonnés pour "participer de façon équivalente" alors que plus d'une dizaine de victimes sont encore dans des lits en réanimation, c'est probablement que très peu de jours se sont perdus entre le 13 novembre et le projet de publication, et je trouve ça un peu déplacé... (ce qui n'enlève rien à la qualité de l'article, soit dit en passant)
A la semaine prochaine!

@Dr_Agibus


dimanche 22 novembre 2015

Dragi Webdo n°72: urétrite et cervicite (reco HAS), vaccination obligatoire, antibiotiques, thermomètres, PSA, tabac

Bonsoir! Je reprends mes mauvaises habitudes en publiant tardivement le billet de la semaine... Alors, ne perdons pas de temps, voici les actualités de la semaine, essentiellement tournées vers de l'infectiologie


1/ Vaccinations

Pour commencer, on se dit souvent que les enfants sont trop souvent vaccinés, et certains contestent la politique vaccinale menée dans notre pays. Étrangement, les patients/parents européens ont moins de réticences à faire vacciner. En France, les vaccins obligatoires sont rares. @baptoub a fait une belle synthèse sur ces vaccins et surtout sur la conduite à tenir devant le refus parental ici

Si on compare le rythme de vaccinations avant l'age d'un an en France par rapport à d'autres pays principalement occidentaux, on s'aperçoit que depuis le "nouveau calendrier vaccinal", on vaccine moins qu'ailleurs! C'est ce que montre cette infographie du BMJ. En France, on vaccine moins et on râle quand même!



2/ Infectiologie

L'ANSM a publié un état des lieux sur la consommation d'antibiotiques. Le message est simple: "peut mieux faire". La consommation globale d'antibiotiques en ville a baissée de 3% entre 2013 et 2014, mais, depuis 2004, il y a tout de même une augmentation de  6%. Si on regarde le détail des antibiotiques prescrit, il est intéressant de voir que la prescription d'amoxicilline +/- ac. clavulanique a augmenté de 40% sur cette même période, alors que les autres béta lactamines, les macrolides et les aminosides (je savais pas que ça se prescrivait en ville...) ont diminué de 30% environ, et que les quinolones et le co-trimoxazole ont également baissé d'environ 15%. Cette modification des pratiques et d'épargne de certains antibiotiques  est selon moi un progrès important malgré l'augmentation globale de consommation. Le rapport retrouve que la majorité des effets indésirables liés aux antibiotiques sont cutanés (30%). A mon avis, l'évolution des prescription pour diminuer la consommation se fera probablement vers une diminution des durées de traitement plutôt que sur une diminution des indications qui sont relativement bien connues maintenant.

La HAS a mis à jour les recommandations de prise en charge des urétrites et cervicites non compliquées. La fiche mémo est courte, mais j'avoue ne pas repérer les "nouveautés" de prise en charge... Toute suspicion d'infection à clamydia ou gonocoque doit être complétée d'un examen microbiologique (mais en pratique, le patient arrive toujours le soir à 19h ou le samedi à midi en se tordant de douleur...). La recommandation rappelle l'importance d'essayer d'avoir une culture avec un antibiogramme et que le traitement de première intention du gonocoque est la cerftriaxone. En cas de symptomes persistant à J21 et une culture négative, il faut penser à rechercher un mycoplasme. Enfin, la HAS insiste sur l'exploration du contexte de survenue, la recherche de conduites à risque et le dépistage des partenaires.

Pour finir ce paragraphe, une étude a étudié les différents moyens de prise de température, opposant les prises de températures périphériques (tympanique, axillaire, orale et temporale) aux prises centrales (recale, sonde urinaire, cathéter central). L'étude retrouve que les prises périphériques ont une faible sensitibilité (64%) mais une excellente spécificité (96%). En clair, si le thermomètre périphérique retrouve de la fièvre, il est fiable, et s'il ne retrouve pas de fièvre, on ne peut l'exclure. Les auteurs sont un peu plus strictes en disant qu'il ne faut donc pas utiliser de thermomètre périphérique... et vive les ulcérations anales sachant qu'il faut introduire le thermomètre de  2.5cm!)


3/ Dépistage

Une conséquence de l'arrêt de recommandations par l'USPSTF (recommandations américaines) du dépistage du cancer de la prostate par PSA a été, logiquement, une diminution de l'incidence des cancers. Cette étude du JAMA laisse un peu sur notre faim, car la mortalité n'est pas abordée. Peut être le sera-t-elle dans un article à suivre...

