lundi 12 octobre 2020

Dragi Webdo n°284: tests antigéniques (HAS), engorgement mammaire, risque suicidaire, infections urinaires, gut feeling

Bonsoir (ou plutôt bon matin) ! Voici les articles sélectionnés de la semaine, bonne lecture!


1/ COVID-19

La HAS rappelle que le test de référence dans le diagnostic de la COVID reste la RT-PCR sur prélèvement naso-pharyngé (test d'amplification génique). Elle doit être privilégiée si les résultats peuvent être obtenus dans les 48 heures. Cependant, compte tenu des difficultés d'accès, elle autorise l'utilisation de test antigéniques sur prélèvement naso-pharyngé, dont les résultats sont obtenus en une demi-heure, selon les recommandations suivantes:

  • Chez les patients symptomatiques: dans les 4 jours suivant l'apparition des symptômes (RT-PCR recommandée à partir du 5ème jour). Un test antigénique positif ne nécessite pas de confirmation par RT-PCR, mais un test intermédiaire ou négatif doit être confirmé par une RT-PCR chez les patients de plus de 65 ans ou à risque de COVID grave.
  • Chez les patients asymptomatiques: ils sont généralement non recommandés (même dans le cadre du dépistage des clusters)

Le HCSP a publié un avis concernant les mesures contre le COVID en contexte de virus hivernaux. Les auteurs confirment la nécessité d'appliquer les mesures barrières et de suivre le calendrier vaccinal, notamment en ce qui concerne la vaccination antigrippale des patients à risque (ALD, grossesse ou âge > 65 ans) ainsi que celle des professionnels de santé. A noter, les pharmaciens ont pour consigne de privilégier l'accès au vaccin aux personnes identifiées prioritairement jusqu'au 30 novembre. La vaccination anti-rotavirus (plébiscitée par les pédiatres) n'est que survolée, mais le HCSP ne semble pas promouvoir la réintroduction de cette vaccination de façon systématique chez l'enfant.

Un essai contrôlé randomisé du Lancet a évalué l'efficacité de l'azithromycine versus placebo dans le traitement de patients atteints de COVID sévère. Les 2 groupes recevaient également de l'hydroxychloroquine. Il n'y a pas eu de différence sur le statut clinique des patients à J15 entre les groupes, ni de différence sur la mortalité non plus ou même sur l’allongement du QT (c'est un peu étrange quand même mais il n'y avait que 400 patients randomisés alors peut être que l'étude manquait de puissance).

 

2/ Infectiologie

Un article du BJGP s'est intéressé à l'évolution naturelle des infections urinaires non compliquées de la femme en l'absence d'antibiothérapie grâce à une revue systématique. Environ 40% des patientes sont asymptomatiques 9 jours après le début des symptômes. Cependant, à 6 semaines, ce taux n'augmente qu'a environ 50%. Chez ces patientes non traitées pendant 6 semaines, il n'y a pas eu d'évolution vers une complication telle qu'une pyélonéphrite. Ainsi, on peut retenir qu'un traitement sera "indispensable" pour soulager les patientes consultant pour des symptômes de plus de 10 jours, mais traiter le plutôt possible c'est quand même bien mieux!

 

3/ Gynécologie

La Cochrane a publié un article concernant les traitements de l'engorgement mammaire pendant la lactation. Les feuilles de chou fraiches permettent de réduire significativement la douleur de 1 point sur l'EVA, les compresses d'herbes de 1,5 et les packs frais de 0,5. Les traitements médicamenteux à base de serrapeptase et de complexes de protéase semblaient également soulager douleur et engorgement.

Dans le traitement des nausées et vomissements de grossesse, un traitement à base de doxylamine et pyridoxine (B6)  (CARIBAN*) a été commercialisé à la dose de 10mg/10mg x 4/jour maximum. Il s'agit de l'association recommandée par les gynécologues américains en 1ère intention dans cette indication et à cette posologie.

 

4/ Activité physique

Le BMJ a publié un article concernant l'activité physique et la mortalité chez les sujets âgés. D'après les auteurs, cet essai randomisé retrouve une baisse possible de la mortalité lorsque les patients font des HIIT (exercices physique d'intensité élevée , 90% de la fréquence maximale théorique) par rapport aux MCIT (exercices d'intensité modérée, 70% de la FMT) et aux recommandations nationales concernant l'activité physique (groupe contrôle), mais aucune de ces baisses  n'était significative. Il n'est donc probablement pas utile d'avoir une activité physique intensive à 70 ans. Pour mémoire les HIIT permettent une meilleure perte de poids chez les adultes plus jeunes.

 Après le sport, les crampes. La Cochrane ne retrouve aucun bénéfice à l'utilisation du magnésium dans le traitement des crampes idiopathiques et ne peut pas conclure pour les crampes survenant pendant la grossesse ou après l'activité physique.


5/ Psychiatrie

Une revue systématique avec méta-analyse retrouve que les interventions de prévention du risque suicidaire réduisent le risque de tentative de suicide de 30% et multiplient par 3 la propension à continuer le suivi médical. Les auteurs ont inclus des interventions brèves (contact médical physique, téléphonique, sms...), des actes de coordination interprofessionnelle, et des plans d'action de crise (reconnaitre les symptômes de la crise suicidaire, identifier les ressources dans  l'entourage et parmi les professionnels et les moyens de sécuriser l'environnement).


6/ L'article quali de @DrePetronille

 Cette semaine, on sort les archives d'articles et nous nous intéressons à un article qui date déjà de 2009, abordant le gut feeling, sujet peu abordé sur le blog. Pour rappel, le gut feeling c'est cette intuition qu'on peut ressentir en consultation, ces fois où on est amenés à demander un bilan parce qu'on ne "le sent pas", parce qu'on a ce truc au fond de nous qui nous mène dans cette direction, cette alarme bidale. Pour revenir à l'article, 4 focus group ont permis d'interroger des MG hollandais pour essayer de comprendre les composants du gut feeling. 

Familier des MG interrogés, le gut feeling s'installe rapidement et intuitivement en consultation. Pour eux, il comporte 2 versants: l'alarme ("quelque chose ne va pas") et la réassurance (sans forcément comprendre tous les enjeux, l'état clinique du patient semblait rassurant). C'est une boussole qui guide les MG dans leurs décisions, avec parfois des erreurs de jugement qui diminuent avec l'expérience et la formation des médecins. Véritable outil pour gérer les situations complexes, il s'affine avec la connaissance des patients et l'expérience des médecins. Leurs émotions peuvent interférer sur sa qualité. La plupart des MG interrogés l'utilisaient, consciemment ou non, en consultation.  Parfois, des MG préféraient le mettre en sourdine  : pour certains il s'agit de s'accrocher à des éléments rationnels, pour d'autres il s'agit d'une difficulté à gérer l'incertitude, pour d'autres encore la peur du jugement de leurs pairs en cas de demande de bilan sans élément rationnel.

 

C'est terminé pour cette semaine! 

A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus

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