L'USPSTF a élaboré des recommandations "succinctes" sur la prise en charge du tabac. Un peu comme il est recommandé en France de faire un conseil d'arrêt, ils recommandent de rechercher le tabagisme chez tous les patients et de leur conseiller d'arrêter s'ils fument et de proposer une thérapie comportementale et, en l'absence de grossesse, des traitements médicamenteux "approuvés". A une époque où l'on sait que "l'entretien motivationnel" est un des meilleurs moyen d'inciter à l'arrêt du tabac, la formulation de cette recommandation en proposant d'emblée des traitements parfois médicamenteux, sans prendre en compte l'état et la volonté du patient, ne me semble pas forcément judicieux. De plus, les médicaments "approuvés" proposé directement sont les substituts nicotiniques, le bupropion et la varenicline dont la balance bénéfice risque n'est pas favorable (cf LR Prescrire, en autres). J'espère bien que ces recos ne traverseront pas l'atlantique!


C'est fini pour cette semaine, à très bientôt pour un nouveau Dragi Webdo (si possible disponible pour que vous puissiez le lire le week-end... mais avec le congrès du CNGE qui se déroule la semaine prochaine, je ne sais pas si je serais en mesure de tenir ces délais!)

@Dr_Agibus



dimanche 15 novembre 2015

Tragique Webdo n°71: SPRINT, Ménopause (reco NICE), trouble audition, traitement pré-exposition (Rapport Morlat), médecine générale


Une fois encore, les mots me manquent pour exprimer mes émotions sur les évènements tragiques de cette fin de semaine. Les dessins sur ces attentats de Paris qui ont circulé expriment tous la tristesse, le courage, et la fraternité. C'est pourquoi j'en mettrais certains à la fin de ce billet.


1/ Cardio-vasculaire:

Voici une semaine qu'elle est disponible: l'étude SPRINT! J'ai déjà parlé de ses résultats "en gros" à plusieurs reprises et certains blogueurs ont également donné leur avis (Perruche, Hippocrate et Pindare). Ce que je vais en dire recoupe donc en partie ce qui a été dit. L'étude SPRINT est un essai contrôlé randomisé ayant inclus plus de 9 000 patients hypertendus avec soit un objectif tensionnel placé a 120mmHg, soit 140mmHg. La méthodologie est bonne, il n'y a rien à redire là dessus. L'étude retrouve une diminution de 25% des évènements cardio-vasculaire et de  27% de la mortalité globale, au prix d'une multiplication par 3 des insuffisance rénales, par 1,7 des insuffisances rénales aiguës et des hypotensions. Pour remettre tout ça en situation, est ce que ça va directement modifier la pratique? Faut il traiter tout le monde pour avoir une cible à 120mmHg? Si on regarde les patients inclus, il étaient âgés d'au moins  50 ans, haut risque cardiovasculaire, mais n'étaient pas diabétiques (ce qui est étrange comme critère d'exclusion pour une telle étude...) et n'avaient pas d'antécédent d'AVC. Du coup, ça réduit énormément la population cible étant donné que les patients jeunes ne sont pas concernés, les diabétiques non plus et les patients hypertendus sans être à haut risque cardiovasculaire non plus. A propos des résultats, si on calcule les nombres de sujets à traiter, on trouve que pour éviter un évènement du critère primaire il faut traiter intensivement 186 patients par an, 555 pour éviter une mort cardio-vasculaire et 270 pour éviter une mort quelque soit la cause. Cela entrainera une insuffisance rénale pour 1 patient sur 345 par an, une insuffisance rénale aigue chez  1 sur 167 et 1 sur 272 fera une syncope. Enfin, précisons que ces effets indésirables ne sont que ceux déclarés comme sévère ou ayant nécessité une consultation aux urgences. Au final, une belle étude, très restrictive sur les patients concernés, mais qui laisse supposer qu'il existe un intérêt à traiter plus intensément les patients à haut risque cardio-vasculaires.

Pour ceux qui aiment les sites en "clic", je n'avais pas connaissance avant cette semaine de Thromboclic, qui permet d'aider à la gestion des AVK et AOD en situation d'urgence, avant une chirurgie et en initiation de traitement selon les indications.


2/ Gynécologie

Le NICE (équivalent de la HAS britannique) à produit des recommandations sur la prise en charge de la ménopause. Après l'âge de 45 ans, il n'est pas recommandé de doser: l'AMH, LH, FSH, oestradiol. La FSH peut être dosée avant 45 ans pour aider au diagnostic de ménopause précoce (symptômes + 2 dosages élevés espacés d'un mois minimum) et ne doit pas être dosé chez les femmes prenant un traitement comprenant des progestatifs. Le traitement hormonal substitutif recommandé pour prendre en charge un syndrome climatérique comprend un traitement oestro-progestatifs (oestrogènes seul si hystérectomie). Les dispositif transdermiques sont à moindre risque thromboembolique que les traitements per os. En fin, les autres traitements suggérés en seconde intention sont la clonidine et les thérapies cognitivo-comportementales.


3/ ORL

Une revue du JAMA a étudié le dépistages des troubles de l'audition en soins primaires. Elle retrouve qu'un dépistage en ambulatoire par une otoscopie, une audiométrie et un questionnaire permettait d'améliorer les prises en charge en retrouvant les causes fréquentes (presbyacousie, otites moyenne, bouchon de cérumen) et qu'un appareillage était bénéfique.


4/ Infectiologie

Je m'écarte un peu de la médecine générale pour aborder le traitement pré-exposition du VIH par Tenofovir/Emtricitabine (Truvada) qui a été ajouté au rapport Morlat dans sa version actualisée de 2015. Les patients ayant des rapports homosexuels peuvent en bénéficier s'ils sont "à risque", soit de façon continue, soit avec des prises "à la demande" sur des périodes de 4 jours (2 jours avant et 2 jours après un rapport à risque). La dispensation est réservée aux milieux spécialisés hospitaliers etaux  CeGIDD (ancien CIDDIST et CDAG).


5/ Médecine générale

Enfin, une étude portant sur les fautes professionnelles en médecine a étudié différentes spécialités en observant le nombre de plaintes reçues. Le taux de plaintes allait de 1.6% par an pour les pédiatres à 4 % pour les chirurgiens, sans surprise. Les médecins généralistes étaient juste après les pédiatres avec 1.9%. Alors que le nombre de fautes ayant entrainé une hospitalisation n'est pas le plus faible. Dans toutes les spécialités, augmenter les dépenses médicales diminuait les plaintes, sauf... pour la médecine générale. Les auteurs concluent que de nombreux spécialistes font de la médecine défensive, c'est à dire qu'ils augmentent les dépenses pour se protéger des plaintes, sans qu'il n'y est de bénéfice clinique ou moins d'erreur. En un sens, l'étude montre que multiplier les examens pour avoir moins de plaintes n'est pas utile en médecine générale. Probablement que la relation médecin-patient privilégiée est responsable de ce résultat!


C'est sur cela que ce termine le billet de la semaine. Mes pensées sont tournées vers les victimes et leurs familles, vers les personnels soignants, les équipes de secours, et les forces publiques qui ont risqué leur vie ces derniers jours.






 
 

@Dr_Agibus 



dimanche 8 novembre 2015

Dragi Webdo n°70: HTA (objectifs, Recos US: dépistge), Embolie pulmonaire (recos US), Hématurie macro (Recos US), Mammo et échographie, gliptines vs sulfamides

Bonjour à tous, l'actualité médicale a été dense cette semaine encore, et le sera probablement encore la semaine prochaine avec le congrès américain de cardiologie. Bonne lecture à tous!

1/ Pharmacovigilance

L'Agence européenne du médicament clôt les débats à propos vaccin anti-HPV et les syndromes douloureux complexes d'une part, et les syndromes de tachycardie orthostatique d'autre part, en concluant que les données de la littérature ne supportent pas l'existence d'un lien


2/ Cardio-vasculaire

L'USPSTF a établi des recommandations sur le dépistage de l'HTA . Le dépistage d'hypertension doit d'effectué tous les 3 à 5 ans avant 40 ans, ou annuellement après 40 ans ou en cas de facteurs de risque (TA > 130/85, surpoids et origine africaine sub-saharienne.). La prise de tension devrait consister en une moyenne de 2 mesures prises avec un brassard situé au même niveau que le coeur, après au moins 5 minutes après l'entrée dans le bureau du médecin. Les recos insistent sur le fait de confirmer l'HTA par des mesures ambulatoires et de débuter par un traitement comportant des thiazidiques ou des inhibiteurs calciques.

On reste dans l'HTA avec une revue de la littérature portant sur les objectifs tensionnels (en attendant les résultats précis de l'étude SPRINT). L'article publié dans le Lancet fait une méta analyse de patients traités "intensivement" versus "classiquement", chaque groupe atteignant respectivement au final des tensions de 133/76 et 140/81. Le groupe de traitement intensif diminuait de 14% le nombre d'évènement cardiovasculaire par rapport au traitement classique, mais sans effet sur la mortalité cardiovasculaire ou globale. Il y avait significativement plus d'effet indésirables grave dans le groupe de traitement intensif (OR= 1,35) et plus hypotensions sévères bien qu'elles soient rares (0,3% vs 0.1%)

Histoire de rassurer les médecins généralistes qui font un ECG à leurs patients dans le cadre des certificats de sport, un article a été publié sur la "repolarisation précoce", qu'il n'est pas rare de retrouver. L'étude ne retrouve pas d'augmentation de la mortalité cardiovasculaire après un suivi de plus de 17 ans chez les patients avec une repolarisation précoce.

Les recommandations de l'embolie pulmonaire de l'ESC en 2014 m'avaient laissé sur ma faim en ne mentionnant pas les "Pulmonary Embolism Rule-out Criteria" (PERC). Alors, je remercie le collège des médecins américains pour leurs nouvelles recommandations:
- Pour les patients avec probabilité faible et présence des 8 critères de PERC: ne pas doser les D-Dimères.
- La valeur seuil des D-Dimères, entrainant la réalisation d'un examen d'imagerie, est de 500 avant 50 ans, puis égale à l'age multiplié par 10.
- En cas de probabilité élevée, les D-Dimères ne doivent pas être dosés, et un angioscanner est recommandé en 1ère intention. (la scintigraphie devant être réservée en cas de contre indication ou d'indisponibilité)



Pour finir avec cette grosse partie et histoire de réduire encore les aliments consommables sans risque cardiovasculaire, voici un article portant sur les boissons sucrées. Boire au moins deux boissons sucrées par jour augmenterai le risque d'insuffisance cardiaque de 23%! Donc, on va arrêter la viande et les boissons sucrées, boire 1 verre de vin 6 jours par semaine, et manger des noix! (Au points où on en est, j'attends un article qui dise que la consommation d'insectes réduit la mortalité...)


3/ Gynécologie

Encore une semaine où je vais parler du dépistage du cancer du sein. Le Lancet publie une étude sur l'adjonction de l'échographie à la mammographie. Le dépistage par Echo + Mammo avait une meilleure sensibilité (91% vs 77%) avec une augmentation des cancer stade peu élevé, et une diminution de la spécificité (88% vs 91%). L'utilisation de l'écho permet donc de trouver plus de cancer, mais augmente aussi les gestes invasifs pour établir un diagnostic étant donné la plus faible spécificité. En pratique, on ne sait absolument pas ce que cela donne en terme de critère de survie, ce qui est dommage dans une étude 72 000 patientes pour détecter 300 cancers.


4/ Urologie

La société américaine d'urologie a écrit des recommandations sur la prise en charge de l'hématurie microscopique. Le diagnostic, établi après élimination des causes bénignes (infection, pertes méno/métrorragies, exercice phyique)  repose sur un ECBU (avec compte des hématies et cytologie urinaire). Le bilan explore l'arbre urogénital par cystoscopie à partir de 35 ans ou avant en cas de facteur de risque (tabac, signes irritatifs ou obstructifs urinaires, chimiothérapie) et par uroscanner (IRM si contre indique, voire échographie +  cystographie rétrograde en cas de contre indication aux autres examens). Un bilan négatif doit être contrôle à un an en cas de persistance, puis espacé tous les 3 à 5 ans.


5/ Diabétologie

Pour finir, une étude comparant le médicament à ajouter dans le traitement du diabète, quand la metformine est insuffisante. C'est une étude de cohorte avec des patients appariés avec un score de propension évaluant une bithérapie avec metformine et inhibiteur de DPP4(gliptines) versus metformine et sulfamide. Les inhibiteurs de DPP-4 étaient associé à une diminution de la mortalité de 37%, des évènements cardio-vasculaires de 32% et des hypoglycémies de 57%! Reste à montrer cela dans un essai contrôlé randomisé en population européenne et non chez des taiwanais!


C'est la fin!! Et c'est également la fin du week-end, compte tenu de l'heure à laquelle je publie... Bonne semaine et à bientôt!!

@Dr_Agibus





dimanche 1 novembre 2015

Dragi Webdo n°69: statines, alpha-bloquants, temps de travail et maladies cardiovasculaires, viande et cancer, dépistage diabète

Bonjour! C'est la fin des vacances pour ceux qui en avaient, alors pour vous aider à vous remettre dans le bain, j'ai regardé, comme toujours, les articles intéressants pouvant se rapporter à de la médecine générale parus cette semaine. Pour une fois, ce sera relativement cours, alors bonne lecture!


1/ Pharmacovigilance

Un des moyen pour représenter l'effet d'un traitement est le NNT : nombre de patient à traiter pour éviter 1 évènement. Une autre façon de voir la chose, est le délai moyen gagné jusqu'à survenu de l'évènement. Cette vision permet éventuellement de donner un "chiffrage moyen" individuel, plutôt que de dire que traiter X patient permet d'éviter totalement 1 évènement, ce qui peut apparaitre flou pour le patient pour qui la vision est binaire: "je vais avoir l'évènement" ou "je ne vais pas l'avoir". Une étude reprend donc les effets des statines et retrouve qu'en prévention primaire, le délai moyen jusqu'au décès gagné par le traitement pour un patient variait entre  5 et 19 jours en prévention primaire et entre 10 et 27 jours en prévention secondaire. Tout de suite, ça n'a plus l'air si efficace...

Un article du BMJ étudie les conséquences à 3 mois de la prescriptions d'alpha-bloquants, dans les troubles prostatiques. L'étude retrouve une augmentation de  14% des chutes, de  16% des fractures, ainsi que des hypotension orthostatiques de 80% et traumatismes crâniens de 15%! 


2/ Cardio-vasculaire

"Le travail c'est la santé, rien faire c'est la conserver" disait la chanson. L'homme avait déjà tout compris et il aura fallu 50 ans pour que le lancet le mette en évidence. Cette méta-analyses sur données publiées et non publiées concernait des patients en indemnes de pathologie vasculaire. Le risque de coronaropathie et d'AVC étaient respectivement augmentés de 13% et 33% chez les personnes travaillant plus de 55 heures par semaine, et pour les AVC l'augmentation du risque était significative au delà de 50 heures. Une nouvelle donnée à recueillir pour évaluer le risque cardio?


3/ Oncologie

L'article de la semaine, concerne le pouvoir cancérigène de la viande. La consommation quotidienne de 50g de viande rouge (boeuf, veau, agneau, mouton, porc, cheval et chèvre) augmenterai le risque de cancer du colon de  18%! Ces études sur des centaines de milliers de patients me laisse toujours un peu perplexe, parce que plus le nombre de patient est important, plus la différence est facilement significative et que le risque absolu n'est pas donné dans le communiqué.


4/ Diabétologie

L'USPSTF recommande désormais un dépistage du diabète dès 40 ans et jusqu'à  70 ans chez les patients en surpoids ou obèse. Les méthodes de dépistages américaines sont la glycémie à jeun et l'HbA1C, et doivent être répétées tous les 3 ans. La prise en charge se doit d'être diététique en premier lieux, car les bénéfices sont supérieurs à ceux obtenus par un traitement par metformine. Pour mémoire, en France, le dépistage est recommandé selon la HAS (reco  2003, c'est vieux...) par une glycémie à jeun tous les 3 ans à partir de 45 ans, chez les patients à risque (précarité, IMC >28, HTA, dyslipidémie, ATCD familial de diabète).

Enfin, une étude un peu surprenante sur la mortalité et le diabète. L'étude comparait des patients diabétiques à des témoins sains. La moralité des patients diabétiques était augmenté de  14% par rapport aux sujet non diabétiques. La mortalité était lié à l'age jeune, au mauvais équilibre glycémique et aux complications rénales. Ainsi, les patients de moins de 55 ans avec une HbA1C < 7% avait une augmentation du risque de mortalité de 60% alors qu'elle était diminuée significativement de  5% chez les patients de plus de  75 ans, par rapport aux contrôles! Voilà qui remettrait presque en question le fait d'avoir des objectifs glycémiques plus "cool" chez les patients âgés... Probablement, que cette amélioration est due au fait que ces patients soint mieux suivis que des patients âgés non diabétiques. Pour finir, notons que les patients diabétiques normoalbuminurique (sans néphropathie ou avec néphropathie contrôlée) avaient un risque de mortalité plus faible que les autres, alors vivent les IEC!


C'est fini, je vous dis à la semaine prochaine, et suis toujours ouvert à vos commentaires pour améliorer ce billet hebdomadaire!
A bientôt,

@Dr_Agibus